Françoise Armengaud, née le à Paris, est une universitaire, philosophe, traductrice, essayiste et écrivaine française.
Pour les articles homonymes, voir Armengaud.
Naissance |
(80 ans) Paris, ![]() |
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Activité principale |
Universitaire, philosophe, romancière, essayiste, traductrice |
Langue d’écriture | Français |
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Après des études d'anglais et de philosophie à la Sorbonne ainsi qu'à l'École normale supérieure de jeunes filles[1] et l'agrégation de philosophie en 1965, Françoise Armengaud est nommée professeur au Lycée Anne de Bretagne à Rennes, puis elle enseigne la logique et l'épistémologie à l'université de Rennes de 1967 à 1990. Titulaire d'un doctorat en philosophie en 1982, elle donne des cours de philosophie du langage et d'esthétique à l'université de Paris X-Nanterre comme maître de conférences de 1990 à 2002. De 2006 à 2009, formatrice intermittente chez ARPPE (Association recherche pour les professionnels de la petite enfance), elle anime des ateliers d'écriture et de réflexion sur les contes.
Au point de départ de ses recherches sur le langage et l'art, un travail sur la philosophie analytique anglo-saxonne et une réflexion sur l'aspect pragmatique du langage, par où elle choisit d'aborder l'art. Dans cette perspective, le fonctionnement d'une œuvre ne vaut qu'en contexte, les actants producteurs et récepteurs) en construisant la portée ensemble, en même temps que les productions artistiques "ne vivent que des façons dont elles font vivre des relations qu'on entretient grâce à et avec elles"[2]. Quant à la question des titres des œuvres d'art,il s'agit de l'étayer aussi bien du côté de la nomination (le titre fonctionne comme nom propre), que du côté de l'interprétation de l'image par le texte et réciproquement. Ce que disent les artistes de leur activité créatrice et de leurs œuvres interroge la cohérence de leur engagement et de l'expression de leur subjectivité historiquement datée. À l'orée de son livre sur ce sujet, Françoise Armengaud confie avoir été longtemps "une rêveuse de titres". Recensant les interrogations soulevées par cette notion, elle conclut : "Seuls les artistes seraient capables de lever mes perplexités, et c'est cette conviction qui a amené ma recherche auprès d'eux"[3]. D'où de nombreux entretiens avec des artistes. Elle s'est attachée à étudier en particulier l'œuvre d'André Verdet – à qui elle a consacré plusieurs ouvrages – celles des sculpteurs Anita Tullio et Sacha Sosno (le créateur des oblitérations) ainsi que du peintre Henri Baviera. À propos de la technique d'exécution au pochoir de certains éléments archétypaux dans les toiles de Baviera, elle note que "si cette technique livre simultanément la trace et l'exil de l'objet, la figure ainsi dépeinte vaut proverbe ou citation, discours d'autrui pris dans la texture de l'œuvre"[4].
S'agissant du féminisme, le point de vue du langage lui fournit toujours la première orientation. Au cours d'un entretien portant sur Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Catherine Rodgers remarque l’intérêt de Françoise Armengaud pour "le travail innovateur de Michèle Causse sur la langue"[5]. En effet, elle met en exergue la manière dont Michèle Causse "décrit l'emprise universelle de l'androlecte comme "institutionnalisation d'une subjectivité sexuée au masculin", instrument du sexage tel qu'en androcratie les femmes se trouvent interloquées, interrompues, interdites, privées d'allocutaire comme de langage propre, ce qui leur est laissé étant le mutisme ou le mimétisme"[6]. Les livres de Nathalie Sarraute et de Monique Wittig sont interrogés en tant que porteuses de contestation des conventions du discours et de l'édifice politique qu'elles soutiennent[7]. Françoise Armengaud a traduit des articles d'Andrea Dworkin, Jan Windelbank, Julia Clancy Smith, Letti Volp, Karen Walker, Joan W.Scott, pour les Nouvelles Questions Féministes. Elle est membre du Collectif national pour les droits des femmes.
Françoise Armengaud a commencé par des travaux sur les représentations des animaux dans la littérature et dans l'art. En 2012, Florence Burgat note que le livre Réflexions sur la condition faite aux animaux est « le fruit d'un travail ininterrompu, inauguré par l'article désormais classique, Animalité et humanité paru en 1984 dans l'Encyclopædia Universalis ». Elle précise que Françoise Armengaud, philosophe du langage, « y posait les jalons d'une recherche principalement axée sur l'analyse des façons de penser et de parler, de ne pas penser ou de ne pas parler des animaux, de la construction en miroir des concepts d'animalité et d'humanité. […] Le décryptage des voies par lesquelles s'opère la dévalorisation ontologique de l'animal (selon un singulier qui nivelle toutes les différences) ou de l'animalité (cette essence qui vaudrait pour une généralité qui là encore n'existe pas) afin d'exclure les animaux, bien réels cette fois, de la sphère de la considération morale et de celle des doris constitue le cœur de [sa] recherche »[8]. On trouve dans ses Réflexions sur la condition faite aux animaux une critique radicale du concept de sacrifice tel que généralement posé (comme fondateur) dans les sciences humaines et une qualification de la question du sort des animaux comme politique de part en part.