Georges-Édouard Hachin est un poète, chansonnier, vaudevilliste et goguettier français, né à Arras le et mort en mai 1891[1].
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À partir de 1832 et jusqu'à sa mort, il est membre de la célèbre goguette parisienne de la Lice chansonnière. Dès 1878, il est le plus ancien membre et également le président d'honneur.
Il a également fait partie de la goguette parisienne du Pot-au-Feu[2].
Après avoir connu une notoriété certaine, il est à présent oublié du grand public.
Louis-Henry Lecomte écrit dans La Chanson en [4] :
Le nom d'un auteur fait souvent le succès d'un livre ; une chanson, au contraire, peut réussir complètement sans qu'il vienne à l'idée de ceux qui l'apprennent de regarder la signature qui la termine. De là vient que la réputation de beaucoup de chansonniers émérites ne dépasse pas les cercles spéciaux qu'ils fréquentent ; de là résulte, pour ceux que révolte l'injustice, l'obligation de crier haut et souvent au public les noms de ceux qui le charment par des chants émus, l'instruisent dans de mâles couplets ou l'amusent par de gaulois refrains.
Édouard Hachin est un de ces derniers. Il a surtout cherché et trouvé les effets de rire ; cependant, à l'occasion, sa muse a donné la note philosophique avec une vigueur remarquable. Ce n'est donc pas faute d'aptitude ou de savoir qu'il a souvent préféré la gaudriole au sermon rime, mais par un goût de nature que nous nous garderons bien de blâmer, la chanson devant avoir toujours et partout ses franches coudées. Après tout, le public est juge souverain, et si le poète rencontre le succès dans la voie qu'il a choisie, c'est lui qui a raison contre les plus savantes critiques; or, c'est le cas du chansonnier que nous racontons aujourd'hui.
Georges-Édouard Hachin est né à Arras le , de parents industriels. Venu à Paris en 1822, il y apprit le métier de fabricant d'instruments de mathématiques, qu'il abandonna pour l'ornement militaire ; finalement il devint spécialiste dans la fabrication des porte-mousquetons. Pendant de longues années, Hachin dirigea, rue de Braque, un modeste établissement, cherchant le progrès, améliorant les instruments de son travail. Il se signala principalement par l'invention d'un tour à percer, à conscience mobile, dont l'industrie tira grand parti.
Quand le dimanche fermait l'atelier, Hachin, comme un écolier en vacances, savourait gaiement sa liberté. De bonne heure assidu aux réunions chantantes, il se contenta d'abord d'écouter, puis le désir le prit d'essayer ses forces. La Lice chansonnière, fondée en 1831, le reçut l'année suivante, au nombre de ses sociétaires. Hachin débuta là par un tableau grivois, Javotte. De sa fenêtre, l'auteur observe une voisine qui reçoit de nombreuses visites; il s'aperçoit bientôt que l'épicier, le bijoutier, et autres négociants libres-échangistes troquent là leurs fournitures pour d'autres non patentées; dès lors, à chaque arrivant, il exhorte la belle :
tout cela dit en vers lestes, faciles et corrects. Javotte, bien accueillie, eut bientôt une sœur, de même nature charitable. Ayant pris leçons variées d'un berger, d'un prêtre et d'un soldat, Gertrude vient à Paris pour se faire reconnaître femme libre par les Saint-Simoniens. Elle expose ses principes dans ce couplet bien tourné :
À ces gauloiseries, publiées dans le premier volume de la Lice Chansonnière, succéda un gracieux portrait peint avec esprit et verve, Ma Lison, ma Lisette. On a parfois attribué cette œuvre à Béranger qui, certes, eût pu la signer sans danger pour sa gloire. Écoutons les principaux traits du caractère de l'héroïne :
Ma Lisette parut, en 1835, dans le second volume de La Lice. Le même recueil contient de Hachin deux productions qui présentent un contraste intéressant avec cette chanson légère. C'est d'abord une élégie, le Jeune malade, dont nous donnerons un extrait :
puis un chant patriotique, inspiré par la mort de Lafayette, et dont nous citerons également quelques vers :
