John Lee Hooker, né le à Clarksdale (Mississippi, États-Unis), et mort le à Los Altos (Californie, États-Unis), est un guitariste et chanteur de blues américain. Son style, unique et authentique à la fois, en a fait l'un des artistes les plus importants de cette musique, et son influence sur le blues rock et le rock durant tout le XXesiècle est considérable.
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John Lee Hooker
John Lee Hooker au Long Beach Blues Festival le 31 août 1997.
Parmi ses titres les plus connus: Boogie Chillen (1948), I'm in the Mood (1951) et Boom Boom (1962), les deux premiers s’étant classés no1 dans les charts (diagrammes des ventes) R&B du Billboard magazine. En France, Shake It Baby a remporté un certain succès en 1963 et a longtemps fait danser dans les boums ou surboums des années 1960.
John Lee Hooker entre au Rock and Roll Hall of Fame en 1991[1].
Biographie
Une jeunesse difficile
Probablement né entre le 17 et le près de Clarksdale dans l'État du Mississippi[2], John Lee Hooker est le dernier d'une famille pauvre de onze enfants. Durant sa prime enfance, il n'est exposé à la musique que sous la forme de chants religieux tels que le gospel, seule forme musicale que son père, pasteur, autorise à sa famille. Il ne se familiarise avec le blues qu'après la séparation de ses parents en 1921 et le remariage de sa mère avec Willie Moore, ouvrier agricole et bluesman à ses heures, qui lui apprend des rudiments de guitare. Toute sa vie, John Lee Hooker rendra hommage à son beau-père, qu'il considère à l'origine de son style très personnel. En 1923, son père meurt. À l'âge de 15 ans, John Lee fuit son foyer. Il ne reverra jamais ni sa mère ni son beau-père.
Après diverses péripéties sur lesquelles les sources diffèrent, il s'installe en 1943 à Détroit, alors capitale de l'industrie automobile, dans l'intention d'y exercer un travail d'ouvrier. Dans le même temps, il tente de trouver des engagements de musicien dans les bars et les bordels de Hasting Street, le quartier des plaisirs de la ville. Il y connaît des débuts difficiles dus au manque de puissance sonore de son instrument: il faut parvenir à couvrir le bruit des consommateurs, voire des orchestres concurrents! Il adopte donc très tôt les premières guitares électriques, qui permettent, grâce à leurs micros intégrés et à un amplificateur, de jouer plus fort que n'importe qui, et développe un style agressif et hypnotique, exploitant au mieux l'énergie musicale de l'électricité en utilisant un amplificateur à lampes saturé. Les meilleurs exemples sont les albums Jack O' Diamonds et surtout Don't turn me from your door où il utilise parfois un vibrato électronique en plus de la distorsion.[Quoi ?]. En 1948, il enregistre son premier disque, Boogie Chillen, dans un style rudimentaire, très proche de la parole, qui deviendra sa marque de fabrique. En février 1949, le titre se classe no1 dans les charts R&B du Billboard magazine[2].
La «première carrière» de John Lee Hooker
Les musiciens noirs étant très mal payés à cette époque, Hooker, malgré le succès de ses disques, est contraint de courir les studios et les contrats, enregistrant parfois plusieurs fois le même morceau, avec des variations minimes, sous des pseudonymes tels que «John Lee Booker», «Johnny Hooker» ou «John Cooker». Sa musique, très libre sur le plan rythmique, supportant mal l'accompagnement, il est le plus souvent enregistré seul, marquant le rythme à l'aide d'une planchette de contreplaqué fixée sous sa chaussure. En novembre 1951, I'm in the Mood se classe no1 des charts R&B du Billboard, pendant quatre semaines de suite.
À la fin des années 1950, les temps sont durs pour les musiciens de blues américains comme John Lee Hooker: une partie du public noir se désintéresse de leur musique au profit du rhythm and blues, plus entraînant et dansant. Quant au public blanc, le marché très compartimenté de la musique aux États-Unis à cette époque là, allié à la ségrégation, empêche son accès au blues. Durant cette période, de nombreux bluesmen, ne parvenant plus à survivre de leur art, sont contraints de redevenir ouvriers ou métayers. John Lee Hooker parvient tant bien que mal à se maintenir à flot, mais sa carrière stagne.
Fin 1961, il enregistre Boom Boom, qui rencontre le succès dès sa parution l'année suivante, se classant 16e du Hot R&B et 60e du Billboard Hot 100[3].
Second souffle
Au début des années 1960, le British blues boom vient changer tout cela: des musiciens anglais comme Alexis Korner, les Rolling Stones, Eric Clapton ou John Mayall redécouvrent le blues, le pratiquent, ont du succès aux États-Unis, et sortent de l'oubli quantité de musiciens de blues légendaires, dont Hooker. En partie grâce à la première tournée de l'American Folk Blues Festival, en automne 1962, le public européen, avide d'authenticité, lui fait un triomphe dont lui-même, habitué à être ignoré par le public blanc des États-Unis, est stupéfait. John Lee Hooker acquiert la célébrité dans le monde entier, aux côtés d'autres grands musiciens fraîchement redécouverts comme Muddy Waters ou Howlin' Wolf. Dans les années 1970, comme eux, cette nouvelle renommée le fait, entre autres, enregistrer avec certains groupes de blues électrique blancs tels que Canned Heat et il commence une carrière internationale fructueuse qui durera jusqu'à sa mort en 2001.
