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Georges Castera fils, né le à Port-au-Prince et mort le à Pétion-Ville[1],[2],[3], est un un des plus grands poètes haïtiens contemporains. Son œuvre, écrite en créole et en français, marque toute une génération. Il est dessinateur. Il a aussi travaillé à titre de directeur littéraire aux éditions Mémoire et a dirigé avec l'écrivain Rodney Saint-Éloi la revue d'art et de littérature Boutures.

Georges Castera
Naissance

Port-au-Prince
Décès
(à 83 ans)
Pétion-Ville
Nationalité
Haïtienne
Activités
Écrivain, poète
Distinctions
Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde ()
Ordre national Honneur et mérite ()

Biographie


Georges Castera commence à écrire très jeune, et se fait connaitre à partir des années 1950 en publiant dans des journaux de Port-au-Prince[4]. En 1956 il part faire ses études en Europe : deux ans en France, à Montpellier, puis onze ans en Espagne, où il étudie la médecine, qu’il abandonne finalement pour se consacrer à la poésie et à la politique[5]. Il publie son premier texte en créole, Klou gagit, à Madrid en 1965.

Caricature de Georges Castera.
Caricature de Georges Castera.

Au début des années 70, il s’installe à New York, où il mène une vie d’exilé politique du fait de son opposition à la dictature des Duvalier :

« Après avoir mis fin à mes études de médecine pour me consacrer à la politique et à la poésie, une fois à New York, j’étais pour de bon en exil. Je ne pouvais plus retourner en Haïti sous peine d’être arrêté et fusillé. »

Pour Georges Castera, l’exil n’est pas mélancolique, mais l'occasion d’une ébullition artistique et militante :

« De fait, j’étais un exilé, mais sans les problèmes de l’exilé qui se morfond d’être en dehors de son pays. En réalité, je n’ai jamais laissé Haïti pendant ces moments de dictature sanglante, obscurantiste. J’étais présent par la pensée en Haïti. L’exil fut pour moi une école politique, artistique et littéraire. J’y ai découvert le théâtre et le jazz moderne, le travail en usine, le travail organisationnel, etc. Et puis, il y avait déjà aux États-Unis des milliers d’Haïtiens, une communauté à organiser. Aucune nostalgie n’avait vraiment sa place dans la lutte. »

 Menard, Nadève, « 30 – Georges Castera : De la solidarité poétique », Écrits d'Haïti. Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006),Paris édition Karthala, 2011, pp.397-406.

Son entrée en poésie est dès le début pensée comme un acte militant, en ce qu’elle s’écarte d’un chemin déjà tout tracé pour lui, comme le rappelle Lyonel Trouillot,

« Sa poésie, pourtant, ne tolère pas la nostalgie. Ce n’est pas au passé mais à la rébellion qu’elle est restée fidèle. L’entrée en poésie (en créole de surcroît, dans cette langue qui, dans les années 1950, n’est pas encore reconnue telle par les doctes comme par le grand monde), sa prise au sérieux comme un choix de vie et le lien primordial de son rapport au monde, constituera d’ailleurs la plus grande rébellion. Quand on se nomme Georges Castera fils, on se doit de devenir médecin comme son père, surtout après deux ans de France, onze ans d’Espagne. On ne transite pas quinze ans aux Etats-Unis à mener une vie d’ouvrier avant de revenir au pays les poches pleines de poèmes. »

 Trouillot, Lyonel , préface à L’encre est ma demeure, Arles, édition Actes Sud, 2006, p.9.

À New York, il publie son premier recueil de poésie en français, Le retour à l’arbre en 1974. Il travaille également avec les metteurs en scène Syto Cavé et Hervé Denis à des pièces en créole, telles que Tanbou Tibout-la bout ou Lèt ak sitron, et participe à la création de la troupe de théâtre Kouidor, qui se produit dès 1971.

Georges Castera rentre à Port-au-Prince en 1986, à la chute des Duvalier. S’ensuit pour lui une période de grande fertilité poétique : il écrit la plupart de ses essais et de ses recueils au cours des années 90 et au début des années 2000, dont Ratures d’un miroir et Les cinq lettres en 1992, Quasi parlando en 1993, Voix de tête en 1996 et Brûler en 1999, pour ne citer que ses productions poétiques francophones.

Il vivait à Pétion-Ville[6], où il continuait d’écrire. Son recueil le plus récent, Choses de mer sur blessure d'encre, a été publié en 2010.

Son neveu est le rappeur allemand Torch.


