Vladimir Semionovitch Vyssotski (en russe: Владимир Семёнович Высоцкий)[1], né le et mort le (à 42 ans), est auteur-compositeur-interprète et un acteur de théâtre et de cinéma soviétique russophone.
«Vyssotski» redirige ici. Pour les autres significations, voir Vyssotski (homonymie).
Vladimir Vyssotski
Vladimir Vyssotski en 1979.
Biographie
Naissance
Moscou
Décès
(à 42 ans) Moscou
Sépulture
Cimetière Vagankovo
Nom dans la langue maternelle
Владимир Семёнович Высоцкий
Nationalité
Soviétique
Formation
Université d’État d’ingénierie civile de Moscou (en) (à partir de ) École-studio du théâtre d'art académique de Moscou ( - )
Vladimir Vyssotski est né à Moscou d'un père officier supérieur, d'ascendance paternelle juive biélorusse et de lignée maternelle juive ukrainienne; et d'une mère russe, interprète d'allemand. En , ses parents divorcèrent. Au terme d'une enfance en RDA, il rejoint Moscou, tente des études d'ingénieur en 1955 et commence une carrière d'acteur en 1959, sa seule carrière officielle au début des années 1960, rejoignant le théâtre de la Taganka en 1964[2].
Parallèlement, il commence à composer des poèmes et des chansons, partiellement politiques, mais généralement simplement «humaines». Au départ, ces chansons n'étaient pas destinées à un large public, et leur succès fut fortuit. Lors d'une soirée entre artistes, un ami se décide à l'enregistrer. La cassette circule, est copiée, et ce n'est qu'à partir de là qu'il commence sa carrière de chanteur. S'il est reconnu par les autorités soviétiques comme acteur, ses chansons ne seront jamais autorisées (car ne correspondant pas à la politique artistique communiste) et, par conséquent à quelques exceptions près, jamais enregistrées en URSS. Le succès fut immédiat et l'interdiction officielle ne fit qu'accroître l'intérêt. Mais ce qui attirait le plus le public russe est que Vyssotski osait exprimer la vie de ses concitoyens. Malgré les interdictions, circulaient de nombreuses copies illégales de ses chansons, y compris au sein des élites soviétiques, partagés entre rejet et fascination pour ses œuvres parodiques. Quant aux annulations répétées de ses concerts par les autorités, prétextant une hypothétique maladie du chanteur, celui-ci venait les annoncer publiquement sur scène. Malgré tout, des concerts clandestins furent organisés régulièrement. En 1980, le label gouvernemental Melodiya fit paraître Песни (Chansons), un 33 tours à la production soignée avec l'ensemble philharmonique du label [Melodiya Stereo C60-14761.2].
Vladimir Vyssotski tourne dans une trentaine de longs métrages pour le cinéma et télévision. Il a particulièrement marqué les spectateurs avec son rôle de Gleb Jiglov dans le film culte Il ne faut jamais changer le lieu d'un rendez-vous (1979) de Stanislav Govoroukhine adapté du roman de Gueorgui et Arkadi Vaïner. C'est d'ailleurs l'un des rares films où l'acteur n'interprète pas de chansons. Avec Edouard Volodarski Vyssotski a coécrit Les Vacances à Vienne (Венские каникулы), l'histoire de quatre militaires soviétiques capturés par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale qui s'évadent la veille de la capitulation du Troisième Reich et vivent toute sorte d'aventures sur l'ancien territoire ennemi. Les auteurs espéraient en tirer un film où Vyssotski pourrait interpréter l'un des héros, mais encore une fois la censure soviétique ne l'a pas approuvé. En , l'agence de presse RIA Novosti a annoncé que le réalisateur russe Fiodor Bondartchouk projetait le tournage des Vacances à Vienne[3].
Marina Vlady et l'occasion de sortir d'URSS
En 1969, Vyssotski se marie avec l'actrice française d'origine russe Marina Vlady. Celle-ci connaît bien les nuits blanches de Vyssotski, se réveillant, marmonnant quelques mots et se dirigeant vers son bureau pour écrire une nouvelle chanson.
Grâce à son mariage avec Marina Vlady, Vyssotski a l'occasion de sortir d'URSS, de se rendre en France, aux États-Unis ou encore au Mexique en , et d'y enregistrer quelques disques, dont un interprété partiellement en français (adaptations par Maxime Le Forestier), paru chez Polydor, mais qui n'a jamais été édité en CD. Comme Alexandre Vertinski un demi-siècle plus tôt, il ne pouvait s'acclimater dans un pays étranger, et rentrait rapidement après chaque départ.
