Née d’un père québécois métissé et d’une mère crie, Virginia Pésémapeo Bordeleau grandit à Rapide-des-Cèdres, près de Lebel-sur-Quévillon[1]. Pésémapéo signifie «arc-en-ciel» en langue crie[2],[3]. L’animal-totem de l’artiste est l’ours, animal qui lui tient compagnie dans son enfance[4].
Elle commence à peindre dès l’âge de 6 ans après que son père, troublé par un rêve qu’elle lui raconte, lui achète des peintures à numéro, des aquarelles et du papier[2]. En 1988, elle obtient un baccalauréat en arts plastiques de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue[5]. Elle effectue également des stages en gravure sur bois à Atelier Pierre-Léon Tétreault, en 1993, et en gravure à l’Atelier de l’Île de Val-David, en 1994[6].
Arts visuels
Au cours des premières années de sa pratique artistique, Pésémapéo Bordeleau se sert surtout des peintures acryliques et des encres pour réaliser des tableaux surréalistes aux couleurs éclatantes[7]. Elle dit utiliser des couleurs pures pour le «choc émotif» qu’elles provoquent. Elle incorpore fréquemment l’écorce, le sable et les lichens comme matériaux pour travailler la texture dans l’ensemble visuel[8],[2]. Elle crée également plusieurs œuvres sculpturales qui s’intègrent dans l’architecture et des verreries en collaboration avec d’autres artistes. Elle s’engage aussi dans des productions publiques, tels les 40 mâts totémiques pour la paix au Jardin botanique de Montréal [9],[10],[11].
L’œuvre visuelle de Pésémapéo Bordeleau témoigne d’une expérience culturelle autochtone qui s’ancre au cœur de son identité mixte, ainsi que d’expériences personnelles, à travers des thèmes comme l’amour et le deuil[7],[12]. Elle s’inspire des rêves, des souvenirs, des lectures et de rencontres[8]. Ses tableaux de facture surréaliste, parfois humoristiques, proposent diverses réflexions sur les liens polysémiques entre les spiritualités autochtones et l’occupation humaine du territoire[13],[14],[15].
Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions individuelles et collectives principalement au Québec, au Danemark, en France, aux États-Unis et au Mexique[1],[16],[17]. Ses oeuvres font aujourd’hui partie de plusieurs collections privées et publiques au Québec et au Canada[5]. En 2006, le Conseil des arts et des lettres du Québec lui décerne le prix d'excellence en création[18]. Elle remporte également le prix Marquise-Leblanc, en 2016, pour sa pièce L’Ourse cosmique, ainsi que le prix du Conseil des arts et des lettres du Québec, artiste de l'année en Abitibi-Témiscamingue, et le prix d'excellence en arts et culture de l'Abitibi-Témiscamingue, artiste de l'année, en 2020[16]. En 2019, le 8e Salon du livre des Premières Nations lui rend un hommage pour célébrer ses quarante ans de carrière avec le spectacle Waaskimaastiwaawin[19].
Écrits
Pour Pésémapéo Bordeleau, l’écriture sert d’exutoire en lui permettant de conjurer des thèmes laissés en plan dans les arts visuels[20],[21],[22]. Elle aborde dans ses œuvres des thématiques liées à l’amour, la sexualité, la guerre, la maternité, l’identité et le deuil[23]. Elle a fait paraitre trois romans; Ourse bleue, aux Éditions de la Pleine lune, en 2007, L’amant du lac et L’enfant hiver chez Mémoire d’encrier, en 2013 et 2014, et a participé à Sur les traces de Champlain: Un voyage extraordinaire en 24 tableaux, un roman collectif qui parait chez Prise de Parole en 2015, retraçant les pas de l’explorateur Samuel de Champlain. Elle publie également trois recueils de poésie, De rouge et de blanc, chez Mémoire d’encrier en 2012 puis, aux éditions du Quartz, Je te veux vivant (2016) et Poésie en marche pour Sindy (2018). Pésémapéo Bordeleau est autrice de nouvelles (Amun, sous la direction de Michel Jean, Éditions Stanké, 2016, Éditions Dépaysage, 2019), de correspondances (La bienveillance des ours: correspondance, avec François Lévesque, Éditions du Quartz, 2020), d’un livre jeunesse (Celle-qui-va, Éditions Hannenorak, 2018), ainsi que de plusieurs textes dans la revue Relations[21],[22],[24],[25],[26].
Oeuvres
Romans
Ourse bleue, Lachine, Éditions de la Pleine Lune, , 1997p. (ISBN978-2-89024-180-0)
L’amant du lac, Montréal, Mémoire d'encrier, , 141p. (ISBN9782897120481)
Sur les traces de Champlain: Un voyage extraordinaire en 24 tableaux, Montréal, Prise de parole, , 301p. (ISBN9782894231890)
Poésie
De rouge et de blanc, Montréal, Mémoire d'encrier, , 63p. (ISBN9782923713816)
Je te veux vivant, Rouyn-Noranda, Éditions du Quartz, , 57p. (ISBN9782924031230)
Poésie en marche pour Sindy, Rouyn-Noranda, Éditions du Quartz, , 75p. (ISBN9782924031292)
Ouvrages collectifs
Les bruits du monde (sous la direction de Laure Morali et Rodney Saint-Éloi), Montréal, Mémoire d'encrier, , 189p. (ISBN9782897120221)
Amun (sous la direction de Michel Jean,), Montréal, Stanké, , 163p. (ISBN9782760411944); La Roche-sur-Yon, Dépaysage, 2019, 200 p. (EAN: 9782902039029)
Correspondances
La bienveillance des ours: correspondance (avec François Lévesque,), Rouyn-Noranda, Éditions du Quartz, , 135p. (ISBN9782924031377)
Fabuleux dédoublements, Maison de la culture Frontenac, Montréal, Canada, 2013.
