music.wikisort.org - Poète

Search / Calendar

Armel Guerne, né à Morges (Suisse) le et mort à Marmande (Lot-et-Garonne) le , est un poète et traducteur de langue française, de père suisse et de mère française. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut membre du réseau Prosper-PHYSICIAN du service secret britannique Special Operations Executive, aux côtés de Francis Suttill « Prosper », le chef du réseau.

Armel Guerne
Biographie
Naissance

Morges Suisse
Décès
(à 69 ans)
Marmande (Lot-et-Garonne)
Nom de naissance
Eugène Armel Guerne
Surnom
Gaspard (dans la Résistance)
Nationalités
Suisse
Française
Activité
Poète, traducteur
Fratrie
Arlette
Alain
Autres informations
Religion
Catholicisme
Distinction
Prix Jeanne-Scialtel ()

Famille


Il est le fils de Denis Guerne (1880, Malleray - 1941, Saint-Germain-en-Laye) et d'Angèle Gohard (1883, Nantes - 1972, Saint-Germain-sur-Avre), mariés en 1909 et divorcés en 1918. Ses parents ont eu deux autres enfants : Alain (1910, Morges - 1973, Paris) et Arlette (1912, Morges - 1984, Nogent-le-Rotrou).

Armel Guerne a eu pour épouse Jane-Gabrielle Berruet (Pérégrine)[1], et pour compagnes Marie-Thérèse Woog (Maïthé), fille du peintre Raymond Woog, et Ellen Guillemin Nadel[2].


Biographie



Les premières années (1911-1939)


Ses parents reviennent en France alors qu'il a neuf ans. Il poursuit ses études au lycée de Saint-Germain-en-Laye, avant de se voir couper les vivres par son père. Aidé par la famille de son meilleur ami Mounir Hafez, il peut continuer ses études. Il est ensuite professeur en Syrie avant de revenir en France en 1934. À la Sorbonne, il fonde avec Roger Frétigny le Groupe d'études psychologiques. Son premier livre Oraux est publié aux éditions du Grenier en 1934.

La boîte déroulante ci-dessous détaille la chronologie de ces premières années.


La résistance (1939-1944)


Pendant la Seconde Guerre mondiale, il cesse toute activité littéraire pour se consacrer aux actions de résistance : il s'engage dans un réseau britannique du Special Operations Executive, le réseau Prosper-PHYSICIAN, aux côtés du chef du réseau, Francis Suttill « Prosper », dont il devient le second. Lors de l'effondrement du réseau fin , il est arrêté par la Gestapo, est interné à la prison de Fresnes puis au camp de Royallieu près de Compiègne. Envoyé à Buchenwald, il réussit en chemin à s'échapper du train avant Charleville et rejoint Londres.

La boîte déroulante ci-dessous détaille cette période de sa vie.


Les dernières années (1944-1980)


Après la guerre, il traduit de nombreux auteurs, notamment Novalis, Rilke, Hölderlin, les frères Grimm, Melville, Virginia Woolf, Dürrenmatt, Elias Canetti, Lao Tseu et Kawabata, tout en poursuivant son œuvre personnelle.

Il se lie d’amitié avec Georges Bernanos (à partir de 1945) et avec Cioran (à partir du début des années 1950).

En 1962, André Breton publie Éphémérides surréalistes, 1955-1962, et distingue pour l'année 1957 trois livres importants, outre le sien propre L'Art magique et celui de Roger Caillois L'Incertitude qui vient des rêves, le livre-somme d'Armel Guerne Les Romantiques allemands.

À son sujet, Maurice Blanchot, rendant compte d'un ouvrage de Martin Buber, Récits hassidiques, écrit : « La traduction digne du texte — original sans origine — est d'Armel Guerne. »[7]

Armel Guerne obtient également la reconnaissance d'écrivains tels qu'Yves Bonnefoy, Marcel Brion, Robert Sabatier.

En 1960, Armel Guerne se retire dans le moulin à vent de Tourtrès (Lot-et-Garonne)[8]. Il y invite des poètes hennuyers : Madeleine Biefnot et son époux Franz Moreau, puis son compagnon le pédagogue Jacques Duez[9]. Il meurt le à l'hôpital de Marmande.

