Claude Roy est un poète, journaliste et écrivain français, né à Paris le où il est mort le .
Pour les articles homonymes, voir Claude Roy et Roy.
Nom de naissance | Claude Pierre Marie Félicien Roy |
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Naissance |
Paris 8e |
Décès |
(à 82 ans) Paris 6e |
Activité principale |
Écrivain Poète Journaliste |
Distinctions |
Prix Goncourt de la poésie (1985) |
Langue d’écriture | Français |
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Claude Pierre Marie Félicien Roy naît dans le 8e arrondissement de Paris le [1],[2].
Fils d'un artiste peintre espagnol[3] et d'une mère charentaise[4], le jeune Claude, élevé à Jarnac, se lie d’amitié avec François Mitterrand avec qui il fait une partie de ses études[réf. nécessaire]. Après avoir été élève au lycée Guez-de-Balzac à Angoulême, puis étudiant à l’université de Bordeaux, il se rend à Paris en 1935 pour s’inscrire à la faculté de droit.
Malgré[réf. nécessaire] la diversité de ses lectures d’étudiant (Friedrich Nietzsche, Oswald Spengler, Charles Baudelaire, André Malraux, André Gide, Marcel Proust, Vladimir Ilitch Lénine), il est séduit par l'énergie du projet contre-révolutionnaire des Camelots du roi. La dimension provocatrice du mouvement maurrassien satisfait son mépris pour l'ordre bourgeois. Avec d’autres jeunes gens fous de littérature et d'action radicale (Philippe Ariès, Raoul Girardet ou Pierre Boutang), il écrit dans l’organe des étudiants de l'Action française, L'Étudiant français et pour le Courrier royal.
Avec Pierre de Bénouville, André Bettencourt et François Mitterrand, il fait aussi partie de ces étudiants résidant à l’internat des pères maristes (situé au 104, rue de Vaugirard à Paris) qui fréquentent les chefs de la Cagoule sans adhérer forcément à la formation d'extrême droite. Parallèlement, il publie quelques nouvelles dans La Nouvelle Revue française et La Revue du siècle, nouvelles d’où ressort l’influence de Jean Giraudoux dont il se réclame comme de Jules Supervielle, Gide, François Mauriac, Georges Bernanos ou Malraux.
Lié à Thierry Maulnier, Robert Brasillach et Lucien Rebatet, il écrit comme critique littéraire dans la revue L'Insurgé (sous le pseudonyme de Claude Orland[5]) et dans Je suis partout dès 1937[6]. Rebatet le qualifiera de « renégat » pour avoir refusé de signer la demande de grâce de Brasillach, en 1945 (Radioscopie de Jacques Chancel).
Appelé par ses obligations militaires, il est déjà soldat lorsque la guerre éclate. Alors que son premier poème est publié par Pierre Seghers dans Poésie 40, il est fait prisonnier au mois de juin 1940. Dès octobre 1940, il s'évade et gagne la zone libre. C'est là qu'il écrit ses premiers poèmes : L'absent, en mémoire du sergent Raphaël Roy, et Un mort m'attend à la maison, en mémoire du lieutenant Félix Roy.
En 1941, son expérience de la guerre et l'action d’un régime de Vichy imprégné de maurrassisme l'amènent à cesser sa collaboration à Je suis partout. Il s’engage alors dans la Résistance au sein des Étoiles, une organisation où il rencontre André Gide, Jean Giraudoux, Paul Éluard, Louis Aragon et Elsa Triolet.
Ces derniers le persuadent d'adhérer au Parti communiste en 1943. Rallié aux Forces françaises de l'intérieur lors de la libération de Paris, il devient correspondant de guerre durant la campagne d'Allemagne où il suit des procès pour Combat. Chroniqueur au journal Libération, critique littéraire, d'art et de théâtre, il fréquente alors avec assiduité les réunions du groupe de la rue Saint-Benoît. Il y croise Marguerite Duras, Edgar Morin, Jorge Semprún, Maurice Merleau-Ponty et, de temps à autre, Georges Bataille et Simon Nora. Connu jusque-là comme poète (Clair comme le jour, 1943 ; Élégie des lieux communs, 1952), il publie le roman La nuit est le manteau des pauvres en 1948. Il sera hanté par la mort : « Né dans la guerre, en 1915, je suis venu à la conscience d'homme pour voir se succéder les guerres », « Des années durant, ma génération a vécu sans lendemain », fait-il dire à son héros dans La nuit est le manteau des pauvres.
Claude Roy se montre aussi un analyste profond des réalités des pays qu’il découvre. Il publie des récits de voyages rendant compte de ses pérégrinations aux États-Unis (Clefs pour l’Amérique, 1947) et en Chine (Clefs pour la Chine, 1953). Mais, en 1956, l’intervention soviétique en Hongrie l’amène à rompre avec la ligne du PCF (dans le cadre d'une déclaration également signée par Sartre et Roger Vailland).
Il amorce sa collaboration à France Observateur à partir de 1957. Il y exprime des positions anti-soviétiques, et il s'engage contre la guerre d'Algérie et la torture pratiquée au centre du Landy (octobre 1957), proche de France Observateur et des mouvances sartrienne et chrétienne. Définitivement exclu du PCF en juin 1958, il appelle à une mobilisation communiste lors de l’arrivée du général de Gaulle. Il est alors, comme d’autres anciens communistes (François Furet, Serge Mallet), devenu pigiste régulier de France Obs.
