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Wen Zhengming (chinois : 文徵明 ; pinyin : wén zhēngmíng), calligraphe et poète chinois de la dynastie Ming, né en 1470, et originaire de Suzhou, dans la province du Jiangsu, mort en 1559. Né Wen Bi (文壁), il prit pour nom personnel (zi/字) Zhengming, comme surnom Zhengzhong (徵仲), et comme nom de pinceau (hao/号) Héngshān jūshì (衡山居士).

Wen Zhengming
Wen Zhengming. 1542. Arbres en hiver. Encre et couleurs légères sur soie. British Museum
Naissance

Suzhou
Décès
(à 88 ans)
Suzhou
Prénom social
徵仲
Nom posthume
貞獻先生
Nom de pinceau
衡山
Activités
Peintre, calligraphe, poète
Lieu de travail
Suzhou
Mouvement
Wu School (en)
Père
Wen Lin (d)
Enfants
Wen Peng (en)
Wen Jia
Wen Tai (d)
Wen Shi (d)

Considéré comme un des quatre maîtres de son époque, Wen Zhengming est celui dont l'attitude artistique en incarne le mieux l'idéal lettré, tant par son caractère, intransigeant sur les questions d'intégrité, que par ses œuvres littéraires, calligraphiques et picturales. C'est avec Shen Zhou son maître, une des figures dominantes de l'école de Wu et de la peinture chinoise dans la première moitié du XVIe siècle[1].


Biographie


Wen Zhengming appartient à une famille de lettrés-fonctionnaires qui descendent de Wen Tianxiang (1236-1282), duc de Xingguo, un héros national qui s'est illustré à la fin des Song. Son père a exercé les fonctions de préfet au Zhejiang[2].

Dans un premier temps, le jeune Wen ne manifeste guère d'intelligence. Il est élevé dans un confucianisme austère, mais dans un milieu cultivé. Son père, Wen Lin, un administrateur local, lui donne les professeurs les plus réputés parmi les lettrés de Suzhou. À l'âge de neuf ans, Wen étudie les classiques sous la direction de Chen Kuan ; à dix-neuf, il étudie la poésie et la calligraphie sous l'égide de Wu Kuan (1435-1504), ami de Li Yinzheng (1431-1493) et, à vingt ans, la peinture avec Shen Zhou[3],[1]. Néanmoins, il échoue à plusieurs reprises aux examens d'État. Il obtient des fonctions honorifiques à l'Académie Hanlin, à Pékin : nommé peintre «attendant les ordres», de l'empereur au Hanlin Yuan, il participe à la rédaction de l'histoire des Yuan. L'explication des classiques et des livres d'histoire est l'une de ses tâches. Il se lasse de ce mode d'activité et, après avoir servi environ cinq années à la capitale (1505-1510), il propose sa démission, qu'il finit par obtenir et rentre chez lui à Suzhou, qu'il ne quitte plus.

Il s'adonne alors surtout à la peinture et parvient à l'apogée de son art et de sa réputation. La plupart des œuvres qui nous sont parvenues datent de 1528 à 1558, mais dès le milieu de la période Ming, voire de son vivant, elles sont extrêmement copiées[4].

Pendant les trente à trente-cinq ans qu'il vit à Suzhou après son retour de Pékin, il se consacre à la peinture. Instruit par certaines expériences du danger que représentent les contacts avec les princes impériaux et le milieu des eunuques, il ferme sa porte aux grands, aux hauts fonctionnaires, aux riches marchands, alors qu'il l'ouvre aux lettrés. Il aime à recevoir des amis. Avec eux, il boit du thé, brûle de l'encens, parle de peinture et de calligraphie, examine des objets antiques et des pierres étranges[5].

Personnage introspectif, de nature réservée et conservatrice, Wen est, en art, un éclectique, érudit et archéologue. Ce qui le mène à interpréter, avec une particulière méticulosité, différents maîtres, des maîtres anciens comme Dong Yuan, Juran, Guo Xi, Li Tang, Li Cheng, antérieurs ou contemporains des Song, mais aussi Zhao Mengfu et les quatre grands maîtres Yuan, et avec tous ces maîtres mais sans abandonner son originalité propre. Shen Zhou lui sert souvent d'intermédiaire pictural ou spirituel avec les maîtres anciens, comme s'il s'en inspirait à travers la vision que Shen en avait eue[1].

