Etel Adnan (en arabe: إيتيل عدنان, ʼītīl ʿadnān), née le à Beyrouth[1] et morte le à Paris[2], est une poétesse franco-américano-libanaise, écrivaine et artiste visuelle; polyglotte, elle écrit en français, en anglais et en arabe[3].
Etel Adnan
Etel Adnan en 2008.
Biographie
Naissance
Beyrouth, Liban
Décès
(à 96 ans) Paris 6e, France
Nom dans la langue maternelle
إيتيل عدنان
Nom de naissance
Ethel Noel Adnan
Nationalités
Libanaise Française Américaine
Formation
Université de Paris Université Harvard Université de Californie à Berkeley
En 2003, MELUS, la revue de la Société pour l’étude de la littérature multi-ethnique des États-Unis(en), présente Adnan comme «indéniablement l’écrivaine arabo-américaine la plus célèbre et accomplie d’aujourd’hui».
Selon la poétesse du nomadisme et de l’errance entre trois mondes,
«comme n’importe quel écrivain sérieux, son public ne peut pas être réduit à ses pairs arabes ou à un public arabo-américain. Les livres ont leur propre vie et personne ne peut en assurer leur destinée. L’unique chose que nous pouvons constater, c’est l’existence d’un corpus croissant d’une littérature arabo-américaine et de l’effort des gens qui essaient de la connaître et de la faire connaître.[réf.nécessaire]»
Biographie
La revue MELUS écrit que l’histoire de la vie d’Etel Adnan est faite de déplacement et d’aliénation (« a study in displacement and alienation »).
Née à Beyrouth[4] d’une mère grecque chrétienne et d’un père syrien musulman, elle a grandi en parlant le grec et le turc dans une société primordialement arabophone[5]. Elle fut élevée dans l’école d’un couvent français, et c’est ainsi que le français devient la langue d’écriture de ses premiers travaux littéraires. Elle étudie l’anglais dès sa jeunesse et la plupart de ses derniers écrits ont été rédigés principalement dans cette langue.
Âgée de 24 ans, Adnan voyage à Paris, où elle finit ses études de philosophie à la Sorbonne. Quelque temps après, elle part aux États-Unis où elle continue ses études supérieures à l’université de Californie à Berkeley et à l’université Harvard.
Elle enseigne la philosophie de l’art à l’Université dominicaine de Californie à San Rafael de 1958 à 1972, et elle donne des conférences dans plusieurs universités des États-Unis. En 2020, le Griffin Poetry Prize[6] est décerné à son livre Time.
Etel Adnan est l’auteure de nombreux ouvrages poétiques, essais, romans, et elle a dirigé les pages culturelles du quotidien francophone libanais As-Safa[7].
Prise entre plusieurs langues dans sa jeunesse, Adnan retrouve sa voix primaire dans la peinture[8] plutôt que dans l’écriture. En 1996, elle se rappelle:
«L’art abstrait c’était l’équivalent à l’expression poétique; je n’ai pas éprouvé le besoin de me servir des mots, mais plutôt des couleurs et des lignes. Je n’ai pas eu le besoin d’appartenir à une culture orientée vers le langage mais plutôt à une forme ouverte d’expression.»
«Je n’avais plus besoin d’écrire en français, j’allais peindre en arabe»[9], écrit-elle encore sur l’époque où elle commence à peindre en Californie.
Mais ce n’est qu’au début des années 2010 que le monde de l’art la découvre plasticienne. À plus de 80 ans, elle commence subitement à exposer dans des institutions prestigieuses: au Guggenheim de New York, au Mudam à Luxembourg, au Centre Paul-Klee à Berne, à la Fondation Luma en Arles, à documenta 13 à Cassel... Son œuvre figurative et naïve où elle mêle écriture et peinture est sans doute plus dans l’air du temps que dans les années 1970, dans lesquelles cette inspiration pouvait passer pour «réactionnaire». Sa «découverte» fait aussi partie d’une considération désormais affirmée pour les femmes peintres[7].
