Son père était un républicain saint-simonien, rédacteur dans des journaux d'opposition sous le Second Empire. Il meurt quand son fils a cinq ans[3].
Jeunesse
Jean Aicard naît le à Toulon (Var). Une plaque signale sa maison natale, rue de l'Ordonnance. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence.
Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine[4]. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens, grâce à son cousin, Pierre Elzéar. En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain[5]. En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique[6].
En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région. En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain.
Jean Aicard vers 1878, portrait au fusain par Félix Régamey.
Les deux romans qui lui valent la reconnaissance sont Maurin des Maures (1908) et L'illustre Maurin. D'une façon générale, l'enfance incarne une source d'inspiration prédominante dans son œuvre[8].
En 1894, il devient président de la Société des gens de lettres. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une «notoriété des lettres», note le «romantisme méridional»[9] de son œuvre.
En 1909, il entre à l'Académie française au fauteuil de François Coppée. Il est considéré avant tout comme le poète de la Provence[10]. Pierre Loti, dans sa réponse au discours de réception, insiste aussi sur cette particularité: «Le titre de régionaliste vous sied plus qu’à personne, et je le trouve d’ailleurs fort beau car la lumineuse, et vive, et fine Provence, c’est vous qui, réellement, nous l’avez donnée»[11].
Il est élu maire de Solliès-Ville en 1919[12], fait classer monument historique les ruines du château des Forbin et y fait jouer par la Comédie-Française sa pièce Forbin de Solliès ou le Testament du roi René[13].
Relations avec Victor Hugo
Audacieux, il envoie en 1864 à Guernesey un long poème à Victor Hugo qu’il admire. Les quatre-vingt-dix-neuf vers commencent ainsi:
«Je vous aime, exilé qui pleurez votre France
Je vous aime et vos chants me pénètrent le cœur
Je souris avec vous aux rêves de bonheur
Je pleure: je comprends votre sainte souffrance.»
Victor Hugo, touché par ce jeune homme de seize ans, lui écrit:
«Vous avez bien fait de m’envoyer des vers. Ils sont émus et touchants [...]. On y sent la palpitation d’un jeune et noble esprit. Courage mon doux poète, adorez passionnément la justice et la liberté et aimez-moi un peu.»
La réponse à cette audacieuse initiative sera suivie d’une longue et affectueuse correspondance qui ne cessera qu’à la mort du grand écrivain. Pour ce jour douloureux, Jean Aicard sera convié à faire partie de la garde d’honneur entourant le célèbre défunt[14].
Relations avec Frédéric Mireur
La mésentente avec Frédéric Mireur était de notoriété publique (quoique, paradoxalement, à Draguignan, une rue porte le nom de Frédéric Mireur quasiment dans le prolongement de la rue Jean Aicard). Mireur égratignera le côté anti-clérical d'Aicard dans son livre Les anciens couvents de Draguignan. Tandis que Jean Aicard voyait en Frédéric Mireur un homme réactionnaire et proche des idées anti-dreyfusardes[15]. La dissension atteint son paroxysme lors de l'écriture de Maurin des Maures. Frédéric Mireur considérera, entre autres, le passage avec le préfet de Draguignan[16] comme grotesque et fantaisiste. Dans ce roman, les Varois en général et les habitants de Gonfaron en particulier sont décrits comme simplets et de mœurs primitives[17]. Dans ce même chapitre, il imaginera les habitants de ce village souffler un par un dans l'anus d'un âne: «Ils amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n’était plus bon à rien, pensant que si celui-là montait au ciel et ne reparaissait plus on ne perdrait pas grand-chose; et ils se mirent en posture de le gonfler de leur respiration, en la lui soufflant, — sauf votre respect — par le trou que tous les ânes ont sous la queue.» Le curé Pignerol et l'ermite de Notre-Dame-des-Anges sont, entre autres, deux caricatures d'homme d’Église dans ce même récit. Jean Aicard les dépeint comme hypocrites et sots:
«Je l’ai connu, ce Pignerol; je la lui ai servie plus d’une fois, la messe. Il arrivait ici à cheval, sautait à bas de sa monture, sa soutane haut retroussée laissant voir des culottes de velours gris côtelé; il la relevait ainsi, toute la jupe sur son bras, de peur qu’elle s’accrochât à ses grands éperons; et, en entrant dans l’église, il allait poser d’abord, avec une génuflexion, sa cravache sur l’autel.»
«L’ermite était un ancien valet de ferme, un fainéant venu on ne sait d’où, qui avait eu (comme tant d’autres en maint autre lieu) l’idée de s’affubler d’une méchante robe de bure, de se ceindre les reins d’une corde et d’attendre les pèlerins, dévots à Notre-Dame-des-Anges, pour tirer d’eux quelques petits profits.»
Décès
Jean Aicard meurt le à la maison de santé des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, rue Oudinot dans le 7earrondissement de Paris. Il est enterré au cimetière central de Toulon[18].
