Guy Cabanel vit dans les Pyrénées et à Toulouse. Il fut un ami très proche de Robert Lagarde qui l'a largement illustré. Avec son premier ouvrage À l'Animal noir, diffusé hors commerce, il fut accueilli par le groupe surréaliste le par la voix même d'André Breton en ces termes: «Ce langage, le vôtre, est celui pour lequel je garde à jamais le cœur de mon oreille. C'est celui dont j'ai attendu qu'il ouvre de nouvelles communications, vraiment sans prix et comme par voie d'étincelles, entre les êtres.[2]».
En 1960, il signe le Manifeste des 121, déclaration sur le «droit à l'insoumission» dans le contexte de la guerre d'Algérie.
À la réception de Maliduse paru en 1961, Breton écrira, s'adressant à Joyce Mansour: «La poésie surréaliste, c'est vous, Jean-Pierre Duprey et Guy Cabanel[3]». Il est en effet un des rares à incarner ce haut lyrisme de la matérialité verbale, mais comme le précise Patrice Beray, il opère «un affranchissement du procédé de l'image surréaliste [...] au bénéfice d'un “tout-image” magnifié par le chant.»[4]
Dans le premier numéro de la dernière revue surréaliste, L'Archibras, Jean Schuster écrivait en 1967: «Guy Cabanel détient à mes yeux les clés du langage absolument moderne. Je ne doute pas qu'il ait trouvé quelques-uns des secrets qui introduisent à l'alchimie du verbe[5].»
Pour la réédition de son premier livre, À l'Animal noir, par Patrice Thierry en 1992, Patrice Beray écrit ceci: «Un événement, une anomalie au sens premier du terme, un dérangement, c'est ainsi, fort justement souligné par Alain Le Saux, que peut apparaître le poète Guy Cabanel aux lecteurs de cette fin de siècle. L'étrange tient à ce point à l'œuvre qu'il faille remonter le temps, son temps, pour en saisir la genèse et de cette ornière étoilée ténébreuse, pressentir le tout-ouvert incantatoire, sentir les griffes, bien réelles. Accordé de longue main au mouvement libératoire, Robert Lagarde en hisse et tisse les racines mystérieuses. À l'Animal noir ne s'adressa en 1958 qu'à des dédicataires majeurs, parmi lesquels André Breton dont l'accueil [...] est aujourd'hui pleinement éclairant.»[6] À la fin de cet ouvrage, dans un texte intitulé «Tunnel», Guy Cabanel reprend la célèbre phrase de Breton, «Les mots font l'amour[7]», et précise qu'il s'agit d'accomplir un geste qui «exalte le langage, c'est-à-dire le pousse jusqu'aux extrêmes de sa signification, le sursignifie et le surréalise, en actionnant le pouvoir créateur de ses composantes physiques. Cette intervention de l'homme dans la vie des mots se conçoit comme un acte d'amour absolu qui se réalise par le viol et se consomme par la sodomisation»; et il conclut: «L'amour fond les mots.»[8]
Recueils
À l'Animal noir, illustré par Robert Lagarde, édité à compte d'auteur en 1958; rééd. Toulouse, L'Éther Vague Patrice Thierry éditeur, 1992
Maliduse, illustrations de Robert Lagarde, Mimi Parent et Adrien Dax, chez l'auteur, 1961; rééd. Paris, Les loups sont fâchés, illustrations de Robert Lagarde, 2009 (ISBN978-2-9534123-0-7)
Guy Cabanel exalte ses animaux noirs. S.l., l’Auteur, 1967. Tirage unique à 75 exemplaires et quelques hors commerce
Odeurs d'amour, Paris, Losfeld, 1969
Les Fêtes sévères, illustrations de Robert Lagarde, Fata Morgana, 1970; rééd. Brest, Éditions Les Hauts-Fonds, 2009 (ISBN978-2-9532332-2-3)
Les Boucles du temps, Privat, 1974
Illusions d'illusion, dessins de Robert Lagarde, Fata Morgana, 1983
Au fil du temps, dessins de Gérard Lalau, Ubacs, 1992
Silhouettes de hasard, dessins de Gilles Dunant, Myrddin, 1995
Croisant le verbe, illustré par Jorge Camacho, Toulouse, L'Éther Vague, 1995
Instants de l'immobile errance, photos de Michel Peschot, Fata Morgana, 1996