Mais cela ne l’empêche pas de s’y distinguer en signant le Manifeste des 121, titré « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie » (1960). Malgré sa fascination pour la gloire de Sartre et ses liens passés avec Albert Camus, il n’est pas de la nouvelle formule de l'Observateur (novembre 1964) et attend juin 1966 pour y intervenir de nouveau.
Il est parallèlement actif dans les premières réunions de sensibilisation de la jeunesse à la cause vietnamienne.
Collaborateur régulier à partir de février 1968, il y traite à la fois de littérature, de livres de sciences humaines et d’essais de tous genres. Faisant preuve d’ouverture à l’égard des penseurs antitotalitaires, il rend par exemple compte de La Révolution introuvable de Raymond Aron (19 septembre 1968) ou du Premier Cercle de Soljenitsyne (18 novembre 1968).
Il effectue aussi un reportage aux États-Unis durant l’été 1969. Cette année-là, il publie le premier tome de son autobiographie (Moi je) chez Gallimard, dont il devient membre du comité de lecture jusqu'à sa mort. Politiquement, il s’oppose à tous les régimes oppressifs, dénonçant par exemple la répression en Turquie. Mais c’est surtout la situation dans les pays de l’Est qui l’intéresse, comme l’illustre son dossier sur Le Printemps aux œillets rouges () ou sa défense de L’Archipel du Goulag en juillet 1974.
Critique virulent de la « maolâtrie » en vigueur dans les milieux « germanopratins »[7], il supporte mal le « hold-up » des Nouveaux Philosophes sur la question du goulag. Qualifiant ces derniers de « disc-jockeys de la pensée » (18 juillet 1977), il s’engage aussi à dénoncer le mythe maoïste dans les colonnes de la revue Esprit.
De même, dans le Nouvel Observateur de , il évoque longuement la Chine telle qu'elle lui est apparue lors d'un voyage récent. Et, à la rentrée, il tire de ses articles sur le sujet un recueil (Sur la Chine, Gallimard) où il ne cache ni sa tristesse pour un pays dont il aime profondément le peuple, ni ses illusions passées quant à l'aptitude du maoïsme à corriger ses erreurs. Il s’en prend aussi avec verve aux rapports qu'entretient l'intelligentsia parisienne avec l'idéologie du Grand Timonier[8]. S'il participe aussi au débat sur la Nouvelle Droite, son intérêt pour l’Extrême-Orient l’amène à ferrailler sur la question du Cambodge avec Noam Chomsky[7].
Dans son débat avec ce dernier en juin 1980, il critique sa position qui assimile les insuffisances et les tares des démocraties bourgeoises aux crimes des régimes totalitaires, voire aux crimes nazis. Il tire de ses réflexions sur l'aveuglement qu'entraînent les idéologies un ouvrage, Les Chercheurs de dieux : croyance et politique (Gallimard, 1981), où il analyse la propension des hommes à vouer une véritable foi à quelqu'un ou à quelque chose, appliquant particulièrement cette réflexion à l’ersatz de religion qu'est pour lui le communisme. Au printemps 1981, il effectue un voyage en Pologne, puis publie le carnet de route qu'il y a tenu.
Se découvrant atteint d'un cancer du poumon en juin 1982 (expérience qu'il racontera dans Permis de séjour), il collabore moins régulièrement au Nouvel Observateur. Véritable polygraphe, il ne cesse de publier des romans, des témoignages sur ses nombreux voyages, des descriptions critiques, des essais sur l'art et sur les artistes, dont beaucoup sont ses amis, des livres pour enfants et des poèmes, car la poésie est au cœur de toute son écriture. Elle en est le fil conducteur, et c'est à travers elle que la littérature prend toute sa place pour donner un sens à son existence inquiète et à des engagements souvent déçus.
En 1985, il reçoit le premier prix Goncourt de la poésie de l'académie Goncourt.
Ses dernières années restent celles d'un homme d'une très grande culture, d'un sage qui n'est dupe de rien. Il écrit qu'il a conclu « une paix honorable ou du moins un armistice acceptable avec le monde et lui-même, sans se résigner à l'iniquité de la vie, ni s'aveugler sur ses propres manques. ».
De 1983 à l'année de sa mort, il publie six volumes de son journal intime, œuvre d'un genre unique qui mêle réflexions, récits, carnets de voyages, poèmes et aphorismes, et qui couvre les années 1977-1995.
Il écrit aussi des essais, notamment sur la poésie (Le travail du poète et La conversation des poètes, les deux en 1993).
Il meurt le dans le 6e arrondissement de Paris[2], à l'âge de 82 ans[9],[1],[10].
Claude Roy, marié en secondes noces en 1958 avec la comédienne et dramaturge Loleh Bellon (1925-1999), elle-même divorcée de Jorge Semprún, devient alors le beau-père de Jaime Semprun (1947-2010). Loleh Bellon le soutient pendant les dernières années de sa vie et ne lui survit que deux ans[11],[12].
Ses premiers textes littéraires sont des poèmes, publiés par Pierre Seghers dans Poésie 40 et Max-Pol Fouchet dans Fontaine.
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