Claude Vigée, nom de plume de André Strauss[2], né le à Bischwiller (Bas-Rhin) et mort le à Paris, est un poète français, juif et alsacien. Son choix du nom Vigée renvoie, selon l'interprétation qu'il en donne, à «Vie j’ai»[3].
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Claude Vigée
Données clés
Nom de naissance
André Strauss
Naissance
Bischwiller (Bas-Rhin, France)
Décès
(à 99 ans) Paris 16e (France)
Distinctions
Prix Pierre-de-Régnier (1972) Grand prix de poésie de l'Académie française (1996) Prix de l'Amitié judéo-chrétienne de France (2006) Grand prix national de la poésie (2013)
Claude Vigée naît dans une famille juive alsacienne dans laquelle est pratiqué le dialecte alsacien[4], tandis qu'il apprend le français à l'école[5]. Il parle également le judéo-alsacien, ce qui lui fait dire qu'«[il est un] Juif alsacien, donc doublement juif et doublement alsacien[6].»
Il prépare le baccalauréat au lycée Fustel-de-Coulanges de Strasbourg, puis s'inscrit à l'université, mais ses études sont interrompues par la Seconde Guerre mondiale et l'évacuation des populations des territoires annexés. Il trouve d'abord refuge, à Toulouse, de 1940 à 1942, où il reprend ses études de médecine et rejoint l'Armée juive, un groupe de résistance toulousain.
Il publie ses premiers poèmes dans la revue Poésie 1942 de Pierre Seghers, sous le nom de Claude Vigée, pseudonyme qu'il adopte comme patronyme après la guerre. Il s'exile, avec sa mère, aux États-Unis au début 1943. Il y poursuit ses études, obtenant un doctorat de langue et littérature romane de l'université de l'Ohio à Colombus, se marie en 1947 avec Evelyne Meyer avec qui il a deux enfants, et enseigne la littérature française et comparée, notamment à l'université Brandeis, près de Boston, dont il dirige le département de français jusqu'en 1959.
Il s'installe ensuite en Israël, en 1960, et obtient un poste de professeur de littérature française et comparée à l'université hébraïque de Jérusalem qu'il occupe jusqu'à sa retraite en 1983. Il revient en France en 2001.
Claude Vigée meurt à Paris le , à l’âge de 99 ans[7]. Le mardi 6 octobre 2020, il est enterré au cimetière juif de Bischwiller[8], sa ville natale. À la suite de la pandémie, il n'y a qu'environ 70 personnes, religieux, proches, amis, et sympathisants à assister à la mise en terre.
Le poète
Poète qui écrit en français et en alsacien, traducteur, essayiste, Claude Vigée compose dès 1940 des œuvres empreintes d'une grande spiritualité et d'une grande générosité. Sa poésie exprime «la singularité du drame existentiel, en rompant la fatalité tragique», comme le dit Anne Mounic[9].
Le premier livre de poèmes de Claude Vigée, La Lutte avec l'ange, paraît en 1950. On y lit, dans le poème «Trois nocturnes», le vers: «Nous sommes devenus complices du hasard».
Ce recueil sera suivi en 1954 de La Corne du Grand Pardon, en 1957, de L'Été indien, et en 1962, Le Poème du retour.
Il publie en 1970 La Lune d'hiver, textes autobiographiques en prose écrits entre 1939 et 1961, puis en 1972, Le Soleil sous la mer: dix chants pour presque vivre, qui reprend l'intégralité des poèmes déjà édités (1939-1971). Il publie des textes autobiographiques, en 1994 et 1995, Un panier de houblon (Jean-Claude Lattès). Une anthologie de ses poèmes est publiée dans la collection Poètes d'aujourd'hui (éditions Seghers, 1978). De nouveaux textes, Le Passage du vivant, Dans le creuset du vent, Danser vers l’abîme, Être poète pour que les hommes vivent sont régulièrement publiés.
Il reçoit la distinction alsacienne, le Grand Bretzel d'or, en 1993, le grand prix de poésie de l'Académie française, en 1996, et le grand prix national de la poésie, en 2013. En 2008, Mon heure sur la terre, qui reprend l'intégralité de ses poèmes publiés, est récompensé par le prix Goncourt de la poésie.