Trou du souffleur


Le Trou du souffleur est le septième recueil de Georges Castera. Publié dans la collection Francophonie des éditions Caractères en 2006, il a reçu le prix Carbet la même année. Jean-Durosier Desrivières qui signe la préface du recueil, décrit Georges Castera comme un « poète majeur de la littérature haïtienne contemporaine » [7]. Il souligne deux des principales raisons qui fondent selon lui l'importance du poète dans le paysage littéraire haïtien. Son engagement, d’abord, qu’il résume par cet aphorisme du poète : « en poésie qui frappe par l’épée / périt par l’épure ». Georges Castera fait de sa parole poétique une arme politique, qui lui permet de dire la violence d’Haïti et de Port-au-Prince, comme dans « Télégramme »,

« en Haïti STOP

mourir est une fin de semaine

comme une autre STOP »

 Trou du souffleur, Paris, Caractères, 2006, p.43.

La manière dont il manie le créole et le français, ensuite, pour sculpter au fil de leurs entrelacements un interlecte. Chaque langue travaille à l’intérieur de l’autre, si bien que Jean-Durosier Desrivières en vient à parler d’une « sextualité », source fertile de néologismes (« âmeçon », « néante-moi », ou la « catastrophe » de « Courrier du moi(s) », transformée en verbe – « je catastrophe » – puis en « cadastrophe », pour n’en citer que quelques-uns).

Le recueil est caractéristique de ce qui fait la spécificité de la poésie de Georges Castera : les images naissent d’oppositions qui s’entrechoquent, fonctionnant sur le mode de la fusion conflictuelle. Le poète y fait cohabiter les contraires, sans pour autant supprimer ni aplanir le relief des contrastes. La dualité majeure que le poète s’attache à travailler est celle qui structure la binarité vie/mort. La plupart de ses images articulent violence et sensualité ; c’est ce qui fait dire à Jean-Durosier Desrivières, en conclusion de sa préface que « les mots, acteurs au grand souffle, ancrés dans l’ambigüité, continueront à jouer au coeur de la scène de l’écriture le drame du plaisir, de la souffrance, et de la jouissance. »


Citations


Chaque figure du discours poétique est habitée par une violence symbolique, intrinsèque à la démarche métaphorique. Voici trois extraits dont les images reposent sur la conjugaison de principes antagonistes :

« […] elle est venue la mer

laver son sel dans nos larmes

elle est venue recharger en sel

sa fureur cendreuse

du même pas de mer

du même pas de terre

profonde criblée d’étoiles mortes […] »

 "Tu as l'étreinte heureuse"


« Place ta chaise

face à l’horizon

et traverse les murs avec moi


j’apprends à parler aux pierres

à parler papier plus dur que pierres


si je parle d’une voix véhémente

ferme-moi la bouche avec ta culotte

abandonnée aux cafards […] »

 "Ecriture horizon"


« En quête d’eau

l’enfant balourd a bu

le breuvage lépreux de la lampe

pour devenir tout soudain

fleurissement de la lumière

floraison de son futur


jusqu’au petit matin

il porta chose curieuse

des papillons qui se mirent

à parler et à chanter

comme l’eau introuvable des constellations […] »

 "Exploration"


Distinctions



Œuvres



Poésie en créole



Poésie en français



Théâtre



Poésie jeunesse



Notes et références


  1. Haïti - Social : Décès de l’illustre poète haïtien Georges Castera fils
  2. Le célèbre poète haïtien Georges Castera est mort à 83 ans
  3. « Le célèbre poète haïtien Georges Castera est mort à 83 ans », Rezo Nodwes, (lire en ligne)
  4. Saint-Eloi, Rodney, Georges Castera, Ile en Ile, mis en ligne le 30 septembre 2003, mis à jour le 10 janvier 2019, Disponible sur http://ile-en-ile.org/castera/.
  5. Desrivières, Jean-Durosier, « Un langage à double canon pour une traversée à fleur de sens et de sang ou le cas Castera », Écrits d’Haïti: Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006)(Dir. Nadève Ménard), Paris, Karthala, 2011, 237-248.
  6. Saint-Eloi, Rodney, Georges Castera, Ile en Ile, mis en ligne le 30 septembre 2003, mis à jour le 10 janvier 2019, Disponible sur http://ile-en-ile.org/castera/.
  7. Desrivières, Jean-Durosier, préface au Trou du souffleur, Paris, Caractères, 2006, p.13.
  8. Jessica Nazaire, « Marathon du Livre: 14 auteurs seront en signature pour la 5e édition », sur PRESSLAKAY, (consulté le )

Annexes



Bibliographie



Sources numériques



Articles connexes



Liens externes



На других языках


[en] Georges Castera

Georges Castera (27 December 1936 – 24 January 2020) was a Haitian poet and writer.[1][2] He was a founding member of the Association des écrivains haïtiens and the Atelier Jeudi Soir. He wrote in French, Haitian Creole, and Spanish. He is the uncle of german-haitian Rap Poet Frederik Torch Hahn.
- [fr] Georges Castera



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