Abraham Catulle Mendès, né à Bordeaux le et mort à Saint-Germain-en-Laye le , est un romancier, poète, dramaturge, librettiste et critique littéraire français.
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Abraham Catulle Mendès est issu d'une lignée de Juifs portugais. Petit-fils du banquier Isaac Mendès, Catulle Mendès est le fils du négociant Tibulle Abraham Mendès et de Suzanne Brun, catholique qui élève son fils dans sa religion.
Après une enfance et une adolescence à Toulouse, Mendès arrive à Paris en 1859.
Il se fait connaître en 1860 en fondant La Revue fantaisiste à laquelle collabore notamment Villiers de L'Isle-Adam. Il publie en 1863 son premier recueil de poèmes, Philoméla, et sympathise avec Théophile Gautier jusqu'à ce qu'il décide d'épouser sa fille, Judith Gautier, le à Neuilly-sur-Seine. Théophile Gautier n'assiste pas à la noce, car ayant désapprouvé cette union, il n'aime guère l'écrivain qui avait déjà, avant ce mariage, une maîtresse et des enfants naturels de celle-ci. Le beau-père surnomme son gendre «Crapule m'embête»[1].
À la suite d'un voyage en Empire allemand qui le laisse ébloui, Catulle Mendès se range avec ardeur dans le camp des admirateurs et défenseurs du compositeur Richard Wagner, à l'instar de son épouse Judith.
Il entre ensuite dans le groupe d'écrivains qui se réunit chez Louis-Xavier de Ricard tout d'abord, chez Leconte de Lisle ensuite, où François Coppée, Léon Dierx, José-Maria de Heredia et Théodore de Banville comptent parmi les habitués. Sous l'impulsion de Ricard et de Mendès naît le mouvement Parnasse dont Mendès se fait l'historien en publiant plus tard La Légende du Parnasse contemporain. Il participe activement aux recueils du Parnasse contemporain.
En 1876, il propose à Guy de Maupassant d'entrer dans la franc-maçonnerie, mais celui-ci refuse[2].
Après son mariage en 1866 avec Judith Gautier, dès 1869, peut-être même dès 1866, Catulle Mendès entretient une liaison avec la compositrice Augusta Holmès. Ainsi, le couple Mendès-Gautier ne dure pas: ils se séparent en 1874; Judith obtient la séparation juridique le ; bien plus tard, Mendès, en reconnaissant tous les torts, demandera le divorce (devenu légal), qui sera prononcé le [3].
Après la séparation juridique en 1878, Mendès s'installe chez Augusta Holmès. Mendès et Holmès ont cinq enfants: Raphaël Henri, dessinateur et peintre (1870-1896), Jeanne Huguette Olga (1872-1964, mère du peintre Christian Caillard), Marie Anne Claudine (1876-1937, épouse du poète Mario de La Tour Saint-Ygest), Hélyonne Geneviève (1879-1955, épouse du romancier Henri Barbusse) et Marthian[4] avant de se séparer en 1886, après qu'Augusta Holmès eut, semble-t-il, été ruinée par Mendès[5]. Les trois filles sont le sujet du tableau d'Auguste Renoir, Les Filles de Catulle Mendès.
Catulle Mendès chez lui (1905).
Le , à Chatou, Mendès (qui avait trois autres fils, à savoir Marcel, Raymond et Robert[6]), se remarie avec la poétesse Jeanne Mette, qui est sa compagne, et dont il a également un fils, Jean Primice Catulle-Mendès[7] (né le à Paris XVIe, et mort pour la France le au Chemin des Dames, filleul de Sarah Bernhardt).
D'une dernière relation avec la comédienne Marguerite Moreno (1871-1948), il a un dernier fils, ce qui lui fait une très nombreuse progéniture.
Fin de vie
Le , il se bat en duel avec René d'Hubert, directeur du Gil Blas.
Le corps sans vie de Catulle Mendès est découvert le vers 5 h du matin dans le tunnel de chemin de fer de Saint-Germain-en-Laye: on a supposé qu'il avait ouvert la porte de son wagon en se croyant à destination.
