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Edmond Jabès, né le [1] au Caire et mort le à Paris, est un écrivain et poète français.

Edmond Jabès
Naissance
Le Caire, Royaume d'Égypte
Décès (à 78 ans)
Paris 5e, France
Activité principale
Poète
Auteur
Langue d’écriture français

Écrivain de langue française né en Égypte, dans une famille juive francophone, Edmond Jabès est d’abord un passeur de culture et de mémoire entre les rives de la Méditerranée. Il est aussi, comme l’écrivait René Char, l’auteur d’une œuvre « dont on ne voit pas d’égal en notre temps ».


Biographie d'Edmond Jabès


Columbarium au cimetière du Père-Lachaise.
Columbarium au cimetière du Père-Lachaise.

Marqué dans sa jeunesse par la disparition prématurée de sa sœur, il publie dès 1929 diverses plaquettes de poésie et fonde avec Georges Henein les éditions à orientation surréaliste La Part du sable. Il se lie d'amitié avec Albert Cossery et Andrée Chédid, deux compatriotes au destin similaire.

En 1935, il rencontre Max Jacob, avec qui il entretient une correspondance éditée en 1945 par René Etiemble. Puis il se rapproche de Paul Éluard qui fait connaître ses premières œuvres. Au fil des années, il se lie avec André Gide, Henri Michaux, Philippe Soupault, Roger Caillois et, après son arrivée en France, avec Michel Leiris, Paul Celan, Jacques Dupin, Louis-René des Forêts, Michel de Certeau, Jean Starobinski, Yves Bonnefoy et Emmanuel Levinas.

Edmond Jabès a noué des complicités avec plusieurs artistes comme le musicien Luigi Nono, le peintre Zoran Mušič ou le sculpteur Goudji. Il a publié des livres en étroite collaboration avec des peintres tels qu'Antoni Tapiès ou Olivier Debré.

Marqué au plus vif par l’horreur de la Seconde Guerre mondiale, il collabore, à partir de 1945, à plusieurs revues dont La Nouvelle Revue française. Il est amené à quitter son Égypte natale en 1956 lors de la crise du canal de Suez, en raison de ses origines juives. Cette expérience douloureuse du déracinement devient fondamentale pour son œuvre, marquée par une méditation personnelle sur l'exil, le silence de Dieu et l’identité juive, qu’il dit n’avoir découvert qu’à l’occasion de son départ forcé. Il s’installe alors à Paris, où il demeure jusqu’à sa mort.

Naturalisé français en 1967, il a été lauréat de nombreux prix parmi lesquels le Prix des Critiques en 1970. En 1982, il a obtenu le Prix Francine et Antoine Bernheim des Arts, des Lettres et des Sciences de la Fondation du judaïsme français. Sollicité par diverses universités de par le monde, il a souvent été invité à prononcer des conférences ou à prendre part à des colloques à l'étranger, notamment aux États-Unis, en Israël, en Italie et en Espagne.

Il meurt le . Il est incinéré le [2]. Ses cendres ont été déposées dans la case du columbarium du cimetière du Père-Lachaise.

Edmond Jabès a publié, entre autres, Je bâtis ma demeure (1959), préfacé par Gabriel Bounoure, un recueil qui couvre les années 1943-1957, salué à sa sortie par des voix aussi dissemblables et fraternelles que celles de Jules Supervielle, Gaston Bachelard ou Albert Camus.

L'œuvre d'Edmond Jabès a marqué de façon durable l'œuvre et la pensée d'écrivains comme Maurice Blanchot ou Jacques Derrida.


Le cycle du Livre des Questions


Il a écrit le cycle du Livre des Questions (1963-1973), comportant sept tomes étalés sur dix ans, et, à sa suite, Le Livre des ressemblances (1976-1980) et le cycle du Livre des marges, achevé par la publication, à titre posthume, du Livre de l'Hospitalité, en 1991.

