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Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers (né Antoine Madeleine Augier à Fréjus le et mort à Paris le ) est un chansonnier, poète, goguettier et vaudevilliste français, fils du compositeur Marc-Antoine Désaugiers et frère du diplomate Auguste Désaugiers.

Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers
Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers, portrait par Louis-Léopold Boilly
Biographie
Naissance
Décès
(à 54 ans)
Paris
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise
Nom de naissance
Antoine Madeleine Augier
Pseudonymes
Jérôme Léveillé, Jérôme Pointu, Jérôme l'éveillé
Nationalité
Française
Formation
Université de Paris
Activités
Chansonnier, goguettier, librettiste, dramaturge de production, dramaturge, poète, compositeur, écrivain
Père
Marc-Antoine Désaugiers
Fratrie
Auguste Désaugiers
Enfant
Eugène Désaugiers (d)
Autres informations
Mouvement
Musique classique
Genre artistique
Opéra
Distinction
Chevalier de la Légion d'honneur‎
Tombe au cimetière du Père-Lachaise.
Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers, portrait d'après Achille Devéria.
Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers, portrait d'après Achille Devéria.

Sa vie et son œuvre, vaudevilles et chansons, sont aujourd'hui oubliés du grand public, mais il a été dans les goguettes aussi célèbre que Béranger.


Biographie


Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers naît le 17 novembre 1772 à Fréjus et est baptisé le lendemain[1]. Il est le fils du compositeur et maître de chapelle Marc-Antoine Désaugiers et de son épouse, Françoise Hermier. Son frère est le futur diplomate Auguste Désaugiers.

Après avoir failli entrer dans les ordres, il se voue aux lettres et à la musique. Pendant la Révolution française, il s'exile d'abord à Saint-Domingue, où il manque d'être fusillé par les Noirs révoltés, puis à Philadelphie, où il donne des leçons de clavecin.

De retour en France en 1797, il devient professeur de piano, chef d'orchestre, fournisseur attitré des petits théâtres à la mode, auxquels il donne toute une série de vaudevilles d'une allure franche et rapide.

En 1802, avec trois autres musiciens, il est un des onze chansonniers attitrés de la goguette Les Déjeuners des Garçons de bonne humeur[2]. De 1806 à 1817, il est l'âme d'une autre goguette, célèbre pour sa société littéraire et chantante : Le Caveau moderne. Il encourage les débuts de Pierre-Jean de Béranger. Il est l'ami du célèbre chanteur des rues Aubert. En 1815, au retour des Bourbons, il devient directeur du théâtre du Vaudeville.

En 1825, avec Pierre Capelle, il entreprend de faire renaître le Caveau moderne, qui a fait naufrage en 1817, sous le nouveau nom du Réveil du Caveau. Toutefois, Désaugiers souffre atrocement de calculs urinaires. La veille de subir l'« opération de la pierre[3] », dont il ne se relèvera pas, ne se départant pas de sa verve et sa bonne humeur, il compose son épitaphe, les quatre vers ci-dessous :

Ci-gît, hélas! sous cette pierre,

Un bon vivant mort de la pierre.

Passant, que tu sois Paul ou Pierre,

Ne vas pas lui jeter la pierre.

Le projet avortera avec la mort de Désaugiers, qui survient le . Son ami Nicolas Brazier publiera un poème le de l'année suivante L'Anniversaire, épître à Desaugiers[4], qui se termine par ces vers :

Et, puisque tu pris les devants,

Prouve, en dépit de nos savants,

Qu'avec les morts il vaut mieux rire

Que bâiller avec les vivants.

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 22)[5].

Dans le 16e arrondissement de Paris, la rue Désaugiers lui rend hommage.


