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Edgar Charles François Louis Monteil, né à Vire (Calvados) le , mort à Villejuif (Seine) le [2], est un écrivain, journaliste, homme politique et préfet français. Fervent républicain, communard, libre-penseur, anticlérical et franc-maçon, il est au centre de diverses polémiques et deux fois condamné par la justice pour ses idées durant l'Ordre moral, avant de devenir un notable de la Troisième République.

Edgar Monteil
Carricature d'Edgar Monteil par Henri Demare, Les Hommes d'aujourd'hui, vers 1881.
Fonctions
Préfet de la Haute-Vienne
-
Préfet de la Creuse
-
Préfet de la Creuse
-
Biographie
Naissance

Vire (Calvados)
Décès
(à 76 ans)
Villejuif
Nom de naissance
Edgar Charles François Louis Monteil
Nationalité
Française
Formation
Lycée Condorcet
Collège-lycée Ampère
Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d)
Activité
Romancier, essayiste, journaliste, préfet
Autres informations
A travaillé pour
Le National
La République française
Gil Blas
Membre de
Association syndicale professionnelle des journalistes républicains français
Condamné pour
Port illégal d'uniforme
Distinctions
Chevalier de la Légion d'honneur‎ ()
Grand-croix de la Légion d'honneur‎
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/506)[1]
Œuvres principales
  • Souvenirs de la Commune, 1871
  • Le Roi Boubou

Biographie



Les débuts


Né à Vire le , Edgar Monteil est le fils d'un avoué de première instance[3] et d'Adèle Louise Shaw, née a Tours, Indre-et-Loire 17 janvier 1816, la fille de William Shaw et Frances Catherine Steer d'Angleterre. Selon les sources, il mène des études secondaires soit à Paris, au lycée Bonaparte, soit à Lyon, dans l'actuel collège-lycée Ampère, comme il le déclare lui-même dans ses Souvenirs de la Commune[4], soit à Saint-Étienne[5], avant de se tourner vers la littérature et le journalisme[6]. Élevé dans la foi catholique, il évolue vers l'agnosticisme, avant de se tourner vers le positivisme, sous l'influence de Philémon Deroisin, en 1860[7]. Après avoir collaboré à des feuilles locales, il part étudier le droit à Paris, où il fonde le journal L'Étudiant en 1867[3], dont l'originalité, outre son titre, est de s'adresser, pour la première fois, à l'ensemble des élèves de l'enseignement supérieur[8]. Ayant sollicité les conseils de George Sand, celle-ci lui répond :

« Je comprendrais un journal de jeunes gens avec cette devise « Liberté absolue de croyance ou de négation pour nous dans le présent et l'avenir. Guerre aux entraves du passé, guerre à tout ce qui empêche l'homme de croire ou de nier ce qu'il veut ». C'est je crois le seul terme de ralliement pour tous, une croisade contre le véritable ennemi, le moyen âge encore debout, le prêtre qui damne, le gendarme qui prononce sur les choses de l'esprit. La jeunesse ne peut pas se fondre dans une seule nuance, il faut qu'elle ait son initiative individuelle dans tous les sens, autrement elle ne serait plus la jeunesse c'est-à-dire la spontanéité. Je ne comprends donc pas comment son expression serait une doctrine; mais je la concevrais marchant contre l'ennemi commun (le déni de liberté intellectuelle), avec le même ensemble et la même ardeur qui poussent un régiment de zouaves à l'assaut d'une forteresse[9]. »


L'engagement républicain et la Commune


L'Étudiant ayant disparu à la suite d’une mesure administrative de police, Monteil publie en 1868, dans La Liberté d'Émile de Girardin, deux romans et une étude sur le Ruy Blas de Victor Hugo[8]. Rédacteur au Rappel en 1869, où il connaît Victor Schœlcher, Louis Blanc ou Edgar Quinet, il milite dans le VIe arrondissement en faveur de la candidature d'Henri Brisson lors des élections législatives de 1869. Toutefois, celui-ci ayant refusé de se présenter, Monteil rejoint le comité Jules Ferry, avant de donner sa démission quand le Vosgien refuse de s'expliquer sur une visite qu'il a faite aux princes d'Orléans et de signer le programme de Belleville de [10].

