Joyce Mansour, née Joyce Patricia Adès le à Bowden, Angleterre, et morte le à Paris, est une poétesse et écrivaine égyptienne d'expression française liée au surréalisme.
Les ascendants de Joyce Ades font partie de la colonie britannique installée au Caire, depuis plusieurs générations. Son père dirige une filature.
Après des études en Angleterre et en Suisse, elle retourne en Égypte où elle s'illustre dans la course à pied.
En 1947, son premier mariage s'achève tragiquement au bout de six mois quand son mari meurt d'une maladie incurable.
Elle se remarie en 1949 avec Samir Mansour, issu de la colonie française du Caire. Dès lors, ils partagent leur vie entre Le Caire et Paris. Joyce Mansour s'initie à la culture française et commence à écrire en français.
En 1953, les éditions Seghers publient son premier recueil de poèmes Cris qui est remarqué par la revue surréaliste "Médium". Elle rencontre André Breton qui la compare à celle «que le conte oriental nomme la tubéreuse enfant». Par son intermédiaire, elle fait la connaissance de Pierre Alechinsky, Wifredo Lam, Matta, Henri Michaux, André Pieyre de Mandiargues et participe aux activités des surréalistes[1].
En 1954, les Mansour s'installent définitivement à Paris. C'est dans leur appartement que le , en marge de l'exposition internationale du surréalisme dédiée à Éros, en présence de Breton et Matta, le plasticien québécois Jean Benoît présente son Exécution du testament du Marquis de Sade. Au cours de cette séance, Jean Benoît s'applique sur la poitrine un fer rougi portant les quatre lettres SADE[2]. Ce que le peintre Roberto Matta, (1911/ 2002), fit lui aussi, en utilisant le même fer: ce qui lui causa une infection.
En 1965, la quatrième de couverture de Carré blanc la présente ainsi: «Joyce Mansour, Égyptienne, née en Angleterre, a séjourné en Égypte, vit en France. Spécialiste du saut en hauteur, elle a été championne de course à pied».
Jean-Louis Bédouin voit dans la poésie de Joyce Mansour «Une puissance à l'image de l'antique terre-mère: c'est parce qu'elle engloutit la graine, qu'elle peut rendre le baiser d'une fleur ardente[3].» Pour Alain Jouffroy, son absence de pudeur «marque une sorte de révolte, essentiellement féminine, contre le despotisme sexuel de l'homme, qui fait souvent de l'érotisme sa création exclusive[4].»
Le , pour une soirée au profit d'Amnesty International, elle joue dans la pièce de Virginia Woolf Freshwater dans une mise en scène de Simone Benmussa, au Théâtre du Rond-Point à Paris. Les écrivains Eugène Ionesco, Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet et Jean-Paul Aron sont les autres interprètes de cette pièce[6].
En 1991, les éditions Actes Sud ont publié tous ses écrits, rassemblés avec l'aide de son mari, Samir Mansour.
Une installation hommage présentant ses souvenirs surréalistes et des œuvres avec lesquelles elle a vécu, a eu lieu au musée du Quai Branly Paris mezzanine centrale du au .
