Denis Roche, né à Paris 17e le et mort à Paris 12e le [1],[2], est un écrivain, poète, photographe et traducteur français. Il est l’un des représentants de l’avant-garde poétique des années 1960-1970.
Pour les articles homonymes, voir Denis Roche et Roche (homonymie).
Denis Roche
Biographie
Naissance
17earrondissement de Paris
Décès
(à 77 ans) 12earrondissement de Paris
Nom de naissance
Denis Robert René Roche
Nationalité
Française
Activités
Photographe, éditeur ou éditrice, directeur de collection, poète, écrivain, traducteur
Autres informations
A travaillé pour
Éditions Tchou (d) Tel quel Éditions du Seuil Les Lettres françaises
Distinctions
Prix Roberge () Prix Fénéon () Prix François-Coppée ()
Denis Roche est né à Paris. La profession de son père, prospecteur de pétrole, l'amène à passer sa petite enfance à El Tigre, dans le centre du Venezuela, puis, de ses 4 ans à ses 8 ans, à San Fernando sur l'île de Trinidad[3]. En 1946, après une année au Brésil, la famille rentre en France. Denis Roche passe les sept années suivantes en pension au collège des oratoriens de Juilly.
Écriture et photographie
Journaliste pigiste pour Les Lettres françaises, il prend en photo Giuseppe Ungaretti qui lui dit: «Venez me voir, vous serez mon Dante et je serai votre Virgile.» Il entretient le même genre de relation avec l'écrivain André Pieyre de Mandiargues[3].
En 1962, Jean Cayrol publie le premier texte de Denis Roche, Forestière Amazonide, dans la collection «Écrire» au Seuil. Ses premiers livres de poèmes sont édités dans la collection «Tel Quel»: Récits complets en 1963, Les Idées centésimales de Miss Elanize en 1964, Eros énergumène en 1968 et Le Mécrit en 1972. Son œuvre poétique sera rassemblée en 1995 sous le titre La poésie est inadmissible.
En 1967, Denis Roche rencontre Françoise Peyrot, qui devient tout à la fois sa femme, son modèle photographique et sa muse.
Ses photographies font l'objet d'une première exposition en 1978, à la galerie L’Œil 2000 de Châteauroux, et d'un ouvrage, Notre antéfixe, qui devient l’une des références de la «photo-autobiographie». La Disparition des lucioles, recueil de textes sur l'acte photographique paru en 1982, attire l'attention de la critique. Dès lors, Denis Roche participe à de nombreuses expositions, individuelles ou collectives, en France, mais aussi sur le continent américain, en Europe, ou encore en Syrie ou au Japon. En 1991, son livre Ellipse et laps regroupe l’essentiel de son œuvre photographique. En 1999, il est exposé aux Rencontres d’Arles.
En 2001, une rétrospective lui est consacrée au musée Nicéphore-Niépce de Chalon-sur-Saône, ainsi qu'un ouvrage, Denis Roche.Les preuves du temps, dont Gilles Mora écrit les textes. L'exposition est reprise et complétée à la Maison européenne de la photographie, avec les photographies de l’exposition La question que je pose, créée à Lyon par la galerie Le Réverbère[4] (qui le représente depuis 1989).
«On le sait: il n’y a d’activité humaine, artistique ou non, encore moins littéraire, que de surface. Ainsi de milliards d’hommes appliqués par la plante des pieds sur l’immense pelouse de la terre et qui n’ont que faire du contenu; ainsi des façades des maisons et des buildings qu’ils lui posent perpendiculairement dessus; ainsi des draps qui sèchent; ainsi de l’horizon qui est comme l’électrocardiogramme du mourant, l’horizontal narguant le vertical; ainsi des toiles que peignent les peintres après s’être assurés qu’elles étaient bien tendues entre leurs cadres de bois; ainsi également des feuilles de papier, format international, sur lesquelles les écrivains s’acharnent toujours à déposer et à étaler leur encre ou à frapper du carbone; ainsi de notre peau qui est le peu que nous connaissons de notre corps.»