Postérité
L'œuvre de Catulle Mendès, très abondante, est tombée dans l'oubli. Il est considéré comme le représentant d'une esthétique fin-de-siècle, utilisant, avec une certaine préciosité, un vocabulaire recherché et brillant. Les critiques de l'époque lui reprochaient une superficialité et une manière ostensible de suivre la mode du jour. Sa poésie, au parfum décadent, était très appréciée de Verlaine.
Il est également l'auteur de courts récits érotiques[8].
Friedrich Nietzsche lui a dédié ses Dithyrambes pour Dionysos, le célébrant comme «le plus grand et le premier satyre vivant aujourd’hui ― et pas seulement aujourd’hui[8].»
Hommages
Une voie du 17earrondissement de Paris porte son nom.
Le 09 février 1909, le sculpteur Émile Oscar Guillaume, vieil ami du poète, procéda au moulage du visage du défunt sur son lit de mort. Il réalisa également un buste qui fut exposé lors d'une soirée d'hommage organisée le 28 mai par Sarah Bernhardt[9].
Hespérus, La Librairie des Bibliophiles, Jouaust éditeur, avec un dessin de Gustave Doré et une préface, 1872; rééd. in Poésies de Catulle Mendès, Sandoz et Fischbacher, 1876: rééd. Paul Ollendorff, 1885.
Intermède, 1871
Le Soleil de minuit
Poésies (1892)
Poésies nouvelles (1893)
La Grive des vignes (1895)
Les Braises du cendrier
L'Orgueil (1892)
Poèmes mis en musique
Reynaldo Hahn, Le Souvenir d'avoir chanté
Emmanuel Chabrier, Chanson pour Jeanne, Lied
Georges Bizet, L'Abandonnée
Ignacy Paderewski, Douze mélodies sur des poésies de Catulle Mendès[10]
Alfred Bruneau, Lieds de France et Chansons à danser
Jules Massenet, La Lettre
Romans
Catulle Mendès, c. 1889.
La Vie et la Mort d'un clown (1879)
Les Mères ennemies (1880)
Le Roi vierge (1881), réédition Obsidiane (1986), préface de Hubert Juin.
Le Crime du vieux Blas, éditions Henry Kistemaeckers, Bruxelles (1882)
Zo'Har (1886), rééd. éditions Palimpseste (2005)
L'Homme tout nu (1887)
Luscignole, Dentu (1892)
La Première Maîtresse (1894), rééd. éditions Palimpseste (2013)
Gog (1896)
Méphistophéla (1890); réédition Méphistophéla, Séguier, «Bibliothèque Décadente» (1993) (ISBN2-84049-014-5), présentation Jean de Palacio
Les Oiseaux bleus, réédition Séguier, «Bibliothèque Décadente» (1993) (ISBN2-84049-015-3), présentation Jean de Palacio
Grande-Maguet
La Femme-Enfant (1891), rééd. éditions Palimpseste (2007)
La Maison de la Vieille
Rue des Filles-Dieu, 56
Le Chercheur de Tares (1898)
Verger-Fleuri (1898)
Nouvelles
Lesbia. — Ce recueil contient: Lesbia • Vieux meubles • Chemise noire • Quittes • L'amour en danger • Regards perdus • Les autres • Idylle d'automne • Le miracle • Les deux avares • Preuves • Le don qui suffit • Le lit enchanté • Le cœur de Balbine • Les fleurs et les pierreries • Justice après justice • L'ombre vaincue • La princesse muette • Tourterelle • Nécessité de l'héroïsme • L'armure • Suite dans les idées • Rompre • L'autographe • Hygiène
Le Rose et le Noir, Paris, E. Dentu, 1885. — Ce recueil contient: Les Hirondelles • L'Inattendue • Don Juan au paradis • Le Portrait ressemblant • Les Fleurs dans l'eau • Danger de la charité • La Nuit de noces • La Cuisine des anges • Fatalité • L'Hôte • Les Ailes déçues • Tristesse des Sirènes • Le Possédé • La Bonne Journée • La Voie inutile • La Robe de noces • L'Incendiaire • La Momie • La Joueuse de flûte • La Layette d'Isamberte • L'Exclu • Mariage aux lucioles • La Convertie • Les Azalées • L'Occasion • Tendresse de la justice • L'Arbre sacré