En 1980, il joue son tube Boom Boom dans le film The Blues Brothers. Pour respecter son style d'improvisation, sa prestation est filmée et enregistrée en live, au contraire de bien des films musicaux qui utilisent le playback. Il se joint en 1989 à d'autres musiciens prestigieux tels que Carlos Santana et Keith Richards pour enregistrer l'album The Healer[1], qui lui vaudra un Grammy Award du meilleur album de blues traditionnel. Il chante également plusieurs morceaux aux côtés de Van Morrison, dont Never Get Out of These Blues Alive, The Healing Game et I Cover the Waterfront, et se produit avec lui sur scène. En 1996, c'est l'album Chill Out, où il est accompagné de Van Morrison, Santana, Charles Brown, et Booker T. Jones, qui remporte un Grammy[4].
À la fin de sa vie, Hooker s'installe à San Francisco, où il ouvre un club de blues nommé d'après son plus grand succès, Boom Boom Room. Il tombe malade en 2001, juste avant une tournée en Europe, et meurt peu après, à l'âge de 83 ans[5].
Discographie (non exhaustive)
Albums
1959 - Folk Blues
1959 - House Of The Blues
1959 - The Country Blues of John Lee Hooker
1960 - Blues Man
1960 - I'm John Lee Hooker
1960 - That's My Story
1960 - Traveling'
1961 - John Lee Hooker Sing The Blues
1961 - Plays And Sings The Blues
1961 - The Folk Lore of John Lee Hooker
1962 - Burnin'
1962 - Drifting the Blues
1962 - The Blues
1962 - Tupelo Blues
1963 - Don't Turn Me from Your Door: John Lee Hooker Sings His Blues
1964 - Burning Hell
1964 - Great Blues Sounds
1964 - I Want to Shout the Blues
1964 - The Big Soul of John Lee Hooker
1964 - The Great John Lee Hooker (Japan only)
1965 - Hooker & The Hogs
1966 - It Serves You Right to Suffer
1966 - The Real Folk Blues
1967 - Live at Cafè Au Go-Go
1968 - Hooked on Blues
1969 - Get Back Home (Black & Blue, 1999)
1969 - If You Miss'Im I Got'Im
1969 - Simply The Truth
1969 - That's Where It's At!
1969 - Get Back Home (First Issue)
1970 - If You Miss 'Im… I Got 'Im
1970 - John Lee Hooker on the Waterfront
1970 - Moanin' and Stompin' Blues
1971 - Endless Boogie
1971 - Goin' Down Highway 51
1971 - Half A Stranger
1971 - Hooker 'n Heat, enregistré avec Canned Heat, ressorti sous le titre Infinite boogie
1971 - I Feel Good
1971 - Never Get Out Of These Blues Alive
1972 - Detroit Special
1972 - Live At Soledad Prison
1973 - Born In Mississippi, Raised Up In Tennessee
1974 - Free Beer And Chicken
1974 - Mad Man Blues
1976 - Alone
1976 - In Person
1977 - Black Snake
1977 - Dusty Road
1978 - The Cream
1979 - Sad And Lonesome
1980 - Everybody Rockin'
1980 - Sittin' Here Thinkin'
1981 - Hooker 'n Heat (Recorded Live at the Fox Venice Theatre)
1987 - Jealous
1988 - Trouble Blues
1989 - Highway Of Blues
1989 - John Lee Hooker's 40th Anniversary Album
1989 - The Detroit Lion
1989 - The Healer avec Carlos Santana, Bonnie Raitt...
1995 - Alternative Boogie: Early Studio Recordings - 1948-1952
1995 - Chill Out
1995 - Whiskey & Wimmen
1995 - Blues for Big Town
1996 - Moanin' the Blues (Eclipse)
1996 - Alone: The First Concert
1997 - Don't Look Back
1997 - Alone: The Second Concert
1998 - Black Man Blues
2000 - On Campus
2001 - Concert at Newport
2001 - The Cream (Re-issue)
2001 - The Real Blues: Live in Houston 1979
2002 - Live At Newport
2003 - Face to Face
2003 - Burning Hell (Our World)
2003 - Rock With Me
2003 - Blues is my soul
2004 - Jack O' Diamonds: The 1949 Recordings
Musiques de films et de séries
1980: John Lee Hooker apparaît dans le film The Blues Brothers de John Landis et y interprète Boom Boom.
1990: The Hot Spot de Dennis Hopper avec Miles Davis et Taj Mahal.
2012: Sittin' Here Thinkin, dans Contrebande de Baltasar Kormákur.
2012: Son titre Boom Boom est interprété dans le film Skyfall, lorsque James Bond se cache dans la maison de ses parents.
2014: Son titre Boom Boom est repris sous forme d'extrait pour le générique de la série NCIS: Nouvelle-Orléans.
