Joan Brossa [ʒuˈam ˈbɾɔsə] né le à Barcelone et mort dans cette même ville le est un poète, auteur dramatique, dessinateur graphique et artiste plastique espagnol d'expression catalane, pour lequel il n'existait pas de frontières entre les genres: à son avis, «tous sont des faces de la même pyramide[1]». Il a été l'inspirateur et l'un des fondateurs de la revue Dau al Set et du groupe artistique du même nom (1948)[2].
Joan Brossa
Joan Brossa en 1998
Données clés
Nom de naissance
Joan Brossa i Cuervo
Naissance
Barcelone, Espagne
Décès
(à 79 ans) Barcelone, Espagne
Activité principale
Poète, dramaturge, artiste plastique
Distinctions
6 Prix de la critique Serra d'Or (1971, 1974 - en deux catégories -, 1978, 1979, 1996) Prix Lletra d'Or (1981) Médaille Picasso de l'UNESCO (1888) Médaille d'Or au Mérite en Beaux Arts (1995) Prix National de Théâtre (1998) Docteur Honoris Causa de l'Université autonome de Barcelone (1999)
Joan Brossa est considéré comme l'un des grands créateurs de poésie visuelle, ainsi que l'introducteur de ce genre en Espagne. Cependant il a été un important auteur de poésie littéraire (plus de 80 livres), de poésie scénique (il touchait à tous les champs: pièces de théâtre, scénarios de cinéma, livrets d'opéra, performances, cabaret, happenings, actions musicales, actions spectacles, cirque, strip-teases… jusqu'à plus de 350 œuvres)[3] et de proses (littéraires, programmatiques ou circonstancielles). Sa seule langue de création a été la langue catalane.
Âgé de 18 ans, il participe à la guerre civile espagnole recruté par l'armée républicaine, où il est blessé à l'œil. C'est pendant cette guerre qu'il fait ses débuts littéraires dans une revue de son bataillon. Après sa rentrée à Barcelone (1941), Joan Brossa se lie avec le poète J.V.Foix, le peintre Joan Miró et le dynamiste culturel Joan Prats, des sommets des avant-gardes catalanes qui restaient alors en exil intérieur, tus par le Franquisme. Il fait également la connaissance (1948) du poète brésilien João Cabral de Melo Neto, alors que celui-ci était vice-consul dans la capitale catalane. Cette rencontre fut déterminante et influença l'œuvre du poète, en lui donnant une forte connotation sociale.
Bien qu'à ses débuts il ait exploré l'hypnagogie, le surréalisme, le dadaïsme et tous les grands mouvements des avant-gardes européennes, il s'est plus tard consacré à la composition de centaines de sonnets, d'odes sapphiques[4] et de sextines d'une totale perfection formelle, autant que de milliers de poèmes libres et directs. Cabral de Melo édita et préfaça en 1950 le livre Em va fer Joan Brossa (Joan Brossa m'a fait), l'un des premiers exemples européens d'« antipoésie ». En 1970 l'apparition du volume Poesia rasa (Poésie rase), réunion de dix-sept livres écrits depuis 1943, ayant eu une mince diffusion lors de leur première publication ou tout à fait inédits, secoua fortement le panorama littéraire catalan qui était toujours sous contrôle politique. Depuis lors et jusqu'à sa mort, Brossa n'a pas cessé de publier. Aujourd'hui, son travail occupe una place prépondérante dans la littérature contemporaine catalane et il a été déjà traduit dans plus de quinze langues[5].
L'œuvre de Brossa est toujours imprégnée de visualité et d'esprit plastique — presque photographique — vers la réalité quotidienne reliée et ralliée par les lecteurs/spectateurs à leur regard. La fonction de l’artiste n'est donc qu'agir comme l'amadou du potentiel de chacun. À ce propos les armes brossiennes sont la satire, l'ironie, la critique et parfois l’irrévérence. À son avis, la forme est toujours prioritaire face au contenu, et en conséquence sa poésie a pris souvent l'aspect de jeu de mots, même de jeu de lettres, capable de toucher le lecteur au premier abord. Cela n’exclut pas le fort engagement patriotique catalan de son message, politique autant que social.
Au long de sa carrière, les paroles de Joan Brossa ont trouvé la complicité de nombreux artistes, dont les peintres Joan Miró, Antoni Tàpies, Alfons Borrell et Riera i Arago, le sculpteur Eduardo Chillida, les poètes Serge Pey et Bernard Manciet, les musiciens Josep Maria Mestres Quadreny et Carles Santos, les cinéastes Pere Portabella et Carlos Atanes, le photographe Chema Madoz.
