Baptista Mantuanus, dit en français le Mantouan ou Baptiste de Mantoue (né Battista Spagnoli dit aussi Battista Spagnoli il Mantovano ou Battista Mantovano) (né le à Mantoue, dans le marquisat de Mantoue, dans l'actuelle région Lombardie, dans le Nord de l'Italie et mort le (à 68 ans) dans sa ville natale) est un religieux catholique italien de l'ordre des Carmes, dont il devient le prieur général. Poète latin parmi les plus réputés de son temps, il est l'auteur de plus de 50 000 vers de poésie latine. Il est considéré comme un des principaux représentants italiens de l'humanisme chrétien.
Baptiste Spagnoli | |
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Bienheureux | |
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Naissance | Mantoue ![]() |
Décès | (à 68 ans) Mantoue marquisat de Mantoue |
Nom de naissance | Battista Modover |
Autres noms | Baptista Mantuanus, Baptiste de Mantoue, ou Battista Spagnoli, ou le Mantouan |
Ordre religieux | Ordre du Carmel |
Vénéré à | cathédrale San Pietro de Mantoue |
Béatification | par Léon XIII |
Vénéré par | Église catholique |
Fête | 20 mars, et le 17 avril au Carmel |
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Béatifié en 1885, il est reconnu bienheureux par l'Église catholique. Il est fêté le 20 mars.
Baptiste Spagnoli est né à Mantoue le , fils de Pierre Modover (d'origine espagnole ce qui donnera par surnom à son fils, le nom de Spagnoli) et de Constance Maggi, de Brescia. Il fait ses premières études dans sa ville natale, sous la direction de Grégoire Tifernas et de George Merula (son ancien condisciple), puis à Padoue, à l'école de Paul Bagelardi[1].
Alors qu'il était encore très jeune, il entre dans la Congrégation de l'Ordre des Carmes de Mantoue à Ferrare, où il fait sa profession religieuse en 1464[2]. En 1469, il obtient le baccalauréat, et en 1475 il devient maître de théologie à l'université de Bologne. Au couvent, comme directeur spirituel il a un autre carme bien connu : le bienheureux Bartolomé Fanti[3].
Ses talents exceptionnels lui gagnent rapidement l'estime et la confiance de ses supérieurs. En 1466, alors qu'il n'a pas encore vingt ans, il est chargé de donner le discours officiel au chapitre de Brescia. Il est nommé Prieur du couvent de Parme en 1471 puis au couvent de Mantoue en 1479. En 1483 il lui est confié la haute responsabilité de vicaire général de la Congrégation, un poste pour lequel il sera renouvelé cinq fois[1]. En 1513, il est élu prieur général de tout l'Ordre du Carmel, charge qu'il refuse dans un premier temps avant d'être contraint d'accepter[2].
Son activité ne se limite pas aux confins de sa famille religieuse :
Malgré une intense activité littéraire et poétique, il conserve un grand attachement aux idéaux de vie carmélitains que sont l'oraison et la dévotion mariale[1].
D'une manière spéciale, il consacre la fécondité d'un rare génie littéraire au service de son Ordre religieux et de l'Église[1] :
L'influence de sa poésie - dont la renommée est reconnue même par William Shakespeare, qui répète quelques lignes de Jean-Baptiste dans Peines d'amour perdues - a été ressentie particulièrement dans la littérature anglaise : Alexander Barclay paraphrase ses Bucoliques, Edmund Spencer l'imite dans son Shepheardes Calender, John Milton fait de même dans son Ode sur le matin de la Nativité du Christ[1].
Auteur de plus de 50 000 vers de poésie latine, il est qualifié par Érasme comme étant « le Virgile chrétien ». Jean-Baptiste Spagnoli est considéré comme un des principaux représentants italiens de l'humanisme chrétien[4].
Ses poésies, qui se composent d'églogues, d'élégies, de sylves ou mélanges, et d'un poème sur tous les saints du calendrier, ont été réunies en 3 volumes, in-folio, Paris, 1513.
Ses écrits révèlent sa participation active dans les problèmes les plus importants de la chrétienté à cette époque, dans les événements qui ont perturbé la vie du peuple. Ses poèmes montrent comment Jean-Baptiste a profondément ressenti le drame qu'éprouvait l'Italie à cette époque :
Même si son écriture se fait dans le style courtois propre à tant d'humanistes, ou si sa vision était parfois limitée par des intérêts politiques liés à certains tribunaux, et au style littéraire propre aux humanistes de son temps, jean-baptiste exprime par sa poésie sa vision d'humaniste de la société.
L'amitié qui le lie à Jean Pic de la Mirandole, à Giulio Pomponio Leto, à Giovanni Pontano, à Filippo Beroaldo, à Giovanni Sabadino degli Arienti, à Andrea Mantegna et à d'autres personnages éminents de l'époque montre son prestige dans le monde de la culture de son temps. Il est l'un des protagonistes les plus célèbres du mouvement humaniste. Par exemple, son œuvre Bucolica seu adolescentia in decem aeglogas divisa (Poèmes pastoraux ou jeune, divisé en dix églogues) fait l'objet de 150 éditions et réédition, dont plus d'une centaine ont été publiées durant le XVIe siècle.
Frappé par la propagation de la corruption du clergé et du peuple, Jean-Baptiste Spagnoli exprime son souci d'un besoin de réforme, non seulement par des moyens littéraires - comme dans son églogue neuvième De moribus curiae romanae (Sur les habitudes de la Curie romaine) -, mais aussi avec une discours vibrant prononcé en 1489 dans la basilique du Vatican devant le pape Innocent VIII et les cardinaux. Certaines phrases particulièrement sévères auraient conduit Martin Luther lui-même à prendre appui sur la notion de la grâce de Dieu pour une prise de position contre l'Église de Rome. Dans Anthologia... sententiosa collecta ex operibus Baptistae Mantuani (Une anthologie sentencieux ... collectées à partir des œuvres de Jean-Baptiste de Mantoue), publié à Nuremberg en 1571, les protestants, ont même souligné que le Carme était un précurseur de la Réforme allemande. Cependant, si le bienheureux Jean-Baptiste cherchait à travailler au sein de l'Église, la réforme luthérienne devait aboutir au schisme de l'Église[1].
Il est nommé général de son ordre et entreprend de le réformer, mais n'ayant pu y réussir, il abdique et se consacre aux lettres le reste de sa vie.
Jean-Baptiste décède dans sa ville natale le . Il est vénéré immédiatement après sa mort. Il est béatifié par le Pape Léon XIII le . Son corps in-corrompu repose dans la Cathédrale San Pietro de Mantoue[4].
Il est commémoré le 20 mars selon le Martyrologe romain[2], mais l'Ordre du Carmel célèbre sa mémoire le 17 avril avec rang de mémoire facultative[5].