Joë Bousquet est né dans une famille aisée. À l'âge de trois ans, il réchappe d'une fièvre typhoïde. Son adolescence est caractérisée par un comportement de mauvais garçon, agressif et coureur. Son père le destinait à une carrière dans la banque, ce que Joë redoutait[1].
En 1916, à dix-neuf ans, pendant la Première Guerre mondiale, Bousquet est engagé sur le front des hostilités où rapidement son audace le fait remarquer. Il recevra ainsi la Croix de guerre, la Médaille militaire puis la Légion d’Honneur (en 1932, il sera promu Commandeur de la Légion d'Honneur)[2]. Le , âgé de 21 ans, il est grièvement blessé lors du combat de Vailly-sur-Aisne. Atteint à la colonne vertébrale par une balle allemande, il est paralysé à hauteur des pectoraux, perdant l'usage de ses membres inférieurs et devenu impuissant. Il songe d’abord au suicide mais comprend bientôt que la vie qu’il élabore pour «construire autour de lui l’univers […] est la plus précieuse, la plus profonde, la seule probablement à être réelle»[3]. Il demeure alité le reste de sa vie, le plus souvent au 53 de la rue de Verdun à Carcassonne, dans une chambre dont les volets sont fermés en permanence, selon son désir. Sa sœur aînée, Henriette Patau-Bousquet, veille sur lui et souvent le tire d'un désespoir profond. Durant les beaux jours, il réside aussi à Villalier, dans la villa familiale entourée d'un parc. Il écrit à propos de sa blessure:
«Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l'incarner[4].»
Dans sa chambre, Bousquet passe pratiquement tout son temps à lire et à écrire[1]. Il reçoit beaucoup, des amis, mais aussi de nombreuses admiratrices. Avec ses plus proches amis, François-Paul Alibert, Ferdinand Alquié, Claude-Louis Estève et René Nelli, il fonde en 1928 la revue Chantiers. Dans les années 1940, la revue Les Cahiers du Sud le charge d'un Cabinet de lectures, dont il s'occupe avec Francine Bloch, premier chroniqueur principal de la revue. Il fait de sa chambre une boîte à lettres de la résistance locale.
Il est en relation épistolaire avec de nombreux écrivains et artistes dont Paul Éluard, Max Ernst et Jean Paulhan, ainsi qu’avec la philosophe Simone Weil[5]: il partage avec elle le souci d’authenticité et l’amour de la vérité, qui exigent de consentir à demeurer au plus près de sa souffrance, et de refuser de se réfugier dans une parole simplement divertissante[6]. Joë Bousquet laisse une œuvre poétique considérable. Il repose dans le cimetière de Villalier[7].
Distinctions
1932: Commandeur de la Légion d'honneur
1917: Médaille militaire
1917: Croix de guerre 1914-1918, palme de bronze
Postérité
Joë Bousquet écrit constamment son prénom «Joe» alors que la forme imprimée «Joë», avec tréma, est devenue usuelle du vivant de l'auteur.
Conservée en l'état, la Maison des Mémoires abrite une exposition permanente, ainsi que le Centre Joë Bousquet et son temps. Ce dernier organise des manifestations autour de l'œuvre du poète. Elle est labellisée depuis 2011 Maison des Illustres par le ministère de la Culture[8].
Mystique, Préface par Xavier Bordes, 1972, Éditions Gallimard, (1973)
Œuvres posthumes
Fumerolle, 1951
La Neige d'un autre âge, Cercle du livre, 1952
Le Mal du soir, Bordas, 1953
Langage entier, Rougerie, 1966
Notes d'inconnaissance, Rougerie, 1967
Le Sème-Chemins, Rougerie, 1968
Le Salut d'une parole, Gaston Puel, 1968
Le Pays des armes rouillées: mémoires, Rougerie, 1969
D'une autre vie, 1970
L'Homme dont je mourrai, Rougerie, 1974
La Romance du Seuil, Rougerie, 1976
Le Bréviaire Bleu, Rougerie, 1977
Le Roi du sel, suivi de Le Conte des sept robes et de Le Cahier C1, Albin Michel, 1977
Isel, Rougerie, 1978
Papillon de neige: journal 1939-1942, Verdier, 1990
Langage entier, Rougerie, 1981
Note-book, Rougerie, 1983
La Beauté dans les choses, Éditions Unes, 1983
La Nacre de sel, J.M. Savary, 1988
Exploration de mon médecin, Sables, 1988
D'un regard l'autre, Verdier, 1990
Le Galant de neige, Fata Mogana, 1994
René Daumal, Éditions Unes, 1996
L'Œuvre de la nuit, Éditions Unes, 1996
L'Archimûr à l'x orange, Les Librairies entre les lignes, 1999
Amarante et Muette, conte, Sables, 2005
Le Soleil souterrain, Sables, 2008
Bibliographie
Biographie
Guillaume de Fonclare, Joë, Stock, 2014
Édith de la Héronnière, Joë Bousquet, Une vie à corps perdu, Albin Michel, 2006
Pierre Cabanne, La Chambre de Joë Bousquet, Enquête et écrits sur une collection, André Dimanche Éditeur, 2005.