Engagé, après les élections, dans la lutte contre le plébiscite du 8 mai 1870, il est élu dans le VIe arrondissement membre de la commission de surveillance des votes de l’armée, dont il est nommé secrétaire, Édouard Lockroy occupant quant à lui la présidence. Mais, devant le succès du plébiscite, fatigué, découragé, il choisit de se retirer à Thodure dans l'Isère[10], où se trouve une partie de sa famille, et emmène avec lui son ami Gaston Lemay[11].

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, à l'annonce des premiers désastres, il revient à Paris, après un bref séjour à Lyon[12], et se montre particulièrement actif lors de la proclamation de la République le . Puis, le 5 octobre, il est chargé d'une mission à la délégation du gouvernement de la Défense nationale, à Tours. Muni d'un sauf-conduit signé par Camille Pelletan, il quitte Paris et devient l'un des collaborateurs de Gambetta en province[10].

De retour à Paris le soir du [13], il assiste à la proclamation de la Commune et reprend sa place au Rappel. Au mois d'avril, Napoléon La Cécilia, chef d'état-major du général Eudes, qu'il a connu à la rédaction de cette revue, le prend comme officier d'ordonnance. Puis, quand il est promu général commandant de la place, le 24, il fait du journaliste son secrétaire avec le grade de lieutenant d'état-major. Le 10 mai, le service de Monteil est transféré au ministère de la Guerre, et il devient secrétaire général de Charles Delescluze. Le matin du , au lendemain de l'entrée des Versaillais dans Paris, le ministère de la Guerre est évacué, et il se replie sur l'hôtel de ville, où Delescluze le libère alors de ses obligations[10]. Retourné au Rappel, il change son uniforme contre des vêtements civils et y passe la nuit. Fait prisonnier le lendemain par les Versaillais dans une gargote, près des locaux de la revue, il est emmené à l'arsenal de Satory[14]. Le , il passe devant le cinquième conseil de guerre, à Versailles, qui le condamne à un an de prison et cinq ans de privation de droits[15] pour port illégal d'uniforme et commandement dans les bandes armées[16]. Il est interné à la prison de Beauvais[17].


Un écrivain libre-penseur sous l'Ordre moral


Libéré le matin du , il rentre au Rappel[18], journal d'extrême gauche, tout en collaborant au National, plus modéré, et devient gérant de l'Excommunié de Lyon. Par ailleurs, il donne des cours à la Société philotechnique[10]. Toutefois, à la suite de la publication de l’Histoire d'un frère ignorantin, le frère Philippe[19],[20], le Supérieur général de l'Institut des Frères de la doctrine chrétienne, une congrégation religieuse masculine de l'est de la France, dépose une plainte en correctionnelle à son encontre pour diffamation le [21]; le , la septième chambre du tribunal correctionnel de Paris condamne l'auteur à un an de prison, 2 000 francs d'amende, 10 000 francs de dommages-intérêts et deux ans de contrainte par corps[6], l'éditeur Jean Brouillet à six mois de prison et 1 000 francs d'amende[22]. Monteil choisit alors de s'exiler et publie à Anvers son Catéchisme du libre-penseur, en 1877[23]. La même année, il se rend aux funérailles de Gustave Courbet, où il prononce un discours au nom de l'art et des artistes[24].


Journalisme et carrière politique


De retour en France en 1879[23], il entre à La République française, journal gambettiste[25] et collabore à La Petite République, au XIXe siècle d'Edmond About ou au Gil Blas[26], sous le pseudonyme de « Jean de la Seine »[3]. Le [26], il est élu conseiller municipal de Paris dans le XIVe arrondissement par le quartier du Petit-Montrouge comme candidat radical autonomiste ; il siège jusqu'en 1887. Il est également élu conseiller général de la Seine en 1880 et 1884[27]. Le , il est décoré de la Légion d'honneur[6],[28]. En 1884, son Manuel d'instruction laïque, dans lequel il fait notamment l'apologie d'Auguste Comte et d'Émile Littré et encense Rousseau, Diderot, Voltaire, Socrate ou Darwin[15], provoque une nouvelle fois le scandale.

