Théodore Aubanel (né Joseph Marie Jean Baptiste Théodore Aubanel, Teodòr Aubanèu en occitan), né le à Avignon, ville où il meurt le , est un imprimeur et poète d'expression occitane provençale.
Né dans une famille d'imprimeurs exerçant déjà à Avignon[1] pour le compte du Pape et de l'archevêque d'Avignon au XVIIIesiècle, alors que la ville appartient encore aux états pontificaux, depuis la vente de la Reine Jeanne. Ses parents sont Laurent-Joseph Aubanel (1784-1854) et Marie-Suzanne Seyssau (1787-1857) de Monteux. Théodore Aubanel a une sœur, Marie-Thérèse (1814-1883) et deux frères: le peintre Joseph (1816-1879) et Charles (1827-1880) qui a repris avec lui la gestion de l'imprimerie de leur père[1]. Charles sera le grand-père du manadier Henri Aubanel. Ce dernier avait épousé Riquette de Baroncelli-Javon, fille du marquis Folco de Baroncelli, créateur de la "Santenco" aux Saintes-Maries de la Mer et propriétaire du Palais du Roure à Avignon.
Il fait ses études dans une école catholique d'Aix-en-Provence avant de revenir travailler dans l'imprimerie familiale. Très catholique, il suit les réunions de la "Société de la Foi" où il fait la connaissance du poète et libraire Joseph Roumanille[2] qui sera comme lui un "félibre", ami de Frédéric Mistral. Celui-ci lui présente Frédéric Mistral de Maillane et Anselme Mathieu de Chateauneuf du Pape. Tous se retrouvent au château de Font-Ségugne, sur la commune de Châteauneuf de Gadagne, pour créer vers et chansons en langue provençale en cours de codification. Ce faisant, ils participent à la renaissance provençale qui conduira à des idées fédéralistes.
C'est là qu'Aubanel rencontre en 1850 Jenny Manivet, dite "Zani". Amoureux tous les deux, les jeunes gens n'arrivent pas à s'avouer leur flamme, la jeune fille entre dans l'ordre des Filles de la Charité[3], Sœur Clémentine en religion et part pour Paris (hôpital Necker), puis Galatz en Roumanie. En 1854, les sept amis de Font-Ségugne fondent, le jour de la Sainte Estelle, le Félibrige dont Aubanel sera le poète le plus profond et le plus désespéré. En 1860, il publie La mióugrano entre duberto (La grenade entr'ouverte) qui reçoit un accueil enthousiaste du monde littéraire et où il chante son amour pour Zani. Mais l'ouvrage est mis à l'index par les catholiques[4] traditionnalistes avignonnais dont il a été proche, mettant en danger l'imprimerie familiale liée à l'archevêché d'Avignon[5]. Il se marie en avril 1861 avec Joséphine Mazen de Vaison-la-Romaine, sœur de l'épouse de son frère Charles, Marie. Théodore retrouve un certain bonheur de vivre, mais ne publie plus toutes ses œuvres et se contente de faire imprimer les plus importantes. Son fils unique, Jean de la Croix Aubanel (1865-1942), épouse en 1888 Cécile Cassin, fille du docteur Charles Cassin et d'Anaïs de Meynier, et éditera ses œuvres posthumes. Théodore avait entretenu une relation suivie avec Stéphane Mallarmé quand celui-ci était professeur d'anglais au lycée de Tournon-sur-Rhône et a correspondu avec lui. Il est également proche de Villiers de l'Isle-Adam.
Des malentendus avec Joseph Roumanille en 1878, au moment où le Félibrige est accusé de séparatisme politique (ou de fédéralisme) par certains journaux, l'éloignent du mouvement à partir de 1880. C'est la sortie confidentielle en 1885 d'un autre recueil, ouvertement sensuel, Li fiho d'Avignoun (Les filles d'Avignon) qui précipite sa fin: il est violemment attaqué par le milieu dévot et blâmé par l'archevêque d'Avignon. Il se retire alors à Villeneuve, sur la rive droite du Rhône, où il achète dans la garrigue le Mas de Carles (appellé à l'époque: "La Carlisle").
Il meurt d'une crise d'apoplexie intervenue le 31 octobre 1886. Il est enterré au cimetière Saint-Véran d'Avignon.