Aussi la peinture semble devenir avec lui une recherche intellectuelle, une conversation cultivée avec le passé, sa personnalité s'exprimant dans sa manière individuelle d'approcher et de juger les styles anciens. C'est en cela qu'il peut être considéré comme l'un des fondateurs du style lettré (wenren) en peinture : son pinceau exprime plutôt des sentiments que des idées[6]. On peut déceler dans son œuvre certains aspects de sa personnalité, en particulier qui s'exprime dans des paysages harmonieux, dans un style réservé, clair, intellectuel, d'une écriture élaborée, à l'encre sèche ; peintures qui sont fréquemment centrées sur un ou plusieurs personnages, tel un poète méditant, un pêcheur accostant, quelques lettrés en conversation[7].

Wen Zhengming. Copie de la Seconde ode à la Falaise rouge de Zhao Bosu. 1548, encre et couleurs sur soie, 31,5 × 541,6 cm. Musée National du Palais, Taipei. Peinture narrative en sept scènes[8]. Paysage dans le style bleu et vert.
Wen Zhengming. Copie de la "Seconde ode à la Falaise rouge" de Zhao Bosu. 1548, encre et couleurs sur soie, 31,5 × 541,6 cm. Musée National du Palais, Taipei. Peinture narrative en sept scènes[8]. Paysage dans le style bleu et vert.

Moins considérable que celle de Shen Zhou, son œuvre est néanmoins très importante. Deux cents peintures de sa main sont conservées. Beaucoup portent une date qui permet de les situer et de retracer l'évolution artistique de leur auteur. D'après le Wenjia xinglüe, « il ne se préoccupe guère des habituelles manières de copier et d'imiter. Cependant, quand il voit de belles œuvres peintes par d'anciens maîtres, un regard lui suffit pour saisir les idées [qu'elles expriment]. Il a pour maître son propre cœur »[9].

Il saisit l'esprit des anciens maîtres, mais il ne les étudie pas d'aussi près que Shen Zhou. L'une de ses premières peintures porte l'empreinte de Huang Gongwang, une autre celle de Mi Fu ou de Gao Kegong; ceci confirme certains textes qui parlent de peintures où l'artiste, encore jeune, combine dives styles par jeu. Quand le sien se forme enfin, il se fonde sur ceux des trois grands maîtres : Li Tang, Zhao Mengfu et Wu Zhen. L'influence de ce dernier est surtout sensible dans les peintures de bambous et de fleurs de jardin avec des pierres étranges faites à la manière de l'esquisse[10].

Celle de Li Tang se lit dans les plis de montagnes et le profil tranchant de la roche, tracé avec un «pinceau sec et serré». L'influence de Wu Zhen semble s'exercer sur Zhengming à travers la transposition que Shen Zhou a fait du peintre Yuan. Il s'émeut devant une peinture faite par Shen Zhou d'après une œuvre de Wu Zhen, il étudie aussi Ni Zan et Wang Meng. Il ne parvient pas cependant à rendre l'impression de solitude que Ni Zan a si fortement exprimé[11].

Zhengming semble être homme de pensée et de réflexion plus que poète. En avançant en âge, sa recherche se porte toujours davantage vers le sens profond des phénomènes naturels et l'incite à plus d'indépendance. En même temps semble se développer chez lui l'intérêt pour le génie puissant et la technique complexe de Wang Meng. Comme ce dernier, Wen Zhengming s'attache à rendre ce qu'il voit et à traduire graphiquement ce qu'il éprouve en présence de certains aspects de la nature[2].

Comme Wang Meng, il est d'abord peintre. à 79 ans, en 1549, il peint Pins et cyprès à la cascade (Taipei (Nat. Palace Mus.), un des chefs-d'œuvre d'une vigueur étrange. La peinture est haute et étroite. Au pied d'un mur montagneux qui se dresse jusqu'au sommet du lé de soie, des branches de genévriers se tordent et s'entremêlent. De ce chaos jaillissent, jusqu'aux hautes pointes de la montagne, de vieux troncs écailleux. En haut des troncs, reprend et s'accentue le mouvement tortueux des branches. Le regard est ainsi conduit vers une cascade qui dévale d'une anfractuosité de la cime jusqu'au pied du mur rocheux, coulée de vide dure comme le tranchant d'un sabre[12].

