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Girolamo Gigli est un poète et philologue italien, né à Sienne en 1660 et mort à Rome en 1722.


Biographie


Son père, nommé Giuseppe Nenci était d’une honnête famille de Sienne. Girolamo y naquit le . Il fil de très bonnes études, et s’appliqua surtout à l’éloquence ; mais, jusqu’à l’âge de quatorze ans, il n’annonçait rien d’extraordinaire. Il existait alors à Sienne un vieillard riche et sans héritiers, nommé Girolamo Gigli, parent assez proche du jeune Nenci, du côté de sa mère ; ce Gigli, voyant en lui l’annonce d’une bonne conduite, d’une réunion de qualités peu commune et d’une santé florissante, résolut de l’adopter, de lui donner son nom et tous ses biens, ne doutant point qu’il ne les transmît à une nombreuse postérité. Ce projet fut exécuté dans les formes légales, et avec la plus grande solennité. Le père adoptif, pressé de réaliser ses espérances, trouva promptement pour son fils un parti qui lui parut convenable, et le maria le 29 avril 1675, lorsqu’il il n’avait encore que quatorze et demi. Le vieux Gigli s’était si peu trompé dans ses calculs, que de ce mari, encore enfant, et de sa femme qui, il est vrai, était plus âgée, naquirent dans un certain nombre d’années douze enfants. Il ne vit naitre que les deux premiers, et fut emporté par une maladie, moins de quatre ans après l’adoption qu’il avait faite. Girolamo Nenci ou Gigli se trou va donc, à l’âge de dix-huit ans, possesseur d’un héritage considérable, marié, père de famille, et ne voyant devant lui que la perspective la plus riante. Son amour pour l’étude ne s’était point refroidi. Pendant ces quatre années il avait achevé sa propre éducation, et s’était mis en état de diriger celle de ses enfants. La philosophie, l’histoire, l’astronomie, la musique, l’architecture, l’avaient successivement occupé. Il y joignit l’agriculture, lorsque, maître de sa fortune, il put vérifier les théories par la pratique dans sa belle maison de campagne de Monte-Specchio, qui n’était qu’à trois milles de Sienne. La vivacité, le tour piquant et l’originalité de son esprit s’étaient montrés en même temps dans des poésies soit lyriques, soit dramatiques, tantôt sérieuses, tantôt gaies, et souvent satiriques, genre auquel il était porté par une causticité naturelle, que sa position indépendante ne l'engageait pas à contenir. Les mêmes qualités brillaient dans ses compositions en prose, où l’on trouvait aussi le même penchant à la satire. Il ne tarda pas à se faire beaucoup d’ennemis ; mais le nombre de ses admirateurs augmentait de même tous les jours. Il fut admis dans les académies les plus célèbres de l’Italie, entre autres dans celles des Intronati de Sienne, des Arcades de Rome, où il prit le nom d'Amaranto Sciaditico, et enfin dans l’Accademia della Crusca. Ce fut pour des réunions académiques plus particulières, et principalement pour le collège des nobles de Sienne, qu’il fit ses premiers drames en musique : sa Geneviève, exécutée par six pensionnaires de ce collège, eut un si grand succès qu’elle lui fut demander à Rome, à Brescia, et dans plusieurs autres villes, où elle ne réussit pas moins qu'à Sienne. Son Louis le Pieux, et plusieurs autres drames, ses cantates, ses fêtes théâtrales, composées à la demande des personnes du plus haut rang, pour des occasions d’éclat, et représentées avec toute la pompe que l’on donnait à ces sortes de fêtes, lui acquirent dans ce genre, alors nouveau, une réputation qui précéda celle d'Apostolo Zeno et de Metastasio. Il eut l’ambition de joindre à tant d’avantages ceux dont les nobles jouissaient à Sienne ; et ses amis parvinrent à le faire appeler, en 1684, à l’une des magistratures qui conféraient la noblesse.

