La fratrie compte sept enfants, quatre filles et trois garçons. Son grand-père est un pionnier de la photographie, Ange Tomasi, son père est le maire de Fréjus, André Léotard, et son frère est un homme politique, François Léotard. Il se présente comme «l'arrière-arrière-petit-neveu du clown Léotard qui fonda le cirque Bouglione et inventa l'art du trapèze volant et le justaucorps des danseuses[4]», bien qu'on sache aujourd'hui que Jules Léotard n’était pas clown, qu'il n’a rien à voir avec le cirque Bouglione et qu'il n’a pas eu de neveu.
Enfant, il est atteint de la maladie de Bouillaud qui le cloue au lit, chez sa grand-mère à Ajaccio. Cette épreuve est pour lui l'occasion de lire beaucoup en puisant dans la bibliothèque familiale[5]. Il lit les poètes et il aime particulièrement Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Cendrars… Il lit Victor Hugo, Flaubert… Il finit par retrouver la santé.
Formation et carrière
À 18 ans, en 1958, il s'engage dans la légion étrangère à Bonifaccio, mais n'y reste pas[4]. Élève d'hypokhâgne au lycée Henri-IV en 1958-1959, Philippe Léotard poursuit ses études à la Sorbonne où il obtient une licence de lettres[6]. C'est là, dans le cadre de l'ATEP (Association théâtrale des étudiants de Paris), qu'il rencontre Ariane Mnouchkine avec qui il fonde le Théâtre du Soleil en 1964. Parallèlement il est professeur de lettres et de philosophie au collège Sainte-Barbe jusqu'en 1968. Il quitte le Théâtre du Soleil et joue, avec le Théâtre national populaire, Les Anges meurtriers en 1970.
Puis, tout en continuant le théâtre, il s'oriente vers le cinéma grâce à Claude Sautet et François Truffaut. Figurant dans Domicile conjugal en 1970, il poursuit son apprentissage avec François Truffaut qui lui offre un petit rôle dans Les Deux Anglaises et le Continent en 1971[7]. Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier marque son premier premier rôle. Son premier grand succès est Le Chat et la Souris de Claude Lelouch en 1975. Cette même année, il apparaît dans la distribution américaine de French Connection 2 de John Frankenheimer. En 1977, il est sélectionné pour le César du Meilleur second rôle pour Le Juge Fayard dit «le Shériff» d'Yves Boisset. En 1983, il reçoit le César du meilleur acteur pour son rôle dans La Balance de Bob Swaim[8]. La même année, il interprète un commissaire qui enquête sur plusieurs assassinats sur fond de trafic de drogue et, dans Tchao Pantin de Claude Berri, donne la réplique à Coluche, qui interprète un autre blessé de la vie. Cette période correspond à l'apogée de sa carrière cinématographique composée de près de 80 films. Par la suite, il se dirige vers un cinéma plus intimiste avec des films comme Adieu Blaireau, Rouge-gorge, Le Paltoquet, Jane B. par Agnès V. et Le Sud.
Tardivement, dans les années 1990, il se lance dans une carrière de chanteur avec le concours du compositeur et accordéoniste Philippe Servain. Ses deux premiers albums À l'amour comme à la guerre et Philippe Léotard chante Léo Ferré, un an après la mort de Ferré, sont récompensés par le prix Charles-Cros. Il reçoit le Grand prix des poètes de la SACEM en 1997. Cette même année, il interprète son dernier rôle dans un court-métrage La Momie à mi-mots de Laury Granier.
Vie privée
La drogue et l'alcoolisme poursuivent Philippe Léotard toute sa vie. Sa voix de plus en plus abîmée en porte les traces. En 1993, au Printemps de Bourges, alors que son frère est ministre de la Défense, il se proclame «ministre de la défonce[9]». En 1995, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis pour un trafic de cocaïne. En 1999, du fait de son mode de vie, il est brièvement hospitalisé à la suite d'un malaise sur un tournage[8].
Il se marie avec l'actrice Liliane Caulier avec qui il a deux enfants: Frédéric, décorateur de cinéma et artiste peintre, connu sous le nom de Frédéric Léotard, et Laetitia. Il rencontre en 1972 l'actrice Nathalie Baye pour qui il quitte alors femme et enfants. Leur liaison dure jusqu'en 1981. En 1986, il se lie avec Emmanuelle Guilbaud[10] qui lui redonne goût à la vie et lui donne une fille, Faustine.