Joan Brossa: Poème visuel transitable en trois parties (1984) à Barcelone, Parc du Vélodrome d'Horta.
Brossa n'a voulu être appelé que «poète», et pourtant c'est son œuvre plastique (poèmes visuels, poèmes-objet, affiches, installations, poèmes urbains…), en débordant évidemment les frontières idiomatiques, qui a fait de lui une référence mondiale, même dans certaines ambiances artistiques qui méconnaissent souvent son immense travail littéraire. Fidèle a des paramètres futuristes, en 1941 il esquisse les premiers «poèmes expérientaux», lorsque sa poésie déborde la stricte littérature avec une technique proche du calligramme. La première incursion de Brossa dans la plastique corporelle est un objet trouvé daté de 1943. Après cela, c'est en 1951 qu'il composa sa première association d'objets disparates et en 1956 sa première installation, dans la vitrine d'une boutique à Barcelone. C'est dans les années soixante que son expérimentation dans la poésie visuelle et « objectuelle » atteint sa plénitude, en nombre et en profondeur. Justement, c'est en 1960 que Brossa crée le poème-objet Cerilla (Allumette) et en 1965 le livre d'artiste Novel·la (Roman) — ce dernier en collaboration avec Antoni Tàpies —, des chefs-d'œuvre de l'art conceptuel international. Quant à ses poèmes visuels (presque mil cinq-cents, la plupart restant inédits), ils sont conçus en des séries bien réglées, à fin d'être présentés à l'instar d'un livre, bien que parfois, ils soient publiés individuellement en sérigraphie.
C'est après l'arrivée de la démocratie en Espagne (1978) que la poésie de Brossa se déploie dans les affiches, souvent liés avec des événements de culture populaire, en pleine liberté. Enfin ses livres peuvent être publiés sans censure, ni linguistique ni idéologique. Il reçoit bientôt des commandes des nouvelles autorités démocratiques, et en 1984 son œuvre parvient dans les espaces publics avec le monumental Poème visuel transitable en trois parties placé près du vélodrome de Barcelone: c'est le premier «poème urbain», genre que Brossa, en parallèle avec les genres littéraire, dramatique et visuel, ne quittera plus.
Après sa première retrospective à la Fundació Joan Miró de Barcelone en 1986, l'œuvre plastique de Brossa fut bientôt exposée individuellement au-dehors de son Pays: Munich (1988), New York, Amsterdam et Bâle (1989), Houston et Minneapolis (1990), Céret-Collioure (1991), etc. Cette dernière année, l'exposition au Museo Centro Nacional de Arte Reina Sofia à Madrid fit sa vraie consécration internationale, confirmée incessamment par la présence du poète aux pavillons officiels des Biennales de São Paulo (1993) et de Venise (1997) et des expositions singulières à Londres et Chicago (1992), Marseille et Malmö (1993), Paris (1995), Francfort (1997), Mexico, Monterrey, Cassel, Goppingen et Göteborg (1998). Il reçoit par ailleurs en 1995 la Médaille d'or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports[6].
Joan Brossa: Poème urbain Barcino (1994) à Barcelone, place de la Cathédrale.
Après la mort du poète, une grande exposition anthologique, réalisée encore à la Fundació Joan Miró (2001), situa définitivement Joan Brossa parmi les grands noms de la création artistique de la seconde moitié du XXesiècle. À partir de 2005 de nouvelles rétrospectives ont voyagé dans plusieurs villes du Chili, du Brésil, d'Argentine, du Portugal, d'Espagne, de l'Autriche, de la Tchéquie, de la Suède, de la France, d'Allemagne, de la Pologne, du Mexique et encore de la France, tandis que son œuvre était déjà arrivée dans des musées et collections d'art contemporain du monde entier.
En 1988, Joan Brossa est décoré de la Médaille Picasso de l'UNESCO. Il reçoit en 1998 la Médaille d'Or du Círculo de Bellas Artes[7]. En 1999, à l'occasion de son 80eanniversaire, il devait recevoir le doctorat honoris causa de l'Université autonome de Barcelone. Mais vingt jours avant cette date, le poète meurt dans un accident domestique.
En 2012, le monumental legs de Joan Brossa — plus de 64 000 pièces — a été mis en dépôt auprès du MACBA de Barcelone[8].
Traductions en français
"Pim-pam-poum où la pyramide des pommes", "Action spectacle", "Farce", "Le Calendrier" et "Hommage au Vietcong" (poésie scénique). Traduction d’Alain Arias-Misson. Bruxelles, L'VI ().