—Denis Roche, extrait de la préface «Entrée des machines» à «Notre antéfixe», Dépôts de savoir & de technique, p.99
Édition
En 1964, Denis Roche devient éditeur: il rejoint les éditions Tchou, où il officiera jusqu'en 1970. De 1962 à 1972, il participe au comité directeur de la revue Tel Quel, fondée par Philippe Sollers.
En 1971, il entre au comité éditorial des éditions du Seuil. Il y dirige notamment la collection «Les Contemporains». En 1974, il crée sa propre collection de littérature contemporaine, «Fiction & Cie», qu'il dirigera jusqu'en 2005[6], avant de passer la main à Bernard Comment. À propos de son titre, il confie dans une interview: «Personne ne comprend que l’important est le mot ‘Cie’ et plus encore le signe ‘&’»[7]. Il y publie des auteurs considérés comme avant-gardistes, novateurs. Quelques titres deviennent des best-sellers, comme Le Nouveau Désordre amoureux, de Pascal Bruckner et Alain Finkielkraut en 1977, ou La Vie amoureuse de Catherine M., de Catherine Millet, en 2001[8]. Cinq de ses propres livres sont édités dans cette collection.
Son influence dans le monde littéraire lui ouvre les portes du jury du prix Médicis, dont il fait partie jusqu’en 2013[9].
En 1980, il fonde avec Gilles Mora, Bernard Plossu et Claude Nori Les Cahiers de la photographie. Le no23, paru en 1989, lui est consacré.
Traduction
Entre 1966 et 1972, il traduit plusieurs œuvres de l'anglais ou de l'américain, dont les Cantos pisans d’Ezra Pound, ainsi que des textes de Charlotte Brontë, Patrick Branwell Brontë, Harry Mathews[10].
Prix et récompenses
1964: prix Roberge de l’Académie française pour Récits complets
1965: prix Fénéon pour Les Idées centésimales de Miss Elanize
1965: prix François-Coppée de l'Académie française pour Les Idées centésimales de Miss Elanize[11]
1997: Grand Prix de la photographie de la Ville de Paris
1999: prix André-Malraux pour Le Boîtier de mélancolie, éditions Hazan
Publications
Forestière Amazonide, Seuil, «Écrire», 1962
Récits complets, Seuil, «Tel Quel», 1963
Les Idées centésimales de Miss Elanize, Seuil, «Tel Quel», 1964
Éros énergumène, Seuil, «Tel Quel», 1968
Bernard Dufour: 1958-1971: [exposition], Maison de la culture et des loisirs de Saint-Étienne, 19 novembre 1971-18 janvier 1972, Maison de la culture et des loisirs, 1971
Carnac ou Les Mésaventures de la narration, Tchou, 1969; réed. Pauvert, 1985
La Liberté ou la Mort, Tchou, 1969
Éloge de la véhémence, sérigraphies de Bernard Dufour, Sébastien de la Selle, 1970
Lutte & rature, sérigraphies de Bernard Dufour, Sébastien de la Selle, 1972
Patrick Roegiers. Denis Roche, Paris Audiovisuel, 1989
Christian Prigent. Ceux qui merdRent, P.O.L, 1997: « La grande rhétorique de Denis Roche », p.153-173
Jean-Marie Gleize. Poésie et Figuration, Le Seuil, coll. « Pierres vives », 1983: chapitre sur Denis Roche, « La figuration défigurative » (p.226-297).