Il meurt le à l'âge de 60 ans d'une insuffisance respiratoire, dans une clinique parisienne où il est hospitalisé depuis deux mois[4]. Ses obsèques se déroulent au cimetière du Père-Lachaise où il est incinéré. Ses cendres sont déposées par la suite au cimetière du Montparnasse (9edivision).
Théâtre
1967: La Cuisine d'Arnold Wesker
1971: Les Anges meurtriers de Conor Cruise O'Brien, mise en scène Joan Littlewood, Théâtre de Chaillot
1973: Liola de Luigi Pirandello, mise en scène Henri Delmas et Gabriel Garran, Théâtre de la Commune Aubervilliers, avec Nathalie Baye
1981: L'Été dernier à Tchoulimsk d'Alexandre Vampilov, mise en scène collective Jean Bouise, Colette Dompietrini, Claude Lochy, Isabelle Sadoyan, Philippe Léotard, TNP Villeurbanne
1983: Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès, mise en scène Patrice Chéreau, Théâtre Nanterre-Amandiers, TNP Villeurbanne
1986: American Buffalo de David Mamet, mise en scène Marcel Maréchal, Théâtre Tristan Bernard
Filmographie
Acteur de cinéma
Longs métrages
1970: Domicile conjugal de François Truffaut: l'homme ivre
1971: Max et les Ferrailleurs de Claude Sautet: Losfeld
1971: Les Deux Anglaises et le Continent de François Truffaut: Diurka
1972: Rak de Charles Belmont: Lucien
1972: Le Mot frère et le mot camarade de René Vautier
1972: Une belle fille comme moi de François Truffaut: Clovis Bliss
1972: Le Franc-tireur de Jean-Max Causse: Michel Perrat
1972: Avoir vingt ans dans les Aurès de René Vautier: le Lieutenant Perrin
1973: Juliette et Juliette de Remo Forlani: le dragueur de Juliette Vidal
1973: Chacal de Fred Zinnemann: le gendarme assassiné par le Chacal
1973: Kamouraska de Claude Jutra: Antoine
1974: Le Milieu du monde d'Alain Tanner: Paul
1974: Pas si méchant que ça de Claude Goretta: Julien
1974: La Gueule ouverte de Maurice Pialat: Philippe, le fils
1974: La guerre du pétrole n'aura pas lieu de Souheil Ben Barka: Padovani
1974: Les Conquistadores de Marco Pauly
1975: Le Chat et la Souris de Claude Lelouch: Pierre Chemin
1975: La Traque de Serge Leroy: Paul Danville
1975: French Connection 2 de John Frankenheimer: Jacques
1976: Le Bon et les Méchants de Claude Lelouch: le vendeur de Citroën
1976: Vincent mit l'âne dans un pré (et s'en vint dans l'autre) de Pierre Zucca
1976: L'Ombre des châteaux de Daniel Duval: Luigi
1976: La Communion solennelle de René Féret: Jacques Gravet
1976: La Comédie du train des Pignes de François de Chavanne: le comédien
1977: Va voir maman, papa travaille de François Leterrier: Vincent
1977: Le Juge Fayard dit «le Shériff» d'Yves Boisset: l'inspecteur Marec
1978: Judith Therpauve de Patrice Chéreau: Jean-Pierre Maurier
1979: La Mémoire courte de Eduardo de Gregorio: Frank Barila
1979: L'Empreinte des géants de Robert Enrico: Lucien Chabaud
1980: La Petite Sirène de Roger Andrieux: Georges Maréchal
1980: Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier: le docteur Sabouret
1981: Les babas cool ou Quand tu seras débloqué, fais-moi signe! de François Leterrier: Blaise
1981: Une rébellion à Romans de Philippe Venault: Jean Serve, dit «Paulmiers»
1982: Le Choc de Robin Davis: Félix
1982: Mora de Léon Desclozeaux: Mora
1982: Hiver 60 de Thierry Michel: André
1982: Paradis pour tous d'Alain Jessua: Marc Lebel
1982: La Balance de Bob Swaim: André Laffont, dit «Dédé»
1983: Tchao Pantin de Claude Berri: Bauer
1984: La Pirate de Jacques Doillon: no5
1984: Les Fauves de Jean-Louis Daniel: Léandro Santini
1984: Femmes de personne de Christopher Frank: Antoine
1984: Ni avec toi, ni sans toi d'Alain Maline: Pierre
1984: Adieu blaireau de Bob Decout: Fred
1985: Tangos, l'exil de Gardel de Fernando E. Solanas: Pierre
1985: Rouge-gorge de Pierre Zucca: Louis Ducasse
1985: L'Aube de Miklós Jancsó: Gad
1986: Exit exil de Luc Monheim: le Duc
1986: L'État de grâce de Jacques Rouffio: Pierre-Julien
1986: Le Paltoquet de Michel Deville: l'honorable commerçant
1987: Jane B. par Agnès V. d'Agnès Varda: le peintre / le meurtrier
1987: Le Testament d'un poète juif assassiné de Frank Cassenti: Bernard Hauptmann
1987: Si le soleil ne revenait pas de Claude Goretta: Arlettaz
1988: L'Œuvre au noir d'André Delvaux: Henri-Maximilien
1988: La Couleur du vent de Pierre Granier-Deferre: Pierre
Philippe Léotard, Portrait de l'artiste au nez rouge, éd. Balland-Égée, 1988 (ISBN2715807201).