Œuvre
Conte du crocodile, illustré par Marie-Madeleine Franc-Nohain
Poésie
Jeanne d'Arc (Le rachat de la Tour), , imprimerie d'E. Aurel, Toulon
Les Jeunes Croyances, Alphonse Lemerre, 1867 lire en ligne sur Gallica
Au clair de la lune, 1870, Alphonse Lemerre
Rébellions et Apaisements, 1871, Alphonse Lemerre
Mascarille, 1873, Alphonse Lemerre
Pierre Puget, 1873, L. Laurent, Toulon (médaille d'or au concours de poésie de Toulon)
Poèmes de Provence, 1874, Alphonse Lemerre - Prix Montyon de l’Académie française
La Chanson de l'enfant, 1876, Fischbacher - Prix Montyon de l'Académie française
Le Petit Peuple, 1879, Cayer
Les Poèmes de Provence; les cigales, 1878
Miette et Noré, idylle provençale, 1880, Charpentier - Prix Vitet de l'Académie française 1881
Lamartine, 1883, Ollendorff - Prix de poésie de l'Académie française
Le Dieu dans l’homme, 1885, Ollendorff
L'Éternel Cantique, 1885, Fischbacher
Maternités, 1886
Le Livre des petits, 1886, Delagrave
Le Livre d’heures de l'amour, 1887, Alphonse Lemerre
Jésus, 1896, Flammarion
Sauveteurs, 1898, Mouillet
Italie et France (vers), 1903, Crété
Hollande, Algérie (poèmes et prose), 1913, Flammarion
Le Témoin, 1914 - 1916, Flammarion
Le Jardin des enfants, 1914, Flammarion
La Légende du Chevrier, (adaptation musicale de Emile Dens), 1914, J. Poulalion
Alfred de Vigny, , conférence de la Revue Hebdomadaire, Flammarion
Comment rénover la France (prose), 1918, Flammarion
Archives
Le fonds d'archives de l'écrivain est conservé aux archives municipales de Toulon[19].
Maisons
Sa maison natale de trouve rue de l'Ordonnance à Toulon.
Il habite longtemps à La Garde dans sa villa Les Lauriers Roses; cette maison est devenue le musée Jean-Aicard et Paulin-Bertrand.
Il finit sa vie à Solliès-Ville dans une maison près de l'église; cette maison est devenue un petit musée Jean-Aicard.
Maison natale rue de l'Ordonnance à Toulon.
Vue générale des Lauriers-Roses à La Garde.
Entrée des Lauriers-Roses à La Garde.
Adaptations
Au cinéma
1919: L'Ibis bleu, film muet français réalisé par Camille de Morlhon.
Le cinéaste André Hugon a porté à l'écran les romans Roi de Camargue (film muet, 1921), Les Trois Masques (1929), Maurin des Maures (1932), L'Illustre Maurin (1933) et Gaspard de Besse (1934).
1946: Le Gardian, film français réalisé par Jean de Marguenat, adaptation du roman Roi de Camargue.
À la télévision
Les romans Maurin des Maures et l'Illustre Maurin sont adaptés respectivement en 1970 et 1974 sous forme de feuilletons télévisés (voir Maurin des Maures).
Anecdotes
Si l'on en croit Léon Daudet, Aicard possédait un tel talent pour réciter des vers qu'il transformait alors chaque poésie, même médiocre, en un chef-d'œuvre fugitif[20]. Rimbaud n'avait pas dû être sensible à son charme, car on connaît l'épisode où il ponctuait du mot de Cambronne chaque vers d'un poème que récitait Jean Aicard[21]. C'est cependant à ce poète qu'il a dédié Les Effarés[22].
Prix de littérature
Médaille d'or du prix de la poésie française de la Société académique du Var (1873).
Prix Montyon (1874 et 1876) de l’Académie française.
Jean Aicard par le sculpteur Victor Nicolas (buste en bronze, 1931).
Par ordre alphabétique des villes:
une rue à Bormes-les-Mimosas, où il est écrit "Maurin des Maures" dans une maison de la rue Carnot, appartenant a son ami et maire de Bormes, Mr Vigourel
un musée, une école primaire et une rue à La Garde
un lycée à Hyères
une rue à Hyères
un groupe scolaire au Luc
une rue à Nice
une avenue et un anciennement un square dans le 11earrondissement de Paris (avec un arrêt éponyme du bus 96 de la RATP, montant/descendant les rues Oberkampf et de Ménilmontant)
Nieres-Chevrel, Isabelle, 1941- ... et Perrot, Jean, 1937- ..., Dictionnaire du livre de jeunesse: la littérature d'enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed. du Cercle de la Librairie, dl 2013, 989p. (ISBN978-2-7654-1401-8 et 2765414017, OCLC862208705, lire en ligne), p.12
Paris-Parisien, Ollendorff, , p.48
Jean Calvet, La Poésie de Jean Aicard, Éditions Hatier, 1909.
«Réponse au discours de réception», Annales politiques et littéraires, Numéro 1383, 26 décembre 1909.
André Peyregne, Quand l'académicien Jean Aicard cède à la pression des villageois et devient maire de Solliès-Ville, Var-Matin, 29 décembre 2019.
Site officiel de la mairie de Solliès-Ville.
Monique Broussais et Yves Stalloni, De l'Académie du Var à l'Académie française: Jean Aicard et Toulon, Académie du Var, 2009.
Chapitre 37 "Où l’on verra que les habitants d’une bourgade prédestinée, appelée Gonfaron ou Gonfleron, en Provence, ont inventé la montgolfière, à la forme près."
Cet épisode est discuté par Daniel A. De Graaf dans Arthur Rimbaud: sa vie, son œuvre, publié par L'Harmattan en 2005, (ISBN2-7475-8303-1), p. 93-94. Voir ici.
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