Chansons et vaudevilles


Cet épicurien est plein d'obligeance et de générosité. On le dit gai ; d'une gaieté naturelle, intarissable et inoffensive. Ses chansons, parmi lesquelles L'Épicurien, Ma fortune est faite, Le panpan bachique, Le Délire bachique[6], les Cadet Buteux, dont Cadet Buteux à l'opéra de la Vestale, une parodie de La Vestale de Spontini, débordent d'une joie communicative ; une pointe de malice et de libertinage en relèvent la saveur. On y trouve parfois même une piquante observation des mœurs du temps, comme dans Souvenirs nocturnes de deux époux du XVIIe siècle[7], Tableau de Paris à cinq heures du matin, Tableau de Paris à cinq heures du soir, V'là c' que c'est que l' carnaval. Désaugiers représente le meilleur type du chansonnier français, malicieux, insouciant et gai.

Il est également l'auteur de nombreuses petites pièces, vaudevilles, comédies ou parodies, la plupart écrite en collaboration, dont quelques-unes, comme Les Petites Danaïdes, La Chatte merveilleuse, Le Vautour ou le Propriétaire sous le scellé, Je fais mes farces, ont eu une vogue prodigieuse. Dans la langue populaire son œuvre Le Vautour ou le Propriétaire sous le scellé a laissé l'expression un vautour pour désigner un propriétaire particulièrement sans pitié pour ses locataires.


Bon voyage Monsieur Dumollet


Sa chanson connue sous le titre de Bon voyage Monsieur Dumollet, tirée du final de sa folie en un acte Le Départ pour Saint-Malo, donnée pour la première fois le , est restée célèbre jusqu'à nos jours. Ceux qui la connaissent à présent en ignorent souvent l'auteur. Ses paroles partent d'une anecdote survenue à Saint-Malo qui avait eu son heure de célébrité à l'époque ; elle est ainsi évoquée par Chateaubriand :

«  Enfin, pour ne rien omettre, je rappellerai les dogues qui formaient la garnison de Saint-Malo […]. Ils furent condamnés à la peine capitale pour avoir eu le malheur de manger inconsidérément les jambes d’un gentilhomme ; ce qui a donné lieu de nos jours à la chanson : Bon voyage. On se moque de tout. On empoisonna les criminels ; l’un d’eux refusa de prendre la nourriture des mains de son gardien qui pleurait ; le noble animal se laissa mourir de faim : les chiens, comme les hommes, sont punis de leur fidélité.  »

 Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, livre I, chapitre 4.

La garde de la côte de Saint-Malo était composée de 24 dogues chargés de la surveillance nocturne[8].

C'est sur son air qu'est chanté, accompagné aux fifres, l'air du Carnaval inlassablement répété au cours du grand Carnaval de Dunkerque et des carnavals des villes aux alentours. Le ballet Casse-Noisette comprend une transcription pour orchestre de l'air de la chanson (acte I, 1er tableau, Allegro, après l'entrée des parents)[8]. La chanson a aussi donné la marche des conscrits bressans Leu Conchcrits sur des paroles de Prosper Convert[8]. Différentes adaptations de la chanson sont également jouées aux Seychelles, en Irlande ainsi qu'en Belgique où il est joué comme air de cramignon (danse en plein air)[8].


Opportunisme politique


En 1811, à l'occasion de la naissance du fils de Napoléon Ier, le Caveau moderne publie un Hommage du Caveau moderne au roi de Rome, Extrait du Procès-Verbal de la 64e Séance du Caveau moderne, tenue le [9].

Ce recueil auquel participe Désaugiers est tout entier consacré à louanger le pouvoir impérial,

Quatre ans après, en 1815, au moment de la Restauration, paraît à Paris, chez Rosa, Le Chansonnier des Bourbons : dédié à SAS Madame la duchesse douairière d'Orléans ; rédigé par MM. J. A. Jacquelin et B. de Rougemont. 1re année. Dans celui-ci, les membres du Caveau moderne s'alignent bruyamment en faveur de la monarchie restaurée[10]. Même l'inspiration bachique est ici mise au service du roi, comme on le voit dans ce couplet de Désaugiers à la fin de sa chanson Ronde :

Moi, je jure de servir
Louis, mon prince et mon père,
Jusqu'à mon dernier soupir
Et jusqu'à mon dernier verre.
Français, qu'ici tous les cœurs
Se répondent,
Se confondent :
Gloire, amour, plaisirs, liqueurs,
Venez enivrer nos cœurs[11].