D'après les mémoires de Marina Vlady, Vladimir Vyssotski et Mikhaïl Chemiakine rencontrèrent Kalou Rinpoché lors d'une de ses visites en France, pour arrêter leur excessive consommation d'alcool. Kalou Rinpoché raconta une parabole bouddhiste supposée avoir permis à Vyssotski et Chemiakine de s'abstenir de boire durant à peine un an[4].
Mort
Le travail constant d'acteur et de chanteur, le manque de sommeil, l'alcool et le tabac ainsi que les interdictions et la non-reconnaissance officielle du chanteur, laissèrent beaucoup de traces. Vyssotski meurt en 1980 d'une crise cardiaque à Moscou à l'âge de 42 ans en plein Jeux olympiques. Il est enterré au cimetière Vagankovo. Malgré le silence des médias, une foule de près d'un million d'admirateurs (chiffre annoncé dans le documentaire Adieu camarades!: émission Culture infos - ARTE 2011 [5] ) lui rendit un dernier hommage à son enterrement (probablement la plus importante manifestation populaire spontanée de toute l'histoire de l'Union soviétique).
Certains chanteurs comme Boulat Okoudjava et Youri Vizbor composèrent une chanson d'adieu en sa mémoire. Le chanteur politique polonais Jacek Kaczmarski, qui s'était en partie inspiré des chansons de Vyssotski, rédigea à cette occasion Epitafium dla Włodzimierza Wysockiego (Épitaphe pour Vladimir Vyssotski).
Discographie
De son vivant
Алиса в стране чудес / Alice au pays des merveilles (1977) 2 vinyls adaptation d'Alice au pays des merveilles. Paroles et musique de Vladimir Vyssotski avec Klara Roumianova, Vladimir Vyssotski, V. Abdoulov.
Posthume
France
Le Vol arrêté (1981, CD Le Chant du Monde ASIN: B000027JRD)
Vlady / Vyssotski (1988, CD Le Chant du Monde)
Le Monument (enregistrements de 1973-1976) (1995, CD Le Chant du Monde ASIN: B000003IBH)
Allemagne
Wir drehen die Erde (1993) (CD)
Lieder vom Krieg (1995) (CD)
Russie
Песни (1980, LP Melodiya Stereo C60-14761.2)
На концертах Владимира Высоцкого / Aux concerts de Vladimir Vyssotski
01, 02, 03... 16 (1986–1990) [12"]
Lukomoria Bolshe Net Pesni 1967-1968 Godov [CD SoLyd Records - 1995]
Marina Vlady / Vladimir Vyssotski (1996, CD Melodiya
MP3 Kollektsiya: Vladimir Vyssotski [SoLyd Records] Enregistrements live et studio
Variations sur des thèmes tziganes (Rien ne va) (В сон мне — жёлтые огни…)
Je n'aime pas (Я не люблю)
Le chant de la terre
Lyrique
Mao Tse Toung est un grand polisson (Мао Цзедун — большой шалун…)
Troie (Cassandre la prédicatrice) (Песня о вещей Кассандре)
J'ai lâché la Russie
Aux poètes (О поэтах)
Le miroir enfumé
L'homme infini
L'horizon
Je me suis sorti d'une affaire
La corde raide (le funambule)
Le silence blanc
Le long de la Volga notre mère
Les chevaux rétifs (Кони привередливые)
Je n'ai jamais cru aux mirages
Le bouc émissaire (Козел отпущения)
Le chanteur devant le micro
J'ai porté mon malheur
Les cabans noirs (Черные бушлаты)
Les ponts ont brûlé, les gués se sont creusés
Un rêve idiot
Le vol arrêté (la fin du bal)
L'ornière (Чужая колея)
Je t'aime dans l'instant
L'écho fusillé (Расстрел горного эха)
Quand j'achèverai mon chant
Le monument (Памятник)
Je veille
Les pleurs de Maria (Отчего не бросилась, Марьюшка, в реку ты…)
Hamlet
Sans trace ni interdit (Без запретов и следов…)
La chanson de la Russie
La ballade de l'enfance (Баллада о детстве)
La ballade de l'amour (Баллада о Любви)
La fuite à l'arraché
La chasse à l'hélicoptère (Охота с вертолётов)
Mon destin
Les gauchistes
Incendies (Пожары)
Les pommes du paradis (Райские яблоки)
Mon homme en noir