Sitt Marie Rose, Paris, Des Femmes, 1978; rééd. Tamyras, 2010 (ISBN978-2-36086-006-7)
Jbu: Suivi de l'Express Beyrouth enfer, Paris, P.J. Oswald, 1973
En anglais
Shifting the silence, Nightboat, 2020
Time, Nightboat, 2020
Surge, Nightboat, 2018
Night, Nightboat, 2016
Life is a Weaving, Galerie Lelong, 2016 (ISBN978-2-868821-23-2)
Premonition (2014)
To look at the sea is to become what one is: An Etel Adnan Reader (2014)
See and Fog (2012)
Master of the Eclipse (2009)
Seasons (2008)
In the Heart of the Heart of Another Country (2005)
In/somnia (2002)
There: In the Light and the Darkness of the Self and of the Other (1997)
To Write in a Foreign Language (1996)
Of Cities and Women, Letters to Fawwaz (1993)
Paris, When It's Naked (1993)
The Spring Flowers Own and the Manifestations of the Voyage (1990)
The Arab Apocalypse (1989), Ed. The Post-Apollo Press (ISBN978-0-942996-60-9)
Journey to Mount Tamalpais: An Essay (1985)
The Indian Never Had a Horse and Other Poems (1985)
From A to Z Poetry (1982)
Homage to Etel Adnan (2012), Ed. The Post-Apollo Press (ISBN978-0942996-79-1)
En arabe
الست ماري روز as-Sitt Mari Ruz (Sitt Marie Rose), avec Jirum Shahin et Firyal Jabburi Ghazul. Al-Qahirah: al-Hayah al-Ammah li-Qusur al-Thaqafah, 2000
n mudun walnisāʼ: rasaʼil ilā Fawwāz (Of Cities and Women: Letters to Fawwaz.) Bayrut: Dar al-Hihar, 1998
كتاب ألبحر كتاب ألليل كتاب ألموت كتاب ألنهايه Kitab al-bahr; kitab al-layal; kitab al-mawt; kitab an-nihayah (Le livre de la mer, le livre de la nuit, le livre de la mort, le livre de la fin), avec Abid Azarih. Bayrut: Dar Amwaj, 1994
as-Sitt Marie Ruz. Bayrut: al-Mu-assasah al-Arabiyah lil-Dirasat wa al-Nashr, 1979
Critique littéraire
Amireh, Amal; "Bearing Witness: The Politics of Form in Etel Adnan's Sitt Marie Rose." Critique: Critical Middle Eastern Studies, 2005 Fall; 14 (3): 251-63 (journal article)
Amyuni, Mona Takieddine. "Etel Adnan & Hoda Barakat: De-Centered Perspectives, Subversive Voices." IN: Poetry's Voice-Society's Norms: Forms of Interaction between Middle Eastern Writers and Their Societies. Ed. Andreas Pflitsch and Barbara Winckler. Wiesbaden, Germany: Reichert; 2006, p.211–21
Cassidy, Madeline. "'Love Is a Supreme Violence': The Deconstruction of Gendered Space in Etel Atnan's Sitt Marie Rose." IN: Violence, Silence, and Anger: Women's Writing as Transgression. Ed. Deirdre Lashgari. Charlottesville: UP of Virginia; 1995. p.282–90
Champagne, John G. "Among Good Christian Peoples: Teaching Etel Adnan's Sitt Marie Rose." College Literature, 2000 Fall; 27 (3): 47-70
Fernea, Elizabeth. "The Case of Sitt Marie Rose: An Ethnographic Novel from the Modern Middle East." IN: Literature and Anthropology. Ed. Philip Dennis and Wendell Aycock. Lubbock: Texas Tech UP; 1989. p.153–164
Foster, Thomas. "Circles of Oppression, Circles of Repression: Etel Adnan's Sitt Marie Rose." PMLA: Publications of the Modern Language Association of America, 1995 Jan; 110 (1): 59-74
Ghandour, Sabah. "Gender, Postcolonial Subject, and the Lebanese Civil War in Sitt Marie Rose." in: The Postcolonial Crescent: Islam's Impact on Contemporary Literature. Ed. John C. Hawley. New York, NY: Peter Lang; 1998, p.155–65
Hajjar, Jacqueline A. "Death, Gangrene of the Soul, in Sitt Marie Rose by Etel Adnan." Revue Celfan/Celfan Review, 1988 May; 7 (3): 27-33
Hartman, Michelle. "'This Sweet/Sweet Music': Jazz, Sam Cooke, and Reading Arab American Literary Identities." MELUS: The Journal of the Society for the Study of the Multi-Ethnic Literature of the United States, 2006 Winter; 31 (4): 145-65