"En avant!" et "Défaite" (poésie littéraire). Traduction pas signée. Toulon, Le journal des poètes nº 8, année 40e (1969).
"Poème" (poésie littéraire). Traduction de Mathilde Bensoussan. Paris, Le Monde (), supplément littéraire, p.V.
"Poème floral", "Poisson de cire" et "Mot à l’envers" (poésie littéraire). Traduction de J. L. Soderberg. Paris, Paroles peintes nº 4 (hiver 1970).
"Oracle sur Antoni Tàpies" (prose poétique). Traduction d’Alain Arias-Misson. Dans Vicens F. et al.: Antoni Tàpies o l'escarnidor de diademes. Barcelone: La Polígrafa, 1971.
"Sextine à Joan Miró" (poésie littéraire). Traduction de Pierre Lartigue et Maurice Molho. Paris, L'Humanité ().
"Sextine conceptuelle", "Sextine", "Sextine en pleine pluie", "Sextine de la vie là-haut ou l'apothicaire boiteux", "Face à face dans des bois avec beaucoup d'effanures" et "Sextine à Joan Miró" (poésie littéraire). Traduction de Pierre Lartigue et Montserrat Prudon. Paris, Po&sie nº 24 (1983).
"Où l'auteur se lamente de n’avoir pas su conserver un tendre amour" (poésie littéraire). Traduction de Montserrat Prudon. Paris, Les cahiers de Pandora nº 13 ().
"Chanson sextine", "Voyage" et "Berceau" (poésie littéraire). Traduction de Pierre Lartigue. Dans Anthologie poétique. Cultures hispaniques et culture française. Paris: Ed. Noiesis / Unesco, 1988.
"Sextine à l’architecte Josep M. Jujol" (poésie littéraire). Traduction de Claudine Fitte. Catalogue de l’exposition Jujol. Paris: Centre Pompidou, 1990.
L'illusionniste (anthologie de poésie littéraire). Traduction de Pierre Lartigue et Montserrat Prudon. Paris: Ed. La Différence (Orphée; 109), 1991 (ISBN2729107347).
"Sextine conceptuelle", "Sextine à Joan Miró" et "Sextine à la vie là-haut ou l'apothicaire boiteux". Traduction de Pierre Lartigue. Manchester, Mediterraneans nums. 2-3 (1992).
Feu à la cruche (scénario). Traduction d'Edmond Raillard. Dans Janicot, Christian (éd.) Anthologie du cinéma invisible. Paris / Strasbourg: Jean-Michel Place / ARTE, 1995, p.85-89 (ISBN2858932336).
"A…B" (poésie scénique). Traduction de Luca Benefort. Paris, Cahiers de la Comédie-Française nº 26 (hiver 1997).
"Élégie" (poésie littéraire). Traduction pas signée. Il y a trente ans. Saint-Amand-Montrond: Ed. La Remembrance, 2005
Le poète présente quinze pantomimes (poésie littéraire). Traduction de Marc Audi. Lyon, Nioques nº 1 (2006) (ISBN2914904061).
"Action spectacle en trois parties", "Voyage inexplicable", "Action spectacle dans un restaurant self-service", "Action spectacle en deux parties", "La mer" et "Dix numéros de strip-tease" (poésie scénique). Traduction d’Alain Arias-Misson et Marc Audi. Paris, Luna-Park nº 5, nouvelle série (été 2009) (ISBN9782802500261).
"Le jardin de la Reine", "Le temps", "Élégie au Che" (poésie littéraire et visuelle). Traduction de Montserrat Prudon. Paris, La Nouvelle Revue Française nº 590 () (ISBN9782070126064).
Poèmes civils (poésie littéraire). Traduction de Thierry Defize. Villeurbanne: Urdla (La Source d'Urd; 6), 2010 (ISBN9782914839358).
Strip-Tease et Théâtre irrégulier suivi de Actions musicales (poésie scénique). Traduction de Marc Audi. Paris: Les Éditions de l'Amandier (Théâtre), 2010 (ISBN9782355161193).
"Petite ode le jeudi" et "Magique cinéma" (poésie littéraire). Traduction de Jean-Claude Morera. Dans Huit siècles de poésie catalane. Paris: L'Harmattan (Accent Tonique), 2010 (ISBN9782296116917).
Sommaire Astral et autres poèmes (poésie littéraire). Traduction et préface de Marc Audi. Marseille: cipM (Spectres Familiers), 2011 (ISBN9782909097909).
Livres de poésie visuelle
Joan Brossa: Poème urbain Grand A couché avec poisson (2003), hôtel de ville de Mollet del Vallès.
