Norge, pseudonyme[1] de Georges Mogin, né le à Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles) et mort le à Mougins, est un poète belge francophone. Une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale, rue Jennart 14.
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Nom de naissance | Georges Mogin |
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Alias |
Norge |
Naissance |
Molenbeek-Saint-Jean (Bruxelles), ![]() |
Décès |
(à 92 ans) Mougins, ![]() |
Activité principale |
poète |
Distinctions |
Prix littéraires :
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Langue d’écriture | français |
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Genres |
Poésie |
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Georges Mogin naît au sein d'une famille bourgeoise. Son père, d'origine française est le descendant d'un protestant ayant fui la France après la révocation de l'édit de Nantes, sa mère est allemande, ce qui fait qu'il avait la double nationalité belge et allemande. Il fait ses études classiques au collège Saint-Michel puis à l'école allemande.
D'un premier mariage, avec Jeanne Laigle, en 1918, naîtra un fils, l'écrivain Jean Mogin qui sera l'époux de la poétesse Lucienne Desnoues. Pendant 34 ans, Georges Mogin sera représentant de commerce en textiles pour l'industrie familiale.
À 25 ans, en 1923, il publie son premier recueil (27 poèmes incertains) sous le pseudonyme de « Géo Norge », qu'il raccourcira bientôt en « Norge ». Il connaît une première période de publication intense jusqu'en 1936.
En compagnie de Raymond Rouleau, il fonde, en 1925, le théâtre du Groupe libre, un groupe avant-gardiste et éphémère qui mettra en scène Jean Cocteau, Karel Čapek, Max Deauville et, aussi, Tam-Tam, un poème scénique de Norge qui sera victime d'un tract et d'un chahut organisé par les surréalistes belges (Paul Nougé, Camille Goemans, E. L. T. Mesens)[2].
En 1931, Norge rencontre Pierre-Louis Flouquet et Edmond Vandercammen. Ensemble, ils fondent le Journal des poètes. Une quinzaine de poètes gravitent autour de ce journal, dont André Salmon. En 1937, il fonde les Cahiers blancs qui publieront notamment un hommage à Milosz. Il collabore à l’Anthologie des poèmes inédits de Belgique (1940).
En 1940, il épouse l'artiste peintre Denise Perrier-Berche. Après la guerre, Norge émigre en Provence et devient antiquaire à Saint-Paul-de-Vence en 1954. C'est alors que commence sa seconde période de production intense.
Son œuvre est pleinement reconnue à la fin des années 1950 : en 1958, Norge reçoit le prix triennal de poésie de la Communauté française de Belgique pour son recueil Les Oignons, en 1969 l'Aigle d'or de la poésie au premier festival international du livre à Nice, en 1970 le prix quinquennal de littérature de la Communauté française de Belgique, puis, en 1971, le premier prix littéraire belgo-canadien.
En 1983, c'est la Semaine Norge à la Maison de la Poésie à Paris, en 1984, le Grand prix de poésie de la SGDL et, en 1985, le prix de la Critique pour Les Coq-à-l'âne.
Norge meurt à Mougins, en 1990, précédé de quelques années par sa femme. Ils reposent au cimetière du Grand-Vallon de cette ville[3].
Sa poésie revêt une grande diversité de formes (poèmes-récits longs, virelangues, micro-fables, vers réguliers, versets…)
Sous un habit trompeur, celui d'un langage simple, accessible, parfois enfantin, à l’humour omniprésent, la poésie de Norge a une réelle dimension métaphysique. Poète inclassable, ce grand « Stupéfait » d'exister ne cesse de s'étonner : comment peut-on être un humain ?
Sa poésie allie concret et métaphysique, sensualité et cruauté, vérité et incrédulité, fringales terrestres et soif d'infini. Passionné par la vie dans la diversité de ses formes, il traite aussi bien des étoiles que du lombric ou de la mouche.
Des poèmes de Norge ont été chantés par Jeanne Moreau sur des musiques de Philippe-Gérard (album 2 disques 33 T / 30 Cm édité en 1981 par Jacques Canetti). En 1970, Jacques Yvart met en musique Jehan l'Advenu, chanson qui sera également enregistrée par Georges Brassens, James Ollivier et Loïc Lantoine. Juliette interprète deux poèmes de Norge qu'elle a mis en musique sur l'album Qué Tal édité en 1991..
« La fraise des bois
Aubin cueillait des fraises dans les bois. — Baste, une femme nue, dit-il tout d'un coup. C'est ici que ça pousse; je me demandais bien. Elle venait à lui, souriante et légère. Ils eurent beaucoup d'enfants et Aubin dut trimer comme un nègre. »
« Le nain
Ce qu'il y a de grand chez le nain, c'est son regard. D'ailleurs. le nain n'est pas petit, ça se voit, il est comprimé; il pourrait devenir très grand. Oui, mais son cœur est petit. Tu crois ? Et puis, pourquoi parler toujours de taille ? »
« L'ordre
Je mets beaucoup d'ordre dans mes idées. Ça ne va pas tout seul. Il y a des idées qui ne supportent pas l'ordre et qui préfèrent crever. À la fin, j'ai beaucoup d'ordre et presque plus d'idées. »
— (extraits de Les cerveaux brûlés, 1969)
L’ensemble de ses œuvres poétiques de 1923 à 1973 forme un épais volume[4] : Œuvres poétiques, 1923-1973, Paris, Seghers, 1978.
L'auteur a été publié chez Gallimard, Flammarion, Seghers, ainsi qu'aux Éditions du disque Vert, Éditions Sagesse, Éditions ça ira (Anvers), Labor, Saint-Germain-des-Prés, Jacques Antoine (éditeur), École des Loisirs…