Joachim du Bellay /ʒɔaʃɛ̃ dy bɛlɛ/[N 1],[N 2] ou Joachim Du Bellay[N 3] est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou et mort le à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l'origine de la formation de la Pléiade, groupe de poètes pour lequel du Bellay rédigea un manifeste, la Défense et illustration de la langue française. Son œuvre la plus célèbre, Les Regrets, est un recueil de sonnets d'inspiration élégiaque puis satirique et finalement encomiastique écrit à l'occasion de son voyage à Rome de 1553 à 1557.
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Naissance |
vers 1522 château de la Turmelière, Liré, Anjou, ![]() |
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Décès |
Paris, ![]() |
Activité principale |
poète |
Langue d’écriture | français |
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Mouvement | La Pléiade |
Œuvres principales
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Vers 1522[1], Joachim du Bellay naît à Liré, en Anjou, dans l'actuel département de Maine-et-Loire. Fils de Jean du Bellay, seigneur de Gonnord, et de Renée Chabot originaire de Liré[2], il appartient à la branche aînée des du Bellay. C’est dans Le château du domaine de la Turmelière, que le poète a passé les vingt premières années de sa courte vie avant de partir faire des études. Ses parents meurent alors qu'il a moins de 10 ans. De santé fragile[3], il est élevé par son frère aîné qui le néglige. Vers 1546, il part faire ses études de droit à l'université de Poitiers où il rencontre Salmon Macrin[3]. En 1547, il fait la connaissance de Jacques Peletier du Mans et de Pierre de Ronsard. Il rejoint ce dernier au collège de Coqueret à Paris.
Dans cet établissement, sous l'influence du professeur de grec Jean Dorat, les deux hommes décident de former un groupe de poètes appelé d'abord la « Brigade ». Leur objectif est de créer des chefs-d'œuvre en français d'aussi bonne facture que ceux des Latins et des Grecs. Ce but s'accorde à la perfection avec celui de François Ier qui souhaite donner des lettres de noblesse au français. Jacques Peletier du Mans approuve leur projet et les accompagne dans leur entreprise. Du Bellay signe en 1549 un manifeste collectif, la Défense et illustration de la langue française. La Brigade se transforme en Pléiade avec l'arrivée de quatre nouveaux membres : Rémi Belleau, Étienne Jodelle, Pontus de Tyard et Jean-Antoine de Baïf. Joachim du Bellay publie dès l'année suivante son premier recueil de sonnets, L'Olive[3], imitant le style de l'Italien Pétrarque.
En 1553, Du Bellay quitte la France pour accompagner le cardinal Jean du Bellay, cousin germain de son père, à la cour pontificale de Rome. Il doit pourvoir aux dépenses de la maison du cardinal malgré son peu de moyens financiers[3]. Il attend avec impatience de découvrir Rome et la culture antique mais il est déçu[3]. Chargé de l'intendance de son parent, du Bellay s'ennuie. Loin de jouir d'une liberté qu'il désirait, les intrigues de la cour du pape l'accaparent. Il est en effet mêlé directement aux événements diplomatiques entre la France et l'Italie. Il compose alors Les Regrets, œuvre dans laquelle il critique la vie romaine et exprime son envie de rejoindre son Anjou natal, qui est suivie par Les Antiquités de Rome.
En , Joachim tombe malade et souffre de plus en plus de la surdité, le cardinal Jean du Bellay le renvoie en France. Le poète loge au cloître Notre-Dame chez son ami Claude de Bize (auquel il s'adresse dans les sonnets 64, 136 et 142 des Regrets)[3]. De retour en France, il doit de plus se débattre dans des difficultés matérielles. En il fait publier par Fédéric Morel l'Ancien son recueil Les Regrets ainsi que Les Antiquités de Rome. La même année il écrit son poème Épitaphe d'un chat, en souvenir de son chat chartreux, Belaud, pour lequel il avait la plus grande affection et qui lui tenait compagnie lorsqu'il écrivait ou était souffrant[4].
Du Bellay meurt des suites d'une apoplexie dans la nuit du au no 1 de la rue Massillon à Paris, à l'âge de 37 ans[3]. Il est inhumé en la chapelle Saint-Crépin, au sein de la cathédrale Notre-Dame.
Défense et illustration de la langue française (La Deffence, et Illustration de la Langue Francoyse, dans l'orthographe originale) est un manifeste littéraire, écrit en 1549 par le poète français Joachim du Bellay, qui expose les idées des poètes de la Pléiade.
Le texte, plaidoyer en faveur de la langue française, paraît dix ans après l'ordonnance de Villers-Cotterêts, qui imposa le français comme langue du droit et de l'administration dans le royaume de France. Du Bellay montre sa reconnaissance envers François Ier, « notre feu bon Roi et père », pour son rôle dans le fleurissement des arts et de la culture. Le roi a en effet créé le Collège des lecteurs royaux. Il a en outre pérennisé une bibliothèque du roi alimentée par le dépôt légal et des achats. Du Bellay souhaite transformer la langue française, « barbare et vulgaire », en une langue élégante et digne. Il considère que la langue française est encore dans l'enfance et qu'il faut la fortifier en la pratiquant et en l'enrichissant par l'invention de nouveaux mots afin de la rendre aussi puissante que le sont le grec et le latin. Avec ses camarades de la Pléiade il envisage donc de l'enrichir afin d'en faire une langue de référence et d’enseignement.