Dialogue, L’Écart, Centre d’art actuel, Rouyn-Noranda, Canada, 2014.
Nikiwin/Renaissance, Centre d’exposition de Val-d’Or, Canada, 2014.
Microcosme, Musée régional de Rimouski, Musée de Kamouraska, Musée de Masteuhiats, Musée de Wendake, Symposium Mamu, Sept-Îles, Québec, Canada, 2016-2017.
Aki Odehi, Marche poétique pour Sindy, Val-d’Or, Canada, 2017.
La sculpture dans tous ses états, Musée d’art de Rouyn-Noranda, Canada, 2017.
Prix et honneurs
2006: Prix d’excellence à la création, Conseil des Arts et des Lettres du Québec[27]
2007: Mention Télé-Québec, prix littéraire de l’Abitibi-Témiscamingue[18]
2012: Prix littéraire de l’Abitibi-Témiscamingue[28]
2016: Prix Marquise-Leblanc pour L’Ourse cosmique[16]
2020: Prix du Conseil des arts et lettres du Québec, artiste de l'année en Abitibi-Témiscamingue[29]
2020: Prix d'excellence en arts et culture de l'Abitibi-Témiscamingue, artiste de l'année[30]
Céline Mayrand, «Portrait: Virginia Pésémapéo Bordeleau», Parcours arts visuels, , p.12
Virginia Pesemapeo Bordeleau, Virginia Pésémapéo Bordeleau dans Nouveaux territoire 350-500 ans après: exposition d’art aborigène contemporain du Québec et du Mexique., Montréal, Vision planétaire, , 104p. (ISBN2980304425)
Marcel Aubry, «La vie en cinq mâts: L'oeuvre de l'artiste Virginia Pésémapéo Bordeleau a été choisie pour orner le nouveau Musée des Abénakis», Le Nouvelliste, , p.10
André Seleanu, «Danse sacrée», Vies des arts, no193, 2003-2004, p.77-78 (ISSN0042-5435)
Marie Claude Mirandette, «La rencontre des 40 totems: Chaque mât représente une nation amérindienne ou la couronne de France», Le Devoir, , p. E3
Guy Sioui Durand, L’Esprit circulaire des pierres (Virginia Pésémapéo Bordeleau) dans le catalogue du 3e Symposium en arts visuels de l’Abitibi-Témiscamingue, Amos, , p.49
Guy Sioui Durand, «Art/Nature: L'été d'art de tous les jardins», Inter: Art actuel, no81, , p.62-64
Guy Sioui Durand, «Animalité. L'oeil amérindien», Inter: Art actuel, no113, , p. 42-47.
Martin Hébert, «Du territoire au texte: récit d'une quête de vision dans "Ourse bleue" de Virginia Pésémapéo Bordeleau», Québec français, no162, , p. 35-37
Virginia Pésémapéo Bordeleau, «La mémoire de la terre et des eaux», Relations, no685, , p.16
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Michel Noël, «Prendre la parole: Nibimatisiwin: artistes amérindiens du Québec», Montréal, Roussan, 1993, 52-58.
Parole d'auteur: Virginia Pésémapéo Bordeleau (s.d.). [En ligne], Réalisateur: Télé-Québec Régions, 1 min 18 s, son, coul., http://www.youtube.com/watch?v=Lvh_TCrktSc. Consulté le 7 août 2013.
Gilles Rioux, «Virginia Bordeleau: le jeu avec le feu», Vie des Arts, vol. 38, n° 152, 1993 p. 48-49.
André Séleanu, «Danse sacrée», 2003-2004, Vie des arts, nº 193, p. 77-78.
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Julie Nadeau-Lavigne, «Approches du territoire dans la littérature autochtone du Québec: La saga des Béothuks de Bernard Assiniwi et Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau», mémoire de maîtrise en études littéraires, Université du Québec à Montréal, 2012, accessible en ligne.
Cassandre Sioui, «De l’enchevêtrement des frontières à la précarité identitaire: une étude de la représentation des lieux dans Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau et Kuessipan de Naomi Fontaine», mémoire de maîtrise en lettres, Université de Sherbrooke, 2014, accessible en ligne.
Mélissa Larocque, «L’hybridité dans le roman autochtone: Le Bras coupé, Nipishish et Ourse bleue», maîtrise en lettres françaises, Université d’Ottawa, 2016, accessible en ligne.
Soraya Lani, «Pour une lecture “hétérotemporelle” de la fiction amérindienne brésilienne et québécoise: Ourse bleue, de Virginia Pésémapéo Bordeleau et Todas as coisas são pequenas, de Daniel Munduruku», dans Zilá Bernd, Patrick Imbert et Rita Olivieri-Godet (dir.), Espaces et littératures des Amériques: mutation, complémentarité, partage, Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 223-242
Alice Charbonneau-Bernier, L’écriture subjective des enjeux contemporains dans les romans des auteures autochtones Virginia Pésémapéo Bordeleau et Naomi Fontaine, Thèse de maîtrise (M.A.), Université d’Ottawa, 2018.
«Un érotisme humanisant: amour et violence dans L’amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau» et «Les relations spectrales et animales dans Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau», dans Isabella Huberman, Pratiques et poétiques des histoires personnelles dans les littératures autochtones francophones au Québec, Thèse (Ph. D.), Université de Toronto, 2019, p. 91-107 et 134-150.
Zishad Lak, «Autonomie hétéronormative et auto-hétéronomie queer: Espace et socialité dans Ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau», dans Isabelle Boisclair, Pierre-Luc Landry et Guillaume Poirier Girard (dir.), QuébeQueer: le queer dans les productions littéraires, artistiques et médiatiques québécoises, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2020.
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