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Hildegarde de Bingen (en allemand : Hildegard von Bingen), née en à Bermersheim vor der Höhe près d'Alzey (Hesse rhénane) et morte le à Rupertsberg (près de Bingen), est une moniale bénédictine allemande, parfois dénommée Hildegarde de Rupertsberg[1].

Hildegarde de Bingen
Sainte catholique

Hildegarde recevant l’inspiration divine,
manuscrit médiéval.
moniale, fondatrice, mystique,
Docteur de l'Église
Naissance
Bermersheim, palatinat du Rhin, Saint-Empire romain germanique
Décès   (81 ans)
Rupertsberg (près de Bingen), palatinat du Rhin, Saint Empire romain germanique
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Béatification 1244
par Innocent IV
Canonisation  à Rome
par Benoît XVI
Docteur de l'Église  à Rome
par Benoît XVI
Fête

Docteur de l’Église[Note 1], elle a développé de nombreux talents, étant à la fois abbesse, mystique, visionnaire, illustratrice, compositrice, poètesse, fondatrice et prédicatrice franconienne. Elle est aussi une figure marquant l'apogée de la médecine monastique à la fin du Haut Moyen Âge.

Bienheureuse de l'Église catholique depuis le XIIe siècle[2], en 2012, elle a été canonisée et proclamée Docteure de l'Église par le pape Benoît XVI.


Biographie



Enfance


Retable de la chapelle Saint-Roch de Bingen, Allemagne.
Retable de la chapelle Saint-Roch de Bingen, Allemagne.

Hildegarde naît aux environs de 1098[3],[4]. Elle est la dixième enfant d'une famille noble du Palatinat, et ses parents, Hildebert et Mechtilde (Mathilde), sont probablement issus du comté de Spanheim.

« Dès sa naissance, elle fut vouée par ses parents au service de Dieu. » Hildegarde affirme avoir reçu les premières visions dans la petite enfance : « Dans la troisième année de mon âge j'ai vu une telle lumière que mon âme en a été ébranlée, mais à cause de mon enfance je n'ai rien pu en dire. »[4]


Entrée en vie religieuse


« À l’âge de huit ans, elle fut offerte à l’état religieux (selon la Règle de saint Benoît, chap. 59) et, afin de recevoir une formation humaine et chrétienne appropriée, elle fut confiée aux soins de la veuve consacrée Uda de Göllheim, puis de Jutta von Sponheim qui s’était retirée en clôture dans le monastère bénédictin de Disibodenberg »[5] sur le Rhin, dans le diocèse de Mayence.

Vers l'âge de 14 ou 15 ans, la majorité étant fixée à 12 ans pour les filles[4], Hildegarde reçut le voile des mains de l’évêque Othon de Bamberg qui, de 1112 à 1115, remplace l’archevêque Adalbert de Mayence, prisonnier de l'empereur Henri V.


Abbesse du monastère bénédictin de Disibodenberg


Devenue magistra (prieure) de la communauté, Hildegarde, à la mort de mère Judith en 1136, est élue Abbesse de Disibodenberg, à l'âge de 38 ans. Elle gouverne dès lors la partie réservée aux moniales de ce monastère double.

Cette particularité de l'abbaye de Disibodenberg, soumise à la double autorité de l'Abbé et de l'Abbesse, compliquera plus tard le transfert des moniales, rendu nécessaire par l'afflux des vocations, dans un autre lieu, Rupertsberg, au confluent du Rhin et de la Nahe, près du petit port de Bingen[4].


Fondatrice de l'abbaye de Rupertsberg


C'est entre 1147 et 1150 que Hildegarde fonde l'abbaye de Rupertsberg.


Visions consignées dans le Scivias


Article détaillé : Scivias.