Los quasigrafismos de Brossa (anthologie). Barcelone: Mario Eskenazi, 1990
Arlequins. Barcelone: Sala Tandem DDB Needham, 1996
Joan Brossa. Poesia visual. Valence: IVAM, 1997, (ISBN8448215915).
Joan Brossa. Cartells 1975-1999. Sabadell; Palma de Majorque: Caixa de Sabadell; Sa Nostra, 1999, (ISBN8495166097). (rééd. Barcelone: Fundació Joan Brossa, 2001, (ISBN8493195154)
Bordons, Glòria. "El Dau al Set literari" in Dau al Set. La segona avantguarda catalana. Barcelone: Fundació Lluís Carulla (Nadala, 45), 2011, p. 44-59, (ISBN9788472269415)
Publiées in Brossa, Joan. Poesia escènica. 6 vols. Barcelone: Edicions 62, 1979 - 1983, (ISBN8429709452), (ISBN842971149X), (ISBN842971393X), (ISBN8429715959), (ISBN8429219617), (ISBN8429720723) plus d'autres hors catalogue.
En quatrains dont trois vers hendécasyllabes plus un pentasyllabe adonique, à la manière de Sappho.
(es) Juan Carlos Ier et Jordi Sole Tura, «2268/1995 de 28 de diciembre por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes, en su categoria de Oro, a las personas que se citan», Boletin de Estado, Madrid, no311, , p.37509 (lire en ligne).
Joan Brossa: Poème urbain Hommage au livre (1994) à Barcelone, carrefour Passeig de Gràcia / Gran Via.
Arias-Misson, Alain; Dachy, Marc. "De Joan Brossa au poème public". Paris, Luna-Park num. 5 (nouvelle série), été 2009, p.83-88, (ISBN9782802500261)
Audi, Marc. La poésie visuelle de Joan Brossa (1919-1998): description et analyse intégrales. Thèse de doctorat en Études romanes, soutenue à l'Université Paris IV-Sorbonne (2011). Inédite; en ressource électronique.
Bordons, Glòria. Introducció a la poesia de Joan Brossa. Barcelone: Edicions 62, 1988, (ISBN8429727299)
Bordons, Glòria (éd.). Aprendre amb Joan Brossa. Barcelone: Edicions UB; Fundació Joan Brossa, 2003, (ISBN8483383802)
Bordons, Glòria (éd.). Bverso Brossa. Madrid: Instituto Cervantes, 2008, (ISBN9788488252418)
Bordons, Glòria; Audi, Marc. Joan Brossa entre la paraula, el gest i la imatge. Barcelone: Enciclopèdia Catalana, 2014, (ISBN9788441222861).
Borràs, Maria Lluïsa (éd). Joan Brossa. Nîmes: Musée d'art moderne de Céret; Musée de Collioure; Fonds Peské, 1990, (ISBN2901298052)
Casanova, Maria (coord.). Joan Brossa. Poesia visual. Valence: IVAM Institut Valencià d'Art Modern, 1997, (ISBN8448215915)
Coca, Jordi. Joan Brossa, oblidar i caminar. Barcelone: La Magrana, 1992, (ISBN8474106176)
Donguy, Jacques. Poésies expérimentales, zone numérique, 1953-2007. Dijon: les Presses du réel, 2007, p.212-215 et 339, (ISBN9782840662020)
González García, Ainize. Joan Brossa, artes visuales. Barcelone: Ixorai Llibres, 2015, (ISBN9788415987017)
Guerrero, Manuel (éd). Joan Brossa or the Poetic Revolt. Barcelone: Fundació Joan Miró, 2001, (ISBN8439353448)
London, John. Contextos de Joan Brossa. L’acció, la imatge i la paraula. Barcelone: Edicions UB, 2010, (ISBN9788447534289)
Marrugat, Jordi. «El saltamartí» de Joan Brossa. Les mil cares del poeta. Tarragone: Arola, 2009, (ISBN9788492408542)
Permanyer, Lluís. Brossa x Brossa. Records. Barcelone: La Campana, 1999, (ISBN8488791712)
Planas, Eduard. La poesia escènica de Joan Brossa. Barcelone: AIET, 2002, (ISBN8460752941)
Vallès, Isidre. Joan Brossa: les sabates són més que un pedestal. Barcelone: Alta Fulla, 1996, (ISBN8479000686)
(ca) Œuvre de Joan Brossa. Listes d’œuvres essentielles, d'œuvres complémentaires, de catalogues de ses expositions et de traductions dans d'autres langues.
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