Karnoub, Elisabeth. "'Une Humanité qui ne cesse de crucifier le Christ': Réécriture du sacrifice christique dans Sitt Marie Rose de Etel Adnan." IN: Victims and Victimization in French and Francophone Literature. Ed. Buford Norman. Amsterdam, Netherlands: Rodopi; 2005. p.59–71
Kilpatrick, Hilary. "Interview with Etel Adnan (Lebanon)." IN: Unheard Words: Women and Literature in Africa, the Arab World, Asia, the Caribbean and Latin America. Ed. Mineke Schipper. Trans. Barbara Potter Fasting. London: Allison & Busby; 1985. p.114–120
Layoun, Mary N. "Translation, Cultural Transgression and Tribute, and Leaden Feet." IN: Between Languages and Cultures: Translation and Cross-Cultural Texts. Ed. Anuradha Dingwaney and Carol Maier. Pittsburgh, PA: U of Pittsburgh P; 1995. p.267–89
Marie, Elisabeth Anne. Sacrifice, sacrifée, sacrificatrice: L'étrange triptyque: Sacrifices au féminin dans trois romans francophones libanais. Dissertation Abstracts International, Section A: The Humanities and Social Sciences, 2003 May; 63 (11): 3961. U of North Carolina, Chapel Hill, 2002.
Mejcher-Atassi, Sonja. "Breaking the Silence: Etel Adnan's Sitt Marie Rose and The Arab Apocalypse." IN: Poetry's Voice-Society's Norms: Forms of Interaction between Middle Eastern Writers and Their Societies. Ed. Andreas Pflitsch and Barbara Winckler. Wiesbaden, Germany: Reichert; 2006. p.201–10
Obank, Margaret. "Private Syntheses and Multiple Identities." Banipal: Magazine of Modern Arab Literature, 1998 June; 2: 59-61
Shoaib, Mahwash. "Surpassing Borders and 'Folded Maps': Etel Adnan's Location in There." Studies in the Humanities, 2003 June-Dec; 30 (1-2): 21-28
Willis, Mary-Angela. "Francophone Literature of the Middle East by Women: Breaking the Walls of Silence." IN: Francophone Post-Colonial Cultures: Critical Essays. Ed. Kamal Salhi. Lanham, MD: Lexington; 2003, p.64–74
Willis, Mary-Angela. La Guerre démasquée à travers la voix féminine dans Sitt Marie Rose d'Etel Adnan et Coquelicot du massacre d'Evelyne Accad.Dissertation Abstracts International, Section A: The Humanities and Social Sciences, 2002 Mar; 62 (9): 3061. U of Alabama, 2001
Expositions
2022 Découverte de l’immédiat, Galerie Lelong & Co, Paris et New York
2021 Tras la línea del horizonte, Centro de Creación Contemporánea de Andalucía, Cordoba, Espagne
Les œuvres d’Etel Adnan figurent dans de nombreuses collections, dont le Centre Pompidou, Paris, Mathaf, Doha, Qatar, Royal Jordanian Museum, Tunis Modern Art Museum, musée Sursock, Beyrouth, Institut du Monde Arabe, Paris, British Museum, London[17],[18], M+, Hong Kong[19]…
Didier, Béatrice., Fouque, Antoinette. et Calle-Gruber, Mireille, 1945-, Le dictionnaire universel des créatrices, Paris, Des femmes-A. Fouque, , 4982p. (ISBN978-2-7210-0631-8, 2721006312 et 9782721006288, OCLC864873770, lire en ligne).
«Exposition: Etel Adnan dialogue en couleurs avec sa compagne», Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi: Il n'y a pas de grenouilles, poème de Ce ciel qui n'est pas traduit en espagnol par Carlos Alvarado-Larroucau, traducteur (à l'espagnol) de l'œuvre poétique d'Etel Adnan.
Simone Fattal, Etel Adnan, la peinture comme énergie pure, 2016 (ISBN978-2-840682-75-2).
Jean Frémon, Etel Adnan, être là. Galerie Lelong, 2015.
Nayla Tamraz, On Marginalisation, Activism and Feminism, dialogue with Etel Adnan, Lamia Joreige and Tagreed Darghouth, in Selections, No. 42, September 2017, p. 48–61.
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