« Déjà au cours des années où elle était magistra du monastère Saint-Disibod, Hildegarde avait commencé à dicter ses visions mystiques, qu’elle avait depuis un certain temps, à son conseiller spirituel, le moine Volmar, et à sa secrétaire, une consœur à laquelle elle était très attachée Richardis de Strade. Comme cela est toujours le cas dans la vie des véritables mystiques, Hildegarde voulut se soumettre aussi à l’autorité de personnes sages pour discerner l’origine de ses visions, craignant qu’elles soient le fruit d’illusions et qu’elles ne viennent pas de Dieu. C'est pourquoi elle s'adressa à la personne qui, à l’époque, bénéficiait de la plus haute estime dans l’Église : Bernard de Clairvaux. »[5]

Par la suite, elle consignera les visions qu'elle a depuis l'enfance, dans le Scivias (du latin : sci vias Dei, « Connais les voies du Seigneur »).

L'approbation du pape Eugène III lors d'un synode réuni à Trèves fin 1147 – début 1148, encouragea Hildegarde à poursuivre son activité littéraire. Elle achève le Scivias, composé en 1151. Puis elle écrit le Liber vitae meritorum entre 1158 et 1163 et le Liber divinorum operum entre 1163 et 1174.

En 1165, elle fonde l'abbaye d'Eibingen.


Prédicatrice


Vers l'âge de 70 ans, elle s'emploie à rappeler les voies de Dieu et à lutter contre le catharisme par des prédications au clergé et au peuple, d'abord dans les villes du bassin rhénan et un peu plus loin en allant par exemple à Cologne, Trèves, Metz, Wurtzbourg et Bamberg, et aussi dans des abbayes comme celle de Graufthal[6].


Pensée et travaux


Miniature de la Première partie I ; Troisième vision : Dieu, le Cosmos, et l'Humanité
Miniature de la Première partie I ; Troisième vision : Dieu, le Cosmos, et l'Humanité
Miniature de la Deuxième partie II ; Cinquième vision : La Hiérarchie de l'Église
Miniature de la Deuxième partie II ; Cinquième vision : La Hiérarchie de l'Église
Illustrations du Scivias d'Hildegarde, manuscrit de 1165
à l'abbaye Sankt Hildegard d'Eibingen.

La plupart de ses écrits sont réunis dans un grand livre (le Riesencodex) conservé à la bibliothèque régionale de Hesse à Wiesbaden en Allemagne. Bernard de Clairvaux lui-même lui a assuré que ses visions étaient des grâces du ciel.

Selon Jean-Noël Vuarnet, « En dictant, Hildegarde, comme toutes ses futures émules, croit et veut « dépasser la condition d’Ève ». Mystique militante et presque féministe, Hildegarde, visionnaire et poète, veut voir et faire voir autant et plus que faire croire »[7].


Mystique


La troisième vision du Liber Divinorum Operum.
La troisième vision du Liber Divinorum Operum.

Liber divinorum operum simplicis hominis

Liber divinorum operum ou Livre des œuvres divines est un mélange de théologie et de philosophie naturelle, où elle expose ses idées en visions cosmiques. L'organisation de l'univers et la nature de l'Homme ont pour origine commune la création divine. Les deux ne peuvent être séparés : de grandeur différente, ils ont été construits selon les mêmes proportions. Un principe d'analogie universelle fait de l'Homme un petit monde dans le grand (microcosme dans le macrocosme). L'Homme est le miroir du monde qu'il reflète par l'organisation de son corps. Dans un de ses manuscrits, conservé à Lucques, on trouve la miniature ci-contre, représentant un homme aux bras étendus dans un cercle, recevant toutes les influences cosmiques, dont le dessin sera modernisé par Léonard de Vinci dans l'Homme de Vitruve[8].

Elle se livre à une sorte d’ekphrasis mentale. Dans cette ekphrasis, elle écrit ses visions telles qu’elles lui apparaissent, en donnant sa voix à celle de Dieu qui parle par elle :

« Tout ce que j’ai écrit en effet lors de mes premières visions, tout le savoir que j’ai acquis par la suite, c’est aux mystères des cieux que je le dois. Je l’ai perçu en pleine conscience, dans un parfait éveil de mon corps. Ma vision, ce sont les yeux intérieurs de mon esprit, et les oreilles intérieures qui me l’ont transmise […] Exclusivement, j’exposais ce que m’offraient les secrets du ciel. C’est alors que je réentendis la voix, qui, du ciel, m’instruisait. Et elle disait : Écris ce que je te dis ! »[9]

