Abū-Muḥammad Muṣliḥ al-Dīn bin Abdallāh Shīrāzī (en persan: ابومحمد مصلحالدین بن عبدالله شیرازی), mieux connu en Occident sous le nom de Saadi (\sɑ.di\[1]) ou Sadi (en persan: سعدی), né à une date incertaine, possiblement vers 1210[3], et mort probablement en 1291 ou 1292, est l'un des plus grands poètes et conteurs persans.
Pour les articles homonymes, voir Saadi (homonymie).
Il est l'auteur du Golestan («Jardin de roses»), du Boustan («Jardin de fruits») et du Livre des conseils[4]. Il est reconnu pour sa maîtrise de l'écriture et la profondeur de ses idées.
Biographie
Très peu de temps après sa naissance à Chiraz, en Perse, vers 1210, son père meurt. Connaissant une enfance pauvre et difficile, il quitte sa ville natale très jeune pour se rendre à Bagdad afin d'obtenir une meilleure éducation. Il est admis à l'université de al-Nizamiyya, où il excelle dans les sciences islamiques, le droit, l'histoire, la littérature arabe et la théologie. Les désordres suivant l'invasion mongole de Khwarizm et de la Perse l'amènent à pérégriner pendant une trentaine d'années en Anatolie (il visita le port d'Adana et rencontra des propriétaires Ghazis près de Konya), en Syrie (il mentionne la famine à Damas), en Égypte (de sa musique et ses bazars, de l'élite et des religieux), en Irak (le port de Bassora et le Tigre). Il fait aussi référence au Sind (dans l'actuel Pakistan), à l'Inde (précisément Somnath, où il rencontre des brahmanes) et à l'Asie centrale, où il rencontre des survivants de l'invasion mongole. Il fit également les pèlerinages à la Mecque, Médine et à Jérusalem. À cause de la domination mongole, Saadi vécut dans des régions désertes, rencontra des caravanes, se protégeant tant bien que mal dans des lieux parfois très hostiles. Il semble que toutes ses rencontres (bandits, imams, intellectuels, gens du peuple…) lui aient ouvert l'esprit à la tolérance[pasclair].
Capturé par les armées des Croisades à Acre, il fut esclave sept années durant avant d'être libéré par les Mamelouks. À son retour à Chiraz, sa ville natale, était devenue paisible sous l'atabeg Abu Bakr ibn Sa'd ibn Zangy (1231 – 1260) et Saadi fut entouré de la considération et du respect de la plupart des habitants. En remerciement, il choisit son nom d'écrivain en hommage à Sa'd ibn Zangy et écrivit des panégyriques pour Abu Bakr ibn Sa'd et son fils Muhammad I ibn Sa'd dans son Boustan. Il écrivit de nombreux poèmes et semble être resté à Chiraz jusqu'à sa mort.
Un poète moral et un grand mystique
Saadi, dans son recueil de contes, nommé le Golestân (Jardin de fleurs), expose une série de contes moraux sur les comportements à tenir dans certaines situations de la vie. Adoptant une imagerie qui n'est pas sans rappeler celle des Mille et Une Nuits, ses contes peuvent être lus à de multiples degrés: certains purement moraux ou sociaux, d'autres plus spirituels.
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Œuvres et traductions
Couverture de Gulistan ou l'Empire des roses du poète Saadi, première traduction de 1634 par André Du Ryer.
Le Jardin des roses (Golestân ou Gulistân)
Le Gulistan ou l’Empire des Roses, composé par Sadi, prince des poètes persans[5] trad. partielle d'André Du Ryer, 1634, première traduction européenne d'un classique persan[6]
Gulistan ou l'Empire des roses: traité des mœurs des rois[7], trad. de d'Alegre, 1704
traduction partielle (1erlivre) dans les "Lettres sur la Perse et la Turquie d'Asie" par J.-M. Tancoigne, 1808
Gulistan ou le Parterre-de-fleurs[9], traduit par N. Semelet, 1834
Gulistan ou le Parterre de roses[10], traduit par Charles Defrémery 1858; réédition sous le titre Le jardin des roses et des fruits (avec le Bustan), Paris, Libretto no604, 2018 (ISBN978-2-36914-426-7)
traduit par Franz Toussaint, Paris, Arthème Fayard, 1904
trad., introduction et notes de Pierre Seghers, Paris, P. Seghers, 1977
trad. partielle en français par M. Garcin de Tassy, Paris, 1859[12].
