Louise Bertin naît à Bièvres[1] dans la propriété familiale, dont elle hérite plus tard[2]. Elle est la fille de Louis-François Bertin († 1841), directeur du Journal des débats et de Geneviève-Aimée-Victoire Boutard[3]. Avec l'arrêt momentané de son activité de journaliste par la suppression de la presse indépendante en 1811 et de l'infirmité de sa fille, incapable de toute activité physique, son père s'occupe personnellement de l'éducation de l'enfant. Sa mère, qui était pianiste, lui enseigne sans doute l'instrument[4]. Elle grandit dans un milieu artistique et littéraire. Son énergie est canalisée dans la peinture et la poésie ainsi que la musique[5].
L'Académie royale de musique (vers 1820), où sont données les représentations de La Esmeralda en 1836.La soprano dramatique Cornélie Falcon en costume de Esméralda (gravé par Louis Maleuvre, 1836).
Elle se forme en privé auprès de François-Joseph Fétis pour le chant, ainsi qu'à la tradition des compositions de style italien. Pour le contrepoint elle se tourne vers Reicha[6] — un ami de Haydn, dans la mouvance allemande des compositions de Mozart, Beethoven et Weber — également professeur de Berlioz et Liszt.
Les œuvres principales de Louise Bertin, sont des opéras, Fausto (1831) et un opéra-comique, le Loup-garou (24 représentations en 1827), qui obtiennent un succès honorable à la salle Favart. En 1836, l’Opéra (Académie royale de musique) donne une œuvre plus importante, La Esmeralda — avec Cornélie Falcon dans le rôle-titre — qui n'est jouée que six fois, lors de représentations houleuses dues aux querelles politiques dirigées contre le Journal des débats fondé par son père Louis-François Bertin[7]. Le livret écrit par Victor Hugo à partir de son drame Notre Dame de Paris est également sous le coup de la censure (d'où le changement de titre)[8], Hugo est alors un poète avec de nombreux détracteurs: en 1832 c'est la « bataille d'Hernani » et sa pièce Le roi s'amuse est interdite, après une unique représentation… Franz Liszt réalise une réduction chant et piano de l'œuvre[9],[10].
Louise Bertin ne jouit pas de la reconnaissance due à la qualité de ses compositions, en raison aussi de la condescendance des critiques envers une femme handicapée[6] (à la suite d'une poliomyélite, elle se déplace avec des béquilles) qui voient dans ses compositions des «consolations à ses infirmités physiques» (journal Le Siècle), alors que Berlioz, qui dirige les répétitions à l'Opéra, atteste dans sa correspondance des qualités musicales et des nouveautés harmoniques d'une œuvre qu'il qualifie de « virile, forte et neuve ». Si «l’opéra survole largement les productions lyriques de l’époque»[10], l'échec de La Esmeralda détourne la compositrice de la scène[9].
On lui doit également douze cantates, quelques œuvres instrumentales dont six ballades pour piano, cinq symphonies de chambre (toutes restées en manuscrits), ainsi que, dans le domaine de la poésie, deux recueils de vers.
Reviens!, fantaisie pour piano sur une romance de M. L. M., 1878
Poésies
Les Glanes; A. René, 1842. Recueil couronné par l'Académie française[14] [lire en ligne]
Nouvelles Glanes; Charpentier, 1876
Si la mort est le but, mélodie, pour contralto. Poème de Louise Bertin, musique de Charles Gounod, 1866, et Maurice Desrez, 1921
L'amour (Dans le sentier, la violette), musique de Napoléon Henri Reber.
Hommages
Hector Berlioz lui a dédié la première version, pour chant et piano, de son cycle de mélodies Les Nuits d'été, op.7, en 1841.
Enregistrement
La Esmeralda - Maya Boog, soprano (La Esmeralda); Manuel Nùñez Camelino, ténor (Phoebus); Francesco Ellero d'Artegna, basse (Claude Frollo); Frédéric Antoun (Quasimodo) et Yves Saelens (Clopin), ténors; Eugénie Danglade, mezzo-soprano (Fleur de lys); Eric Huchet, ténor (Vicomte de Gif); Marie-France Gascard, mezzo-soprano (Madame Aloïse de Gondelaurier); Evgueniy Alexiev (Monsieur de Morlaix), Marc Mazuir (Monsieur de Chevreuse), barytons; Sherri Sassoon-Deshler (Diane), Alexandra Dauphin-Heiser (Bérangère), mezzo-sopranos; Chœur de la Radio lettone; (chef de chœur: Sigvards Klava, dir. Muriel Bérard); Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, dir. Lawrence Foster (Montpellier , 2CD Accord B002698DCU)[15] (OCLC 758627320)
Hector Berlioz, «Six ballades par Mlle Louise Bertin», dans Journal des débats, .
Hector Berlioz, Mémoires, chapitre XLVIII (éd. 1870) [lire en ligne].
François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique. [vol. 1], Paris, Librairie Firmin Didot, 1866–1868, 522p. (OCLC614247299, lire en ligne), p.384
Georges D’Heylli, Gazette anecdotique, littéraire, artistique et bibliographique, t.3, Paris, Librairie des Bibliophiles 1877, p.336.
Michel Brenet, «Quatre femmes musiciennes»: Louise Bertin, L’Art 2e série, tome 4 (1894), p.177-183, [lire en ligne].
Alphonse Séché, Les Muses françaises: Anthologie des femmes poètes, Paris, L. Michaud, , 408p. (lire en ligne), p.261 sqq
Ouvrages modernes
(en) Denise Lynn Boneau (thèse de doctorat), Louise Bertin and Opera in Paris in the 1820s and 1830s, Université de Chicago, 1989 (OCLC 470702441), (BNF41406698)
(de) Rémy Campos, «Bertin, Louise», dans MGG Online, Bärenreiter et Metzler, .
(en) Hugh Macdonald, «Bertin, Louise », dans Grove Music Online, Oxford University Press,
Joël-Marie Fauquet, «Bertin, Louise-Angélique», dans Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Fayard, , xviii-1406 (ISBN2-213-59316-7, OCLC936927646, BNF39052242), p.137–138.
Florence Launay, Les Compositrices en France au XIXesiècle, Paris, Fayard, , 544p. (ISBN2-213-62458-5, OCLC191078494, BNF40145281), p.34–35, 414–422.
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