En 1818, chez les anciens du Caveau moderne, l'opportunisme se fait martial et guerrier, ce qui, en temps de paix, n'est pas trop risqué. Désaugiers, comme Gentil, signent dans le petit recueil de chansons royalistes Les Anniversaires des trois mai et huit juillet[12], qu'ils publient avec quelques autres, en suivant leurs noms de leur qualité de gardes nationaux : « Sous-Lieutenant de la 10e Légion[13] ».


Désaugiers et les juifs


Les piques à propos des juifs apparaissent dans deux chansons de Désaugiers. Au début du 5e couplet du Délire bachique, connue également sous le nom de Quand on est mort, c'est pour longtemps, on lit :

Au lit, à table
Aimons, rions,
Puis envoyons
Les affaires au diable.
Juge implacable
Sot chicaneur,
Juif intraitable,
Respectez mon bonheur.

Et le 9e couplet du Carillon bachique :

Vingt juifs, que le diable emporte !
Sont consignés à ma porte,
Peut-être à la vôtre aussi ;
Mais, morbleu ! je me résigne,
Et lèverai la consigne
Dès qu'ils sonneront ainsi

Ces deux chansons, jadis célèbres, ont fait partie des plus connues parmi celles de Désaugiers.


Œuvres



Notes et références


  1. Registre paroissial de Fréjus (1769-1775), 7 E 65/5, Archives départementales du Var, 305 p. (lire en ligne), p. 180
  2. Liste des membres de la goguette Les Déjeuners des Garçons de bonne humeur (1802).
  3. Calcul rénal ou lithotomie, terme évoquant la taille des pierres précieuses. Opération dont le but était de fragmenter chirurgicalement un calcul logé dans le système urinaire. Au XVe siècle av. J.-C., Hippocrate interdisait à ses élèves de la pratiquer tant cette opération générait des décès et des séquelles. Jusqu’au XIXe siècle, elle restera très risquée, du fait de l’absence d’asepsie et d'anesthésie, mais les souffrances induites par les calculs urinaires et ses complications étaient telles que les patients s’y soumettaient malgré tout : Napoléon III est par exemple mort d'un choc septique après une lithotomie.
  4. L'Anniversaire, épître à Desaugiers, par Brazier. Neuf août 1828.
  5. Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 277-278
  6. Chanson également connue sous le titre de : Quand on est mort, c'est pour longtemps
  7. Appelée couramment : Monsieur et Madame Denis
  8. « Musique buissonnière », Spirale, vol. 23, no 3, , p. 113 (ISSN 1278-4699 et 1951-6274, DOI 10.3917/spi.023.0113, lire en ligne, consulté le )
  9. Hommage du Caveau moderne au roi de Rome, extrait du procès-verbal de la 64e séance du Caveau moderne, tenue le 20 mars 1811.
  10. Le Chansonnier des Bourbons : dédié à SAS Madame la duchesse douairière d'Orléans ; rédigé par MM. J. A. Jacquelin et B. de Rougemont. 1re Année.
  11. Désaugiers, Ronde.
  12. Le 3 mai et le 8 juillet sont les dates anniversaires du retour du roi Louis XVIII à Paris : le 3 mai 1814 et, après les Cent jours, le 8 juillet 1815.
  13. Voir la signature de Désaugiers et la signature de Gentil.

Liens externes


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[en] Marc-Antoine Madeleine Désaugiers

Marc-Antoine Madeleine Désaugiers (17 November 1772 – 9 August 1827) was a French composer, dramatist, and songwriter.
- [fr] Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers

[ru] Дезожье, Марк Антуан Мадлен

Марк Антуан Мадлен Дезожье (фр. Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers; 17 ноября 1772, Фрежюс — 9 августа 1827, Париж) — французский композитор , драматург, поэт-песенник, водевилист и шансонье.



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