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Thérèse Marie Léonie Gendebien dite Léo Marjane puis Marjane, née le [1],[2] à Boulogne-sur-Mer et morte le à Barbizon[3], est une chanteuse française.

Léo Marjane
Léo Marjane en 1940 (studio Harcourt).
Informations générales
Surnom Léo Marjane
Marjane
Nom de naissance Thérèse Maria Léonie Gendebien[1]
Naissance
Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)
Décès (à 104 ans)
Barbizon (Seine-et-Marne)
Activité principale Chanteuse interprète
Genre musical Chanson française
Jazz
Années actives 1931 — 1969
Labels Pathé-Marconi
Gramophone
Columbia
Véga

Biographie



Enfance et adolescence


Thérèse Gendebien a deux ans lorsque sa famille dont le père est marchand de soieries[4] s’installe en Rhénanie. Elle passe son enfance en Allemagne, puis en Autriche. Elle a six ans lorsque son père meurt. Elle prend des cours de violon et de piano au conservatoire de Vienne. Sa famille habite ensuite à Marseille. Elle rêve de devenir écuyère, et l’amour des chevaux ne la quittera jamais, mais c’est sur les planches qu’elle monte très tôt. « Je crois avoir toujours chanté, petite fille, je chantais devant les miroirs en faisant des grimaces à mon image[5] ». Avec sa voix de contralto, on l’avertit qu’à l’opéra peu de rôles existent. Pensant que c’était insuffisant pour vivre, elle se tourne vers le music-hall.

À quinze ans, elle triomphe au concours Artistica à l’Alcazar de Marseille et à seize ans, sous le nom de Rita Karoly, elle forme un duo avec un chanteur en interprétant des chansons fantaisistes[6]. Mais son premier désir était de devenir avocate[7]. Il est plus vraisemblable qu'ainsi elle évite de parler de sa première partie de carrière sous le nom de Rita Karoli où elle faisait des numéros de danse et d'acrobatie, ce qu'elle nia jusqu'à ses cent ans : avocate, pas acrobate. Cette coquetterie amusait beaucoup les Marseillais qui avaient assisté à ses débuts au music-hall.


Premiers succès à la scène


À 25 ans, le à Marseille elle épouse le chanteur Raymondey (Raymond Gérard)[8]. En 1932, elle chante au Caire, au cabaret Le Perroquet puis, de retour à Paris, à l’Alhambra l’année suivante, et au Petit Casino en 1934. Elle adopte alors le nom d’artiste de Léo Marjane « Marjane était la compression de Marie-Jeanne[7] » puis accompagne son époux à Paris, où elle se produit à Bobino, à l’ABC et chez O'dett en 1931. Elle se fait remarquer par sa voix chaude et envoûtante de contralto, et par sa diction parfaite, au phrasé très moderne. Il est permis de penser que le prénom Léo est l'abréviation de Léonie. Mais les versions provenant de l’intéressée divergent d'une interview à l'autre.


Premiers enregistrements


Léo Marjane Un soir… et puis toujours sur disque Gramophone (1938).
Léo Marjane Un soir… et puis toujours
sur disque Gramophone (1938).

Dès 1931, après des essais d’enregistrement infructueux chez Gramophone, elle grave ses deux premières plages pour Columbia, Les Prisons et Paris-Noël. Elle enregistre ensuite C'est la barque du rêve (1936), La Chapelle au clair de lune - In the Chapel in the Moonlight (en) (1937), son premier grand succès. Cette chanson la propulse au devant de la scène, et c’est Jean Bérard, à l’époque directeur de Marconi qui la rappelle à Paris d’urgence, alors qu’elle se trouve en tournée au Brésil avec sa mère. Elle rentre pour enregistrer Begin the Beguine et Night and Day (1938), pour Pathé-Marconi[9], et entame une grande carrière à la scène. Léo Marjane considère que sa discographie démarre réellement avec la Chapelle, balayant les deux premiers 78 tours d'un lapidaire : « ce n'étaient que des essais de voix ». Elle reste volontairement imprécise sur la période 1932-37, indiquant simplement « avoir vécu sa vie » lors d’une interview sur France Culture en [10].

Au cours de l’enregistrement d’un disque au Studio Cognac Jay, elle a l’idée d’amortir certaines syllabes en couvrant le micro de son bas de soie : un procédé si efficace qu’il est encore utilisé de nos jours[11].


Les États-Unis


Elle met ensuite le cap sur les États-Unis et sillonne le pays pendant cinq ans. Elle est une des rares chanteuses françaises à interpréter des adaptations d’œuvres de compositeurs américains comme Harold Arlen, Hoagy Carmichael, Sam Coslow, Jimmy McHugh, Cole Porter, Jimmy Van Heusen, Harry Warren, Allie Wrubel et Duke Ellington.

« Je peux dire que j’ai introduit le jazz en France. Dans les années trente, nous étions, Jean Sablon, Jacqueline François et moi, les trois artistes français qui venions chaque année chanter aux États-Unis, où chaque hôtel avait son cabaret. C’est ainsi que j’ai découvert le jazz[7]. »

Elle enregistre de nombreux titres dont Over the Rainbow ou Begin the Beguine de Cole Porter.


