Olufela Olusegun Oludotun Ransome-Kuti, dit Fela Kuti, également connu sous le nom de Fela Anikulapo Kuti, ou simplement Fela, né le à Abeokuta (Nigeria) et mort le à Lagos (Nigeria), est un chanteur, saxophoniste, chef d'orchestre et homme politique nigérian.
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Nom de naissance | Olufela Olusegun Oludotun Ransome-Kuti |
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Naissance |
Abeokuta, Nigeria |
Décès |
(à 58 ans) Lagos, Nigeria |
Activité principale | Chanteur, musicien, chef d'orchestre |
Genre musical | Afrobeat, avant-pop[1] |
Instruments | Chant, saxophone, clavier, clarinette, tambour, guitare |
Labels | Wrasse Records |
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Fondateur de l'organisation République de Kalakuta au Nigeria, il est considéré comme l'inventeur de l’afrobeat, fusion des éléments afro-américains du funk, du jazz, de la musique d'Afrique occidentale, de la musique traditionnelle nigériane et des rythmes yorubas.
Dans un Nigéria à peine sorti de la guerre du Biafra, propulsé en quelques mois au rang des plus grands exportateurs de pétrole, Fela Kuti figurait comme un artiste engagé contre la corruption, la dictature et le pouvoir des multinationales dans son pays.
Populaire auprès des laissés-pour-compte des ghettos de Lagos, le Black President (surnom de Fela) se sert de la musique comme d’une arme pour brosser un sombre tableau des mœurs socio-politiques. Ses morceaux, qui durent en moyenne un quart d’heure, sont accompagnées de paroles en pidgin — l’anglais du petit peuple — contre la dictature militaire et la corruption qui gangrène les élites, et décrivent aussi la misère de la rue. Au-delà de ces tableaux sombres, Fela Kuti suggère aussi aux Africains de « conquérir leur liberté par un retour aux sources qui leur rendra leur identité et leur vérité ».
Fela Kuti allie le jazz et la soul aux rythmes locaux, le ju-ju et le highlife, donnant ainsi naissance à l’afrobeat. Sa popularité s’étend bientôt au-delà des frontières du pays. Mais très vite, il s’attire les foudres du pouvoir militaire qui supporte très mal ses satires. Après la sortie de son album antimilitariste Zombie (1976), sa propriété baptisée Kalakuta Republic est entièrement rasée dans un raid militaire au cours duquel sa mère, âgée de 78 ans, est défenestrée. Elle succombe quelques mois plus tard des suites de ses blessures. Fela Kuti est plusieurs fois jeté en prison et torturé[N 1].
Fela Kuti — de son vrai nom Fela Hildegart Ransome — est issu d’une famille bourgeoise yoruba et grandit dans un univers familial engagé entre son père, le pasteur Ransome-Kuti, qui l’initie très tôt au piano, et sa mère Funmilayo Ransome-Kuti, nationaliste activiste, qui influence son militantisme. Il devient célèbre dans sa ville.
1958 : Fela s’envole pour Londres pour des études[2]. Mais au lieu d'étudier la médecine comme ses deux frères l'avaient fait avant lui, il choisit la musique.
Au Trinity College of Music, il fait ses premières armes sur scène. Très influencé par le jazz, il forme un groupe avec des amis nigérians et antillais, le Koola Lobitos. Dans des cafés, le groupe reprend quelques classiques de jazz en y ajoutant une pincée de highlife, alors en vogue en Afrique. C’est alors qu’il rencontre une jeune métisse nigériano-américaine, Remilekun Taylor, avec qui il se marie et avec qui il aura un enfant : Femi Kuti. Rentrés au Nigeria en 1963, le diplôme en poche, Fela Kuti a du mal à trouver sa voie entre un boulot de producteur et sa carrière de musicien qui ne décolle pas. C’est finalement en 1969, lors d’une tournée aux États-Unis que le déclic se produit : il rencontre Sandra Izsadore, une militante noire des Black Panthers qui lui expose les idées de Malcolm X. De retour au pays, l’homme n’est plus le même.
Il commence par changer le nom de son groupe de Koola Lobitos pour Africa 70. Il décide d’imposer un rythme moins jazz et plus proche des rythmes africains : l’afrobeat est né.
