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Jean Pasquier, originaire de Sézanne (Marne)[1], est un poète et musicien protestant, actif à La Rochelle dans les années 1570.

Jean Pasquier
Biographie
Naissance
Sézanne
Activités
Poète, compositeur
Autres informations
Mouvement
Musique classique

Biographie


Les seules traces qu'on a de lui figurent dans les éditions citées ci-dessous[2]. Les pièces liminaires des recueils de 1575 et 1576 indiquent qu’il enseignait la musique à des jeunes filles de la bourgeoisie rochelaise, dont Freedman a supposé qu’elles pouvaient être liées à la maison de Catherine de Parthenay. Par ailleurs la dédicace du recueil de 1576 indique qu’il était familier de François de La Noue, un important chef protestant qui fut à plusieurs reprises gouverneur de La Rochelle, allant jouer de la musique dans sa maison.


Œuvres


Page de titre des Cantiques et chansons spirituelles, second livre de 1578. (c) Oxford BL.
Page de titre des Cantiques et chansons spirituelles, second livre de 1578. (c) Oxford BL.

Pasquier est un des poètes qui ont substitué des textes chrétiens - catholiques ou protestants - aux textes profanes des chansons d’Orlande de Lassus, le Divin Orlande. En cela, il suit l’exemple de l’imprimeur londonien Thomas Vautrollier, qui avait édité en 1570 un recueil de ses chansons adapté à des vers catholiques[3] ; et il précède le pasteur genevois Simon Goulart, qui préparera plusieurs éditions de ce type dans les années 1570 et 1580 à Genève[4] de même que d’autres recueils utilisant cette fois des pièces de Guillaume Boni ou d’Antoine de Bertrand.

Le procédé, connu sous le nom de contrafactum, était assez ancien, et a été largement utilisé par les Protestants profiter de la vogue de telle chanson ou de tel compositeur pour diffuser efficacement leurs convictions, et ceci dès les premiers temps de la Réforme. Le procédé sera aussi repris par les Catholiques, à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Dans les deux cas, l’argument qui justifiait le procédé était que la beauté intrinsèque de la musique ne pouvait être mise au service de paroles impudiques, mais au contraire ne devait servir que la gloire de Dieu. Outre cet objectif, ce type de publication rendait la musique de Lassus accessible aux personnes dont les oreilles devaient rester chastes, à savoir les jeunes filles[5].

Il arrivait aussi, comme c’est le cas à Genève, que les recueils ainsi contrefaits prennent l’apparence des recueils originaux publiés à Paris par Adrian Le Roy et Robert Ballard, ajoutant ainsi une similarité graphique à une similarité musicale[6].

Dédicace de Pasquier à Catherine de Parthenay, dame de Rohan, datée du et publiée dans Freedman 2001 p. 190. Pasquier inclut également un sonnet pour les jeunes filles à qui il enseigne la musique : Marie Blanc, Judith Mage et Jaquette Rolland.
Liste des chansons dans Freedman 2001 p. 154-155, avec comparaison sur le Mellange d’Orlande publié par Adrian Le Roy et Robert Ballard en 1570.
Dédicace de Jean Pasquier à François de la Noue datée du et transcrite dans Freedman 2001 p. 191-192. Pasquier inclut également un sonnet pour trois autres jeunes filles de ses élèves : Susanne Poussart, Elisabeth de la Forest et Esther Boisseau.
Cette édition n’est pas conservée avec toutes ses parties, mais les parties manquantes sont faciles à reconstituer d’après les éditions profanes. Liste des chansons dans Freedman 2001 p. 156, avec comparaison sur le Mellange d’Orlande publié par Adrian Le Roy et Robert Ballard en 1570.

La dédicace de Pasquier de 1575 annonce qu'il a choisi de restaurer un sens spirituel à la musique de Lassus :

« Entre tous les Musiciens de notre siècle Orlande de Lassus semble (et à bon droit) mériter la meilleure place pour l'exellence et admirable douceur de sa musique [...] Voyant [sa musique] neantmoins employee à des chansons si profanes, si sales et impudiques que les oreilles chastes et chrestiennes en ont horreur, j’ay pensé que je ferois devoir de chrestien si, repurgeant ces tresgracieux et plaisans accords de tant de villenies et ordures dont ils estoient tous souillez, je les remettois sur leur vray et naturel suject, qui est de chanter la puissance, sagesse et bonté de l'Eternel.  »

