Ayant grandi pendant le régime communiste de Roumanie, devenu critique et théoricien littéraire, il est un éminent représentant de la génération des années 1980[1].
Biographie
Mircea Cărtărescu naît le à Bucarest. Il va à l'école primaire de 1963 à 1971, puis il continue ses études au lycée Dimitrie Cantemir toujours dans sa ville natale. De 1976 à 1980, il étudie à la faculté des langue et littérature roumaines de l'Université de Bucarest[2],[3]. En 1980, il soutient son mémoire de licence sur l'imaginaire dans la poésie posthume d'Eminescu, qui se transforma en un volume de poésie, Visul chimeric [Le Rêve chimérique] réédité en 2011. Il obtient son doctorat en littérature roumaine en 1999, avec une thèse sur Le postmodernisme roumain, sous la direction du professeur Paul Cornea. Sa thèse de six cents pages est publiée la même année, par la maison d'édition Humanitas.
À la fin de ses études, entre 1980 et 1989, il est également professeur de langue et littérature roumaines, puis il occupe des fonctions administratives à l'Union des écrivains de Roumanie et de rédacteur au magazine Caiete Critice (Feuilles critiques).
En 2004, il devient professeur des universités à la Faculté des lettres de Bucarest, spécialité Histoire de la littérature roumaine. Il vit en partie à Bucarest et en partie en Allemagne, où il enseigne à l'université de Stuttgart.
Il est aussi collaborateur régulier de la presse écrite roumaine et, en critique littéraire actif, il contribue de façon significative au débat sur le renouveau de la littérature roumaine[4].
Œuvre littéraire
Il débute en 1978, en publiant des poésies dans le magazine România Literară. Cărtărescu est initialement un poète, mais c'est par ses romans qu'il se fait connaître du grand public. Bucarest est omniprésente dans son œuvre[5], au point d'en devenir un personnage à part entière. Dans un entretien accordé au journaliste Mirel Bran, l'écrivain déclare: «Pour moi, Bucarest ressemble à un boyard des Balkans par son mélange de générosité, de tendresse et d'hystérie. Après notre histoire d'amour, aujourd'hui je suis déçu. Entre moi et Bucarest souffle un vent froid»[6].
Son livre Pourquoi nous aimons les femmes lui apporte le succès. Il déclare alors que cela n'est plus un livre et qu'il a rejoint le domaine de la fantasmagorie sociale.
Orbitor est un roman en trois parties, Orbitor, L'Œil en feu, l'Aile tatouée[7], qui constitue une des œuvres majeures de Mircea Cărtărescu. Thomas Pynchon, auteur que Mircea Cărtărescu connaît bien, aurait inspiré ce travail littéraire sous le signe du «laxisme désordonné, exaspérant», selon les termes employés par le Roumain dans son Journal[8].
On peut résumer l’univers de Mircea Cărtărescu en ces termes: «émergeant des abîmes de l’inconscient, souvenirs d’enfance, rêves érotiques et visions cosmiques sont pour le poète autant d’instruments d’investigation destinés à forcer les limites de la connaissance rationnelle et à initier le moi aux secrets du monde»[9]. L'écrivain Gheorghe Crăciun considère[10] que «[...] chez Mircea Cărtărescu la nouveauté dans le regard est une évidence. Le corps est représenté comme une machinerie vivante, mécanique qui produit des hallucinations et des fantasmes, qui s’érige souvent en présence tutélaire de toutes les visions possibles des objets, des entités matérielles, des actes imaginaires, etc.».
En 2007, paraît en France le roman graphique en noir et blanc Travesti, d'Edmond Baudoin, d'après l'œuvre éponyme de Mircea Cărtărescu[11].
En 2019, son roman Solénoïde est traduit en français, un succès dans la presse française[12], il obtient le prix Millepages de littérature étrangère[13].
Bibliographie
Selon la liste établie par la maison d'édition Humanitas, considérée comme «le Gallimard roumain»[14].
Enciclopedia zmeilor (L'Encyclopédie des Zmeï)[15], 2002
Pururi tânăr, înfășurat în pixeli [Éternellement jeune, enveloppé de pixels], 2003
Plurivers, volumes I et II, [Polystiches], anthologie avec une postface de Paul Cernat, 2003
50 de sonete de Mircea Cărtărescu cu cincizeci de desene de Tudor Jebeleanu [50 sonnets avec 50 dessins de Tudor Jebeleanu], 2003
De ce iubim femeile (Pourquoi nous aimons les femmes), 2004
Jurnal II, 1997-2003 [Journal II, 1997-2003], 2005
Baroane! [Baron!], 2005
Traduction en roumain de 32 poèmes de Leonard Cohen in Mircea Mihăieș, Viața, patimile și cântecele lui Leonard Cohen [La Vie, les passions et les chansons de Léonard Cohen], 2005.
Orbitor. Aripa dreaptă (L'Aile tatouée), 2007
Dublu album [Double album], 2009
Nimic. Poeme (1988-1992) [Rien. Poèmes], 2010
Frumoasele străine (Les Belles Étrangères), 2010
Zen. Jurnal 2004-2010 [Zen, journal 2004-2010], 2011
Ochiul căprui al dragostei noastre [L'Œil brun de notre amour], 2012
Fata de la marginea vieții, povestiri alese [La Fille au bord de la vie, contes choisis], 2014
Poezia [La Poésie], 2015
Solenoid [Solénoïde], 2015
Peisaj după isterie, [Paysage d'après l'hystérie], recueil d'articles parus entre 2007 et 2017, Bucarest, 2017
Traductions en français
Le rêve: romans [«Visul»] (trad.du roumain par Hélène Lenz), Castelnau-le-Lez, Climats, , 339p. (ISBN2-907563-55-6, présentation en ligne)
Lulu, Austral, (ISBN978-2-84112-015-4).