Œuvres
Poésie
Cris, Éd. Seghers, Paris, 1953
Déchirures, Éd. de Minuit, Paris, 1955
Rapaces, Éd. Seghers, Paris, 1960
Carré blanc, avec des illustrations de Pierre Alechinsky, Le Soleil Noir, Paris, 1966[7]
Les Damnations, Éd. Visat, Paris, 1967
Phallus et momies, Éd. Daily Bul, 1969
Astres et désastres, London Art Gallery, 1969
Anvil Flowers, Art édition Fratelli Pozzo, 1970
Prédelle Alechinsky à la ligne, Weber-galerie de France 1973
Pandemonium, La Nueva Foglio, 1976
Faire signe au machiniste, Soleil Noir, 1977
Sens interdits, Bernard Letu, 1979
Le Grand Jamais, Aimé Maeght, 1981
Jasmin d'hiver, Fata Morgana, 1982
Flammes immobiles, Fata Morgana, 1985
Trous noirs, Pierre d'Alun, 1986
Prose
Les Gisants satisfaits, Jean-Jacques Pauvert, Paris, 1958
Jules César, Éd. Pierre Seghers, Paris, 1958
Ça, Le Soleil Noir, Paris, 1970
Histoires nocives, Gallimard, Paris, 1973. Nouvelle parution aux Éditions Les Perséides, coll. "La Lune attique", Rennes, 2005
Pièce de théâtre
Le Bleu des fonds, Le Soleil Noir, Paris, 1968. (Illustrations de Pierre Alechinsky)
Œuvres complètes
Prose et poésie, œuvre complète, Actes Sud, Paris, 1991 (ISBN2 86869 592 2) (rééd. éditions Michel de Maule, édition enrichie par des inédits, 2014)
Spirales vagabondes et autres parallèles en labyrinthe, Nouvelles Éditions Place, Paris, 2018 (Textes absents de Prose et poésie, oeuvre complète)
Ouvrages sur Joyce Mansour
Écrits
Livres et thèses
Marie-Claire Barnet, La Femme cent sexes ou les genres communicants. Deharme, Mansour, Prassinos, Peter Lang, 1998.
Stéphanie Caron, Réinventer le lyrisme. Le surréalisme de Joyce Mansour, Droz, Genève 2007.(ISBN978-2-600-01090-0)
Marie-Francine Mansour, Une vie surréaliste: Joyce Mansour, complice d'André Breton, Chaintreaux, France-Empire Monde, 2014.
John Herbert Matthews, Joyce Mansour, Rodopi, Amsterdam, 1985
Adam Biro & René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, coédition Office du livre, Fribourg (Suisse) et Presses universitaires de France, Paris, 1982.
Stéphanie Caron, «De la création comme (re)commencement. Petit aperçu sur la genèse des récits de Joyce Mansour: le cas "Napoléon"», in Pleine Marge n° 37, .
Georgiana Colvile, «Joyce Mansour et "Les Gisants satisfaits", trente ans après», in Avant-Garde no4, Rodopi, 1990.
Marco Conti, « Joyce Mansour, l'eros senza fine », Poesia no127, Crocetti, 1999.
Alain Marc, Écrire le cri, Sade, Bataille, Maïakovski…, préface de Pierre Bourgeade, l’Écarlate, 2000.(ISBN9782910142049)
Richard Stamelman, « Le Fauve parfum du plaisir, poésie et éros chez Joyce Mansour », in collectif La Femme s'entête, la part du féminin dans le surréalisme, Lachenal & Ritter, coll. « Pleine Marge », 1998
Anthologies
Jean-Louis Bédouin, Anthologie de la poésie surréaliste, Éd. Pierre Seghers, Paris, 1983.
Marco Conti, Introduction et traduction à Joyce Mansour: «Blu come il deserto. Antologia poetica (1953-1986)», Terra d'Ulivi Edizioni, 2017.
Documents sonores
Disque
Ouroboros chante Joyce Mansour, musique de Bernard Ascal, EPM "Poètes et chansons", 2004
« Saignée », chanson signée Bernard Lavilliers et présente sur son album État d'urgence, est en fait une reprise (non créditée) du poème en prose « La pointe » de Joyce Mansour, extrait du recueil Ça (Le Soleil Noir, 1970), texte que l'on peut lire dans l'Anthologie de la poésie érotique publiée par Marcel Béalu aux éditions Seghers en 1971 (réédition en 2007)[9].
Notes et références
Colvile, op. cité, p. 186
Biro et Passeron, op. cité, pages 56 et 263
"Médium"
L'Observateur
Biro, p. 263
La pièce fut préalablement jouée à New York le 20 octobre 1983, Londres en novembre 1983 et Spoleto le 4 juillet 1984.
Voir Sarah-Jeanne Beauchamp Houde, Andrea Oberhuber et Charles Plet, « Carré blanc: la rencontre de Joyce Mansour et de Pierre Alechinsky » .
Avec une photographie de Joyce Mansour réalisée par Marion Kalter en 1977
Michel Kemper, Les Vies liées de Lavilliers, Flammarion, 2010, p. 292
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