Nous sommes aux antipodes du décor aéré de la peinture Song, mais face à une œuvre rauque, grinçante même, dont la violence calligraphique est mise en valeur par des couleurs sombres. Sa renommée de calligraphe est, de son temps, à l'égal de sa réputation de peintre, et là encore, il continue l'éclectisme raffiné de Zhao Mengfu, en se tournant vers le grand maître du IVe siècle, Wang Xizhi (307-365)[13].

Le peintre reprend plusieurs fois dans sa vieillesse le thème des genévriers associés à la roche. Les arbres sont courbes et tordus par l'âge, la roche crevassée dessine des formes fantastiques, un ruisseau sinue dans la pierre. Il communique au pinceau sa propre vigueur. Il a pour amis des hommes éminents en littérature, en poésie, en calligraphie. Son exigence morale, son austérité, la sévérité de sa vie sont connues. La rigueur de son caractère témoigne en faveur de Tang Yin qu'il garde en ami en dépit du scandale de l'examen cassé. Cette force d'âme semble croitre avec l'âge. À 80 ans, le corps vieillissant, elle reste intacte et se fait même plus résolue, plus fière[14].

Wen trace une inscription sur une tablette quand la vie le quitte. Brusquement, son pinceau s'arrête. «Il meurt aussi heureux qu'un papillon. Les gens disent qu'il ne meurt pas, mais devient immortel»[2].

Wen enfin est un remarquable professeur, qui forme et influence la plupart des peintres de Suzhou de la seconde moitié du XVIe siècle, parmi lesquels Wen Jia (1501-1583), Wen Boren (1502-vers 1575) et Qian Gu (1508- après 1574)[15].


Quelques peintures



Musées


Wen Zhengming, 1518. Le thé à Huishan.
Wen Zhengming, 1518. Le thé à Huishan.
Wen Zhengming
Wen Zhengming
Wen Zhengming. (Jardin du Modeste administrateur, Suzhou)
Wen Zhengming. (Jardin du Modeste administrateur, Suzhou)

Bibliographie



Notes et références


  1. Dictionnaire Bénézit 1999, p. 543
  2. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 198
  3. Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung 1997, p. 198
  4. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 144
  5. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 206
  6. Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung 1997, p. 219
  7. Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung 1997, p. 220
  8. Cédric Laurent, 2017, p. 87-92
  9. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 204
  10. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 211
  11. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 216
  12. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 167
  13. Dictionnaire Bénézit 1999, p. 544
  14. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 156
  15. Nicole Vandier-Nicolas 1983, p. 219
  16. Yang Xin, Richard M. Barnhart, Nie Chongzheng, James Cahill, Lang Shaojun, Wu Hung 1997, p. 221

Voir aussi


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[de] Wen Zhengming

Wen Zhengming (chinesisch .mw-parser-output .Hant{font-size:110%}文徵明 / .mw-parser-output .Hans{font-size:110%}文征明, Pinyin Wén Zhēngmíng, W.-G. Wen Cheng-ming; * 1470 in Suzhou; † 1559 ebenda) war ein chinesischer Literatenmaler und Kalligraph und gilt neben Shen Zhou, Tang Yin und Qiu Ying als einer der vier Meister der Ming-Dynastie, der nachfolgende Künstlergenerationen nachhaltig beeinflusste.

[en] Wen Zhengming

Wen Zhengming (November 28, 1470–1559), born Wen Bi, was a Chinese painter, calligrapher, and poet during the Ming dynasty. He was regarded as one of the Four Masters of Ming painting.[3]
- [fr] Wen Zhengming

[it] Wen Zhengming

Wen Zhengming[1] (文徵明T, 文征明S, Wén ZhēngmíngP[2], nato Wen Bi, 文璧S, Wén BìP; Suzhou, 28 novembre 1470 – 1559) è stato un pittore, poeta e calligrafo cinese della scuola di Wu, uno dei Quattro maestri Ming.

[ru] Вэнь Чжэнмин

Вэнь Чжэнми́н (кит. 文徵明, 1470, Сучжоу-1559, там же) — китайский художник и каллиграф, крупнейший мастер династии Мин.



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