Dans ses dix visions du Liber divinorum operum simplicis hominis, Hildegarde dicte à Volmar (en) ce qu’elle entend et voit. Un dialogue se crée entre voir et voix, et s’offrent à elle les Œuvres Divines du Ciel :

« Je contemplai alors dans le secret de Dieu, au cœur des espaces aériens du midi, une merveilleuse figure. Elle avait apparence humaine. La beauté, la clarté de son visage étaient telles que regarder le soleil eût été plus facile que regarder ce visage. Un large cercle d’or ceignait la tête. Dans ce cercle, un deuxième visage, celui d’un vieillard, dominait le premier visage ; son menton, sa barbe frôlaient le sommet du crâne. De chaque côté du cou de la première figure se détachait une aile… »[9]

La première vision d’Hildegarde, dans le Livre des œuvres divines, est celle de la Trinité, à l’origine de l’univers et de l’homme. L’homme, à l’image du cosmos, est une œuvre divine[10].

La troisième vision d'Hildegarde met en oeuvre l'univers où il y a sept planètes qui rayonnent sur l'homme et sur les têtes des animaux. Le vent du midi, le vent d'ouest, le vent du nord et le vent du sud « maintiennent l'énergie de l'univers tout entier et de l'homme, qui recèlent la totalité de la créature »[11]. Chacun des vents amène du bienfait ou des catastrophes tels que des inondations, des canicules, du tonnerre, de la grêle, du froid et des éclairs. L'homme les reçoit et s'unit avec eux. La pensée, la parole, l'intention et la vie affective, les quatre énergies de l'homme, ressemblent aux quatre vents selon Hildegarde. Le vent du midi apporte de bonnes choses pour l'esprit alors que le vent d'ouest lui apporte de mauvaises choses. Le vent du nord est inutile puisqu'il amène à l'humain les pensées du bien et du mal[11].


Médecine et étude des plantes


Hildegarde de Bingen est considérée comme la première naturaliste d'Allemagne[12]. Elle est aussi médecin, son double don de voyance et de guérisseuse en fait l’une des plus renommés de son temps. Sa médecine combine des éléments savants de grands auteurs, et des ressources locales de médecine populaire[1].


Physica

ou De la nature, est une description peu ordonnée de plantes et d'animaux. Elle décrit près de 300 plantes, la plupart selon une observation personnelle, 61 sortes d'oiseaux et autres animaux volants (chauve-souris, insectes…), et 41 sortes de mammifères. Les exposés visent un but thérapeutique, et Hildegarde indique les remèdes qui peuvent être obtenus à partir de chaque plante ou organe animal. Ce texte appartient plus à l'histoire de la médecine populaire qu'à l'histoire des sciences naturelles[12].

Hildegarde de Bingen utilise ainsi tout ce que la nature pouvait lui offrir en matière de traitements : les simples, mais aussi les minéraux. Ainsi, par exemple, elle écrit dans le langage imagé de son époque que :

Gouttes de rosée sur un brin d'herbe. L'émeraude contient selon elle la même vertu, celle qui réveille la nature tous les matins.
Gouttes de rosée sur un brin d'herbe. L'émeraude contient selon elle la même vertu, celle qui réveille la nature tous les matins.

« L'émeraude pousse tôt le matin, au lever du soleil, lorsque ce dernier devient puissant et amorce sa trajectoire dans le ciel. À cette heure, l'herbe est particulièrement verte et fraîche sur la terre, car l'air est encore frais et le soleil déjà chaud. Alors, les plantes aspirent si fortement la fraîcheur en elles comme un agneau le lait, en sorte que la chaleur du jour suffit à peine pour réchauffer et nourrir cette fraîcheur, pour qu'elle soit fécondatrice et puisse porter des fruits. C'est pourquoi l'émeraude est un remède efficace contre toutes les infirmités et maladies humaines, car elle est née du soleil et sa matière jaillit de la fraîcheur de l'air. Celui qui a des douleurs au cœur, dans l'estomac ou un point de côté doit porter une émeraude pour réchauffer son corps, et il s'en portera mieux. Mais si ses souffrances empirent tellement qu'il ne puisse plus s'en défendre, alors il faut qu'il prenne immédiatement l'émeraude dans la bouche, pour l'humidifier avec sa salive. La salive réchauffée par cette pierre doit être alternativement avalée et recrachée, et ce faisant, la personne doit contracter et dilater son corps. Les accès subits de la maladie vont certainement faiblir… »