Compilations
1974 - Mad Man Blues (Chess 1951-1966)
1987 - Don't Look Back
1989 - The Hook: 20 Years of Hits
1991 - Hobo Blues
1991 - The Chess Masters
1991 - The Complete Chess Folk Blues Sessions (The Real Folk Blues/More Real Folk Blues)
1991 - The Ultimate Collection 1948-1990
1992 - Best Of: 1965-1974
1992 - The Collection (MCA Records)
1992 - The Ultimate Collection (Universal)
1992 - The Vee-Jay Years - 1955-1964
1993 - Boom Boom (UK only)
1993 - Boogie Man
1993 - The Legendary Modern Recordings - 1948-1954
1994 - Blues Collection (Boogie Man)
1994 - John Lee Hooker (LaserLight)
1994 - The Early Years
1994 - Wandering Blues
1995 - Red Blooded Blues
1995 - The Very Best Of
1996 - Blues Legend
1996 - Live at Cafe au Go-Go (and Soledad Prison)
1997 - His Best Chess Sides
1997 - Live In Concert
1997 - The Essential Collection
1998 - The Best of Friends
1998 - The Complete 50's Chess Recordings
1999 - Best of John Lee Hooker: 20th Century Masters
1999 - This Is Hip [The Best Of]
2000 - The Definitive Collection
2001 - Born With The Blues
2001 - Gold Collection
2001 - Legendary Blues Recordings: John Lee Hooker
2001 - John Lee Hooker presents his House Rent Boogie (Ace)
2002 - Blues Before Sunrise
2002 - The Complete - Vol. 1 [Body & Soul]
2002 - The Complete - Vol. 2 [Body & Soul]
2002 - The Complete - Vol. 3 [Body & Soul]
2002 - The Complete - Vol. 4 [Body & Soul]
2002 - The Real Folk Blues/More Real Folk Blues
2002 - Timeless Collection
2003 - Blues Kingpins
2003 - Final Recordings - Vol. 1: Face to Face
2003 - The Collection 1948-52
2004 - Don't Look Back: Complete Blues
2004 - The Complete - Vol. 5: [Body & Soul]
2005 - The Complete - Vol. 6: [Body & Soul]
2006 - John Lee Hooker (Specialty Profiles)
2006 - Too much boogie (Blue label)
Hommages dans la culture populaire
John Lee Hooker est cité dans une chanson de Louis Bertignac: «J'avais la plus belle guitare du monde, la même Gibson que John Lee Hooker...». Il fait allusion au modèle Gibson ES 335.
Johnny Rivers lui a rendu un vibrant hommage en composant et enregistrant «live» en 1967 un fameux blues dansant de 15 minutes, intitulé John Lee Hooker-Live At The Whiskey A Go Go Los Angeles (CD EMI 828918 2) .
John Lee Hooker est mis en scène, alors qu'il a 16 ans, dans le roman Billard Blues de Maxence Fermine. L'histoire est narrée à la première personne par Hooker lui-même qui raconte une scène d'affrontement entre le champion de billard Willy Hope et le chef de la mafia Al Capone dans un bar de Chicago en 1933. Maxence Fermine s'inspire de la vie de John Lee Hooker (à cette époque, Hooker avait fui son foyer pour se produire dans des bars), mais la scène n'a jamais existé.
L'anime Cowboy Bebop rend hommage à John Lee Hooker en utilisant le titre de son album The Real Folk Blues en tant que nom du générique de la fin et des deux derniers épisodes de la série.
Le manga Beck lui rend hommage au travers d'un personnage nommé John Lee Davis, musicien de blues ayant le même physique.
Le titre Boom Boom apparaît dans le jeu vidéo Mafia II, ainsi que dans la publicité Volkswagen Utilitaires de 2012. Il constitue également le générique de la série NCIS: Nouvelle-Orléans.
Le titre Boom Boom apparaît dans HPI (série télévisée)
Notes et références
(en) Bill C. Malone (dir.), The New Encyclopedia of Southern Culture: Volume 12: Music, University of North Carolina Press, , 448p. (ISBN978-1-4696-1666-7, lire en ligne)
(en) Edward Komara (dir.), Encyclopedia of the Blues, vol.1 et 2, New York, Routledge, , 2eéd. (1reéd. 2004), 1440p. (ISBN0-415-92699-8, lire en ligne[PDF])
Steve Sullivan, Encyclopedia of Great Popular Song Recordings, vol.3-4, Rowman & Littlefield, , 832p. (ISBN978-1-4422-5448-0, lire en ligne), p.349
(en) «Simply Fantastic: Congratulations to our 1996 Grammy Winners», Billboard, vol.108, no11, , p.23 (ISSN0006-2510, lire en ligne)
Sylvain Siclier, «La mort de John Lee Hooker, maître à jouer du blues», Le Monde, (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
1991: J. L. Hooker par Gérard Herzhaft, Ed. du Limon (frère du bluesman français Cisco Herzhaft qui a croisé le manche avec John Lee Hooker lors de sa venue en Europe dans les années 1960).
2021: John Lee Hooker. Boogie-woogie anyhow, par Olivier Renault, Editions Le mot et le reste.
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