Georges Linze, né à Liège le et mort dans la même ville le , est un poète, écrivain, animateur de revue et essayiste liégeois dont l’œuvre, proche du futurisme et marquée d'optimisme, exalte le progrès, les machines et les découvertes du monde moderne.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Georges Linze considère que l'avènement d'un monde nouveau, celui de la paix, doit avoir «un art à lui», en phase avec cette nouvelle civilisation[1]. Dès 1920, Linze publie son premier recueil, Ici, Poèmes d'Ardennes. En de la même année, avec le poète René Liège[2] et le peintre Marcel Lempereur-Haut, il décide de fonder à Liège un groupe littéraire dont le mot d'ordre est la modernité et dont le manifeste s'insurge contre toute prise de position mercantiliste[3].
En mars 1921, parait le premier numéro d’Anthologie, revue futuriste qui, jusqu'en 1940, diffuse ses théories littéraires et plastiques, publiant des poètes de toutes nationalités, italiens, espagnols, anglo-saxons, russes… La revue, cultivant un éclectisme revendiqué et dont le but est d'établir le plus de contacts possibles avec des artistes du monde entier, connait un succès international[3]. Le «Groupe d'Art moderne de Liège» voit ainsi le jour pour être rejoint, en 1925, par le peintre Fernand Steven[4].
Pionnier des émissions parlées à la radio, il est l'un des premiers à écrire des pièces pour ce nouveau média[7]. S'intéressant également à l'architecture moderne, il collabore avec la revue moderniste L'Équerre et prend part à l'élaboration de l’Exposition internationale de l'Eau de 1939 à Liège, ainsi qu'à la décoration du Palais des Congrès de Liège. Entre 1940 à 1944, il s'engage dans la presse clandestine[8] et, bien que pacifiste, rejoint la résistance armées, ce qui lui vaut la Croix de guerre[9]. La Seconde Guerre mondiale entame la confiance dans le progrès qui caractérise jusqu'alors son travail. Après la guerre, sa production reste néanmoins abondante et il publie son dernier recueil, Poème pour comprendre arbres et machines, en 1984.
Instituteur puis chef d'école, Georges Linze a en outre voyagé à travers l'Europe, l'Afrique et l'Asie en moto, véhicule dont il avait la passion[10]. Il décède à Liège en 1993, trois mois après sa compagne de longue date, Fernande Descamps, qu'il a rencontré en 1927[10] et a partagé ses passions tout au long de leur vie commune[8]. Il a pour neveu l'écrivain Jacques-Gérard Linze qui, enfant, se rend fréquemment chez son oncle pour y découvrir les livres de la bibliothèque[11].
Œuvre
Marquée par l'optimisme[10], l’œuvre de Georges Linze est abondante, composée de plus de vingt recueils de poèmes, d'une vingtaine d’essais, de plusieurs romans et de livres pour enfants. Également théoricien, il publie aussi plusieurs manifestes qui traduisent ses doutes et ses interrogations sur le sens du monde dans lequel il vit. Cherchant inlassablement la réconciliation entre l'art et la machine, proposant un lyrisme de la vie moderne, il est l'un des rares poètes à avoir célébré les progrès que la technique peut apporter dans la destinée de l'homme[12].
Georges Linze, pour lequel - à l'instar d'Achille Chavée ou de Jean Cocteau - tout est poésie, la décrit ainsi: «Une étrange phosphorescence couvre les objets les plus humbles comme si la poésie n'était que ce que les choses ordinaires ont d’extraordinaire»[13]. Les titres de ses recueils de poésie évoquent largement de ses préoccupations d'écrivain: Poème du miracle d'exister (1951), Poème d'aujourd'hui ou des délices du changement (1967), Poème de la grande invention (1968), Poème de la paix incroyable (1974), Poème de la magie de mon siècle (1976)…
En 1995, Jacques Cels définit le poète liégeois comme un «pourfendeur de tout passéisme (...) [qui] invite à fabriquer une aptitude à voir combien le transitoire et l’obsolescence de toute chose sont peut-être signes de mort, mais toujours gros d’avenir, de potentialités» dont l'œuvre poétique «ne demande qu’une lecture capable de dépasser les mots pour parvenir à retrouver l’énergie qui les porte»[14].