Elle attribue ainsi des vertus protectrices, curatives, prédictives, purificatrices aux minéraux suivant en cela des pratiques antiques, fondées sur un symbolisme magique et religieux. Dans la mentalité médiévale, le divin et le magique ne s'excluent pas. « Il n'y a pas de jugement de valeur ni de classement hiérarchique : toutes les vertus sont présentées sur un axe horizontal qui vise à accumuler le savoir, et non à le trier ou à le jauger »[13]. Cette mentalité se retrouve dans les encyclopédies médiévales, dans les lapidaires (ouvrages sur les pierres précieuses, comme le De lapidibus ou Lapidarius de Marbode[13]) et aussi les bestiaires comme le Physiologus[12].


Causae et curae

Les causes et les remèdes débutent par un exposé sur la théorie des humeurs. Hildegarde se serait inspirée de Constantin l'Africain, et à travers lui, des médecins antiques comme Hippocrate, Galien ou Dioscoride, ainsi que des médecins arabes.

Sainte Hildegarde de Bingen représentée sur une toile à la basilique Saint-Pie-X de Lourdes.
Sainte Hildegarde de Bingen représentée sur une toile à la basilique Saint-Pie-X de Lourdes.

Elle conçoit la théorie des quatre humeurs, non pas comme des liquides organiques, mais comme des ensembles de tendances, de prédispositions et de réactions morbides, sur un double plan physique et spirituel. Elle applique cette théorie à la création de l'homme par Dieu, à partir de l'eau et de la terre. Le créateur aurait d'abord créé la forme extérieure de l'homme, puis a comblé le vide par des organes. Hildegarde reprend l'idée d'Aristote selon laquelle le cœur est le siège de l'âme et du principe de connaissance[12]. Elle s'intéresse ainsi à la mélancolie, qu'elle voit dans l'histoire de l'Homme comme une conséquence du péché originel chrétien : « Au moment où Adam a désobéi à l'ordre divin, à cet instant même, la mélancolie s'est coagulée dans son sang[14] ».

Le corps est la demeure de l'âme avec une porte, des fenêtres et une cheminée. L'âme fait entrer et sortir les pensées comme par la porte (le cœur), le cerveau est la cheminée de l'âme qui discerne et évacue les mauvaises pensées. Les fenêtres apportent la lumière, « les yeux sont les fenêtres de l'âme. On peut voir l'âme d'un homme dans ses yeux »[15].

L'ouvrage contient des indications médicales à base de symbolisme et de superstition, mais aussi quelques affirmations intuitives qui se révèleront vraies plus tard, comme le fait que la Terre tourne autour du Soleil, placé au centre du monde, que les étoiles fixes sont en mouvement, que le sang circule dans le corps[1]. Ou encore ce conseil préventif, dans Causæ et Curæ sur les maux de dents :

« Celui qui veut avoir des dents fermes et saines doit, le matin, lorsqu'il se lève, mettre de l'eau pure et froide dans sa bouche et la garder un petit moment [une petite heure], dans sa bouche pour ramollir la malignité qui se trouve entre ses dents ; ainsi, l'eau qu'il a dans sa bouche lave ses dents et, s'il le fait souvent, la malignité ne croîtra plus autour de ses dents, qui resteront saines »[15]

Hildegarde amène une importance sur l'alimentation pour prévoir et combattre la maladie. Elle recommande principalement les céréales, les fruits et les légumes tels que l'épeautre, la pomme, la châtaigne et le fenouil. Selon elle, l'épeautre est la meilleure céréale parce qu'il amène des effets positifs sur le corps après en avoir consommé. Il est très nourrissant et facile à digérer. Il aide au corps à être musclé et énergétique et au sang de mieux circuler. La pomme est utile pour toute personne qui en mange. La châtaigne est un fruit qui doit être mangée souvent puisqu'elle combat la faiblesse dans l'homme. Le fenouil est bon pour la digestion ainsi que l'apparence et l'odorat corporel[16].