trad. partielle en français par J.-B. Nicolas, Paris, 1869[13]
traduction complète par A. C. Barbier de Meynard, 1880; réédition, Paris, Seghers, 1978; réédition sous le titre Le jardin des roses et des fruits (avec le Golestan), Paris, Libretto no604, 2018 (ISBN978-2-36914-426-7)
traduit par Franz Toussaint, Paris, Mercure de France, 1913; réédition sous la forme de dix livrets sous coffret, éditions pré#carré, 2017[14]
Livre des conseils (Pend-Nameh)
traduction en anglais, Calcutta, 1788
traduit en français par M. Garcin de Tassy, 1822. lire en ligne
Un poème de Saadi
Nous pouvons citer plusieurs passages de son œuvre quant à sa pensée philosophique. Toutefois, un de ses poèmes[Lequel ?] peut être considéré comme représentatif de sa vision du monde. Il s'agit de trois parties d'un poème qui commence par un constat et au fil de son voyage de pensée prend l'ampleur fortement au-delà de toute croyance, toute religion, toute idéologie ou toute philosophie. Selon M. A. Oraizi[15], Saadi y montre sa pensée profondément humaniste, indépendante de toute religion, philosophie, et vision du monde, et ses inquiétudes face à la barbarie, à la misère des hommes et, ce, dans toutes ses formes. Diverses traductions de ce poème ont été faites par plusieurs écrivains ou traducteurs:
Miniature de Paul Zenker illustrant une édition de 1942 du Jardin de roses.
La traduction en anglais – par Iraj Bashiri – de ce poème de Saadi est à l'entrée de l'immeuble de l’Organisation des Nations unies à New York et deux de ces vers se trouvent aussi sur le nouveau billet de banque de 100 000 rials iranien:
Les hommes sont membres les uns des autres,
et créés tous de même matière,
si un membre s’est affligé les autres s’en ressentent:
Celui qui n’est touché du mal d'autrui
ne mérite d’être appelé homme.
—Saadi, trad. André du Ryer.
Les hommes sont membres les uns des autres,
et tous créés de même matière.
Si un membre est affligé, les autres s'en ressentent.
Qui n'est pas touché du mal d’autrui,
ne mérite pas d’être appelé homme.
—Saadi, trad. par M. [d’Alègre]
Les hommes font partie du même corps.
Ils sont issus de la même essence.
Si le destin faisait souffrir l'un des membres.
Les autres n’en auront pas de repos.
Toi qui es indifférent aux malheurs des autres.
Tu ne mérites pas d'être nommé un Homme.
—Saadi, trad. Orang Gholikhani
Les hommes sont les membres d'un même corps.
Ils furent créés à partir de la même essence.
Si le destin venait à faire souffrir l'un d'eux.
Les autres membres ne connaitraient pas le repos.
Toi que le malheur des autres laisse indifférent.
Tu ne mérites pas d'être appelé Homme.
—Saadi, traduit par Farzine Pourcyrus
Les enfants d'Adam font partie d'un corps
Ils sont créés tous d'une même essence
Si une peine arrive à un membre du corps
Les autres aussi, perdent leur aisance
Si, pour la peine des autres, tu n'as pas de souffrance
Tu ne mériteras pas d'être dans ce corps
—Mashid Moshiri, Dictionnaire des poètes renommés persans: À partir de l'apparition du persan dari jusqu'à nos jours, Téhéran, Aryan-Tarjoman, 2007
Of one Essence is the human race,
Thusly has Creation put the Base
One Limb impacted is sufficient,
For all Others to feel the Mace.
—Saadi, بنی آدم اعضای یکدیگرند[16],[17],[18]، که در آفرينش ز یک گوهرند چو عضوى به درد آورد روزگار، دگر عضوها را نماند قرار تو کز محنت دیگران بی غمی، نشاید که نامت نهند آدمی
Les êtres humains [les enfants d'Adam] sont les parties d'un corps,
Ils sont issus de la même essence,
Lorsqu'une de ces parties est atteinte et souffre,
Les autres ne peuvent trouver ni la paix ni le calme,
Si la misère des autres te laisse indifférent,
Et sans la moindre peine! Alors:
Il est impensable de t'appeler un être humain
—M. A. Oraizi, La Culpabilité américaine: Assaut contre l'Empire du droit international public, Paris, L'Harmattan, 2005, p.8
Influence littéraire et postérité
L'influence de Saadi sur la littérature européenne a été importante au XIXeet au début duXXesiècle[19], ainsi qu'aux siècles précédents.
Jean de La Fontaine s'inspire d'une des œuvres de Saadi pour le récit de sa fable Le Songe d'un habitant du Mogol[20].
Le conventionnel Lazare Carnot (1753-1823) était un admirateur du poète persan Saadi de Chiraz: il a donné en 1796 son nom comme prénom à son fils aîné Sadi Carnot (1796-1832), physicien, fondateur de la thermodynamique. Son second fils, Hippolyte Carnot (1801-1888), alors engagé dans le saint-simonisme, l'a également donné en 1837 à son propre fils Sadi Carnot (1837-1894), futur président de la République française[21].