C’était dans ce temps-là même, que ses pièces de théâtre, sérieuses et comiques, se succédaient le plus rapidement, et étaient reçues avec des applaudissements universels. La franchise de son caractère, et sa piété qui, au milieu d’une vie si dissipée, était vive et sincère, lui faisaient surtout prendre à tâche de démasquer les hypocrites, et de les attaquer dans ses comédies sans aucun ménagement. Sa traduction en prose du Tartuffe de Molière, qu’il fit jouer sous le titre de Don Pilone, ou plutôt qu'il joua lui-même sur le grand théâtre de Sienne, prouve assez quel courage et quelle chaleur il mettait dans cette guerre ouverte. Il se chargea du rôle principal, et engagea neuf de ses amis à jouer les autres, chacun selon les conformités physiques qu’il pouvait avoir avec ces divers personnages. Il alla plus loin ; il imita la prononciation, la démarche, les gestes d’un hypocrite fort connu dans la ville, et que le tribunal de l’inquisition, établi à Sienne, avait été forcé de condamner à l’emprisonnement pour des méfaits reconnus et prouvés : il s'habilla comme lui, et fit copier avec la même fidélité, par sa troupe, les personnes qui s’étaient le plus ouvertement déclarées pour ou contre ce sycophante. Que l’on juge des éclats de rire, des applaudissements, des trépignements d’une assemblée nombreuse à l’apparition de chacun des acteurs, à tous ces traits de ressemblance parfaite, et à ce que tous ces rôles de théâtre avaient d'analogue avec ceux qu’on avait vu jouer réellement dans la ville. Quelque temps après, le cardinal Ottoboni, passant à Sienne désira voir cette pièce représentée par les mêmes acteurs ; mais les dévots et les dévotes de Don Pilone se donnèrent tant de mouvement qu’ils parvinrent à empêcher que la représentation eût lieu. Gigli n'en devint que plus animé contre les hypocrites, et plus ardent à les poursuivre. Il les traita sans miséricorde dans un chant de cinquante octaves en style burlesque, qu’il lut publiquement dans une séance académique, tenue au milieu des jardins Piccolomini, devant le prélat Forteguerri, ingénieux auteur du poème de Richardet. Au carnaval suivant, il parut sur la place publique de Sienne, masqué en Don Pilone, porté dans un fauteuil commode, distribuant aux dames, dans leurs carrosses, un madrigal plaisant et satirique, détournant d'elles ses regards hypocrites, et faisant toutes les simagrées d’un vrai Tartuffe. Ces bouffonneries et les cris de ceux qu’elles attaquaient, n'empêchèrent point le grand-duc Cosme III de le nommer professeur de littérature toscane dans l’Université de Sienne. Ses leçons attirèrent bientôt une foule d’auditeurs. Cette affluence et l’avidité avec laquelle elles étaient écoutées, l'engagèrent à les rassembler en un volume, qui a été réimprimé plusieurs fois.

Il entreprit, vers le même temps, un travail difficile, qui paraissait peu analogue à un esprit aussi vif que le sien ; c’était une édition complète des Lettres et des autres œuvres de Sainte Catherine de Sienne, écrites en italien dès XIVe siècle, avec la plus grande pureté. Les manuscrits originaux, conservés chez les dominicains de Sienne, lui servirent pour corriger le texte, altéré dans toutes les éditions précédentes, et pour l’augmenter de beaucoup de pièces inédites. Il fut soutenu dans cette entreprise par son zèle pour langue de sa patrie, et par la dévotion spéciale qu’il avait pour cette sainte. Il allait tous les jours lui rendre hommage dans la chapelle où l’on en conservé la tête saine et entière ; et on l’y avait vu plus d’une fois fondre en larmes. Les travaux préliminaires de cette édition étaient terminés, et il était prêt à en commencer l’impression lorsqu’il reçut ordre de se rendre à Florence, devant le grand-duc, pour répondre à des accusations portées contre lui par des moines qu’il avait trop peu ménagés dans ses satires. Ils avaient tellement prévenu l’esprit du souverain, que Gigli sentit bien qu’il avait tout à craindre : mais il se tira de ce mauvais pas par un trait d’assurance et d’adresse qui lui réussit au-delà de ses espérances. Arrivé devant Cosme III, au lieu d’attendre, comme il le devait, que le grand-duc lui dit pourquoi il avait fait venir, et quel était le sujet de son mécontentement, il prit la parole, protesta de sou empressement à se rendre aux ordres de S. A. R., assura qu’il ne lui en avait rien coûté de quitter le travail dont il était occupé, quelque important que fût ce travail pour l’honneur de sa patrie, pour le bien de la langue toscane, et pour intérêts même de la religion : alors parla de Sainte Catherine, et de sa vie, et de ses ouvrages, et des beautés de son style ; et comme ce sujet ne manquait jamais de l’émouvoir, il se laissa entrainer à son enthousiasme, fut si éloquent, si profondément touché, qu’il émut le prince lui-même ; et celui-ci quittant le rôle de juge irrité, oublia entièrement l’objet pour lequel il avait mandé Gigli, et ne lui fit plus de questions que sur l’objet de son entreprise. L’adroit Gigli fit entendre qu’elle aurait été plus avancée s’il n’avait été retenu par les frais considérables qu’elle exigeait, et que sa fortune, déjà fort dérangée, ne lui avait pas permis de faire. Le grand-duc se chargea de lever cet obstacle ; il autorisa par un ordre exprès l’éditeur de Sainte Catherine à prendre, dans les magasins de l’imprimerie ducale, tout le papier dont il aurait besoin : et Gigli, au grand dépit de ses ennemis, remporta une grâce signalée d’une audience où ils l’avaient fait appeler pour le perdre.