La médecine populaire allemande tient aussi une large place[1]. Hildegarde fusionne des éléments multiples et variés : médecine savante et populaire, Ancien Testament et Foi chrétienne, philosophie antique et début de la scolastique. Le savoir encyclopédique d'Hildegarde serait lié à sa situation géographique, aux liaisons fluviales d'une région rhénane[17], communiquant aussi bien avec la mer noire (Danube) qu'avec la Méditerranée (Rhin, Saône, Rhône), lui donnant accès à de nombreuses sources.


Musique


Fichier audio
O frondens virga
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From Ordo Virtutum
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Hildegarde a composé plus de soixante-dix chants liturgiques, hymnes et séquences, dont certains ont fait l'objet d'enregistrements récents par des ensembles de musique médiévale notamment l'ensemble Sequentia : Ave generosa, Columba aspexit, O presul vere civitatis… Ce dernier est un hommage à Disibod, moine irlandais du VIIe siècle fondateur du monastère double de Disibodenberg, dont Hildegarde fut la biographe. L'ensemble des chants forme la collection Symphonia harmoniae celestium revelationum (Symphonie de l'harmonie des révélations célestes), qu'elle mit en musique. Ces chants sont contenus dans le Codex Villarensis conservé dans la bibliothèque de l'Abbaye de Termonde. Mais en , l'abbaye a confié le manuscrit à la bibliothèque de la Faculté de théologie de la KU Leuven pour sa conservation[18].

Compositions :

Elle a aussi composé un drame liturgique intitulé Ordo virtutum Le jeu des vertus »), qui comporte quatre-vingt-deux mélodies et met en scène les tiraillements de l'âme entre le démon et les vertus.

Les éditions sont :


Linguistique


L'alphabet qu'Hildegarde utilisa pour sa Lingua Ignota.
L'alphabet qu'Hildegarde utilisa pour sa Lingua Ignota.

Hildegarde est aussi connue dans le domaine linguistique car elle élabora, sur des principes mystiques voire apophatiques, une langue artificielle ou langue construite écrite et parlée par elle seule, la Lingua Ignota[19].


Postérité



Dans la religion


Reliquaire de 1929, église Sainte-Hildgarde (Eibingen), Rüdesheim am Rhein, Allemagne.
Reliquaire de 1929, église Sainte-Hildgarde (Eibingen), Rüdesheim am Rhein, Allemagne.

Elle meurt le atteignant tout juste 81 ans. Extrait du Martyrologe romain : « 17 septembre : Au monastère de Rupertsberg près de Bingen en Hesse, en Allemagne, sainte Hildegarde, vierge, qui, experte en sciences naturelles, médecine et musique, exposait pieusement et décrivait dans quelques livres les contemplations mystiques dont elle avait l'expérience. »

Hildegarde est enterrée au monastère de Rupertsberg, où un riche mausolée lui est élevé. Cependant, lorsqu'en 1632, pendant la guerre de Trente Ans, le monastère est détruit et incendié par les Suédois, les moniales bénédictines emportent les reliques avec elles à la chapelle du prieuré d'Eibingen qu'elles conservent jusqu'en 1929. Cette année-là, pour le 750e anniversaire de la mort d’Hildegarde, elles sont transférées à l'église paroissiale de Rüdesheim am Rhein et déposées dans une nouvelle châsse. Depuis 1857, des processions ont lieu avec ses reliques le jour de sa fête[20].


Canonisation

Hildegarde fut parmi les premiers saints pour lesquels une procédure officielle de canonisation fut appliquée, mais la procédure était si complexe qu'aucune des quatre tentatives de canonisation ne fut menée à son terme (la dernière se déroula en 1244, sous le pape Innocent IV), et Hildegarde resta une bienheureuse. Cependant, elle fut très vite qualifiée de sainte par le peuple, et à la fin du XVIe siècle, comme elle était l'objet d'une dévotion de longue date, son nom fut inscrit au martyrologe romain sans autre formalité, avec le titre de sainte[21],[22]. Cette reconnaissance est formalisée par le pape Benoît XVI en [23].