Goethe exprime son admiration pour Saadi[22] dans son Divan oriental-occidental par deux distiques de Saadi[23]. Victor Hugo ouvre ses Orientales par une citation du Gulestan[23].
… Beaucoup viennent
Mais il faut que chantent
Les deux cordes,
La harpe est muette.
Même si viennent un million,
Sage Saadi habite seul.
Venez dix, ou que viennent un million,
Bon Saadi habite seul…
Marceline Desbordes-Valmore a adapté un passage de la préface du Gulistan pour l’un de ses poèmes les plus célèbres: Les roses de Saâdi[25].
Anna de Noailles, qui écrit l'introduction de la traduction du Gulestan par Franz Toussaint, compose dans Les Éblouissements ce poème en l'honneur de Saadi, Le Jardin qui séduit le cœur[26]:
Je l'ai lu dans un livre odorant, tendre et triste
Dont je sors plein de langueur,
Et maintenant je sais qu'on le voit, qu'il existe,
Le jardin-qui-séduit-le-cœur!
Il s'étend vers Chirâz, au bas de la montagne
Qui porte le nom de Saadi
Mon âme, se peut-il que mon corps t'accompagne
Et vole vers ce paradis?
Pierre Seghers, admirateur de la poésie de Saadi, rassemblera des poètes et traducteurs persans afin de publier une nouvelle traduction du Jardin des roses[30].
L'écrivain Henry de Montherlant voue une grande reconnaissance et une grande admiration à Saadi ainsi qu'à Omar Khayyâm. Ils lui ont apporté la sorte de romanesque pour lequel il était fait et dont les «rimailleries» européennes ne lui avaient donné aucune idée. Il lui rend hommage dans un article paru dans le Journal de Téhéran, le (3 ordibehecht 1316)[31].
Le président des États-Unis Barack Obama a cité les deux vers «Les êtres humains (les enfants d'Adam) sont les parties d'un corps, / Ils sont issus de la même essence» dans sa déclaration au peuple iranien pour le nouvel an iranien de 2009[32].
Le mausolée de Saadi
Le mausolée de Saadi a été construit à la sortie Nord-Est de Chiraz, en 1952, par André Godard, archéologue et architecte français. Mais la tombe du poète est l'objet d'un pèlerinage depuis des siècles. Ibn Battûta, voyageur berbère qui a parcouru les pays musulmans entre 1325 et 1353, est passé à Chiraz. Il écrit:
"Parmi les mausolées situés hors de Chîrâz est le tombeau du vertueux cheïk connu sous le nom de Sa’dy. C’était le premier poète de son temps en langue persane, et il a souvent déployé beaucoup de talent dans ses compositions en arabe. De ce tombeau dépend un bel ermitage, que Sa’dy a élevé en cet endroit, et dans l’intérieur duquel se trouve un joli jardin. Cet ermitage est situé dans le voisinage de la source du grand fleuve, connu sous le nom de Rocn Abâd. Le cheïk avait construit en ce lieu de petits bassins de marbre, pour laver les vêtements. Les citoyens de Chîrâz sortent de la ville afin de visiter ce mausolée ; ils mangent des mets, préparés dans l’ermitage, et lavent leurs habits dans ce fleuve ; puis ils s’en retournent. C’est ainsi que j’en usai près de cet endroit. Que Dieu ait pitié de ce cheïk !" Ibn Battûta, Voyages, Traduction de l’arabe C. Defremery et B.R. Sanguinetti (1858)[33].
Mausolée de Saadi à Chiraz
Autre vue du mausolée de Saadi
Détail du mausolée
Tombe de Saadi
Notes et références
«La voyelle a doublée se prononce along dans les noms suivants: […] Saady ou Sadi (câdi), poëte persan, 12e siècle. […]» M.-A. Lesaint, Traité complet de la prononciation française dans la seconde moitié du XIXesiècle, Wilhelm Mauke, Hambourg, 1871, seconde édition entièrement neuve, p. 13
(en) «SAʿDI», sur www.iranicaonline.org, Encyclopaedia Iranica (consulté le )
Diverses sources et notices biographiques vont de 1181 à 1219. L'encyclopédie Iranica explique cet écart par une probable confusion sur l'identité du professeur de Saadi[2]
Ibn Battûta, «Voyages», dans Voyages, Imprimerie nationale, (lire en ligne), p.1–155
Annexes
Bibliographie
«Saadi, auteur des premières poésies hindoustani», Joseph Héliodore Garcin de Tassy, in La Danse de l'âme, avec des extraits du Bostan traduits par Charles Defrémery, Éditions InTexte, Toulouse, 2006.
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