Malheureusement pour lui, au lieu de devenir plus sage, il crut, après une telle épreuve, pouvoir se tout permettre impunément. La tête échauffée par l’étude continuelle des écrits de la sainte siennoise, il conçut l’idée de joindre à leur publication celle d’un vocabulaire formé des seules expressions dont elle y avait fait usage ; il se proposa d’y démontrer que dans la langue toscane, le dialecte de Sienne était préférable à celui de Florence pour la grâce, l’élégance et la pureté, malgré les prétentions des Florentins. On le lui aurait peut-être pardonné, s’il avait unis dans cette discussion délicate les précautions, les ménagements et les égards qu’elle exigeait ; mais il fit précisément le contraire. Il assaisonna ses critiques de mots piquants et dérisoires contre les Florentins et leur académie ; de sarcasmes offensants et de traits satiriques les plus aigus. Cette espèce de fureur n’avait, dit-on, d’autre cause que le refus que lui avait fait l’Accademia della Crusca d’admettre, dans son édition de 1692 quelques mots qu’il croyait suffisamment autorisés, puisqu’ils avaient été employés par la sainte. Il en avait toujours conservé un ressentiment qu’il voulut enfin rendre public en faisant imprimer Rome, en 1717, son vocabulaire en tête du deuxième volume des œuvres de Sante Catherine ; trente-quatre feuilles étaient déjà tirées, et l’on en était à lettre R quand son secret fut éventé par l’infidélité des imprimeurs. Aussitôt un décret du maitre du sacré palais arrêta l’impression, prohiba l’ouvrage ; et l’auteur fut exilé, par ordre du souverain pontife, à quarante milles de Rome. Le même décret fut réimprimé à Florence par ordre de l’inquisiteur général, et y fut publié le 1er septembre. Le lendemain les académiciens de la Crusca s'étant assembles, rayèrent Gigli de leur liste par un décret enregistré dans les actes de l’Académie, et revêtu de l’approbation du grand-duc. Le 9, ils firent brûler solennellement, par la main du bourreau et au son de la cloche du palais de justice, le livre dont on avait envoyé de Rome des exemplaires, et dont l’édition presque entière avait été saisie. La vindicte académique, secondée auprès du souverain par les jésuites, qui avaient alors un grand crédit dans cette cour, n'en resta pas là. Un ordre émané de la Secrétairerie d'État fit effacer de même le nom de Gigli du rôle des professeurs de l’université de Sienne ; le ministre y ajouta, peu de temps après, la défense de rentrer dans sa ville natale. Il reçut cette nouvelle sentence à Viterbe, où il s’était retiré. Là, il réfléchit enfin sur ses imprudences et sur leurs suites ; il se vit menacé d’une ruine entière, et sentit qu’il n’avait d’autre moyen de la prévenir que d’obtenir du grand-duc son rappel, mais qu’il le solliciterait inutilement si le Pape ne lui accordait d’abord la permission de retourner à Rome.