Elle est fêtée le .

La châsse contenant l'ensemble des reliques d'Hildegarde est conservée dans l'église paroissiale Sainte Hildegarde d'Eibingen (de) près de Rüdesheim am Rhein[24].

En 1965, des pèlerins allemands apportent un coffret contenant quelques reliques d'Hildegarde et de saint Bernard de Clairvaux au sanctuaire de Lourdes[25], les reliques sont actuellement conservées dans la chapelle « Pax Christi » à la basilique Saint-Pie-X de Lourdes, comme on peut le voir ci-dessous :


Docteur de l'Église

Le pape Benoît XVI la proclame Docteur de l'Église le [26],[27], faisant d'elle la quatrième femme Docteur de l'Église après Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila et Thérèse de Lisieux.

Benoît XVI, allemand tout comme Hildegarde, avait décrit dès 2010 ainsi sa vision de cette sainte :

« Cette grande femme « prophétesse » (...) nous parle avec une grande actualité aujourd’hui aussi, à travers sa capacité courageuse à discerner les signes des temps, son amour pour la création, sa médecine, sa poésie, sa musique, qui est aujourd’hui reconstruite, son amour pour le Christ et pour son Eglise, qui souffrait aussi en ce temps-là, blessée également à cette époque par les péchés des prêtres et des laïcs, et d’autant plus aimée comme corps du Christ. »

Cette reconnaissance en théologie est la plus haute de l'Église catholique, affirmant par là même l'exemplarité de la vie mais aussi des écrits d'Hildegarde comme modèle pour tous les catholiques[28],[29].


Dans les arts



Autres


L'astéroïde (898) Hildegard, découvert en 1918, est nommé en son honneur[37].


Notes et références



Notes


  1. Il est aussi possible de voir orthographier le nom au féminin. En effet, le titre Docteur de l’Église est toujours orthographié au masculin dans les textes officiels du Vatican, bien que l'Académie française ait autorisé la féminisation des titres, voir à ce titre l'article : Féminisation des noms de métiers en français. Ainsi par exemple pour Hildegarde de Bingen dernièrement, lorsqu'elle a officiellement été proclamée Docteur de l'Église, son titre a été orthographié au masculin à la fois dans la version officielle latine et dans le titre français traduit. Ce fait récent, montre que le Vatican n'a pas encore intégré ces débats de l'Académie française dans son usage et ses recommandations et que la féminisation des titres n'est pas décidée au sein de l’Église : (la) Libreria Editrice Vaticana, « Lettre apostolique pour la proclamation de sainte Hildegarde de Bingen Docteur de l'Église (7 octobre 2012) », sur vatican.va, .