Désormais Fela ne chante plus en yoruba, mais en pidgin, de manière à être accessible à une bonne partie du public africain. Il se convertit à l'animisme et prend le patronyme d'Anikulapo — celui qui porte la mort dans sa gibecière — Kuti — qui ne peut être tué par la main de l'homme. Ses concerts sont ponctués de discours enflammés sous une impressionnante orchestration rythmique assurée par de puissantes percussions, des cuivres envoûtants, très souvent ponctuée de grandes envolées au saxophone. Bien que censuré par les médias d’État, il collectionne les succès en même temps que grandit sa popularité.
Le 30 avril 1974, il est arrêté pour détention de cannabis et détournement de mineures[3]. Il s'isole alors dans une véritable forteresse nommée Kalakuta, qu'il déclare indépendante[4] et où il continue de composer[3].
Alors que le pays connaît un véritable boom pétrolier, une fracture sociale s'amorce entre, d’un côté l’élite corrompue, et de l’autre la grande majorité d’anciens paysans qui, attirés par le mirage pétrolier, ont déserté leurs champs pour tenter leur chance à Lagos. La musique de Fela est le cri de cœur de ces millions d’exclus.
À nouveau arrêté pour son penchant narcotique, il ingurgite l'objet du délit, avant de se faire battre jusqu'à la libération de celui-ci par les voies naturelles. L'épisode donnera son nom à l'un de ses plus fameux morceaux, Expensive Shit[3].
Janvier 1977 : Festival mondial des arts nègres à Lagos. Non seulement Fela boycotte la rencontre, mais il organise aussi une série de concerts gratuits qui attirent l’attention sur lui. Les journalistes et les artistes présents dans la capitale nigériane n’ont de mots que pour ce rebelle qui critique ouvertement l’establishment corrompu. Aussitôt les articles et les reportages sur l’homme affluent des médias américains et européens. Pour le conseil militaire que dirige le général Obasanjo, Fela Kuti est un agitateur.
Quelques jours après la fin du festival, un régiment entier de militaires prend d’assaut la Kalakuta Republic. L’action judiciaire qu’il engage contre les autorités se solde par un non-lieu, le coup étant imputé à « des soldats inconnus au bataillon ». Fela Kuti décrira cet événement dans Unknown Soldier (en) — le soldat inconnu.
Harcelé par la police, il doit s’exiler au Ghana. Il en est chassé l’année suivante pour avoir soutenu une violente manifestation d’étudiants qui ont trouvé en : « Zombie, oh zombie… » leur cri de ralliement contre la junte du dictateur ghanéen. De retour au pays, il épouse les vingt-sept femmes de son groupe et se remarie avec sa première épouse dans une cérémonie vaudou dirigée par un prêtre ifa.
Les tournées qui le mènent un peu partout en Afrique, en Europe, aux États-Unis, rencontrent un accueil triomphal et lui confèrent une notoriété mondiale.
Fela Kuti croit en l'idéal de l'unité africaine et tente de prêcher la paix entre les Africains. Panafricaniste et socialiste, il soutient en particulier les présidents du Ghana Kwame Nkrumah et du Burkina Faso Thomas Sankara. Le mouvement américain Black Power le compte également parmi ses sources d'influences politiques. Il est en revanche très critique à l'égard du gouvernement américain auquel il reproche de discriminer les Noirs et d'orchestrer des coups d’État contre des pays africains non-alignés.
1979 voit le retour d’un gouvernement civil au Nigeria. Il fonde alors son parti, le Movement of the People (MOP) et se déclare candidat aux élections de 1983. Mais le chemin vers la présidence est enrayé lorsqu’en 1981, les autorités l’enferment pour possession de cannabis et interdisent dans la foulée son parti et sa branche culturelle, les YAP — Young African Pioneers. Il réplique en sortant Army Arrangement qui met en lumière un scandale financier impliquant la junte au pouvoir. Alors qu’il s’apprête à se rendre à New York où il doit enregistrer son nouvel album, il est de nouveau arrêté à l’aéroport de Lagos pour exportation illégale de devises qui le conduira cinq ans en prison. Le juge avouera plus tard avoir subi des pressions gouvernementales[5]. La pression économique des bailleurs de fonds, la mobilisation générale des artistes qui organisent des concerts de soutien en Europe, le renversement de la dictature du général Muhammadu Buhari aboutissent finalement à sa libération en 1986.