Heureusement il trouva un puissant appui auprès du Saint-Père dans le prélat gouverneur de Rome, Alessandro Falconieri ; mais il fallut écrire et publier une rétractation générale de ce qu’il avait écrit, puis des rétractations particulières, puis encore d’autres rétractations ; il s’humilia plus qu’on ne l’aurait attendu d’un caractère tel que le sien, et plus qu’on ne le doit faire quand il ne faut que choisir entre la honte et le malheur. Il ne réserva enfin d’autres droits que ceux du dialecte de sa patrie, et déclara qu’en désavouant les formes qu’il avait employées pour le défendre, il maintenait la question de prééminence dans toute son intégrité ; trait de zèle et de fermeté philologique qu’il n’est pas indifférent d’observer. Les désaveux eurent l’effet qu’il en avait espéré ; son exil de Rome fut levé, et peu de temps après celui de Sienne. Il y trouva porté au comble le désordre qui s’était mis depuis longtemps dans sa fortune, et que rendaient inévitable sa libéralité presque sans bornes, son goût pour la dépense, pour les fêtes, les spectacles, la bonne chère, et le défaut total de surveillance sur la conduite de ses affaires et sur la gestion de ses biens.

Sa femme était d’une humeur toute opposée, économe jusqu’à l’avarice, difficile à vivre, dévote, acariâtre, et d’un âge dont la disproportion avec le sien s’était fait sentir de plus en plus ; Gigli commençait à éprouver aussi les incommodités de la vieillesse, et se trouvait tout à la fois assailli par le malaise de sa situation, par des infirmités habituelles, et par des orages domestiques qui se renouvelaient les jours. Peu de temps après son retour de Rome, des symptômes d’hydropisie qui l’y avaient menacé augmentèrent ; il s’occupa depuis ce ment de mettre ordre à ses affaires spirituelles. Malgré l’empire que ses passions avaient pris sur lui, sa piété avait toujours été très-fervente ; elle reprit tout son ascendant. Les progrès rapides de l’hydropisie lui inspirèrent la résolution d’aller finir ses jours à Rome ; il quitta Sienne pour la dernière fois ; arrivé dans la capitale du monde chrétien, il n'y vit presque plus que son confesseur, qui était son compatriote et son ancien ami ; il se fit apporter tous ses écrits satiriques encore inédits, et qu’il avait fait venir de Sienne ; il y mit le feu de sa main, et exigea de ce bon religieux la promesse d’en faire autant de tous ceux que l’on découvrirait après sa mort. Elle arriva le . On ne trouva pas chez lui de quoi le faire enterrer avec un peu de décence ; mais l’admiration qu’on avait à Rome pour un littérateur de son mérite était telle, que des maisons religieuses se réunirent pour lui faire gratuitement des funérailles honorables, et que ses restes furent accompagnés jusqu’à la sépulture par un cortège nombreuse. Il lui fut aussi rendu de grands honneurs dans sa patrie. L’académie des Rozzi, dont le théâtre avait souvent été enrichi de ses productions, se distingua par une pompe funèbre à laquelle les lettres et les arts s’empressèrent de contribuer. On oublia les torts qu’il s’était donnés par chaleur de tempérament, par imprudence, par une haine involontaire contre tout ce qui lui paraissait blesser la vérité dans la morale comme dans les productions de l’esprit, mais où il n’entrait ni haine personnelle, ni envie, ni malveillance ; car il était au fond d’un commerce très-sûr et très-doux.


Œuvres


Ses ouvrages, de genres très divers entre eux, mais tous marqués au coin du vrai talent et du bon goût, prirent dès-lors, dans l’estime des connaisseurs, une place qu’ils ont conservée. Ils étaient beaucoup trop nombreux : l’expédition qu’il fit avant de mourir, y porta remède. On ne s'est rappelé aucun écrit important qu’il ait alors détruit ; les malices et les personnalités satiriques méritent peu d'être regrettées ; et sa réputation y a gagné sans doute dans plus d’un sens en échappant aux édition posthumes. Nous joindrons ici aux titres des principaux ouvrages qui se sont conservés de lui, des détails qui n’ont pu entrer dans la notice de sa vie.


Drames en musique, sacres et profanes



Comèdies



Autres œuvres



Notes et références


  1. Uberto Benvoglienti, cité dans l'Éloge historique de notre auteur.

Bibliographie



Liens externes



На других языках


[en] Girolamo Gigli

Girolamo Gigli (or Gerolamo;[1] 14 October 1660 – 4 January 1722) was an Italian writer and playwright.
- [fr] Girolamo Gigli



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