Berthe Sultana Bénichou-Aboulker[1] née le à Oran et morte le à Alger est une écrivaine française, première femme de lettres à être éditée en Algérie.
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Elle est la fille d'Adélaïde Mazeltov Mazeltob Azoubib[2] et de son second époux, Mardochée Bénichou, qui font partie des grandes familles juives d'Oran[3], où ils résident dans une villa renommée du fait de sa construction avec sa propre synagogue[4].
Elle reçoit une bonne éducation en français comme sa mère, poétesse, et toutes les femmes de sa famille, de même que son oncle Raymond Bénichou qui, après avoir effectué ses études à Paris, sera un écrivain et philosophe reconnu[4].
En 1908, à l'âge de 22 ans, elle se marie avec Henri Samuel Aboulker (1876–1957), professeur de médecine. Le couple a quatre enfants : José qui deviendra très jeune Compagnon de la Libération puis médecin, Marcelle, Colette qui sera psychothérapeute, ainsi qu'une fille qui meurt durant son enfance[4].
En raison de leur engagement comme résistants durant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans le cadre de l'Opération Torch le 8 novembre 1942, son époux recevra la Médaille de la Résistance tandis que ses enfants recevront la Croix de la Libération pour José et la Croix de Guerre pour Colette (épouse Muscat)[4]. Mais Berthe ne pourra pas assister aux remises de ces distinctions : elle meurt le 19 août 1942[4].
Musicienne et chanteuse, Berthe possède aussi un talent comme peintre. Membre actif de cercles intellectuels juifs d'Alger, elle devient connue dès 1933 pour ses publications[4]. Elle produit des pièces de théâtre ainsi que des poèmes.
Ce poème est extrait de son recueil de poésie Pays de flamme qui célèbre la terre algérienne, sa terre natale[5] :
« Tout croît intensément sur ton sol, Algérie !
Arbres, fleurs et blé d'or protégés par Cérès,
Fruits juteux, fruits de chair : Fatma, Rachel, Inès,
Zohra la mulâtresse ou la blanche Marie.
Que n'ai-je telle un chantre une langue fleuriePour célébrer le champ d'olivier, d'aloès
Où parfois vient rôder l'ombre de Cervantès
Prisonnier du Pirate en vieille Barbarie.
Exhalant des parfums de menthe et de henné,Cités d'ardent essor et de luxe effréné :
Alger, Oran, Cirta, débordantes de sève
Ouvrent en éventail leurs bras blancs ou dorésPour recevoir le jour. En prismes irisés
Se transforment alors les rochers ou la grève. »
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