Orbitor [«Aripa Stângă»] (trad.du roumain par Alain Paruit), Paris, Denoël, coll.«Denoël & d'Ailleurs», , 428p. (ISBN2-207-24903-4, présentation en ligne)
L'Œil en feu [«Orbitor II, Corpul»] (trad.du roumain par Alain Paruit), Paris, Denöel, coll.«Denoël & d'Ailleurs», , 510p. (ISBN2-207-25468-2, présentation en ligne)
«A lovely little princess», dans Douze écrivains roumains, Les belles étrangères, , 61p.
Pourquoi nous aimons les femmes [«De ce iubim femeile»] (trad.du roumain par Laure Hinckel), Paris, Denoël, coll.«Denoël & d'Ailleurs», , 206p. (ISBN978-2-207-25958-0).
Le Levant (trad.du roumain par Nicolas Cavaillès), Paris, P.O.L, coll.«Fiction», , 241p. (ISBN978-2-8180-1989-4).
La Nostalgie: roman [«Nostalgia»] (trad.du roumain par Nicolas Cavaillès), Paris, Éditions P.O.L, , 490p. (ISBN978-2-8180-2036-4, présentation en ligne).
Solénoïde [«Solenoid»] (trad.du roumain par Laure Hinckel), Lausanne, Noir sur Blanc, , 790p. (ISBN978-2-88250-580-4)[17],[18],[19].
Melancolia [«Melancolia»] (trad.du roumain par Laure Hinckel), Lausanne, Noir sur Blanc, , 202p. (ISBN978-2882506672).
Prix
Prix de l'Union des écrivains de Roumanie, 1980, 1990 et 1994
Prix de l'Académie roumaine, 1989
Prix de l'Association des écrivains de Bucarest, 2000, 2003
Prix de l'Union des écrivains de la République de Moldavie, 1994
Prix ASPRO, 1994, 1996, 2002
Prix des magazines Flacăra, Cuvântul, Ateneu, Tomis, 1996, 1997
Prix de l'Association des éditeurs roumains, 2002 et 2003
Grand Officer de l'Ordre du Mérite Culturel (Ordinul "Meritul cultural" în grad de mare ofiţer), 2006
Vilenica Prize: prix remis par l'Association slovène des écrivains à un auteur de l'Europe centrale, 2011
Prix international de littérature d'Allemagne pour The body(House of Cultures of the World), 2011
Prix Spycher, Literaturpreis Leuk en Suisse, un des plus importants prix littéraires en Europe, 2013
Prix américain du meilleur livre traduit (Best Translated Book Award), pour Blinding, traduction du roumain vers l'anglais par Sean Cotter, 2014
Premio Euskadi de Plata du meilleur livre de l'année 2014 pour Las Bellas Extranjeras, titre original Frumoasele străine [Les Belles étrangères], traduit du roumain en espagnol par Marian Ochoa de Eribe (Editorial Impedimenta), 2014
Prix de l'État autrichien pour la littérature européenne en 2015[20]
Premio Gregor von Rezzori, prix qui récompense chaque année le meilleur roman étranger paru en Italie, en 2016 [21]
Prix de l'année littéraire 2015 pour la prose décerné par la revue Observator Cultural ex-aequo à son roman Solenoid et à celui de Daniel Vighi, Trilogia Corso, en 2016.
Prix Formentor 2018, pour l'ensemble de l'œuvre.
Par deux fois, l'Union des écrivains roumains l'a proposé officiellement pour le Prix Nobel de littérature.
Controverses
Mircea Cărtărescu a été accusé de plagiat par le journaliste Victor Roncea[22]pour l'utilisation d'un passage de Tristram Shandy de Laurence Sterne. La même accusation a été faite par Virgile Diaconu dans le magazine Actualitatea literară [l'Actualité littéraire], [23] et par Theodor Codreanu [24].
Mircea Cărtărescu s'est défendu[25], en indiquant qu'il s'agit clairement d'une allusion littéraire.
Notes et références
Center for the Study of Europe, le 2 novembre 2013, European Voices: A Reading and Conversation with Romanian Author Mircea Cărtărescu
Romania on line, Mircea Cartarescu, University Lecturer, Writer, Essayist and Literary Critic, Sa vie, son œuvre
The Columbia Guide to Literatures of Eastern Europe Since 1945, Harold B. Segel, Columbia University Press, New York, 2003, p.103-104, Cârtàrescu, Mircea
Mircea Cărtărescu, Samuel Fischer, Gastprofessur für Literatur, Guests of Honour, Mircea Cărtărescu ed.
Dominique Fernandez, Rhapsodie roumaine, avec photographies de Ferrante Ferranti, Bernard Grasset, Paris, 1998, p.157
Mirel Bran, Bucarest, le dégel (avec des photos de Franck Hamel), éditions Autrement, Paris, 2006, p.139
Orbitor Mircea Cărtărescu, Denis Wetterwald, in L'Atelier du roman no64, Flammarion, 2010, p.54
Andreia Roman / Cécile Folschweiler, Literatura Româna Littérature roumaine Tome IV Depuis 1945, p.347, Paris, Non Lieu, 2013, (ISBN978-2-35270-152-1).
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