Avec Roumanille et Mistral, Aubanel est l'un des trois piliers du Félibrige (il en sera majoral à partir de 1876). Aux deux recueils de poésies publiés de son vivant, La mióugrano entre duberto[4] et Li fiho d'Avignoun[3], il faut ajouter un drame en vers, Lou pan dòu pecat (Lo pan dòu pecat, Le pain du péché), joué en 1878, ainsi que des ouvrages posthumes comme le recueil de poésies Lou Rèire-Soulèu (Lo Rèire-Soleu, Le soleil d'outre-tombe) publié en 1899[7], et deux drames: Lou raubatòri (Lo raubatòri, Le rapt) publié en 1928 et Lou pastre (Lo pastre, Le pâtre) publié en 1946 par l'Intercontinentale d'édition avec 16 lithographies originales d'André Jordan.
Il écrit une partie de son œuvre dans son studio du Mas du "Grand Rougier", sur la commune de Monteux (aujourd'hui, le Pontet, quartier des Daulands, chemin de Panissé). Le "Grand Rougier", hérité de la famille Seyssaud, a été racheté par le docteur Bonnet d'Avignon, allié à la famille Aubanel, pendant l'entre-deux-guerres, avant d'être transmis à ses héritiers, la famille Valin-Bonnet-Cassin. Le studio porte la mention de sa devise:"Qui chante son mal l'enchante".
Ses œuvres complètes sont éditées par la maison Aubanel à Avignon de 1960 à 1963. Textes et commentaires sont établis en 8 volumes par Claude Liprandi (1910-2002) avec index.
(oc) Théodore Aubanel (préf.Alphonse Daudet), Lou Pan dóu pecat: dramo en cinq ate, en vers, representa pèr la premiero fes sus lou teatre de Mount-Pelié, lou 28 de mai 1878, Montpellier, empr. centralo dóu Miéjour, , 99p. (OCLC1070785203, BNF30034337, lire en ligne)
Théodore Aubanel (trad.Paul Arène), Le pain du péché: drame provençal, , 99p. (BNF418899497)
(oc + fr) Théodore Aubanel, L'Unenco: La Seule. À Madame E. Parrocel., Montpellier, Impr. centrale du Midi, 3p. (BNFFRNF317380057)
(oc) Théodore Aubanel, Li Travaiadou, Avignon, impr. de L. Aubanei, , 3p. (BNF30034343)
(oc) Théodore Aubanel, Li Fianço de Mario emé Ludovi, Avignon, impr. de L. Aubanei, (BNF3003432)
(oc + fr) Théodore Aubanel, Li Fabre: Les forgerons, Montpellier, Société pour l'étude des langues romanes, , 4p. (BNF4585650, lire en ligne)
(oc + fr) Théodore Aubanel et G.-F. Imbert (musique), Cantadisso a Petrarco pèr li fèsto prouvençalo dóu centenàri cinquen, Avignon, mpr. de Aubanel frère, , 4p. (BNF30034322, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, L'Oulivié: Remembranço de la felibrejado dou 22 de juliet de 1877, Avignon, impr. de L. Aubanei, (BNF30034336)
(oc) Théodore Aubanel, Brinde a la pouesio, Avignon, impr. de L. Aubanei, , 9p. (BNF30034318, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, Brinde de Teodor Aubanel, sendi de Prouvènço, a la taulejado parisenco de la Cigalo, Avignon, impr. de L. Aubanei, , 17p. (BNF30034320, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, Discours de Teodor Aubanel: sendi de Prouvènco, prounouncia dins l'assemblado generalo de la Mantenènço, tengudo en Arles, lou 29 de désèmbre de 1878, Avignon, impr. de L. Aubanei, , 21p. (BNF30034326, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, Lou Libre de l'amour, Avignon, impr. de L. Aubanei, (BNF30034330)
(oc) Théodore Aubanel, Li noço de Clemenço Anrès e Bermound Mazen, au Barrous, lou 25 de nouvèmbre 1878, Avignon, impr. de L. Aubanei, , 7p. (BNF30034334, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, Lou Papo es mort, vivo lou Papo, Avignon, impr. de L. Aubanel, (BNF30034339, lire en ligne)
(oc) Théodore Aubanel, Luno pleno: Pleine lune, Montpellier, Impr. centrale du Midi, (BNF300343319)
Encyclopædia Universalis, «THÉODORE AUBANEL», sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
Voir éléments de biographie et extraits dans Anthologie du félibrige provençal (1850 à nos jours) Ch.-P. Julian et P. Fontan, T.1 Les fondateurs du Félibrige et les premiers félibres, Librairie Delagrave, 1920 .
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