Cette œuvre, sereine et tourmentée, interroge les liens qui unissent son destin d’exilé à la « révélation » d’un judaïsme qu’il soupçonnait à peine. Elle mêle réflexions profondes sur l’écriture et méditation inquiète sur l’avenir de l’homme. Comme l'écrit Paul Auster dans son essai L'art de la faim : " Ni roman, ni poème, ni essai, ni pièce de théâtre, Le Livre des Questions en combine toutes les formes en une mosaïque de fragments, d'aphorismes, de dialogues, de chansons et de commentaires qui gravitent indéfiniment autour de la question centrale du livre : comment parler de ce qui ne peut être dit ? La question, c'est l'holocauste juif, mais c'est aussi la littérature elle-même. Par un saut stupéfiant de l'imagination, Jabès traite les deux comme s'ils n'étaient qu'un."

Edmond Jabès fait partie de ces écrivains venus après la Shoah, dont ils ont été les contemporains impuissants, pour qui "le silence de Dieu" est à la source de tous les questionnements. À bien des égards, Edmond Jabès est sans doute le représentant majeur de cette génération prise entre désarroi et révolte, quoi que de manière paradoxale, contre Dieu après Auschwitz, cette génération qui parle de façon voilée et hermétique de l'indicible, afin de dire celui-ci : pas de pathétisme larmoyant, ni de vaine consolation. "Auschwitz est, dans mes livres, non point uniquement en tant que summum de l'horreur, mais comme faillite de notre culture." Un événement au cœur de son œuvre : "un cri qui résonne dans le fond de la mémoire juive comme un spasme".


Perspectives


De manière générale, l'œuvre d'Edmond Jabès se situe dans la tradition du discours apophatique qui remonte, d'un côté, au néoplatonisme et l'ineffabilité de l'Un et, de l'autre, à la tradition de réflexion sur le Nom de Dieu comme l'Ineffable par excellence, telle qu'on la retrouve assumée dans la Kabbale. Les façons apophatiques de parler et de penser sont d'une importance prioritaire dans toute l'écriture de Jabès : elles permettent de mesurer les formes nouvelles que ce type de discours assume dans la littérature aujourd'hui. Pour essayer de cerner cette perspective, on peut solliciter l'œuvre de son ami Paul Celan, également écrivain hautement apophatique, c'est-à-dire centré sur ce qu'on ne peut pas dire. Au travers de cette comparaison, il est possible d'établir deux motifs d'indicibilité apophatique en fonction des deux traditions originelles. Tandis que Celan découvre ce qui reste inaccessible hors de la langue, la catastrophe historique, l'indicible de la Shoah, l'indicible de Jabès se situe pour la plupart à l'intérieur de la langue. Jabès pense l'ineffabilité dans la langue et de la langue, en première instance du Livre et du Nom de Dieu, plutôt que celle qui est complètement autre et absolument transcendante par rapport à la langue. Cependant, ces deux voies, une fois distinguées, accusent toutes deux une tendance à se confondre pour des raisons inévitables, en rapport avec ce qui échappe à toute articulation linguistique.


Citations



La mémoire



Le langage de l'enfant



Œuvres



Exposition



Ouvrages critiques



Références


  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès d'Edmond Jabès », sur MatchID
  2. « Jabès : obsèques demain », L'Humanité, (lire en ligne)
  3. ibido

Liens externes


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[en] Edmond Jabès

Edmond Jabès (French: [ʒabɛs]; Arabic: إدمون جابيس; Cairo, April 16, 1912[1] – Paris, January 2, 1991) was a French writer and poet of Egyptian origin, and one of the best known literary figures writing in French after World War II. The work he produced when living in France in the late 1950s until his death in 1991 is highly original in form and breadth.
- [fr] Edmond Jabès

[ru] Жабес, Эдмон

Эдмон Жабес (фр. Edmond Jabès, 16 апреля 1912, Каир — 2 января 1991, Париж[1]) — французский поэт.



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