Références


  1. P. Theil, L'esprit éternel de la médecine, anthologie des écrits médicaux anciens., t. 2, A.M.P.S., , p.151-152.
  2. Notice d'autorité sur Katalog der Deutschen Nationalbibliothek.
  3. La date exacte de la naissance d'Hildegarde est difficile à préciser.
  4. Régine Pernoud, Hildegarde de Bingen, coll. « Le Livre de Poche » (no 913), , 188 p. (ISBN 978-2-253-13913-3), p. 14-15..
  5. « Audience générale du 1 septembre 2010 : Sainte Hildegarde de Bingen | BENOÎT XVI », sur www.vatican.va (consulté le ).
  6. Prédications contre l’hérésie cathare in « Une femme inspirée, Hildegarde de Bingen » de Roland Grossmann, p. 247.
  7. Jean-Noël Vuarnet, Extases Féminines, Paris, Paris, , 219 p. (ISBN 978-2-218-04153-2), p. 34.
  8. Régine Pernoud 1996, op. cit., p. 87.
  9. Hildegarde de Bingen, Le Livre des Œuvres Divines, Paris, Albin Michel, , 216 p. (ISBN 978-2-226-03786-2), p. 4
  10. lhamant, « Livre des Œuvres divines, 1ère vision, sur la Trinité, d’Hildegard von Bingen — », sur www.narthex.fr (consulté le ).
  11. Régine Impr. Brodard et Taupin), Hildegarde de Bingen : conscience inspirée du XIIe siècle, Librairie générale française, (ISBN 2-253-13913-0 et 978-2-253-13913-3, OCLC 463757362), p. 93-94
  12. Réjane Bernier, Aux sources de la biologie, Montréal/Paris, Masson, , 264 p. (ISBN 0-7770-0065-2), p. 57-58..
  13. Valérie Gontero-Lauze, Les Pierres du Moyen Âge, Paris, Les Belles Lettres, , 222 p. (ISBN 978-2-251-44594-6), p. 13-14 et 19.
  14. Causae et curae, éd. Kaiser, 1903, p. 143, trad. et citation dans Jean Starobinski, L'Encre de la mélancolie, Paris, Le Seuil, 2012 (ISBN 978-2-02-108351-4).
  15. P. Theil 1976, op. cit., p. 156-159.
  16. Heinz Glessmer, Prévention et guérison selon Hildegarde de Bingen, Éditions du Rocher, dl 2020 (ISBN 978-2-268-10308-2 et 2-268-10308-0, OCLC 1182583520, lire en ligne), p. 47-53
  17. Régine Pernoud 1996, op. cit., p. 106 (édition Le Livre de Poche).
  18. (en-US) Lieve Watteeuw, « The Abbey of Saint Pieter and Paul of Dendermonde is giving the Symphonia Codex by Hildegard von Bingen (12th century) in repository to the Maurits Sabbe Library, KU Leuven | Book Heritage Lab – KU Leuven » (consulté le ).
  19. Laurence Moulinier, Un lexique trilingue du XIIe siècle : la lingua ignota de Hildegarde de Bingen, dans Lexiques bilingues dans les domaines philosophique et scientifique (Moyen Âge-Renaissance), Actes du colloque international organisé par l’École Pratique des Hautes Études-IVe Section et l’Institut supérieur de philosophie de l’université catholique de Louvain, Paris, 12-, éd. J. Hamesse, D. Jacquart, Turnhout : Brepols, 2001, p. 89-111.
  20. (de) « Le Reliquaire d’Hildegarde dans l’église paroissiale – BENEDIKTINERINNENABTEI ST. HILDEGARD » (consulté le ).
  21. Gouguenheim 1996.
  22. L. Moulinier, Et papa libros eius canonizavit : réflexions sur l'orthodoxie des écrits de Hildegarde de Bingen, dans S. Elm., E. Rebillard, A. Romano (éd.), Orthodoxie, Christianisme, Histoire. Orthodoxy, Christianity, Collection de l'École française de Rome 270, Rome, EFR, 2000, p. 177-198.
  23. (en) Cindy Wooden, "Benedict XVI formally recognises Hildegard of Bingen as a saint", Catholic Herald, .
  24. Sylvain Gouguenheim, La Sibylle du Rhin : Hildegarde de Bingen, abbesse et prophétesse rhénane, Publications de la Sorbonne, , 211 p. (ISBN 978-2-85944-297-2, lire en ligne)
  25. La Croix, « Pourquoi l’Église proclame-t-elle des saints Docteurs de l’Église ? », .
  26. Messe d'ouverture du synode.
  27. Article de Zenit du .
  28. Article d’APIC mentionnant la prochaine proclamation d'Hildegarde comme docteur de l'Église.
  29. « Brooklyn Museum: Hildegarde of Bingen », sur www.brooklynmuseum.org (consulté le )
  30. « L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau - Oliver Sacks », sur L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau - Oliver Sacks - ède Les embuscades littéraires d'Alcapone (consulté le )
  31. Claire Pelletier, Québec Info Musique, consulté en ligne le .
  32. Galileo, Québec Info Musique, consulté en ligne le .
  33. Côté, Claude, Claire Pelletier: repas astronomique, Voir, , consulté en ligne le .
  34. Le film Vision Fiche sur Cinebel.be.
  35. « Sur la planète Camille », Les Échos, ..
  36. (en) « (898) Hildegard », dans Dictionary of Minor Planet Names, Springer, (ISBN 978-3-540-29925-7, DOI 10.1007/978-3-540-29925-7_899, lire en ligne), p. 81–81