En , il est à l'origine de la création de l'Association syndicale professionnelle des journalistes républicains français (ASPJRF), dont les statuts sont fixés en et qui compte 400 sociétaires, à la fin de 1881[29],[30]. L'ASPJRF sera l'un des piliers de la République du Croissant à Paris.

En 1887, il se présente comme candidat radical à une élection législative partielle dans l'Isère[6] mais échoue au second tour le 5 juin avec 22 793 voix sur 76 068 votants et 164 356 inscrits face à son concurrent opportuniste, François-Maximin Valentin, qui obtient 35 382 voix[31]. Un troisième candidat, Paviot, républicain modéré indépendant, obtient, quant à lui, 16 169 voix[32].


Un haut fonctionnaire anticlérical


Le , le gouvernement Charles Floquet le nomme préfet de la Creuse, poste qu'il conserve jusqu'au . Rappelé par Ernest Constans, alors ministre de l'Intérieur, il devient rédacteur à La Petite République, aux côtés de Millerand, Jaurès, Viviani[33],[34], et à La Lanterne, et collabore à L'Express du Limousin[2]. Il est nommé par Léon Bourgeois le contrôleur général des services extérieurs du ministère de l'Intérieur puis, le 19 septembre suivant, directeur de la 13e circonscription pénitentiaire (Rennes), poste qu'il refuse[35],[36]. Le , il retrouve la préfecture de Guéret, sur décision du gouvernement Henri Brisson[37]. En conflit avec les sénateurs, il est muté le par le gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau préfet de la Haute-Vienne, où il demeure jusqu'au [36] et entre également en conflit avec les parlementaires.

Membre depuis de la loge parisienne « La Clémente amitié »[15], dont il a gravi aussitôt les trois premiers grades (apprenti, compagnon, maître), avant de devenir vénérable maître en 1891[38],[35],[39], il fréquente assidûment « Les Préjugés vaincus » de Guéret, puis « Les Artistes réunis » de Limoges[40], où il est considéré comme « l'auxiliaire ardent et dévoué des œuvres de défense et de propagande républicaines »[2], et se voit surnommer le « préfet des Loges »[41]. Il est élu et membre du conseil de l'ordre du Grand Orient de France en 1898[42].

Ses difficultés politiques finissent par rejaillir sur sa santé[2]. « Eu égard à ses états de service »[43], Émile Combes le nomme alors directeur de l'asile public d'aliénés de Villejuif, par arrêté du , alors qu'il donne des signes de dérangement mental[44]. Il démissionne de ces fonctions le , étant, d'après l'un de ses contemporains médecin en chef des asiles, Louis Lucipia, « gâteux au sens médical du terme »[45].


Œuvres


Monteil a publié de nombreux ouvrages pour les étrennes et les distributions de prix adoptés par le Ministère de l'Instruction publique et le Conseil municipal de Paris : François François illustré par Édouard Loëvy, Jean-le-Conquérant illustré par Montégut, Les 3 du Midi illustré par Albert Robida, Jeanne-la-Patrie illustré par Paul Lelong, Le Roi Boubou illustré par Émile Mas, Histoire de pauvre Louise illustré par Vauzanges, Histoire du célèbre Pépé illustré par Henri Pille, La Petite institutrice illustré par Tauzin, etc.