Claude Vigée s'est toujours soucié de la paix entre les cultures et dans cette perspective, a publié un poème sur la guerre du Liban intitulé La Voix des jeunes soldats morts, dans une anthologie de poèmes pacifistes juifs et arabes.
Principales œuvres
Textes
La Lutte avec l'ange (1939-1949) Publication 1950. Réédition, Paris, L'Harmattan 2005, coll.«Poètes des cinq continents»
La Corne du grand pardon , 1954
La Lutte avec l'ange, Paris, Les Lettres, 1950. Nouvelle édition complète, Paris, L'Harmattan, 2005
Avent, Paris, Les Lettres, 1951
Aurore Souterraine, Paris, Éditions Seghers, 1952
La Corne du Grand Pardon, Paris, Éditions Seghers, 1954
L'Été indien,(poèmes, suivis du Journal de l'Été indien). Paris, Gallimard, 1957
Les Artistes de la Faim, essais critiques, Paris, Calmann-Lévy, 1960
Moisson de Canaan, Paris, Flammarion, 1967
La Lune d'hiver, récit, essai, journal, Paris, Flammarion 1970
Les Orties noires (1984) (en alsacien)
Le Feu d’une nuit d’hiver (1989) (en alsacien)
Le Poème du retour
Le Passage du vivant
Dans le creuset du vent
Danser vers l’abîme
Dans le silence de l'Aleph, Paris, Albin Michel, 1992
Les Puits d'eau vive, Paris, Albin Michel, 1993
Un panier de houblon
La Verte Enfance du monde (tome 1), 1994, Paris, JC Lattès (ISBN2-7096-1369-7)
L'Arrachement (tome 2), 1995 Paris, JC Lattès
Treize inconnus de la Bible, 1996
«L'univers matériel halluciné de Jean Revol», revue Temporel, 2006
Être poète pour que les hommes vivent 2006
Chants de l'absence - Songs of Absence, Menard Press, London et Temporel, Paris
Mon heure sur la terre (poèmes complets), Paris, Éditions Galaade, coll.«Le Siècle des poètes», 2008
Mélancolie solaire, Orizons, 2008
Les Sentiers de velours sous les pas de la nuit, Les cahiers de Peut-être, 2010
Rêver d'écrire le temps, de la forma à l'informe, Orizons, 2011
L'homme naît grâce au cri: poèmes choisis (1950-2012), Paris, Le Seuil, 2013
En 2006, Claude Vigée prononce une conférence de Carême à la cathédrale Notre-Dame de Paris[11].
Distinctions
Prix Pierre-de-Régnier de l’Académie française, (1972)
Prix international Jacob-Burckhardt (Suisse, 1977)
Prix Femina Vacaresco pour la critique (1979)
Prix Johann Peter Hebel (Bade-Wurtemberg, RFA 1984),
Grand prix de poésie de la SGDL (Société des gens de lettres de France) (Paris 1987)
Prix de la Fondation du judaïsme français (1994)
Grand prix de poésie de l'Académie française (1996)
Prix de littérature européenne de la Fondation Würth (2002)
Prix de l'Amitié judéo-chrétienne de France (octobre 2006)
Prix Goncourt de la poésie (2008) pour Mon heure sur la terre
Citoyen d'honneur de Seebach en remerciement pour la notoriété acquise par le village à la suite de la publication d'un poème intitulé Un panier de houblon[7]
Dans sa préface à L'Homme naît grâce au cri - Poèmes choisis 1950-2012, rassemblant une anthologie des poèmes de Claude Vigée, éd. Points, 2013, (ISBN978-2757835173), p. 9.
Claude Vigée, Anne Mounic et Anthony Rudolf, «Comment traduire les Quatre Quatuors de T. S. Eliot?», Palimpsestes. Revue de traduction, no20, , p.201–230 (ISSN1148-8158, DOI10.4000/palimpsestes.106, lire en ligne)
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