Philippe Léotard, Pas un jour sans une ligne, éd. Les Belles Lettres, 1992 (ISBN225144002X).
Philippe Léotard, Clinique de la raison close, éd. Les Belles Lettres, 1997 (ISBN2251440992).
Discographie
avant 1970: Les citations du président Mao Tse-Toung, texte dit par Philippe Léotard, Marie Danièle et Jean-Marie Verselle; produit par Didier Appert; Collection "Connaissance de la pensée universelle" no1
1990: À l'amour comme à la guerre
Produit par Éric Gleizer. Arrangements et réalisation de Philippe Servain - Gorgone productions
Larvatus prodéo
À l'amour comme à la guerre
Drôle de Caroline
Chte play plus
Cinéma
Jeune fille interdite
Parfaitement, parce que
Suave mari magno
Demi-mots amers
Un requin drôle
Mon cœur et le monde bougent
Autoroute zéro
1994: Philippe Léotard chante Léo Ferré
Produit par Éric Gleizer. Paroles et musiques de Léo Ferré. Arrangements et réalisation de Philippe Servain - Gorgone productions
Produit par Éric Gleizer, arrangements et réalisation de Philippe Servain, Gorgone productions.
Complainte corse
Madame
Jolie groupie
Souviens-toi
Quinquagénaire
Papa tu parles trop, chante si tu as le blues!
Le Pou se fout de tout
Le Bateau ivre
Nos chagrins
Faut que j'te cause
Verrà la morte...
Ancien combattant
Distinctions
Récompenses
César 1983: César du meilleur acteur pour La Balance.
Académie Charles-Cros 1990: Grand Prix pour son album À l'amour comme à la guerre
Académie Charles-Cros 1994: Grand Prix pour son album de reprises Léo chante Ferré
Nomination
César 1978: César du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Juge Fayard dit Le Shériff
Hommages
Dans un livre intitulé À mon frère qui n'est pas mort, publié en 2003, François Léotard rend hommage à Philippe. Il évoque leur enfance, et dit son amour pour les femmes, l'alcool, la nuit. S'adressant à son frère qui était doué d'une grande imagination, aimait à raconter des histoires et se sentait capable d'incarner tous les rôles, François Léotard écrit: «[…] faussaire au grand jour et tu l'étais un peu plus que d'autres, racontant la Légion où tu n'avais jamais mis les pieds, les aigles de notre grand-père qui volaient dans ta tête seule.»
Le chanteur Claude Nougaro a dit à propos de lui[11],[12]:
«J'aime les grands brûlés. Eux seuls répandent cette poignante odeur des fraîcheurs primordiales. J'aime les grands acteurs, avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir, à claquer, à brandir. J'aime les saints, leurs couronnes d'épines brillantes des rosées de l'âme. J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes, qui claudiquent sur les marelles du mystère d'être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les bâillons du monde. Je t'aime, Philippe Léotard.»
Notes et références
Extrait de naissance no2 066/1940.
Extrait de décès no11/448/423/2001.
(fr) «Biographie», sur www.biosstars.com (consulté le )
«Philippe Léotard inhumé ce mardi», L'Obs, (lire en ligne, consulté le )
À mon frère qui n'est pas mort, François Léotard, p.185
«Moi, je pourrais être ministre de la défonce. Chacun son truc, il vendra des missiles et moi des pétards. Pour nous distinguer, ce n'est pas difficile. Lui, c'est Léotard. Moi, c'est Monsieur Léotard.»Le Monde, 24 avril 1993.
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