Cristina Peri Rossi est considérée comme l'une des autrices les plus importantes de langue espagnole. Son œuvre a été couronnée par le Prix Cervantes 2021[1].
Après une licence de littérature comparée, elle commence à écrire en 1963. Elle publie d'abord des nouvelles (Los Museos abandonados, 1968; Indicios pánicos, 1970). Son premier recueil de poèmes, Evohé (1971), fait scandale par son caractère érotique et son expression sans fard du lesbianisme.
Dans un contexte politique dominé par le gouvernement autoritaire de Bordaberry, elle est obligée de s'exiler en 1972. Après s’être réfugiée à Paris, où elle se lie d'amitié avec Julio Cortázar, puis à Berlin, elle s’installe à Barcelone en 1974. C'est la poétesse espagnole Ana María Moix qui l’accueille. En 1975, elle obtient la nationalité espagnole, tout en conservant sa nationalité uruguayenne.
Ses nombreux recueils de poèmes placent Cristina Peri Rossi parmi les poètes contemporains les plus lus dans le monde. Ses poèmes sont traduits dans plus d'une trentaine de langues. Bien que lyrique, son écriture est façonnée par l'humour noir et l'ironie.
Cristina Peri Rossi excelle aussi dans l’art de la nouvelle. Parmi ses recueils, on compte La tarde del dinosaurio, 1976; La rebelión de los niños, 1980 (traduits et rassemblés sous le titre Le Soir du dinosaure en 1985); Una pasión prohibida, 1986; Desastres íntimos, 1997... Une écriture à la fois poétique et sèche, alliée à une science impitoyable de la chute, font de Cristina Peri Rossi une nouvelliste hors pair.
Elle a également publié plusieurs romans, dont seul Solitario de amor (1988) a été traduit en français, sous le titre L’Amour sans elle (1997).
Dans ses écrits, Cristina Peri Rossi fait souvent allusion à la répression dans les pays d'Amérique latine, et plus particulièrement à la dictature uruguayenne qui a conduit à l'emprisonnement de Nelson Marra ou de Hiber Conteris.
Activiste, Cristina Peri Rossi a été désignée en 2008 par la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU comme l’autrice incarnant le mieux la lutte pour la paix et pour la justice dans le monde hispanophone[2].
Julio Cortázar, dont l'amitié a été à la fois une grande source d'inspiration et un frein à sa carrière littéraire en France.
Cristina Peri Rossi dans le paysage éditorial français
À ce jour, seuls trois de ses livres ont été traduits en français: un essai (Quand fumer était un plaisir, traduit par Laurent Tranier, Editions Toute Latitude), un roman (L'amour sans elle, traduit par Denis Tagu et Jean-Pierre Henry, Phébus), et un recueil de nouvelles (Le soir du dinosaure, traduit par Françoise Campo-Timal, Laure Guille-Bataillon et Vincent Batailllon). Sa poésie, encore inédite en français, est en cours de traduction par Stéphane Chaumet et Katia-Sofia Hakim[3].
Trois principales raisons peuvent expliquer cette quasi-absence de Cristina Peri Rossi dans le paysage éditorial français. Tout d’abord, le boom latino-américain est traditionnellement associé à des figures masculines. Ensuite, le caractère souvent homoérotique de la poésie de Cristina Peri Rossi a été un frein à sa publication. Enfin, c’est sa relation avec Julio Cortázar qui a le plus entravé la diffusion de son œuvre en France. En effet, Ugné Karvélis, la compagne de Julio Cortázar, voyait d’un très mauvais œil le lien si particulier qui unissait Julio Cortázar et Cristina Peri Rossi[4]. Ugné Karvélis dirigeait le département international des éditions Gallimard jusque dans les années 1980. Elle a participé activement à l’invisibilisation de l’œuvre de Cristina Peri Rossi en France[5]. Cortázar résume la situation en ces termes: «Ugné est très jalouse. Elle va te détester. Tu peux faire un trait sur ta publication en France: elle fera tout pour t’en empêcher.»[6].