Il entre alors dans une semi-retraite que seuls quelques concerts dans sa boîte privée, le Shrine, et la sortie de Beasts of no nation, viennent troubler. Underground System (1993) est le dernier album original publié du vivant de Fela[3]. Il laisse le devant de la scène à son fils aîné et successeur, Femi Kuti. Le rebelle flamboyant semble avoir perdu sa verve contestataire. Même au plus fort de la dictature du général Abacha, l'emprisonnement de son frère, Beko Ransome Kuti, président de la Ligue Nigériane des Droits de l'Homme, le laisse sans réaction. L'homme se bat depuis des mois contre le Sida, la maladie affecte d'autant plus gravement son corps que les nombreux sévices subis en prison l'ont affaibli.
Il meurt le 2 août 1997. Malgré les tensions entre les gouvernements militaires successifs et l'artiste, les autorités militaires reconnaissent avoir perdu « l'un des hommes les plus valeureux de l'histoire du pays » et décrètent quatre jours de deuil national. Le 12 août, près d’un million de Lagossiens sortent dans la rue pour célébrer sa mémoire[6].
Conformément à son testament, Fela est inhumé à son domicile de Gbemisola, Ikeja à côté de la tombe de sa mère, Funmilayo Ransome Kuti.
Deux de ses enfants, Femi Kuti et Seun Kuti, sont actifs dans la musique.
Fela Kuti est resté un artiste très populaire au Nigeria. Un exemple de cette popularité est l'organisation d'une série d'événement appelés Felebration, qui – chaque année, le jour anniversaire de sa naissance – rendent hommage à l'artiste.
En janvier 2012, le nom de Fela Kuti a été invoqué plusieurs fois durant les grèves nationales qui ont secoué le pays pour protester contre la hausse des prix du carburant.
Comme pour réparer les erreurs de l'Histoire, le gouvernement de l'État de Lagos a octroyé 40 millions de nairas (environ 200 000 euros) pour que la famille de Fela Kuti puisse créer un musée en son honneur près de sa sépulture[7].
Bernard Lavilliers le cite dans sa chanson Noir et Blanc, qui évoque les artistes victimes des dictatures (album Voleur de feu).
En 2016, le chorégraphe Serge Aimé Coulibaly crée Kalakuta Republik, inspiré de la vie de Fela Kuti, présenté au festival d'Avignon[8],[9],[10],[11].
Le , la chanteuse Erykah Badu lui rend hommage dans un coffret qui comprend sept albums mythiques de la star nigériane, d'Army Arrangement à Underground System, des disques symboles de sa rébellion, tous sélectionnés par la reine du Nu Soul pour faire perdurer l’œuvre de l’artiste[12].
1969 : Fela Ransome Kuti and His Koola Lobitos
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1970 : Fela Fela Fela
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1971 : Fela's London Scene
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1971 : Why Black Man Dey Suffer
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1971 : Na Poi
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1971 : Open & Close
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1972 : Shakara
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1972 : Roforofo Fight
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1973 : Afrodisiac
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1973 : Gentleman
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1974 : Alagbon Close
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1975 : He Miss Road
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1975 : Expensive Shit
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1975 : Noise for Vendor Mouth
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1975 : Everything Scatter
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1975 : Confusion
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1976 : Kalakuta Show
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1976 : No Bread
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1976 : Ikoyi Blindness
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1976 : Yellow Fever
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1976 : Upside Down Avec Sandra Smith au chant.
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1976 : Before I Jump Like Monkey Give Me Banana
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1976 : Excuse O
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1976 : Zombie
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1977 : J.J.D. - Live!! at Kalakuta Republic
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1977 : Sorrow, Tears and Blood (en)
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1977 : Opposite People
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1977 : Fear Not For Man
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1978 : Shuffering and Shmiling
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1979 : Stalemate
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1979 : No Agreement
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1979 : V.I.P. (Vagabonds in Power)
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1979 : I.T.T. (International Thief Thief)
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1980 : Authority Stealing
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1980 : Music of Many Colours Avec Roy Ayers au vibraphone.
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1981 : Coffin for Head of State
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1981 : Original Sufferhead
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1983 : Perambulator
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1985 : Army Arrangement
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1986 : Teacher Don't Teach Me Nonsense
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1986 : I Go Shout Plenty
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1989 : Beasts of No Nation
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1990 : O.D.O.O. (Overtake Don Overtake Overtake)
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1990 : Confusion Break Bones
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1992 : Underground System
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1971 : Fela with Ginger Baker Live! Enregistré en public au studio EMI d'Abbey Road, Londres.
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1984 : Live in Amsterdam - Music Is the Weapon Enregistré au Paradiso Club d'Amsterdam, le 28 novembre 1983.
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2012 : Live in Detroit 1986 Enregistré au Fox Theatre de Detroit (Michigan), le 7 novembre 1986.
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