Son œuvre de traducteur, comme de poète ou essayiste est ancrée dans une haute estime du langage et du « verbe créateur », une dimension mystique de la parole, selon laquelle les langues humaines sont une « matrice spirituelle [...] une image directe du Verbe créateur »[10], un reflet du Verbe divin, lié à l'éternité. À travers ses traductions comme ses réflexions sur des auteurs orientaux ou occidentaux, d'hier ou d'aujourd'hui, avec un attrait particulier pour les Romantiques allemands, Guerne développe aussi une méditation plus générale sur la vocation spirituelle de l'homme, incarnée selon lui par la poésie comme « verbe vivant », c'est-à-dire une manière d'être, à l'opposé de ce qu'en a fait le monde contemporain, une réduction aux belles-lettres ou aux vanités du monde des apparences, encombré des vessies et lanternes de l'actualité littéraire et médiatique. Selon lui, la tâche essentielle revient à « apprendre à vivre et à écrire à fond, sans tricher »[11]. Mais alors que la poésie devrait aider l'homme à se respiritualiser, le monde contemporain lui apparaît comme la fin de notre civilisation. Défenseur du « poids vivant de la parole », il déplore : « Ce qui fausse aujourd'hui l'art d'écrire et l'écarte de ses magies opérant en silence sur la sensibilité et la richesse du lecteur, ce lien d'esprit à esprit par-dessus les mots, cette transfusion d'âme à âme, c'est que la plupart des auteurs n'écrivent que pour être imprimés et pour faire du bruit. Or le sublime don de l'œuvre écrite, son mode opératoire est le silence essentiel qu'elle apporte avec elle »[12]. Selon lui, « toute langue est, par essence, faite pour l'ineffable »[13], et la poésie se situe au-delà des mots et des paroles, dans l'itinéraire vivant qu'ils dessinent et incarnent, dans ce « chemin mystérieux qui va vers l'intérieur », dont parle Novalis ; elle est « le chant de l'être, son sentiment et sa conscience »[14].

La boîte déroulante ci-dessous détaille ses dernières années.


Œuvres



L'auteur



Le passeur


Traductions par Armel Guerne, Albert Béguin, Lou Bruder, Jean-François Chabrun, René Jaudon, Flora Klee-Palyi, Gilbert Socart et Robert Valençay.
Textes de : Hölderlin, Jean Paul, Ludwig Tieck, Novalis, les frères Friedrich et August Wilhelm Schlegel, Wackenroder, un poète inconnu, Franz Xaver von Baader, F. G. Wetzel, Hendrik Steffens, Clemens Brentano, Achim von Arnim, Adelbert von Chamisso, E.T.A. Hoffmann, Friedrich de La Motte-Fouqué, Contessa, Heinrich von Kleist, Karoline von Günderode, Bettina von Arnim, Beethoven, Eichendorff, Georg Büchner, Christian Dietrich Grabbe, Eduard Mörike.
(Volontairement isolée, cette œuvre majeure d’Armel Guerne assure un « pont » emblématique entre les textes « personnels » et le travail considérable du traducteur.)