Quinquets, dessins de Jean Terrossian, Paris, L'Écart Absolu, 1997
L'essence poétique, dessins de Mimi Parent, Paris, L'Écart Absolu, 2000
Douze constellations pour André Breton: dessins de Jacques Lacomblez où gravitent Les étoiles renversées de Guy Cabanel, Bruxelles, Quadri, 2006
Le Verbe flottant, illustré par Jacques Zimmermann, Bruxelles, Quadri, coll. «L'échelle de verre», 2007
Soleil d'ombre, sur des photographies de Jorge Camacho, Bruxelles, Quadri, 2009
Dans la roue du paon, dessins de Jacques Lacomblez, présentation de Patrice Beray, Brest, Éditions Les Hauts-Fonds, 2009 (ISBN978-2-9532332-3-0)
Hommage à l'Amiral Leblanc, suivi de ses Pensées et proclamations, présenté par Alain Joubert, Paris, Ab irato, 2009 (ISBN2-911917-56-1)
A participé à l'enquête de Héribert Becker in: Je ne mange pas de ce pain-là de Benjamim Péret, Paris, Syllepse, 2010
L'Ivresse des tombes, ill. photos de Barthélémy Schwartz, Paris, Ab Irato, 2011 (ISBN2-911917-57-X)
Chants d'autres mémoires, d'après des dessins de Lucques Trigaut, ill. en coul, Rennes, Éditions des Deux Corps, 2012 (ISBN978-2-919534-11-1)
Le Revenant, d'après des encres inédites de Michèle Grosjean, Bruxelles, Éditions Quadri, 2012
Les Cités Légendaires, ill. de Jacques Desbiens, Montréal (Québec), Éd. Sonámbula, 2012 (ISBN978-2-9811480-7-0)
Cent Haïkus, les dédicaces de Maliduse, Toulouse, Collection de l'Umbo, 2012
Les Esquilles "Mais lesquelles?", d'après des dessins de Georges-Henri Morin, Toulouse, Collection de l'Umbo, 2013
Les chemins qui zigzaguent, Montréal (Québec), Éd. Sonámbula, 2013 (ISBN978-2-9811480-9-4)
Journal intime, ill. de Jean Terrossian, Paris, Ab irato, 2015
Au bon plaisir de la Géante, avec Jacques Abeille et Alain Joubert, photographies de Jean-Christophe Guédon, encres de couverture réalisées par Pauline A. Berneron, tirages sérigraphiques de Loïc Verdillon, Grenoble, Éd. Litan, 2015 (50 ex. numérotés)
Les rendez-vous métaphysiques, ill. photos de Olivier Tomasini, Grenoble, Éd. Litan, 2016 (ISBN 978-2-9549684-5-2)
D'ombres roulées, ill. photos de Malika Mohadem, Grenoble, Éd. Litan, 2016
Au féminin, ill, Montréal, Éd. Sónambula, 2016
Les Sites du Serpent, ill. de Robert Lagarde, Mimi Parent, Lucques Trigaut, Montréal, Éd. Sónambula, 2017
Les charmes du chaos, poèmes écrits sur des œuvres picturales de Mireille Cangardel ici reproduites en coul., Paris, Éd. Ab irato, 2019
Bibliographie
L'archibras, no1, avril 1967
Alain Valéry Aelberts, Jean Jacques Auquier, Poètes singuliers, du surréalisme et autres lieux, Paris, 10/18, 1971
Gérard Durozoi, Histoire du mouvement surréaliste, Paris, Hazan, 2004 (ISBN2-85025-920-9)
Dictionnaire général du Surréalisme et de ses environs, sous la dir. d'Adam Biro et de René Passeron, Paris, PUF, 1982 (ISBN2-13-037280-5)
Alain Joubert, «Parce que Guy Cabanel» (poème), L’autre côté des nuages. Poèmes, etc., dessins de Georges-Henri Morin, Paris, Ab irato, 2020, p. 110-111
Lettre d'André Breton à Guy Cabanel du 10 août 1958, reproduite en fac-similé dans la réédition de À l'Animal noir, L'Éther Vague - Patrice Thierry, 1992, p. 7.
Lettre d'André Breton à Joyce Mansour du 28 août 1961.
Patrice Beray, Pour Chorus seul - À Jean-Pierre Duprey et Claude Tarnaud (essai poétique), Brest, Les Hauts-Fonds, 2013, p. 31.
Jean Schuster, «À l'ordre de la nuit, Au désordre du jour», in L'Archibras, n°1, avril 1967, p. 8.
À l'Animal noir, réédition L'Éther Vague - Patrice Thierry, 1992, quatrième de couverture.
André Breton, «Les mots sans rides», dans Les Pas perdus (1924), Gallimard, coll. «L'imaginaire», 1990, p. 134.
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