Collectif, sous la direction de François-Charles Gaudard, Joë Bousquet et l'écriture, Éditions L'Harmattan, 2000
Joe Bousquet présenté par Michel Maurette. Lettres inédites. Une bibliographie. Visages de ce temps. Collection dirigée par Jean Digot, Editions Subervie, 1963, Rodez. in-12 de 127 pages
René Nelli, Joë Bousquet, sa vie, son œuvre, Albin Michel, 1975.
Dans La route des étangs (Grasset, 1971), son ami Jean Mistler évoque longuement leur amitié. L'intrigue du roman est d'ailleurs empruntée à un souvenir que Joë Bousquet avait raconté à Jean Mistler, et qui figure dans l'un des derniers livres de Bousquet (Le Médisant par bonté, "L'imaginaire", Gallimard, p.154)
Études et articles
Scarlett Bonduelle Reliquet (photogr.Denise Bellon), «Henri-Pierre Roché et Joë Bousquet, collectionneurs», Histoire de l'art, no53, , p.65-74. (lire en ligne)
François Berquin, Hypocrisies de Joë Bousquet, Presses Universitaires du Septentrion (Villeneuve d'Ascq), 2000, 317 p.
Gilles Deleuze, «Vingt-et-unième série, de l'événement», dans Logique du sens, Les Éditions de Minuit (Paris), Collection «Critique», 1969, p.174-189
Maurice Blanchot et Alain Robbe-Grillet ont écrit sur Joë Bousquet.
Claude Le Manchec, Joë Bousquet. Je suis né de ma blessure, Laborintus (Lille), 2020, 304 p.
Bande dessinée
Laurent-Frédéric Bollée et Lucas Malisan, Les amants de Carcassonne, Éditions du Patrimoine-Glénat (2012)[10]
Filmographie
Seul un long-métrage produit pour la télévision (France 3) a été adapté de l'œuvre de Joë Bousquet et diffusé en 1980: La Tisane de sarments, réalisé par Jean-Claude Morin, adapté du roman éponyme et de Traduit du silence par le réalisateur et la scénariste et écrivain Marie-France Briselance, avec notamment Philippe Léotard dans le rôle du poète. La très forte charge émotionnelle du comédien (ancien professeur de français et connaisseur du poète), alors en complète déroute affective, compense largement le manque de ressemblance physique avec Joë Bousquet, le personnage principal de La Tisane de sarments étant de toute façon un personnage fictif bien qu'empruntant beaucoup à la vie de son auteur. Bernard Weisz, dans L'Humanité, souligne que «C’est un film de communion avec Bousquet, d’une facture rare à la télévision. Ce roman onirique, cette histoire d’amour fou est devenue un film qui donne le goût très fort de connaître Bousquet et ses livres»[11].
Ce film de long-métrage avait été précédé par un court-métrage de 13 minutes, toujours pour France 3 et du même réalisateur, Joë Bousquet, ou le mouvement paradoxal, une évocation des actions de résistance (paradoxales pour un infirme, imaginables pour un chantre de la liberté) du poète face à l'Occupation allemande et à la rafle des juifs en France. Ces films sont disponibles à l'INA (www.institut-national-audiovisuel.fr) et sont édités en DVD (sortie le 14 octobre 2020) dans la collection Ciné-Club TV (Inser&cut/L'Oeil du témoin).
Inspirations
Un poème explicitement attribué à Joë Bousquet est récité dans l'épisode 4 de la série d'animation japonaise Ergo Proxy
Simone Weil, Lettre à Joë Bousquet, 12 mai 1942, dans Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu, Gallimard, Collection Folio sagesses, 2015, p.39 à 52.
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