C'est probablement à Pasquier qu'on doit d'avoir fait imprimer chez Haultin quatre recueils de motets de Lassus répartis par nombre de voix :

Continuant sur sa lancée, Pasquier édite deux autres volumes de musique chez le même imprimeur :

Les deux volumes portent la même dédicace au lecteur où, là encore, Pasquier revendique de ramener la musique à son vray but, qui est de glorifier ce grand Dieu. Elle est transcrite dans Freedman 2001 p. 192-193. les volumes contiennent des pièces de beaucoup des musiciens protestants de l’époque, et notamment Claude Goudimel, Didier Lupi Second, Étienne Du Tertre, Villefont, etc. mais aussi des pièces anonymes.

Des éditions piratées


Après Guillaume Morlaye (1551) et avant Guillaume Boni (1576) et Claude Le Jeune (1583), Roland de Lassus est un des premiers compositeurs pour lesquels le roi délivre un privilège en nom propre, pour leur permettre d’imprimer leurs œuvres par l’imprimeur de leur choix et les protéger contre la contrefaçon. Cette pratique dérogeait à la pratique habituelle, généralisée par l'édit de Moulins en 1566, selon laquelle le privilège était obtenu par l’imprimeur, pour tous les auteurs ou les musiciens dont il publiait les œuvres. Le privilège octroyé à Lassus par Charles IX, probablement par l’entremise d’Adrian Le Roy au moment où l’atelier d'Adrian Le Roy et Robert Ballard commence à diffuser largement sa musique, le protégeait donc contre toute contrefaçon dans les limites du royaume de France[7].

Les deux éditions préparées par Jean Pasquier à La Rochelle, imprimées dans le royaume sans le consentement de Lassus et sans mention de son privilège, constituent donc des infractions à ce privilège. La situation de La Rochelle comme place forte protestante, à cette époque, permettait d’imprimer ce qu’on voulait sans que le pouvoir royal n’ait des moyens efficaces d’intervenir pour faire respecter les privilèges ou même la censure. En revanche, les éditions de Vautrollier à Londres ou de Goulart à Genève ne constituaient pas des infractions puisque, jusqu'à la fin de l'Ancien régime, les privilèges d’imprimeur n'ont eu force de loi que dans les limites du royaume.


Notes


  1. Origine citée par Du Verdier vol. II p. 490, et dans la préface des recueils de 1578.
  2. Il est absent des recueils de poésie contemporains, et notamment inconnu de Lachèvre 1922.
  3. Recueil du mellange d’Orlande de Lassus, contenant plusieurs chansons tant en vers latins qu’en ryme françoyse, à quatre et cinq parties. Londres : Thomas Vautrollier, 1570. RISM L 835, Bötticher 1570ω.
  4. Thrésor de musique d'Orlande de Lassus…, 1576, seconde édition augmentée en 1582, troisième édition revue en 1594.
  5. Point souligné par Jostock 2007 p. 207.
  6. Sur ce point, voir Guillo-Noailly 1988 p. 111-113.
  7. En voici le texte, transcrit d’après le Tertius liber modulorum quinis vocibus constantium, Orlando Lassusio auctore (Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1573) : Il a pleu au Roy ottroyer à Orlande de Lassus, Maistre compositeur de musique privilege et permission de faire imprimer par tel imprimeur du royaume que bon luy semblera la musique de son invention estant par luy revue et remise en tel ordre qu'il adviseroit et aussi de faire imprimer celle qui n'a encore esté par cy devant mise en lumiere sans que pendant le temps de dix ans aucun autre imprimeur que celuy auquell ledit de Lassus auroit baillé ses copies et permission se puisse ingerer d'en imprimer ne mettre en vente ne porcion d'icelle si ce n'estoit du consentement de l'un ou de l'autre soubz les peines contenues esdittes lettres, et qu'en mettant ledit privilege ou extraict d'icelluy au commencement ou à la fin desditz livres imprimez il soit tenu pour bien et dûment signifié à toutes personnes que besoin seroit et tout ainsi que si la notification leur en avoit esté particulierement faitte. Donné à Fontainebleau le XXV. jour de Juillet l'an de grâce mil cinq cens lxxi et de son regne l'onziéme. Par le Roy. Signé de Neufville sous le contrescel de la Chancellerie en cire jaune.

Bibliographie



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