Le traducteur



De l'allemand


De l'anglais


Du tchèque


Du chinois


Du japonais


Du grec et du latin liturgique


Cas particulier


Correspondance



Bibliographie



Ouvrages



Thèses et mémoires



Discographie



Notes et références


  1. E. M. Cioran—Armel Guerne, Lettres 1961-1978, L’Herne, 2011, p. 11.
    • Jane Gabrielle Berruet (1907, Angers - 1993, Paris), surnommée familièrement Pérégrine. Elle enseigna dans un cours complémentaire, en province, de 1927 à 1931. Ils se marièrent le 31 octobre 1939, à Paris. Pendant la guerre, elle fut associée à l'activité de son mari. En 1943, elle fut arrêtée et déportée par les Allemands. Après la guerre, elle fut la secrétaire bénévole de Georges Bernanos. Elle aida aussi le Chanoine Osty pour la mise au propre de sa traduction de la Bible.
    • Marie-Thérèse Woog, pianiste, fille du peintre Raymond Woog, surnommée Maïthé. Ils se rencontrèrent à Londres en 1945 et ils eurent un fils, Christophe Woog, né le et une fille Nathalie Woog, née le . Elle s'est alors convertie au catholicisme. Maïthé aussi fit partie d’un réseau de la section F du SOE, le réseau JOCKEY implanté dans la Drôme où elle fut courrier de Pierre Raynaud « Alain ».
    • Ellen Guillemin Nadel, fille du poète allemand Arno Nadel (de). Ils se rencontrèrent en 1947 au Café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés. Elle mourut le , sept ans après Armel Guerne, à l'hôpital de Tonneins, d'une rupture d'anévrisme au cerveau suivie d'une hémiplégie avec suspension de la parole. Comme lui, elle est enterrée au cimetière de Tourtrès.
  2. Le dramaturge Daniel Mauroc racontera dans un témoignage que, transporté par un vélo-taxi, il eut pendant le trajet une insolite conversation sur la poésie avec le pédaleur qui n'était autre qu'Armel Guerne.
  3. Source [4]
  4. Source [2]
  5. Après la guerre, Armel Guerne apportant aux éditions Sorlot une traduction de Paracelse, aura la surprise d'y trouver Georges Broussine, momentanément engagé dans cette maison dont le patron a été soupçonné de collaboration.
  6. Nouvelle Revue française, .
  7. http://visites.aquitaine.fr/moulin-de-tourtres
  8. http://www.moncelon.com/cahiersdumoulin22.htm
  9. Armel Guerne, L'âme insurgée. Écrits sur le Romantisme, Le Seuil, coll. « Points Essais », 2011, p. 67.
  10. Armel Guerne, Le Verbe nu. Méditation pour la fin des temps, Le Seuil, 2014, p. 13.
  11. « La fugue », dans Le Verbe nu. Méditation pour la fin des temps, Le Seuil, 2014, p. 210-211.
  12. Armel Guerne, L'âme insurgée. Écrits sur le Romantisme, Le Seuil, coll. « Points Essais », 2011, p. 81.
  13. Armel Guerne, L'âme insurgée. Écrits sur le Romantisme, p. 97.
  14. Mythologie de l'Homme paraîtra en France quelques mois plus tard aux éditions de la Jeune Parque
  15. Le tampon de son passeport indique cette date, à Dieppe.
  16. Lettre de Bernanos à Armel Guerne, du
  17. Le témoignage d'Armel Guerne, recueilli par Mlle Patrimonio les et , se trouve aux Archives nationales (série 72 AJ) ; Charles Le Brun en fournit la transcription comme annexe IV de John Vader, p. 280-307.
  18. Prix 1 000 frs de l'époque, soit 100 000 anciens francs
  19. La traduction d'Armel Guerne couvre l'intégralité des Contes populaires allemands des frères Grimm. Mises à part les deux éditions indiquées, il existe une multitude de rééditions de certains contes, chez Gallimard, Gründ, Le Seuil, Corentin et Le Capucin.
  20. La Marquise d'O… ; Le Tremblement de terre du Chili ; Fiançailles à Saint-Domingue ; L'Enfant trouvé.
  21. Michael Kohlhaas ; La Mendiante de Locarno ; Sainte Cécile ; Le Duel.
  22. Enregistré du 22 au 27 juillet 2008 aux Grandes orgues Curt Schwenkedel de la cathédrale Saint-Étienne de Toul et les 28-29 juillet à l’église Sainte-Jeanne-d'Arc de Versailles.

Voir aussi



Sources



Liens externes


Sur les autres projets Wikimedia :


На других языках


- [fr] Armel Guerne

[ru] Герн, Армель

Армель Герн (фр. Armel Guerne, 1 апреля 1911 (1911-04-01), Морж, Во — 9 апреля 1980, Марманд, Ло и Гаронна) — швейцарский и французский поэт, переводчик, эссеист, писал на французском языке.



Текст в блоке "Читать" взят с сайта "Википедия" и доступен по лицензии Creative Commons Attribution-ShareAlike; в отдельных случаях могут действовать дополнительные условия.

Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.

2019-2025
WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии