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Aimé Césaire, né le à Basse-Pointe (Martinique) et mort le à Fort-de-France (Martinique), est un écrivain et homme politique français, à la fois député, maire, poète, dramaturge, essayiste et biographe.

Aimé Césaire
Aimé Césaire en 2003.
Nom de naissance Aimé Fernand David Césaire
Naissance [1]
Basse-Pointe (Martinique, France)
Décès (à 94 ans)
Fort-de-France (Martinique, France)
Activité principale
Écrivain
Homme politique
Poète
Dramaturge
Essayiste
Biographe
Formation
École normale supérieure
Distinctions
  • Cité au Panthéon de Paris
  • Obsèques nationales
Conjoint
Suzanne Césaire
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Négritude
Genres
Poésie
Théâtre
Essai
Biographie
Adjectifs dérivés césairien

Œuvres principales

  • Cahier d'un retour au pays natal (1939)
  • Les Armes miraculeuses (1946)
  • Discours sur le colonialisme (1950)
  • La Tragédie du roi Christophe (1964)

Fondateur et représentant majeur du mouvement littéraire de la négritude  avec Léopold Sédar Senghor et Léon-Gontran Damas  anticolonialiste résolu, il mène en parallèle une carrière politique en tant que député de la Martinique et maire de Fort-de-France durant cinquante-six années consécutives, de 1945 à 2001.


Biographie



Jeunes années


Aimé David Césaire est né le 26 juin 1913[1] dans l'Habitation Eyma[2]. Il faisait partie d'une famille de sept enfants. Son père, Fernand Césaire, était administrateur, gérant d'une habitation à Basse-Pointe, puis après concours nommé au bureau des impôts comme contrôleur des contributions, et sa mère, Éléonore Hermine, était couturière[3]. Son grand-père paternel, Fernand Césaire, est le premier Martiniquais à suivre les cours de l'école normale supérieure de Saint-Cloud[4],[5], il fut professeur de lettres au lycée de Saint-Pierre[réf. souhaitée] et sa grand-mère, mamie Nini du Lorrain contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire, aptitudes qu'elle enseigna très tôt à ses petits-enfants[6].

De 1919 à 1924, Aimé Césaire fréquente l’école primaire de Basse-Pointe, commune dont son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor-Schœlcher à Fort-de-France. En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier pour entrer en classe d’hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Ousmane Socé Diop à la Sorbonne puis Léopold Sédar Senghor dans les couloirs du lycée Louis-le-Grand, avec qui il noue une amitié qui durera pendant plusieurs années.[réf. souhaitée]


Invention de la négritude (1934-1939)



Paris noir

À Paris, il côtoie d'autres étudiants noirs d'horizons différents et fréquente le salon littéraire de Paulette Nardal. Il découvre ainsi le mouvement de la Renaissance de Harlem et fait la connaissance de Claude McKay. Le jeune Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.

En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants caribéoguyanais et africains (parmi lesquels le Guyanais Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.

En 1935, il adhère aux Jeunesses communistes[7].

Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la « négritude » est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

En 1937, il épouse Suzanne Roussi, avec qui il partage intérêts intellectuels et passion pour le surréalisme[8]. Également prolifique[9], bien que méconnue, elle agira aussi comme collaboratrice précieuse à la diffusion de l'œuvre de Césaire.


Genèse du « retour au pays natal »


Voyage en Croatie

En 1935, il est reçu au concours d'entrée de l'École normale supérieure.

Pour les vacances d'été, n'ayant pas les moyens de rentrer en Martinique ni de famille en France, son ami Petar Guberina l'invite chez lui en Croatie, en Dalmatie précisément, où il reconnaîtra, dans le nom de l'île de Martiniska sa Martinique natale. Ce choc produit en lui, confiera-t-il, est à l'origine de ce long poème en prose qui deviendra le Cahier d'un retour au pays natal[10] publié en 1939.


Étudiant noir

« En 1934, avec plusieurs étudiants antillais, guyanais et africains, Aimé Césaire crée le journal « L'Étudiant noir » ». Le concept de « négritude » lui vient deux ans plus tard[11].

En 1936, son camarade et ami Léopold Sédar-Senghor lui remet la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Leo Frobenius.

Pour sa dernière année à l'ENS (1938-1939), il prépare un mémoire de fin d'étude sur la poésie africaine-américaine : Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des États-Unis[10].


Un bref retour en Martinique

Dans sa thèse de doctorat sur les sources de l'histoire littéraire antillo-guyanaise dans laquelle il dresse un inventaire des archives concernant Aimé Césaire, Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine produit la preuve d’un premier « retour au pays natal », en 1936, afin, semble-t-il, de « voir des parents malades ». Il s’agit d’une lettre autographe en date du dans laquelle Aimé Césaire fait état d’un « passage de retour par anticipation » obtenu en 1931, « en tant que boursier de la Colonie et fils de fonctionnaire » et dont il demande la conversion en un « passage aller par le Paquebot “Cuba” qui quitte Fort-de-France le  »[12] Cette preuve archivistique amène à relativiser les déclarations de Aimé Césaire qui s’apparentent à un discours a posteriori, élaboré par la critique césairienne de concert avec l’auteur.[réf. nécessaire]


Retour en Martinique

Ses études terminées, il rentre en Martinique en 1939 pour enseigner, avec son épouse Suzanne Roussi, au lycée Schœlcher comme professeur de lettres, particulièrement des élèves de première AA' et B1 précise Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine[13]. Ce sera le moment du « retour au pays natal » dira-t-il à René Depestre en au lendemain du congrès culturel de la Havane en entérinant la dimension autobiographique mise en avant par sa critique : « Je l’ai eu au moment même, dit-il. Je l’ai écrit au moment où je venais de terminer mes études et que je retournais à la Martinique. C’était les premiers contacts que je reprenais avec mon pays après dix ans d’absence, et j’étais vraiment envahi par un flot d’impressions et d’images et, en même temps, j’étais très angoissé par les perspectives martiniquaises »[14]. En effet, il avait envoyé à la revue Volontés une première version du Cahier d'un retour au pays natal publiée à l'été 1939[15].


Dissidence culturelle (1941-1944)



Laboratoire de la revue Tropiques

La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'une île en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant, avant tout, les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l'époque vont jusqu'à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.

C'est en réaction à cette situation que le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. Afin de permettre « à la Martinique de se recentrer » (en italiques dans l'original), et « d’entraîner les martiniquais à la réflexion » sur leur environnement proche[16], Césaire propose à Henri Stehlé, botaniste et Directeur du Jardin d'Essais de Tivoli, de rédiger deux articles concernant la flore martiniquaise, et les histoires et légendes se rattachant aux appellations populaires des plantes (Tropiques N° 2 de 1941 et N° 10 de 1944)[17]. D'après Ursula Heise, ces articles et « les invocations césairiennes de l'écologie antillaise (ndr dans Tropiques et sa poésie) fonctionnent comme indices d'une authenticité raciale et culturelle qui se distingue de I'identité européenne et en fait s'y oppose »[17].

Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques[18], qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943[19].

Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d'un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943, il rédige la préface de l'édition bilingue du Cahier d'un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (no 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.


Professeur de lettres sous Vichy

Professeur de lettres diplômé de l'ENS et doué de qualités oratoires déjà manifestement reconnues, il est sollicité : le , il participe à une conférence organisée par Paulette Nardal et le Club féminin au profit des « œuvres de guerre ». L’année suivante, on demande sa participation au jury d’un « concours des paroles du Maréchal ». Il s’agit bien sûr du maréchal Philippe Pétain et Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine exprime, naturellement, sa circonspection — compte tenu de ses prises de position contre le gouvernement de Vichy au point d'affronter la censure avec son épouse Suzanne Roussi —, et émet des réserves sur son éventuelle participation. L’organe de presse d’obédience catholique La Paix indique, sans en donner le détail, qu’il faisait bel et bien partie du jury[13].

Dans une lettre autobiographique du , il demande « réparation de l'injustice qui a été commise à [s]on égard » par le gouvernement de Vichy : il réclame son « reclassement » en s’appuyant sur un décret faisant valoir que les années de stage, celles qu’il aura effectuées de à , « comptent pour avancement ». Cette lettre, commente Marcel Jean-Claude Louise-Alexandrine avec une certaine retenue, « témoigne de la rigueur administrative du régime de l’Amiral Robert » en Martinique[20].


Congrès de philosophie de Haïti

Le , accompagné de son épouse Suzanne Roussi, il s'envole pour Haïti où il est convié au congrès de philosophie de Haïti. Sa présence tient à sa « réputation » déjà acquise auprès des milieux intellectuels haïtiens comme le souligne Henri Seyrig, membre de la délégation de la France Libre aux États-Unis dans sa lettre du au gouverneur Georges Louis Ponton. Dans une perspective d'assimilation schoelcheriste et pour ainsi opposer un contre-exemple à l'eugénisme nazi, Henri Seyrig développait un racialisme évolutif, progressiste en insistant sur les fruits de la « présence française » aux Antilles : « Il me paraît très important que, dans cette réunion où des savants de pays différents vont être mis en contact avec le monde noir, la France montre par un exemple décisif ce que notre culture est parvenue à produire dans cette race. » Le , Milon de Peillon, délégué du Comité français de libération nationale (CFLN) à Haïti, renchérit en faisant valoir la dimension exemplaire de la participation du professeur de philosophie Aimé Césaire à ce congrès : « Le détachement temporaire de ma résidence de l’homme qui passe pour être le plus éminent produit de notre culture parmi nos concitoyens de race noire peut avoir de profitables conséquences pour le développement de notre influence en Haïti où elle est battue en brèche par une propagande adverse, habile et tenace[21]. » Aux yeux de l’administration française, le déplacement d'Aimé Césaire et de son épouse Suzanne Roussi s'apparente à une ambassade dans le but de susciter des sentiments francophiles dans le cœur des élites haïtiennes.


Entrée en politique (1945-2001)


Aimé Césaire
Fonctions
Député français

(4 ans, 9 mois et 9 jours)
Élection 12 juin 1988
Circonscription 3e de la Martinique
Législature IXe (Cinquième République)
Groupe politique App. SOC
Prédécesseur Aucun (scrutin proportionnel)
Successeur Camille Darsières

(2 ans, 1 mois et 12 jours)
Élection 16 mars 1988
Circonscription Martinique
Législature VIIIe (Cinquième République)
Groupe politique App. SOC
Prédécesseur Lui-même
Successeur Lui-même

(27 ans, 3 mois et 23 jours)
Élection 30 novembre 1958
Réélection 25 novembre 1962
12 mars 1967
11 mars 1973
19 mars 1978
21 juin 1981
Circonscription 2e de la Martinique
Législature Ire, IIe, IIIe, IVe, Ve, VIe et VIIe (Cinquième République)
Groupe politique NI (1958-1978)
App. SOC (1978-1986)
Prédécesseur Aucun (scrutin proportionnel)
Successeur Aucun (scrutin proportionnel)

(13 ans, 1 mois et 17 jours)
Élection 21 octobre 1945
Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946
17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Martinique
Législature Assemblée constituante
Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique COM (1945-1956)
NI (1956-1958)
Successeur Lui-même
Biographie
Date de naissance [1]
Lieu de naissance Basse-Pointe (Martinique)
Date de décès (à 94 ans)
Lieu de décès Fort-de-France (Martinique)
Nationalité Française
Parti politique PCF(1945-1956)
PPM(1956-2008)

En 1945, Aimé Césaire, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu'il conservera sans interruption jusqu'en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d'une Martinique exsangue après des années de blocus et l'effondrement de l'industrie sucrière, est d'obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946. Il s'agit là d'une revendication qui remonte aux dernières années du XIXe siècle et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d'Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique proches de l'indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l'emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s'y attache. C'est, selon Césaire, par mesure d'assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision[réf. nécessaire].

Il adhère au PCF en pour « travailler à la construction d'un système fondé sur le droit à la dignité de tous les hommes sans distinction d'origine, de religion et de couleur » comme il l'explique dans la brochure Pourquoi je suis communiste[7]. En 1947, Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la « négritude ».

Les positions anticolonialistes de Césaire s'accentuent avec le retour des guerres dans les colonies. En , des dizaines de milliers d'Algériens sont tués dans les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. En , la ville de Haiphong au Vietnam est entièrement détruite par les bombardements de la marine française, l'insurrection malgache de 1947 est réprimée dans le sang et une série de massacres s'abat en représailles sur la population de l'ile en 1948[7]. En 1950, il publie le Discours sur le colonialisme, où il met en exergue l'étroite parenté qui existe selon lui entre nazisme et colonialisme. Il y écrit entre autres choses :

« Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les nègres d'Afrique [...] »

En 1951, Aimé Césaire participe à l'accueil triomphal du retour en Martinique des « 16 de Basse-Pointe », ville dont il est aussi originaire. Puis, devant l'impossibilité pour les 16 d'être réembauchés dans les plantations de Basse-Pointe où leurs familles sont mises à l'écart, Aimé Césaire leur propose d'intégrer les services municipaux de Fort-de-France, commune qu'il administre[22].


Démission du Parti communiste

En 1956, après la révélation par le rapport Khrouchtchev des crimes de Staline qui l'a « plongé dans un abîme de stupeur, de douleur et de honte »[23], Césaire rompt avec le Parti communiste français dont il dénonce l'ambiguïté face à la déstalinisation[24]. D'autre part, il déplore le vote par le PCF des pleins pouvoirs au gouvernement de Guy Mollet, alors que celui-ci conduit une politique des plus répressives au Maghreb[25]. Il s'inscrit alors au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie de la Martinique. Il siège à l'Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme apparenté socialiste de 1978 à 1993.

Le , Aimé Césaire vote la loi dépénalisant l'avortement dite « loi Veil »[26].

En 1966, Césaire est le vice-président du Festival mondial des arts nègres à Dakar. Dans son allocution, il estime cependant que le mot « négritude » risque de devenir une « notion de divisions » lorsqu’il n'est pas remis dans son contexte historique des années 1930 et 1940[27].

Aimé Césaire reste maire de Fort-de-France jusqu'en 2001. Le développement de la préfecture de la Martinique depuis la Seconde Guerre mondiale est caractérisé par un exode rural massif, provoqué par le déclin de l'industrie sucrière et l'explosion démographique créée par l'amélioration des conditions sanitaires de la population. L'émergence de quartiers populaires constituant une base électorale stable pour le PPM, et la création d'emplois pléthoriques à la mairie de Fort-de-France furent les solutions trouvées pour parer à court terme aux urgences sociales de l'époque.

La politique culturelle d'Aimé Césaire est incarnée par sa volonté de mettre la culture à la portée du peuple et de valoriser les artistes du terroir. Elle est marquée par la mise en place des premiers festivals annuels de Fort-de-France en 1972, avec la collaboration de Jean-Marie Serreau et Yvan Labéjof, puis la mise en place d'une structure culturelle permanente grâce à l'installation au Parc Floral de Fort-de-France et dans les quartiers, pour la première fois en Martinique d'une équipe professionnelle autour de Yves Marie Séraline missionné pour cette tâche, à partir d'. En 1976, à partir des fondations de l'équipe de l'office de la culture provisoire, ce sera la création officielle du service municipal d'action culturelle (Sermac) dirigé jusqu'en 1998[28] par l'un de ses enfants, Jean-Paul Césaire, qui par le biais d'ateliers d'arts populaires (danse, artisanat, musique) et du prestigieux Festival de Fort-de-France, met en avant des parts jusqu'alors méprisées de la culture martiniquaise. Le Sermac est dirigé depuis quelques années par Lydie Bétis. Cette même année, il reçoit Léopold Sédar Senghor son ami et président du Sénégal à Fort-de-France.

Son Discours du colonialisme fut pour la première fois au programme du baccalauréat littéraire (épreuve de lettres en Terminale) en 1995, avec le Cahier d'un retour au pays natal.

Aimé Césaire s'est retiré de la vie politique (et notamment de la mairie de Fort-de-France en 2001, au profit de Serge Letchimy), mais reste un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise jusqu'à sa mort. Après le décès de Senghor, il est resté l'un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste[réf. nécessaire].

Jusqu'à sa mort, Aimé Césaire a toujours été sollicité et influent. On notera sa réaction à la loi française du 23 février 2005 sur les aspects positifs de la colonisation qu'il faudrait évoquer dans les programmes scolaires, loi dont il dénonce la lettre et l'esprit et qui l'amène à refuser de recevoir Nicolas Sarkozy. En , Aimé Césaire revient sur sa décision, à la suite de la médiation de Patrick Karam[réf. nécessaire], et reçoit Nicolas Sarkozy puisque l'un des articles les plus controversés de la loi du a été abrogé. Il commente ainsi sa rencontre : « C'est un homme nouveau. On sent en lui une force, une volonté, des idées. C'est sur cette base-là que nous le jugerons[29]. » À la suite de cette rencontre, Patrick Karam obtiendra du ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy qu'il agisse pour donner le nom Aimé Césaire à l'aéroport de Martinique[réf. nécessaire]. Durant la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, en l'accompagnant lors du dernier rassemblement de sa vie publique. « Vous nous apportez la confiance et permettez-moi de vous dire aussi l'espérance[30] ».

Rétrospectivement, le cheminement politique d'Aimé Césaire apparaît étrangement contourné, en contraste avec la pensée de la négritude qu'il a développée par ailleurs. Tour à tour assimilationniste (départementaliste), indépendantiste et autonomiste[23] (sans que l'on sache précisément ce qu'il entendait par là), Césaire semble avoir été davantage à la remorque des initiatives prises par les gouvernements métropolitains (en matière de décentralisation tout particulièrement) qu'un élément moteur de l'émancipation de son peuple. Il restera sans doute dans les mémoires comme le « nègre fondamental » et comme l'un des grands poètes de langue française du XXe siècle, mais non comme un chef politique ayant véritablement influencé son époque[31].

En 2007, il devient président d'honneur de la Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme[32].


Mort


Le , il est hospitalisé au CHU Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France pour des problèmes cardiaques. Son état de santé s'y aggrave et il meurt le au matin[33].


Postérité



Hommages


Inscription au Panthéon.
Inscription au Panthéon.
Préparation de l'hommage à Aimé Césaire au Panthéon, en avril 2011.
Préparation de l'hommage à Aimé Césaire au Panthéon, en avril 2011.

Dès l'annonce de sa mort, de nombreuses personnalités politiques et littéraires lui ont rendu hommage comme le président Nicolas Sarkozy, l'ancien président sénégalais Abdou Diouf ou l'écrivain René Depestre.

Ségolène Royal, Jean-Christophe Lagarde, Christine Albanel, appuyés par d'autres élus, ont demandé son entrée au Panthéon et une pétition a été mise en ligne pour qu'il soit inhumé au Panthéon le [34].

Des obsèques nationales[35] ont été célébrées le à Fort-de-France, en présence du chef de l'État. Un grand discours a été prononcé par Pierre Aliker, son ancien premier adjoint à la mairie de Fort-de-France, âgé de 101 ans. Le président de la République n'a pas donné de discours mais s'est incliné devant la dépouille, devant plusieurs milliers de personnes réunies au stade de Dillon[36]. Il est inhumé au cimetière La Joyaux près de Fort-de-France. Sur sa tombe sont inscrits des mots choisis par Aimé Césaire lui-même et extraits de son Calendrier lagunaire :

« La pression atmosphérique ou plutôt l'historique
Agrandit démesurément mes maux
Même si elle rend somptueux certains de mes mots[37] »

D'autres personnalités se sont déplacées, telles Dominique de Villepin, Laurent Fabius, Pierre Mauroy, Lionel Jospin, Yves Jégo, Rama Yade, Bernard Kouchner, François Hollande, François Fillon, Lucette Michaux-Chevry, Victorin Lurel, Michèle Alliot-Marie, Patrick Devedjian, Serge Letchimy et de nombreux ultramarins.

Surnommé « le nègre fondamental », il influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Édouard Glissant (qui ont été élèves de Césaire au lycée Schœlcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d'autres. Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation.


Son parcours politique



Aime Césaire était député de la Martinique de 1945 à 1993. Il se fait élire pour la première fois pour participer à la première Assemblée constituante de la Quatrième République en 1945 et sera réélu pour toutes les législatures suivantes jusqu’en 1993. Cette année, il ne se représente pas et soutient le candidat qui le remplacera : Camille Darsières. En plus de son mandat de député, Aimé Césaire est élu en 1945 maire de Fort-de-France en succédant à Victor Sévère. En 2001, il ne se représente pas et Serge Letchimy lui succède. Durant cette période, entre 1983 et 1986, il occupe le siège de président du conseil régional de la Martinique.


Œuvres



Poésie



Théâtre



Essais



Correspondance


1956 : Lettre à Maurice Thorez, Présence africaine, 16 pages, (avant-propos de Alioune Diop).


Biographie



Entretiens



Enregistrement audio



Hommages


aéroport international de Martinique-Aimé-Césaire
aéroport international de Martinique-Aimé-Césaire
L'entrée de la station de métro Aimé Césaire à Aubervilliers, près de Paris.
L'entrée de la station de métro Aimé Césaire à Aubervilliers, près de Paris.
Graffiti en hommage à Aimé Césaire, à Royan (Charente-Maritime).
Graffiti en hommage à Aimé Césaire, à Royan (Charente-Maritime).
Rue Aimé-Césaire, à Marseille.
Rue Aimé-Césaire, à Marseille.

Édifices et rues


De nombreux édifices notamment des structures scolaires (écoles, collèges…) portent son nom depuis sa mort :