Bibliographie
Sélection de ses œuvres en espagnol
Poésie
Evohé: poemas eróticos (Girón, 1971)
Descripción de un naufragio (Lumen, 1974)
Diáspora (Lumen, 1976)
Lingüística general (Prometeo, 1979)
Europa después de la lluvia (Fundación Banco Exterior, 1987)
Babel bárbara (Angria, 1990)
Otra vez Eros (Lumen, 1994)
Aquella noche (Lumen, 1996)
Inmovilidad de los barcos (Bassarai, 1997)
Poemas de amor y desamor (Plaza & Janés, 1998)
Las musas inquietantes (Lumen, 1999)
Estado de exilio (Visor, 2003)
Estrategias del deseo (Lumen, 2004)
Mi casa es la escritura (Linardi y Risso, 2006)
Habitación de hotel (Plaza & Janés, 2007)
Playstation (Visor, 2009)
La noche y su artificio (Cálamo, 2014)
Las replicantes (Cálamo, 2016)
Nouvelles
Viviendo (Alfa, 1963)
Los museos abandonados (Alfa, 1968)
Indicios pánicos (Nuestra América, 1970)
La tarde del dinosaurio (Planeta, 1976)
La rebelión de los niños (Monte Ávila, 1980)
El museo de los esfuerzos inútiles (Seix Barral, 1983)
Una pasión prohibida (Seix Barral, 1986)
Cosmoagonías (Laia, 1988)
La ciudad de Luzbel y otros relatos (Compañía Europea de Comunicación e Informaciones, 1992)
Desastres íntimos (Lumen, 1997)
Te adoro y otros relatos (Plaza & Janés, 2000)
Por fin solos (Lumen, 2004)
Habitaciones privadas (Menoscuarto, 2012)
Los amores equivocados (Menoscuarto, 2016)
Romans
El libro de mis primos (Biblioteca de Marcha, 1969)
La nave de los locos (Seix Barral, 1984)
Solitario de amor (Grijalbo, 1988)
La última noche de Dostoievski (Mondadori, 1992)
El amor es una droga dura (Seix Barral, 1999)
Todo lo que no te puede decir (Menoscuarto, 2017)
La insumisa (Menoscuarto, 2020)
Essais
Fantasías eróticas (Temas de Hoy, 1991)
Acerca de la escritura (Universidad de Zaragoza, 1991)
Julio Cortázar (Omega, 2000)
Cuando fumar era un placer (Lumen, 2003)
Julio Cortázar y Cris (Cálamo, 2014)
Œuvres traduites en français
Quand fumer était un plaisir (Toute Latitude, 2006), essai traduit par Laurent Tranier, disponible.
L'amour sans elle (Phébus, 1997), roman traduit par Denis Tagu et Jean-Pierre Henry, disponible.
Le soir du dinosaure (Actes Sud, 1985), recueil de nouvelles traduit par Françoise Campo-Timal, Laure Guille-Bataillon et Vincent Batailllon. Ce livre obtient en 2015 le Prix Nocturne décerné par la revue Le nouvel Attila qui récompense un texte épuisé d’inspiration insolite ou fantastique.
À propos de son œuvre
Nadia Mevel, "Cristina Peri Rossi, écrivaine exilée, lesbienne, insoumise, reçoit le prix Cervantes.", Les humanités, média alter-actif, 2021[7]
Aurélie Hermant, "L'écriture de l'érotisme dans l'œuvre narrative de Cristina Peri Rossi", thèse de doctorat en Études sur l'Amérique latine, sous la direction de Michèle Soriano, Université Toulouse 2, 2005[8]
(en) Cynthia A. Schmidt, «A Satiric Perspective on the Experience of Exile in the Short Fiction of Cristina Peri Rossi», dans Fernando Alegría(en) et Jorge Ruffinelli, Paradise Lost or Gained? The Literature of Hispanic Exile, Texas, Arte Publico Press, , p.218-227.
Aurélie Hermant, «L'écriture de l'érotisme dans l'œuvre narrative de Cristina Peri Rossi», Thèse de doctorat en Études sur l'Amérique latine, Université Toulouse 2, (lire en ligne, consulté le )
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