Les maîtres du genre; ont-ils fait beaucoup mieux ? Hachin, cependant, revint à la muse folâtre avec Jeanneton, éloge d'une « très-bonne fille. » Une seconde chanson, inspirée par la Javotte de ses débuts, parut ensuite, mais sur un ton plus élevé que la première. On lira deux couplets des Rideaux avec un plaisir égal à celui que nous éprouvons à les transcrire :
S'inspirant d'une légende : de son pays natal, Hachin publia, vers la même époque, une énergique invocation sous ce titre la Chandelle d'Arras. Les circonstances actuelles en refont une actualité :
À mesure que s'avance notre tâche, nous nous sentons pris de scrupule. Nous avons, en commençant, présenté Hachin comme ayant pour les grivoiseries une prédilection de nature ; or, jusqu'ici, nous avons rencontré dans son œuvre autant de couplets élevés que de plaisanteries. La proportion serait même plutôt en faveur des productions morales, si nous observons surtout que l'âge, sans diminuer le talent du chansonnier, a épuré sa verve. Il nous faut donc considérer Hachin comme un poète moraliste autant que charmant. Les chansons qui nous restent à énumérer justifieront amplement notre dire. En effet, si Hachin a célébré, sous le nom de Turlupin Turlupinéau, le principal ornement du sexe fort, et rimé l'histoire scabreuse du Calorifère à Suzon, il a successivement écrit les Rues d'Anjou et de Poitou, anecdote aimable, le Dépenseur, confession amusante, Mon Taudis, description humoristique, M. Taupineau, les Bateaux-Mouches, On demande des ouvrières, la Tour Saint-Jacques, frais souvenir de jeunesse, dont la vogue n'est pas épuisée, enfin La Limaille, chanson d'atelier dont nous signalerons le premier couplet comme donnant de l'auteur l'idée la plus exacte :
Travail et chanson, ces deux mots résument l'homme. Hachin n'a manié la plume que pour se délasser de l'outil ; cela seul explique l'indifférence qu'il affiche pour ses œuvres, remarquables cependant au triple point de vue de la justesse de l'idée, de la simplicité du vers et de la richesse des rimes.
Hachin, dans sa jeunesse, écrivit, en collaboration avec Roland Bauchery, quelques vaudevilles : la Ravaudeuse du carrefour Bussy (3 actes), la Cardeuse de matelas (2 actes), Fleur des champs (1 acte), la Famille du Paveur (1 acte), et des intermèdes comme le Livret de Pichard. Tout cela, quoique applaudi, ne réussit pas à le faire vivre, et il eut la sagesse d'abandonner le théâtre pour ne pas négliger son industrie.
Après cinquante-quatre ans d'un travail manuel assidu, Hachin a pu se retirer en 1876, et vit aujourd'hui d'une aisance modeste, qui lui permet de satisfaire son goût pour la muse. À quelqu'un qui le blâmait à tort de rimer, il adressait dernièrement ce philosophique couplet:
N'est-ce pas finement et dignement répondu.
Toujours assidu aux réunions chantantes, surtout à celles de la Lice, dont il est le plus ancien membre et le président d'honneur, Hachin y détaille parfois une production nouvelle, digue de ses aînées. Au banquet de Mai, nous l'avons entendu dire le Pierrot, spirituel dialogue, dont voici la conclusion:
On voit que les soixante-dix ans sonnés de Hachin n'enlèvent rien à la fraîcheur de ses inspirations. Mais pourquoi ne pas vouloir faire un volume ? Pourquoi ne pas réunir les couplets divers disséminés dans des recueils inaccessibles au public ? C'est à ce travail utile que Hachin devrait employer ses loisirs. Tous les amis de la chanson seraient heureux de posséder l'œuvre complète de ce poète de haut goût, doublé d'un homme estimable.
Le Temps du , dans son compte-rendu du pèlerinage annuel au tombeau de Béranger au cimetière du Père-Lachaise, mentionne la présence de Édouard Hachin[6] :
En 1881, Édouard Hachin fait partie des habitués de la goguette du Pot-au-Feu[2]. La même année il écrit une chanson comique : Voyages de la Lice, consacrée aux nombreux déménagements forcés de la Lice chansonnière, entraînés de 1832 à 1856 par les tracasseries policières[7].
En 1888, il est toujours très actif. Henri Avenel écrit dans Chansons et chansonniers[8] :
Édouard Hachin meurt en [1].
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