Le Confessionnal
La Messe rose
Arc-en-Ciel et Sourcil-Rouge
Pour lire au bain, 154 dessins deFernand Auguste Besnier, E. Dentu, 1883
Tous les baisers, six séries illustrées par Besnier, E. Dentu, 1884-1885
Incendies, recueil de nouvelles, Stalker éditeur, 2006
Contes
Les Contes du rouet, Frinzine & Cie éditeurs, 1885
La Petite Servante • Il ne faut pas jouer avec la cendre • Mademoiselle Laïs • Touffe de myosotis • La Convertie • La Bonne Journée • Léa, Mariage aux lucioles • L'Homme de lettres • La Vie et la mort d'une danseuse • Jeanne • Jeunes mères • Le Lâche • Le Ramasseur de bonnets • Le Miroir • Les Mots perdus • Les Deux Marguerites • George et Nonotte • Le Mangeur de rêves • Le Marquis de Viane • Les Hirondelles
Séverin en Pierrot dans Chand d'habits!, pantomime de Catulle Mendès. Affiche par Cappiello, 1896.
Théâtre
La Part du roi (1872)
Les Frères d'armes (1873)
Justice (1877)
Les Mères ennemies (1882)
Le Capitaine Fracasse (1878)
La Femme de Tabarin (1887)
Les Joyeuses Commères de Paris, fantaisie, écrit avec Georges Courteline (1892)[11]
Médée (1898)
La Reine Fiammette (1898)
Le Fils de l'étoile (1904)
Scarron, musique Reynaldo Hahn, , Théâtre de la Gaîté-Lyrique
Glatigny, drame funambulesque en vers, mêlé de chansons et de danses, en cinq actes et six tableaux[12] (1906)
La Vierge d'Avila (Sainte Thérèse), drame en cinq actes et un épilogue, en vers[13] (1906)
Farces
Dans un billet du Figaro daté du , Catulle Mendès écrit que c’est en lisant, vers 1868, Les Religions & les Philosophies de l’Asie centrale du comte de Gobineau, qu’il eut l’idée d’écrire une pièce de théâtre sur la célèbre poétesse persane et disciple du Báb appelée Táhirih (la pure) ou Qurrat al-‘Ayn (la consolation des yeux)[14].
Livrets d'opéra
Le Capitaine Fracasse (1878), opéra-comique en trois actes et six tableaux, d'après le roman de Théophile Gautier, musique d'Émile Pessard[15].
Gwendoline (1886), pour l'opéra d'Emmanuel Chabrier. Texte sur Gallica.
Traduction française de Hänsel und Gretel de Humperdinck (Opéra de Paris, 1900)
Arguments de ballet
Le Cygne, ballet en un acte, musique de Charles Lecocq (Opéra comique de Paris, 9)
La Fête chez Thérèse, ballet-pantomime en deux actes, musique de Reynaldo Hahn, 1910; argument sur Gallica
Essais
La Vie pour rire, feuille hebdomadaire dirigée par Mendès et Armand Silvestre[21].
Les 73 Journées de la Commune (du au ) (1871)
La Légende du Parnasse contemporain, eau-forte de Besnier, chez Auguste Brancart, 1884 — Texte sur wikisource.
Richard Wagner (1886)
L'Art au théâtre, 3 volumes: 1895, 1896, 1897
L'Œuvre wagnérienne en France
Rapport à M. le ministre de l'Instruction publique et des beaux-arts sur le mouvement poétique français de 1867 à 1900; précédé de Réflexions sur la personnalité de l'esprit poétique de France; suivi d'un Dictionnaire bibliographique et critique et d'une nomenclature chronologique de la plupart des poètes français du XIXesiècle (Imprimerie nationale, 546 pages, 1902[22]). Prix Calmann-Lévy de l’Académie française en 1904.
Citation
Reste. N'allume pas la lampe…
Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.
Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir morne et délicieux.
Lente extase, houleux sommeil exempt de songe,
Le flux funèbre roule et déroule et prolonge
Tes cheveux où mon front se pâme enseveli...
Ô calme soir, qui hais la vie et lui résistes,
Quel long fleuve de paix léthargique et d'oubli
Coule dans les cheveux profonds des brumes tristes.
Duc de la Force, La Fin de la douceur de vivre, Souvenirs, Plon, 1961, page 202.
Emmanuel Pierrat et Laurent Kupferman, Les Grands Textes de la franc-maçonnerie décryptés, Edi8 - First Editions, , 340p. (ISBN978-2-7540-2461-7, lire en ligne).
Joanna Richardson, Judith Gautier, Seghers, 1989, pp. 178 et 234.
"Cinq deuils de guerre 1914-1918", de Stéphane Audoin-Rouzeau - Éditions Noesis, mars 2001 - page 213
Auguste de Villiers de L'Isle-Adam, Œuvres complètes, édition établie par Alan Raitt et Pierre-Georges Castex avec la collaboration de Jean-Marie Bellefroid, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1986, tome 2, p.1350-1351.
Voir supra - "Cinq deuils de guerre 1914-1918", où l'auteur laisse entendre qu'ils ont été reconnus par le propre père de Mendès.
Site recensant les écrivains morts pendant la Première Guerre mondiale - et dont le nom est inscrit au Panthéon.
Première représentation: théâtre de l'Odéon, 17 mars 1906, musique d'Olivier Métra, des frères Lyonnet et de Louis Ganne.
Première représentation: théâtre Sarah-Bernard, 10 novembre 1906, musique de scène de Reynaldo Hahn, décors de M. Paquereau.
Isma Forghani, À la hauteur, L'Harmattan, (ISBN978-2-343-17990-2).
Théâtre-lyrique, Paris, .
Isoline, conte de fées en trois actes et dix tableaux, poème de Catulle Mendès, musique d'André Messager; partition éditée par Énoch et Costallat; représenté au théâtre de la Renaissance à Paris, voir la critique parue dans Le Monde illustré, hebdomadaire, no1658 du 5 janvier 1889, chronique musicale d'A. Boisnard, p.11.
La création eut lieu à l'Opéra-Comique le , avec Mary Garden dans le rôle d'Orlanda.
Source: Le Magasin pittoresque, , p. III, article publié à la suite d'une représentation à l'Opéra. La première eut lieu le
Ariane, opéra créé le à l’Opéra de Paris.
Bacchus, opéra en quatre actes et sept tableaux, de Jules Massenet, créé à l'Opéra de Paris en mai 1909.
Adrien Bertrand, Catulle Mendès, biographie critique, suivie d’opinions, d’un autographe et d’une bibliographie, portrait-frontispice d’après une photographie de H. Manuel, Paris, Sansot et Cie, Les Célébrités d’aujourd’hui, 1908
Paul Léautaud: journée du consacrée à Catulle Mendès dans son Journal littéraire
Patrick Besnier, Sophie Lucet, Nathalie Prince (éd.), Catulle Mendès: l’énigme d’une disparition, Rennes, Presses universitaires de Rennes, La Licorne, no74, 2005
Éric Vauthier, «Catulle Mendès, nouvelliste cruel de la décadence» dans Anales de Filología Francesa, no14, 2005-2006, p.233-250
Nelly Sanchez, «Le Duel Mirbeau-Catulle Mendès vu par Camille Delaville» dans Cahiers Octave Mirbeau, no17, 2006, p.190-191
Dominique Laporte, «Une énigme posée aux dix-neuviémistes: Catulle Mendès et son œuvre» dans Les cahiers naturalistes, 2007, vol. 53, no81, p.79-88
Jean-Pierre Saïdah (dir.), Catulle Mendès et la République des lettres, Paris, Classiques Garnier, 2011
Les Illustres de Bordeaux: catalogue, vol.1, Bordeaux, Dossiers d'Aquitaine, , 80p. (ISBN978-2-84622-232-7, présentation en ligne)
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