Jean-Marie Gleize. A noir (poésie et littéralité), Le Seuil, coll. « Fiction & Cie », 1992: chapitre évoquant Denis Roche, « Pour des objets spécifiques » (p.178-189)
Gilles Mora. Denis Roche. Les preuves du temps, éditions du Seuil / Maison européenne de la photographie, 2001
Jean-Pierre Bobillot. Trois essais sur la poésie littérale: De Rimbaud à Denis Roche, d'Apollinaire à Bernard Heidsieck, Éditions Al Dante, 2001, (ISBN978-2911073878)
Joaquim Lemasson. De l'art poétique: Samuel Beckett, Georges Bataille, Denis Roche, Christian Prigent, thèse de doctorat en Lettres modernes soutenue en 2002 à Rennes-II
Luigi Magno. Dialectique(s) de l'écrit et de l'image chez Denis Roche, Andromeda, 2006 (ISBN88-88643-49-4)
«Denis Roche, Les temps du photographe», La Lettre de l'enfance et de l'adolescence, vol. no64, no. 2, 2006, pp.85–90
Stéphane Baquey. Possibles de la poésie: Michel Deguy, Denis Roche, Jacques Roubaud, thèse de doctorat en Littérature française soutenue en 2006 à Paris-VIII
Luigi Magno dir. Denis Roche: l'un écrit, l'autre photographie, préface de Jean-Marie Gleize, ENS éditions, 2007 (ISBN978-2-84788-100-4)[14]
Stéphane Baquey. Le Primitivisme de Denis Roche. Lyrique amazonide, Éditions des archives contemporaines, coll. « Centre d'études poétiques ENS LSH », 2008 (ISBN978-2-914610-66-7)
Gyöngyi Pal. La Photo-littérature en France dans la seconde moitié du XXe siècle: analyse de l’œuvre de François-Marie Banier, Jean-Loup Trassard, Loránd Gáspár et Denis Roche, Éditions universitaires européennes, 2010 (ISBN978-6131547171)
Dominique Kunz Westerhoff. «La photographie au révélateur littéraire: de Denis Roche à Anne-Marie Garat», Études de lettres, 3-4, 2013, pp. 183-204
Fabien Arribert-Narce. Photobiographies: pour une écriture de notation de la vie: Roland Barthes, Denis Roche, Annie Ernaux, Honoré Champion éditeur, 2014 (ISBN9782745327123)
Les Grands Entretiens d'artpress. Denis Roche, artpress / IMEC, 2014 (ISBN978-2-359430-14-1)
Gilles Mora. Denis Roche. Photolalies 1964-2010, Hazan, 2015 (ISBN9782754108546)
Jean-Christophe Bailly, Bernard Plossu. Denis Roche, Filigranes, 2016 (ISBN9782350463841)
Farid Abdelouahab, Guillaume Geneste, Francoise Roche dir. La Montée des circonstances, Delpire, 2018, coll. «Des images et des mots» (ISBN9791095821090)
Jean-Marie Gleize. Denis Roche: éloge de la véhémence, Seuil Biographie, coll. « Fiction & Cie », 2019
Filmographie
Denis Roche, film de 26 minutes co-réalisé par Patrick Roegiers et Bruno Trompier, Maison européenne de la photographie, 1985.
Adaptations théâtrales
11 juillet-8 août 1976: Louve basse: chapelle des Pénitents blancs, Festival d'Avignon. Mise en scène et adaptation de Georges Lavaudant, avec Gilles Arbona, Ariel Garcia-Valdès, Dany Kogan, Alain MacMoy, Hugo Maimone, Tatiana Moukhine[15]
17 juillet 1995: Poésie: Denis Roche: église des Célestins, Festival d'Avignon. Direction artistique de Jean-Marie Gleize, lectures de Jean Bollery, René Farabet[16],[17]
Colloques et conférences
Danielle Leenaerts. Denis Roche. La photographie comme art du silence, communication présentée lors de la journée d’étude «Photographie et Indicible», jeudi 12 mai 2011, Université Rennes 2, labo Celam, publié sur Phlit le 30/01/2012
«Denis Roche, énergumène», 6-7 juillet 2016, Théâtre d'Arles, Rencontres internationales de la photographie, Arles[18]
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