Les années d'Occupation


De retour en France pendant l’Occupation allemande, Marjane devient une des plus grandes vedettes de la France occupée.

Elle se produit au Concert Pacra en 1941. Elle dirige son propre cabaret, L’Écrin, près de l’Opéra, puis Chez Léo Marjane, et se produit aussi dans d’autres salles à la mode, comme le Casino Montparnasse et les Folies-Belleville.

En 1942, elle remporte un immense succès avec la chanson Seule ce soir[12], dans laquelle se reconnaissent les centaines de milliers de femmes françaises dont le mari est prisonnier de guerre en Allemagne ; elle accède ainsi au vedettariat.

« Je viens de fermer ma fenêtre
Le brouillard qui tombe est glacé
Jusque dans ma chambre il pénètre
notre chambre où meurt le passé
Je suis seule ce soir
Avec mes rêves
Je suis seule ce soir
Sans ton amour. »

Elle divorce le .


La Libération et les critiques


À la Libération, Léo Marjane est poursuivie par les Comités d’épuration pour avoir chanté dans des établissements fréquentés par des officiers allemands ainsi qu’à Radio-Paris.

Elle est arrêtée et jugée, puis finalement acquittée, mais sa notoriété et son image sont durablement atteintes. Elle est frappée d'interdiction de travailler pendant les années qui suivent la guerre, et jusqu’en 1951 ses disques conservés dans les archives de Radio France sont tous estampillés censuré.

« Je ne pouvais pas empêcher les Allemands d’entrer. J’étais connue, célèbre, il était inévitable que j’aie beaucoup d’ennemis. Les Français ont eu honte d’eux-mêmes, alors ils en ont voulu à ceux qui étaient sur le devant de la scène. »

« J’aimerais bien savoir qui n’a pas chanté ? Et ceux qui prétendent ne pas l’avoir fait n’ont pas de mémoire. Il fallait que je gagne ma vie[13]. »

Dans un entretien à l’occasion de son centenaire, elle dévoile :

« Mon mari, le colonel Charles de Ladoucette, que j’ai épousé en 1946 et qui à l’époque était lieutenant, faisait partie d’un réseau de la Résistance dirigé par le colonel Rémy. Et c’est moi, Marjane, qui ai entretenu financièrement ce réseau[7],[14] »

« On a dit beaucoup de bêtises sur moi, ils ont voulu me démolir. (…) Quand on est en haut de l’affiche, on essaie de vous descendre, mais pourquoi démentir quand ce n'est pas vrai[15] ? »


Le rebond


Le à Paris, elle épouse en secondes noces Charles, baron de Ladoucette (1912-2007)[2], colonel et écuyer du Cadre noir, partageant une passion commune pour les chevaux[7]. De cette union naît Philippe de Ladoucette.

Sous le nouveau nom de Marjane (« J'avais trouvé le prénom, Léo, et Marjane était la compression de Marie-Jeanne. Puis j’ai supprimé Léo, considéré en Amérique où je me produisais souvent, comme un prénom d’homme, en France aussi d’ailleurs, et je suis restée Marjane[7]. »), elle tente de relancer sa carrière, avec Mademoiselle Hortensia de Louiguy et Jacques Plante, Mets deux thunes dans l’bastringue de Jean Constantin, Je veux te dire adieu de Charles Aznavour et Gilbert Bécaud, et son interprétation de Secret Love de Doris Day et de Monsieur mon passé de Léo Ferré mais « elle ne tient pas longtemps sous le feu des critiques[16]. »

En 1949, elle abandonne la scène mais continue d’enregistrer. Elle apparaît parfois au Brésil, aux États-Unis ou au Canada, où elle a animé une série d’émissions de télévision musicales, qu’elle double également en anglais, intitulée Quartiers de Paris / District of Paris et dont des archives subsistent à Radio-Canada. Cette partie de carrière est restée ignorée en France. En Amérique, elle connaît un gros succès, notamment à Québec, mais il est trop tard pour recommencer une carrière ; elle fait une rentrée remarquée à Paris en 54 au Moulin-Rouge. Jacqueline François lui obtient un contrat de disques chez Véga alors que le 33 tours Pathé (1954) était resté sans suite. Elle chante jusqu'en 1961, et se produit notamment au Sportpalast de Berlin, avec Zarah Leander au programme ; elle a également chanté en Allemagne de l'Est, accompagnée par les Chœurs de l'Armée rouge.


Le retrait


Mais le métier changeait. Après une rentrée en 1959 à Pacra où elle ne tient l'affiche que quelques jours, en dépit de ses qualités d'interprète, elle comprend que son tour est passé, « Quand ce n’est plus l'heure, ce n’est plus l’heure. (…) Certains partent trop tôt, d’autres trop tard. Je n'avais plus rien à faire dans ce métier ». Mais ses disques, dont les droits voisins sont désormais dans le domaine public pour la plupart, sont toujours réédités en compilations. Elle tente toutefois un bref « come-back » en 1969 qui n'a aucun retentissement, renonçant par la suite totalement au métier et se murant dans le silence jusque 2001, où elle accorde une interview à Martin Pénet pour France Musique.