Deux prières
Le dernier poème
Il n'est pas revenu de la guerre
Les fosses communes
Chant de guerre
Nous faisons le tour de la Terre
Chanson du pilote
Chanson d'un ami
Chanson à propos d'une girafe (Песня о жирафе)
Mon cher Vania, je me balade dans Paris (Ах, милый Ваня! Я гуляю по Парижу…)
Sauvez nos âmes (Спасите наши души)
Visite d'une muse ou la chanson de plagiaire (Посещение Музы, или Песенка плагиатора)
L'Alpiniste (Скалолазка)
Moscou-Odessa (Москва — Одесса)
Gymnastique matinale (Утренняя гимнастика)
Filmographie
1959: Sverstnitsy (en russe: Сверстницы) de Vassili Ordynski(ru) (Mosfilm)
1961: La Carrière de Dima Gorine (en russe: Карьера Димы Горина) de Frounze Dovlatyan(ru) et Lev Mirski(ru)
1962: 713-iy Prosit Posadkou (en russe: 713-й просит посадку) de Grigori Nikouline(ru) (Lenfilm)
1962: Ouvolnenie na bereg (en russe: Увольнение на берег) de Felix Mironer(ru) (Mosfilm)
1963: Chtrafnoï oudar (en russe: Штрафной удар) de Veniamin Dorman(ru) (Gorky Film Studio)
1963: Les Vivants et les Morts (en russe: Живые и мёртвые) de Aleksandr Stolper (Mosfilm)
1965: Na zavtrachney oulitse (en russe: На завтрашней улице) de Fiodor Filippov(ru) (Mosfilm)
1965: Nach dom (en russe: Наш дом) de Vassili Pronine (Mosfilm)
1965: Striapoukha (en russe: Стряпуха) de Edmond Keossaian (Mosfilm)
1966: Ya rodom iz detstva (en russe: Я родом из детства) de Viktor Tourov(ru) (Belarusfilm)
1966: Sacha-Sachenka (en russe: Саша-Сашенька) de Vitali Tchetverikov(ru) (Belarusfilm)
1967: La Verticale (en russe: Вертикаль) de Stanislav Govoroukhine et Boris Dourov(ru) (Studio d'Odessa)
1967: Brèves rencontres (en russe: Короткие встречи) de Kira Mouratova (Studio d'Odessa)
1967: La Guerre sous les toits (en russe: Война под крышами) de Viktor Tourov(ru) (Belarusfilm)
1968: Interventsia (en russe: Интервенция) de Guennadi Poloka (Lenfilm)
1968: Le Maître de la taïga (en russe: Хозяин тайги) de Vladimir Nazarov(ru) (Mosfilm )
1968: Deux copains de régiment (en russe: Служили два товарища) de Ievgueni Karelov(ru) (Mosfilm)
1969: Une tournée dangereuse (en russe: Опасные гастроли) de Gueorgui Ioungvald-Khilkevitch (Studio d'Odessa)
1969: Bely vzryv (en russe: Белый взрыв) de Stanislav Govoroukhine (Studio d'Odessa)
1972: Le Quatrième (en russe: Четвёртый) de Aleksandr Stolper: journaliste, ancien pilote
1973: Plokhoï khorochy tchelovek (en russe: Плохой хороший человек) de Iossif Kheifitz (Lenfilm)
1974: Yedinstvennaïa doroga (en russe: Единственная дорога) de Vladimir Pavlovitch (Mosfilm et Titograd Studio)
1975: Yedinstvennaya (en russe: Единственная) de Iossif Kheifitz (Lenfilm)
1975: La Fuite de Monsieur McKinley (en russe: Бегство мистера Мак-Кинли) de Mikhail Schweitzer (Mosfilm)
1976: Skaz pro to, kak tsar Piotr arapa jenil (en russe: Сказ про то, как царь Пётр арапа женил) de Alexandre Mitta (Mosfilm)
1977: Ők ketten (en russe: Они вдвоём) de Márta Mészáros (Dialóg Filmstúdió)
1979: Il ne faut jamais changer le lieu d’un rendez-vous (en russe: Место встречи изменить нельзя) de Stanislav Govoroukhine (Studio d'Odessa)
1980: Malenkie traguedii (en russe: Маленькие трагедии) de Mikhail Schweitzer (Mosfilm)
1988: Vyssotski, documentaire (52 min) de Jean-Denis Bonan, diffusion France 3
2012: Vyssotski, merci d'être bien vivant! (en russe: Высоцкий. Спасибо, что живой) – Direksija Kino de Piotr Bouslov(ru), film autobiographique relatant une tournée de concerts donnée par Vladimir Vyssotski à Boukhara, RSS d'Ouzbékistan, en 1979.
