Henriette de Coligny, comtesse de Haddington et de La Suze, née en 1618 et morte le , est une femme de lettres française.
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Anne de Polignac (d) ![]() |
Conjoints |
Gaspard de Champagne, Comte de la Suze (d) (après ) Thomas Hamilton (en) ![]() |
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Fille de Gaspard III de Coligny, maréchal de Châtillon et de France, arrière-petite-fille de l'Amiral de Coligny elle appartient par sa naissance à un milieu de huguenots militants, Henriette de Coligny épouse, en 1643, Thomas Hamilton, comte de Haddington (en), qu'elle suit jusqu'en Écosse[1]. Rapidement veuve, elle revient en France. Sa famille lui fait épouser, en 1653, Gaspard de Champagne (Champagne-Parcé ou Champagne en Anjou, cf. l'article Mathefelon-note 13), comte de La Suze. Elle échappe bientôt à la vie recluse que celui-ci lui fait mener dans ses châteaux de la Suze, près du Mans ou de Lumigny, près de Meaux, et vient s'installer à Paris. Elle se convertit en 1653 au catholicisme mondain, plus tolérant pour les plaisirs de la vie. Pourvus d'une parfaite aversion l'un pour l'autre, les deux époux finirent en effet par se séparer. Une anecdote fameuse rapporte que lorsqu'on demanda à la comtesse de La Suze, quelle fût la raison de sa bruyante conversion au catholicisme,"c'est, répondit-elle, afin de ne me pas trouver avec mon mari en l'autre monde non plus qu'en celui-ci"[2]. Cette nouvelle catholique dont la conversion est une victoire sur le nom qu'elle porte, est menée à l'autel par la reine elle-même. Les protestants ne lui pardonneront pas.
Elle se trouve alors le centre d'une société où l'esprit est voué à la poésie et à la galanterie, société plus éclectique et plus libre que celle de l'hôtel de Rambouillet. Ninon de Lenclos, Christine de Suède, Madeleine de Scudéry sont ses amies. Elle écrit, au milieu d’une vie de dissipation et de mœurs légères, au cours de laquelle elle eut à la fois une réputation de beauté, d’esprit et de talent.
On croit qu’elle eut des collaborateurs, comme Segrais, Ménage, Subligny, Tallemant des Réaux, etc. pour ses autres pièces de vers[3], qui ont d’ailleurs été mêlées à d’autres pièces de divers poètes contemporains dans des recueils successifs. Imprévoyante cigale, elle se ruine en procès. Elle obtient difficilement en 1661, l'annulation de son mariage ; il lui en coûte vingt-cinq mille livres à rembourser aux de la Suze. Elle perdra l'héritage Coligny dans un procès contre sa belle-sœur Mme de Châtillon.
Mais ses déboires la touchent peu, car sa vie est vouée à la passion et à la littérature. On lui prête maintes liaisons, avec le comte de Lude, avec Henri de Guise, et avec le poète Hercule de Lacger. Ses premiers vers paraissent en 1653. Ils enrichiront de nombreux recueils collectifs de poésie galante. Il s'agit pour la plupart d'odes de chansons, de madrigaux, de rondeaux, de stances. Mais Madame de La Suze est remarquable surtout par ses élégies qui lui confèrent une place unique dans la poésie du XVIIe siècle.
Le critique oraculaire qu'est Boileau avait pourtant tranché en 1700, disant que ses élégies étaient d'un agrément infini. Un de ses familiers, le père Le Moyne, spécialiste jésuite de la dévotion mondaine, lui a attribué une très belle devise latine, Non urar tacita (je ne saurais brûler et me taire).