Chansons



Divers



Filmographie



Notes et références


  1. Quand Césaire était stalinien - Le Nouvel Observateur, 12 avril 2013
  2. Centre culturel du Grand Nord : Sur les traces d’Aimé Césaire, francetvinfo, 31 mai 2015
  3. Lilian Kesteloot, Comprendre le Cahier d'un retour au pays natal, L'Harmattan, Paris, 1983, chapitre 1 éléments biographiques.
  4. Lilian Kesteloot, op. cit., chapitre 1 éléments biographiques.
  5. Aimé Césaire - Chapitre I. Les années de formation, cairn, 2019, consulté le 28 octobre 2022
  6. Lilian Pestre de Almeida, Aimé Césaire : Cahier d'un retour au pays natal, L'Harmattan (ISBN 2-296-05922-8, lire en ligne), « Chap 1, Biographie d'Aimé Césaire »
  7. Saïd Bouamama, Figures de la révolution africaine, La Découverte, , p. 79-97
  8. Tanella Boni, « Femmes en Négritude : Paulette Nardal et Suzanne Césaire », Rue Descartes, vol. 83, no 4, , p. 62 (ISSN 1144-0821 et 2102-5819, DOI 10.3917/rdes.083.0062, lire en ligne, consulté le )
  9. « Encore peu connue, l’œuvre de Suzanne Césaire décryptée par l'universitaire Anny-Dominique Curtius », sur Outre-mer la 1ère (consulté le )
  10. Fonkoua, Romuald-Blaise., Aimé Césaire : 1913-2008, Perrin, (ISBN 9782262029524 et 2262029520, OCLC 590631269, lire en ligne)
  11. Aimé Césaire (1913–2008), ens, consulté le 30 avril 2021
  12. Louise-Alexandrine, Marcel Jean-Claude. « Les sources de l’histoire littéraire Antillo-Guyanaise : Inventaire archivistique et bibliographique en Martinique (1750-1990) ». Thesis, Antilles-Guyane, 2002. http://www.theses.fr/2002AGUY0591, p. 477.
  13. Louise-Alexandrine, Marcel Jean-Claude. « Les sources de l’histoire littéraire Antillo-Guyanaise : Inventaire archivistique et bibliographique en Martinique (1750-1990) ». Thesis, Antilles-Guyane, 2002. http://www.theses.fr/2002AGUY0591, p. 479.
  14. Césaire, Aimé, et Lépine, Édouard de,, Écrits politiques (ISBN 9782858939527, 2858939527 et 9782858939794, OCLC 859138726, lire en ligne), p. 248.
  15. Césaire, Aimé. « Cahier d’un retour au pays natal ». Volontés, no 20 (août 1939).
  16. Jacqueline Leiner, Entretien avec Aimé Césaire, en préface à Tropiques 1941-1945, Paris, Éditions Jean-Michel Place,
  17. Ursula K. Heise, « Surréalisme et écologie: les métamorphoses d'Aimé Césaire », Presses de Sciences Po: Écologie & politique, , p. 69-83 (lire en ligne [PDF])
  18. Tropiques (revue)
  19. conférence sur la revue Tropiques
  20. Louise-Alexandrine, Marcel Jean-Claude. « Les sources de l’histoire littéraire Antillo-Guyanaise : Inventaire archivistique et bibliographique en Martinique (1750-1990) ». Thesis, Antilles-Guyane, 2002. http://www.theses.fr/2002AGUY0591, p. 480.
  21. Louise-Alexandrine, Marcel Jean-Claude. « Les Sources de l’histoire littéraire Antillo-Guyanaise : Inventaire archivistique et bibliographique en Martinique (1750-1990) ». Thesis, Antilles-Guyane, 2002. http://www.theses.fr/2002AGUY0591, T. II, p. 484-486.
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  23. Quand Césaire était stalinien, Le Nouvel Observateur , 14 avril 2013
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  32. « Aimé Césaire », maisondelanegritude.fr (consulté le ).
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  34. « Aimé Césaire reposera-t-il au Panthéon ? », Le Figaro, 17 avril 2008
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  37. Frank Fife, « Obsèques nationales d'Aimé Césaire en présence de milliers de Martiniquais », AFP, 20 avril 2007, repris par ladepeche.fr [lire en ligne]
  38. « Bibliothèque Aimé Césaire - Paris.fr », sur equipement.paris.fr (consulté le )
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  40. Aimé Césaire
  41. Site des centres sociaux des Hauts-de-Seine
  42. « Aimé-Césaire fête les 100 ans d'Aimé Césaire »
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  45. « Portraits de France : une exposition rend hommage aux grandes figures des Outre-mer et de l'immigration », sur Outre-mer la 1ère (consulté le )
  46. « Espace Césaire », sur Espace Césaire (consulté le )
  47. « L'île veilleuse » [vidéo], sur ina.fr
  48. « Au rendez-vous de la conquête » [vidéo], sur ina.fr
  49. « La force de regarder demain » [vidéo], sur ina.fr

Voir aussi


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Bibliographie



Monographies

Ouvrages collectifs

Autres


Articles connexes



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[en] Aimé Césaire

Aimé Fernand David Césaire (/ɛmeɪ seɪˈzɛər/; French: [ɛme fɛʁnɑ̃ david sezɛʁ]; 26 June 1913 – 17 April 2008) was a French poet, author, and politician.[2] He was "one of the founders of the Négritude movement in Francophone literature"[3] and coined the word négritude in French.[4] He founded the Parti progressiste martiniquais in 1958, and served in the French National Assembly from 1945 to 1993 and as President of the Regional Council of Martinique from 1983 to 1988.

[es] Aimé Césaire

Aimé Fernand David Césaire (Basse-Pointe, Martinica, 26 de junio de 1913-Fort-de-France, ibídem, 17 de abril de 2008) fue un poeta y político francés. Fue el ideólogo del concepto de la negritud y su obra ha estado marcada por la defensa de sus raíces africanas.
- [fr] Aimé Césaire

[ru] Сезер, Эме

Эме́-Ферна́н-Дави́д Сезе́р (фр. Aimé Fernand David Césaire; 26 июня 1913, Бас-Пуэнт, Мартиника — 17 апреля 2008, Фор-де-Франс) — французский мартиникский писатель, поэт и общественный деятель. Антиколониалист, сторонник независимости Мартиники, один из создателей концепции негритюда.



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