Vladimir Vyssotski: L'homme, Le poète, L'acteur, Éditions du Progrès, Moscou 1990, présentation de Fiodor Denissov. Inclut de nombreux textes de "Chansons et poèmes" en version bilingue, et des photos.
Marina Vlady, Vladimir ou Le Vol Arrêté. Paris, Ed. Fayard, (1987), (ISBN2-213-02062-0) (traduit en russe sous le titre Владимир, или Прерванный полет., М.: Прогресс, 1989).
Yves Gauthier, Vladimir Vyssotski - Un cri dans le ciel russe, Transboréal, 2014, 196 p.
Yves Desrosiers lui a consacré un album intitulé Volodia (en russe, Volodia est le diminutif de Vladimir), sorti en 2002. Sa veuve, Marina Vlady, a participé à l'adaptation de textes de l'album en français. Bïa Krieger et Maxime Le Forestier ont également participé aux adaptations. Ce dernier a notamment adapté en français Le vol arrêté (La fin du bal) et Variation sur des thèmes tziganes (Rien ne va), les deux titres que Vyssotski a chanté en français sur un disque du label Polydor, au milieu des années 1970.
Le groupe touvain, Yat-Kha, reprend une sa chanson «Chanson à propos d'une girafe» (Песня о жирафе) dans son album Re-Covers (2005).
Aznavour, les deux guitares.
Le groupe strasbourgeois Les Wasserskys avait son répertoire quasi uniquement composé de chansons de Vyssotski.
En 2019, les chanteurs Lise Martin et Valentin Vander créent le duo "Presque un cri" pour chanter en français des chansons de Vyssotski[6].
Monuments
Il existe plusieurs monuments rendant hommage à Vyssotski (Université d'état pédagogique de barnaoul, Melitopol, Moscou, Naberejnye Tchelny, Vladivostok, Iekaterinbourg, Rostov-sur-le-Don, au Parc central de Kaliningrad...)
"La ballade du chevalier vaillant Ivanhoé"
En 1982, le film La ballade du chevalier vaillant Ivanhoé(ru) (The Ballad of the Valiant Knight Ivanhoe) a été produit en Union soviétique et en 1983, le film (en langue russe) a été rendu public. Les quatre chansons de Vladimir Vyssotski figuraient dans ce film.
Mika et Turkka Mali
Deux frères et chanteurs de Finlande Mika et Turkka Mali(fi), au cours de leur carrière musicale longue de plus de 30 ans, ont traduit en finnois, enregistré et à de nombreuses occasions, chanté publiquement des chansons de Vladimir Vyssotski.
Musée de Vladimir Vyssotski à Koszalin
Le Musée de Vladimir Vyssotski à Koszalin(en) dédié à Vladimir Vyssotski a été fondé par Marlena Zimna(pl) (1969 - 2016) en mai 1994 dans son appartement, dans la ville de Koszalin, en Pologne. Depuis lors, le musée a rassemblé plus de 19 500 objets provenant de différents pays et contient actuellement des objets personnels, des autographes, des dessins, des lettres, des photographies et une grande bibliothèque contenant des séquences de film uniques, des disques vinyles, des CD et des DVD. La guitare de Vladimir Vyssotski occupe une place particulière dans la collection. Il a donné un concert à Casablanca en . Vladimir Vyssotski a présenté cette guitare au journaliste marocain Hassan El-Sayed, accompagnée d'un autographe (extrait de la chanson de Vladimir Vyssotski "Que s'est-il passé en Afrique?"), écrit en russe directement sur la guitare (min. 08:22 - 08:26 de ce clip vidéo.
Notes et références
Aussi transcrit «Vyssotsky» ou «Vissotsky». La translittération scientifique normalisée (ISO 9) donne «Vysockij». Les usages anglophones aboutissent à «Vysotsky» «Vysotskiy».
(en) Louise McReynolds, Joan Neuberger, Imitations of Life:: Two Centuries of Melodrama in Russia, Duke University Press, , 351p. (ISBN978-0-8223-8057-3, lire en ligne), p.302
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