Notes et références


  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_1400 »
  2. Michel Laguionie (1990), p. 81.
  3. Edmond Antoine Poinsot, Dictionnaire des pseudonymes, Genève, Slatkine, , 559 p., p. 211.
  4. Edgar Monteil (1883), p. 15.
  5. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 144.
  6. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains, t. 2, Hachette et cie, , 1740 p., p. 1127.
  7. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 37.
  8. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 146.
  9. Bernard Hamon, George Sand face aux églises, Paris/Budapest/Torino, l'Harmattan, , 283 p. (ISBN 2-7475-8775-4, lire en ligne), p. 259.
  10. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 148.
  11. Edgar Monteil (1883), p. 12.
  12. Edgar Monteil (1883), p. 18.
  13. Edgar Monteil (1883), p. 31.
  14. Edgar Monteil (1883), p. 117-142.
  15. Jean-Marie Seillan, Aux sources du roman colonial (1863-1914) : l'Afrique à la fin du XIXe siècle, Paris, Karthala Éditions, coll. « Lettres du Sud », , 509 p. (ISBN 2-84586-617-8), p. 294-295.
  16. Edgar Monteil (1883), p. 226-227.
  17. Adolphe Brisson, Les Prophètes, J. Tallandier, , 379 p., p. 350.
  18. C. E. Curinier, Dictionnaire national des contemporains : contenant les notices des membres de l'Institut de France, du gouvernement et du Parlement français, de l'Académie de médecine, et de toutes les personnalités vivantes, françaises ou demeurant en France, qui se sont fait connaître par leur action dans les lettres, les sciences, les arts, la politique, l'armée, les cultes, l'industrie, l'administration, etc., t. 5, Office général d'édition, p. 228.
  19. Gustave Pessard, Nouveau dictionnaire historique de Paris, t. 3, E. Rey, , 1693 p., p. 1161. Né Mathieu Braussi (1792-1874).
  20. Jean-Joseph-François Poujoulat, Vie du Frère Philippe : supérieur général de l'Institut des frères des écoles chrétiennes, A. Mame et fils, , 376 p..
  21. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 156.
  22. Charles Grivel, Production de l'intérêt romanesque : Un état du texte (1870-1880), un essai de constitution de sa théorie, Hoekstra Offset, , 430 p., p. 43.
  23. Jeanine Bonnefoy (2001), p. 223.
  24. Jean Péridier, La Commune et les artistes : Pottier, Courbet, Vallès, J.-B. Clément, Nouvelles Éditions latines, , 154 p., p. 81. Parmi les autres orateurs, on compte Henri Rochefort et Arthur Arnould.
  25. Olivier Bloch (1979), p. 201.
  26. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 151.
  27. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 325.
  28. Quand il sert comme préfet, il a la grand-croix de la Légion d'honneur, selon les Annales du Sénat, t. 59, Imprimerie des Journaux officiels, , p. 538.
  29. Henri Avenel, Histoire de la presse française depuis 1789 jusqu'à nos jours, E. Flammarion, , 884 p., p. 842.
  30. Pierre Van den Dungen, « Écrivains du quotidien : Journalistes et journalisme en France au XIXe siècle », Semen, no 25: « Le discours de presse au dix-neuvième siècle : pratiques socio-discursives émergentes », (lire en ligne).
  31. Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, t. 5, Edgar Bourloton, (lire en ligne), p. 473.
  32. « « Revue de la semaine », juin 1887 »
  33. Michel Laguionie, Histoire des francs-maçons à Limoges, Le-Puy-Fraud, L. Souny, , 318 p. (ISBN 2-911551-48-6), p. 202.
  34. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 328.
  35. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 178.
  36. René Bargeton, Dictionnaire biographique des préfets : septembre 1870-mai 1982, Paris, Archives nationales, , 555 p. (ISBN 2-86000-232-4), p. 401.
  37. Jeanine Bonnefoy (2002), p. 155.
  38. Jeanine Bonnefoy (2001), p. 118.
  39. Michel Jarrige, L'Église et les francs-maçons dans la tourmente : croisade de la revue "la Franc-maçonnerie démasquée", 1884-1899, Paris, Arguments, , 291 p. (ISBN 2-909109-23-2), p. 121.
  40. Marguerite Boudon, Paul d'Hollander, Henri Sandler, Martine Tandeau de Marsac, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Paris, Éditions Beauchesne, , 110 p. (ISBN 2-7010-1306-2), p. 81.
  41. Louis Pérouas, « L'antimaçonnisme en Limousin », dans Louis Pérouas, Michel Laguionie et Roger Mériglier, Franc-maçonnerie et antimaçonnisme en Limousin : amorces d'un dialogue, Limoges, Presses universitaires de Limoges, , 82 p. (ISBN 2-84287-248-7, lire en ligne), p. 52.
  42. Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, , 5e éd. (1re éd. 1986), 1 376 p. (ISBN 2-13-055094-0), p. 822 .
  43. Émile Combes, Mon ministère : mémoires, 1902-1905, , 293 p., p. 289.
  44. Olivier Bloch (1979), p. 205.
  45. « Frère Lucipia, directeur de l'asile de Villejuif (1900-1904) ».

Voir aussi


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Bibliographie


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