Carrière au cinéma


En 1943, Léo Marjane débute à l’écran dans le film Feu Nicolas, une comédie de Jacques Houssin avec le comique Rellys. Elle y chante deux superbes blues du futur mari de Line Renaud, Loulou Gasté, avec une puissance et une présence remarquables[11].

En 1951, elle est la tête d’affiche du film Les Deux Gamines, de Maurice de Canonge, adaptation d’un mélodrame qui avait fait couler beaucoup de larmes autrefois. La chanteuse y chante deux chansons puis disparaît pendant les trois-quarts du film (le personnage qu’elle incarne, Lise Fleury, disparaissant dans un accident d’avion). Marjane n’y apparaît qu’au début et à la fin.

On la retrouve dans un petit rôle de chanteuse des rues dans Elena et les Hommes (1956) de Jean Renoir, et elle prête aussi sa voix à une chanteuse de cabaret dans la version française du film Ariane (Love in the Afternoon) de Billy Wilder, en 1957.


Retraite


À sa retraite, Marjane se consacre à sa famille et à sa première passion, l’équitation et l’élevage de chevaux, à Barbizon, près de Fontainebleau, dans le Gâtinais[17]. Elle meurt des suites d’une crise cardiaque le à Barbizon, âgée de 104 ans.


Quelques chansons interprétées par Léo Marjane


Léo Marjane a enregistré plus de 180 chansons pour les firmes Gramophone entre 1937 et 1944, Decca France entre 1946 et 1953, Pathé-Marconi en 1954/55, et Véga pour ses derniers titres[8].

(Liste non exhaustive, sous réserve d’erreurs et d’omissions.)


Discographie



Notes et références


  1. Acte de naissance no 980 de Thérèse Maria Léonie Gendebien, registre 3 E 160/546 Boulogne-sur-Mer 1912 Naissances, (vue 168 de 272). Acte rédigé le 27 août 1912 et elle est née hier, en ligne sur le site des archives départementales du Pas-de-Calais
  2. « Acte de naissance », sur Cinéartistes (consulté le ) - Note. Avec la date et le lieu de son mariage en mention marginale de l'acte.
  3. «Mort de la doyenne de la chanson française Léo Marjane, à 104 ans», L’Obs, 19 décembre 2016.
  4. « Acte de naissance »
  5. Marie Laurence, « Une heure chez Léo Marjane », Les Ondes, le magazine de Radio-Paris juin 1941
  6. Gérard Roig, Phonoscopies, n° 43, juillet 2003 et n° 44, octobre 2003
  7. Marie-Christine Morosi, « Coup d’œil dans le rétro avec Marjane », sur lepoint.fr, (consulté le )
  8. Jean Buzelin, « Biographie de Léo Marjane », sur Frémeaux & Associés (consulté le )
  9. « Biographie de Léo Marjane », sur Du temps des cerises aux feuilles mortes (consulté le )
  10. Hélène Hazera, « Chanson Boum ! Léo Marjane a 100 ans. », sur France Culture, le 2 septembre 2012.
  11. « Léo Marjane, la voix chaude des années sombres », sur Movie Musical World, (consulté le )
  12. [vidéo]Youtube Je suis seule ce soir (avec paroles traduites en anglais).
  13. Jean-Noël Mirande, « Léo Marjane, la chanteuse aux 100 printemps », sur lepoint.fr, (consulté le )
  14. Stéphane Leclair, « Entretien avec Marjane », sur Radio Canada, (consulté le )
  15. Anne-Sophie Morel - AFP, « Leo Marjane, une chanteuse des années 40, aujourd’hui centenaire pétillante », sur google.com, (consulté le )
  16. Chantal Brunschwig, Louis-Jean Calvet, Jean-Claude Klein, Cent ans de chanson française, Seuil, 1972
  17. France Musique, « Les Greniers de la mémoire : Léo Marjane. », sur radiofrance.fr, (consulté le )
  18. « Marjane* - Donne-moi Paris », sur Discogs (consulté le )

Voir aussi



Bibliographie



Articles et entretiens



Webographie



Liens externes



На других языках


[en] Léo Marjane

Thérèse Maria Léonie Gendebien, known by the stage name Léo Marjane (26 August 1912 – 18 December 2016) was a French singer who reached the peak of her popularity in the late 1930s and early 1940s before her career went into sharp decline after the end of World War II.

[es] Leo Marjane

Léo Marjane (Thérèse Gendebien, baronesa Charles de Ladoucette; Boulogne-sur-Mer, 27 de agosto de 1912-Barbizon, 18 de diciembre de 2016)[1] fue una cantante francesa.
- [fr] Léo Marjane

[ru] Лео Маржан

Лео́ Маржа́н (англ. Léo Marjane; 27 августа 1912, Булонь-сюр-Мер — 18 декабря 2016[5]) — французская певица, особенно популярная в конце 1930-х — первой половине 1940-х годов[6].



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