En 2003, Jacques Izoard décrit Linze comme un «poète sans cesse éberlué, qui nous fait partager ses surprises. Poète constamment en dehors de la poésie toute faite, apprêtée, ciselée. Linze n'y réfléchit pas à deux fois et l'ensemble de ses recueils devient une psalmodie, mais renouvelée à l'infini, sans afféterie d'aucune sorte. (...) Georges Linze ne s'encombre pas du superflu, des événements minimes; attitude mal comprise la plupart du temps. Sous-jacente, une volonté chez lui de se situer en dehors de toute contingence.»[15]
Distinctions
Georges Linze a été Vice‑Président de l'Association des écrivains belges de langue française, membre correspondant de l'Académie luxembourgeoise et membre titulaire de l'Académie internationale de Culture française. Entre autres prix, il reçoit le prix Marcel Loumaye (1929), le Prix du Reportage René Jauniaux (1945) pour le livre de guerre intitulé Les Ardennes Désolées[16], le prix des Amitiés françaises (1950) pour Le père et le fils ou les secrets[17] ainsi que le prix Félix Denayer pour l'ensemble de son œuvre (1957)[8].
Œuvres
Poésie
Ici, Poèmes d'Ardennes, éd. Anthologie, 1920
L'âme double, éd. Anthologie, 1921
Les Forces comparées, éd. Anthologie, 1922
Dix-neuf cent trente, éd. Anthologie, 1926
Pont, éd. L’Écrou, 1929
Danger de mort, poèmes, éd. Anthologie, 1933
Poèmes de la fin des villes, éd. Sagesse, n.d.
Orage sur la France, poèmes, éd. Ca ira, 1936
Poèmes de la ville survolée par les rêves, éd. Anthologie, 1948
Poème du miracle d'exister, éd. Anthologie, 1951
Poème de la mémoire de l'avenir, éd. Anthologie, 1951
Poème de la patience de l'univers, éd. Anthologie, 1963
Poème d'aujourd'hui ou des délices du changement, éd. Anthologie, 1967
Poème de la grande invention, éd. Anthologie, 1968
Poème de l'étrange prison, éd. Anthologie, 1970
Poème des bonheurs insolites, éd. Anthologie, 1971
Poème du bon dialogue universel, éd. Anthologie, 1972
Pulsation, poèmes, éd. Irène Dossche, 1973
Poème de la paix incroyable, éd. Anthologie, 1974
Poème de la magie de mon siècle, éd. Anthologie, 1976
Poème d'une logique suprême, éd. Anthologie, 1979
Poème manifeste de la fraternité et du métal, éd. Anthologie, 1979
Poème énigme des objets et du temps, éd. Anthologie, 1980
Poème science du cœur et du monde, éd. Anthologie, 1981
Poème destin des cités et des rêves, éd. Anthologie, 1982
Poème amitié du mystère et des hommes, éd. Anthologie, 1983
Poème comprendre arbres et machines, éd. Anthologie, 1984
Romans
Les enfants bombardés, éd. La Renaissance du Livre, 1936
Le fantôme de Paris ou l'homme malade, éd. La Renaissance du Livre, 1937
Sébastien ou le jeu magique, éd. La Renaissance du Livre, 1940
Marthe ou l'âge d'or, éd. L’Étoile, 1946
Le père et le fils ou les secrets, éd. La Renaissance du Livre, 1950
Les dimanches où le monde est jeune, éd. La Renaissance du Livre, 1954
Renée ou la mère héroïque, éd. La Renaissance du Livre, 1958
Essais
Avis et force du temps, éd. L’Écrou, n.d.