Annexes


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Éditions latines


  1. Éd. A. Führkötter - A. Carlevaris, Hildegardis Bingensis Scivias (= Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 43-43A), Turnhout: Brepols Publishers, 1978 (ISBN 978-2-503-03431-7) et (ISBN 978-2-503-03433-1).
  2. Éd. C. P. Evans - J. Deploige - S. Moens - M. Embach - K. Gärtner, Hildegardis Bingensis. Opera minora II (= Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 226A), Turnhout: Brepols Publishers, 2015 (ISBN 978-2-503-54837-1).
  3. Éd. A. Carlevaris, Hildegardis Bingensis Liber vite meritorum (= Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 90), Turnhout: Brepols Publishers, 1995 (réimpression : 2006) (ISBN 978-2-503-03901-5).
  4. gdespeville, « Structure du Scivias (Connais les voies) d’Hildegard von Bingen — », sur www.narthex.fr (consulté le )
  5. Éd. A. Derolez - P. Dronke, Hildegardis Bingensis Liber divinorum operum (= Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 92), Turnhout: Brepols Publishers, 1996 (ISBN 978-2-503-03921-3).
  6. Éd. H. Feiss - C. Evans - B. M. Kienzle - C. Muessig - B. Newman - P. Dronke, Hildegardis Bingensis Opera minora (= Corpus Christianorum. Continuatio Mediaevalis 226), Turnhout: Brepols Publishers, 2007 (ISBN 978-2-503-05261-8), (OCLC 190393293).

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Biographie


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Sur l’œuvre médicinale et savante


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[de] Hildegard von Bingen

Hildegard von Bingen (* 1098 in Bermersheim vor der Höhe (Ort der Taufkirche) oder in Niederhosenbach (damaliger Wohnsitz des Vaters Hildebrecht von Hosenbach); † 17. September 1179 im Kloster Rupertsberg bei Bingen am Rhein) war eine deutsche Benediktinerin, Äbtissin, Dichterin, Komponistin und eine bedeutende natur- und heilkundige Universalgelehrte.

[en] Hildegard of Bingen

Hildegard of Bingen (German: Hildegard von Bingen; Latin: Hildegardis Bingensis; c. 1098 – 17 September 1179), also known as Saint Hildegard and the Sibyl of the Rhine, was a German Benedictine abbess and polymath active as a writer, composer, philosopher, mystic, visionary, and as a medical writer and practitioner during the High Middle Ages.[1][2] She is one of the best-known composers of sacred monophony, as well as the most recorded in modern history.[3] She has been considered by scholars to be the founder of scientific natural history in Germany.[4]

[es] Hildegarda de Bingen

Santa Hildegarda de Bingen, perteneciente a la Orden de San Benito (en alemán: Hildegard von Bingen; Bermersheim vor der Höhe, S. I. R. G., 16 de septiembre de 1098 - Monasterio de Rupertsberg, 17 de septiembre de 1179) fue una santa, compositora, escritora, filósofa, científica, naturalista, médica, polímata, abadesa, mística, líder monacal y profetisa alemana.[1] Conocida también como la sibila del Rin y la profetisa teutónica.
- [fr] Hildegarde de Bingen

[ru] Хильдегарда Бингенская

Хильдега́рда Би́нгенская (устар. Гильдегарда[1]; ср.-в.-нем. Hildegard von Bingen, 16 сентября 1098 (1098-09-16), Бермерсхайм — 17 сентября 1179, монастырь Рупертсберг под Бингеном, Рейнланд-Пфальц) — немецкая монахиня, настоятельница-аббатиса возведённого под её руководством бенедиктинского монастыря Рупертсберг (нем. Kloster Rupertsberg). Автор мистических книг видений, первая из которых «Путеведение, или Познание путей Господних» (англ. Scivias; «Scito vias Domini»; 1152), духовных стихов, песнопений, трудов по естествознанию и медицине[2], лексикона «Неизвестный язык» (лат. Lingua Ignota). Пророчица[3]. В 2012 году канонизирована Римско-католической Церковью в лике «Учитель Церкви».



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