L'Olive est un recueil de poèmes publié par Joachim du Bellay entre 1549 et 1550. Dans cet ouvrage, il célèbre une maîtresse imaginaire en s'inspirant de Pétrarque.
Le livre comporte d'abord 50 sonnets écrits en 1549. Mais il en comptera 115[5] lors de sa publication en 1550 chez Corrozet et L'Angelier.
Les Regrets est un recueil de poèmes écrit pendant le voyage de Du Bellay à Rome de 1553 à 1557 et publié à son retour en 1558 par l'imprimeur Fédéric Morel, l'Ancien sis rue Jean-de-Beauvais à Paris.
Cet ouvrage comprend 191 sonnets, tous en alexandrins. Le choix de ce mètre, plutôt que du décasyllabe, constitue une nouveauté. Contrairement au modèle pétrarquiste, le thème principal n'est pas l'amour d'une femme mais celui du pays natal et de la mélancolie due à l'éloignement.
Le lecteur distingue trois tonalités principales, l'élégie (sonnets 6 à 49), la satire (sonnets 50 à 156) et l'éloge (sonnets 156 à 191). Le mythe d'Ulysse en quête du retour dans sa patrie inspire aussi le poète. Revenu en France, du Bellay y retrouve les travers observés à Rome.
Ce recueil contient le sonnet le plus célèbre de son œuvre :
Heureux qui, comme Vlyſſe, a fait un beau uoyage, |
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, |
Note : l'orthographe et la graphie employées à gauche sont celles de l'auteur au XVIe siècle[6], celles de droite sont les actuelles.
Les Antiquités de Rome est un recueil de 32 sonnets édité en 1558, alternant sonnets en décasyllabes et en alexandrins. Ce recueil est une méditation sur la grandeur de Rome et sur sa chute. Il se nourrit du mythe de la Gigantomachie. Du Bellay annonce déjà avec ce recueil le lyrisme romantique. En sa qualité d'humaniste, il reste l'héritier de Virgile, Horace, Lucain, tous poètes de la Ville éternelle. Notons aussi, en plus du thème des ruines, un tableau pittoresque qui saisit l'évolution de Rome dans ses détails[7].
En 1578, une partie de ses odes est mise en musique par le compositeur Antoine de Bertrand.
En 1894 la ville d'Ancenis fait ériger une statue réalisée par le sculpteur Adolphe Léonfanti. Elle représente le poète en costume du XVIe siècle, tenant à la main un exemplaire de son recueil Les Regrets. Dans les années 1960 elle est installée sur la rive gauche de la Loire, face à Liré[8]. En 1934 son nom est donné au Collège des jeunes filles d'Angers qui devient le Collège Joachim du Bellay puis l'actuel Lycée Joachim-du-Bellay.
La ville de Liré inaugure en 1947 une statue représentant le poète assis, méditant, œuvre du sculpteur Alfred Benon. Les Archives Nationales commémorent en 1949 le quatre centième anniversaire de son ouvrage Défense et illustration de la langue française[3]. En 1958 un timbre postal de 12 f. surtaxé 4 f., vert est émis dans la série « Célébrités ». Il porte le no YT 1166[9]. En 1960, à l'occasion du quatre centième anniversaire de sa mort, une commémoration avec conférence et récitations de ses textes a lieu devant les ruines du château de la Turmelière[3]. Une école de la ville du Lude, dans la Sarthe, porte également son nom[10].
Le film Heureux qui comme Ulysse, réalisé en 1969 par Henri Colpi et dernier film de Fernandel, rend hommage au sonnet de Du Bellay en dépeignant une vieille amitié entre un ouvrier de ferme et un cheval nommé Ulysse. La chanson-thème du film est interprétée par Georges Brassens, sur le texte de Du Bellay et une musique de Georges Delerue.
En 2007 le chanteur Ridan reprend un extrait des Regrets de Joachim du Bellay. L'artiste le travaille à sa façon dans sa chanson Ulysse.
En 2009, la compositrice Michèle Reverdy a mis en musique le sonnet XII des Regrets qui constitue la première pièce du cycle De l'ironie contre l'absurdité du monde[11].
En 1957 l'Association « Les amis du Petit Lyré » acquiert à Liré une demeure de 1521 ayant appartenu à la famille du Bellay et y fonde un musée inauguré le . Le musée devient propriété communale vers 1990. Depuis 1998 il présente cinq salles dédiées à la vie et à l’œuvre de l'écrivain de la Pléiade ainsi qu'à la poésie et à la Renaissance. Le musée organise également des manifestations sur les thèmes de l'écriture, de la poésie et de la langue française[12].
Les ruines du château de la Turmelière sont situées non loin du musée de Liré, à quelque deux ou trois kilomètres de là. Le domaine vaut le coup d’œil pour son environnement mais aussi pour sa riche histoire. Seule La chapelle y subsiste[13].
Il est l'auteur de nombreuses œuvres dont voici les plus connues :
31 poèmes, textes de Joachim du Bellay environ ont été mis en musique, voici quelques compositeurs :
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