Propos d'art contemporain, 1923
Le prophète influencé, éd. La Renaissance d'Occident, 1928
Méditation sur la machine, éd. L’Écrou, Liège, 1930
Littérature jeunesse
Raymond Petit-Homme, 1936
Riquet en Ardennes, roman d’aventures, éd. Desoer, 1931
Les vainqueurs de l'océan, éd. Desoer, 1931
La peuplade inconnue: roman d'aventures, éd. Desoer, 1934
Raymond Petit-Homme, éd. Gordinne, 1936
Vers le nord mystérieux, éd. Desoer, 1937
Gilles Loiseau en Amérique, éd. Deoer, 1948
Bande dessinée
Morzi l'inventeur ou La découverte de l'irinium, illustré par Étienne Le Rallic (1891-1968), éd. Gordinne, 1937
Les enfants bombardes, éd. Labor littérature, 2002
Poésies 1919-1940 (préfacé par Jacques Izoard), éd. Le Taillis-Pré, 2003
Poésies 1948-1984, éd. Le Taillis-Pré, 2006
Notes et références
Interview de Georges Linze, coll. Voix de chez nous: Des Liégeois vous parlent, no catalogue MPL 012, 1982, extrait en ligne
pseudonyme de René Tilman
Nathalie Toussaint, «Modalités des échanges culturels entre les avant-gardes belges el roumaines.: Anthologie, De Driehoek, 7 Arts confrontés à Conti mporanul, Puncl el lntegral», Revue belge d'Archéologie et d'Histoire de l'Art, vol.LXVI, , p.159-161 (ISSN0035-077X)
Jacques Parisse, Actuel XX, éditions Mardaga, (ISBN978-2-8021-0006-5), p.80
Daphné de Marneffe (Thèse de doctorat), Entre modernisme et avant-garde: Le réseau des revues littéraires de l’immédiat après-guerre en Belgique (1919–1922), Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, , p.169
Ceux-ci seront rapidement rejoints par Céline Arnauld, Géo-Charles, Paul Dermée, Henry Fagne, Claire et Yvan Goll, André Salmon, Henri Vandeputte, René Verboom, Paul Werrie; cf. Edmond Vandercammen, «L’aventure collective du Journal des poètes: Communication à la séance mensuelle du 13/03/1976», Académie royale de Langue et de Littérature française, vol.LIV, no1, , p.30-31
Marc Quaghebeur et Alberte Spinette, Alphabet des lettres belges de langue française, Association pour la promotion des lettres belges de langue française, , p.258
La mort du poète Georges Linze, dépêche Belga in Le Soir, 30/01/1993, p. 9, article en ligne
Jean Marie Bentein, George Linze: L'humain et la machine, PePo, , p.28
Béatrice Libert et Jean Lacroix, «Jacques-Gérard Linze», sur www.arllfb.be (consulté le )
Jacques Stiennon, « Les Lettres latines et françaises», in Freddy Joris (dir.), Wallonie. Atouts et références d'une Région, éd. Gouvernement wallon, Namur, 1995, article en ligne
Georges Linze, Poème de la ville survolée par les rêves, éd. Anthologie, 1948; cité par Robert Frickx et Raymond Trousson, Lettres françaises de Belgique: La poésie, De Boeck-Duculot, , p.399-340
Jacques Cels, «1920-1945: La confiance et le soupçon», dans Collectif, 1920-1995: un espace-temps littéraire: 75 ans de littérature française en Belgique, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises, (ISBN978-2-8032-0017-7), p.48
Jacques Izoard, préface à Georges Linze: Poésies 1919-1940, éd. Le Taillis-Pré, 2003
«Petite Gazette : Le Prix René Jauniaux», Le Soir, , p.1
Edmond Vandercamme, «Rapport du Jury du Prix triennal du Roman (1949-1951)», Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, vol.XXXI, no1, , p.28
Voir aussi
Bibliographie sélective
Marcel Hennart, Georges Linze, Tournai, Unimuse, coll.«Le miroir des poètes»,
Exposition Georges Linze et son époque 1920-1940: Anthologie, le groupe moderne d'art de Liège du 8 au , éd. Les amis de Georges Linze, 1974
Claudine Cassart et René Moirant (préf.Jacques-Gérard Linze), Georges Linze et son époque, Bruxelles, Malgrétout, , 129p.
Claudine Cassart et René Moirant, Georges Linze de Xhovémont de Laiche: Citoyen du Monde Poétique, Bruxelles, Malgrétout, , 83p.
À propos de Georges Linze, choix de textes par Tristan Sautier, L'arbre à paroles no76, éd. Maison de la poésie d'Amay, 1993
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