music.wikisort.org - Poète

Search / Calendar

Paul Celan, à l'origine Paul Pessach Antschel (en allemand) ou Ancel (en roumain), né le à Cernăuți (à l'époque en Roumanie) et mort le à Paris, est un poète et traducteur roumain de langue allemande, naturalisé français en 1955. Son nom d'écrivain est la métathèse de son patronyme roumain[1].

Paul Celan
Photo d'identité de Paul Celan (1938)
Nom de naissance Paul Pessach Antschel ou Ancel
Alias
Paul Aurel, Paul Ancel, Paul Celan
Naissance
Cernăuți, Roumanie, auj. Ukraine
Décès (à 49 ans)
Paris
Activité principale
écrivain
Distinctions
prix Georg-Büchner 1960
Auteur
Langue d’écriture allemand, roumain

Auteur d'une œuvre absolument novatrice, il est souvent considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre[2].


Contexte historique de sa jeunesse


Il est le fils unique d'une famille juive de Cernăuți, en Bucovine, région aujourd'hui située en Ukraine, mais qui durant l'entre-deux-guerres faisait partie de la Roumanie (voir la page Grande Roumanie historique). Du XVIIIe siècle à 1918, la Bucovine avait été une province de l’empire des Habsbourgs d'Autriche.

La population de Cernăuți, comme celle des autres grandes villes de la région, se composait d'environ 30 % de Roumains (orthodoxes), 30 % d’Ukrainiens (catholiques ou orthodoxes) et 30 % de Juifs ashkénazes (recensement de 1911).

En , en application du pacte germano-soviétique d', les troupes soviétiques entrent en Bucovine et occupent Cernăuți. En 1941, à la suite de l'attaque allemande contre l'URSS, les Roumains récupèrent le nord de la Bucovine, entre les fleuves Dniestr et Prut, qui inclut Cernăuți.

Après la Seconde Guerre mondiale, la partie nord de la Bucovine est annexée par l’URSS et se trouve de nos jours en Ukraine.


Biographie



Jeunesse et formation


Les parents de Paul, Leo Antschel-Teitler et Friederike, née Schrager, sont des germanophones, qui parlent allemand en famille.

À partir de six ans, il est élève d'une école élémentaire de langue allemande puis est envoyé à l'école juive Safah Ivriah (Langue hébraïque).

Après sa Bar Mitsvah en 1933, il rejoint un groupe de jeunesse antifasciste, qui publie un magazine marxiste l'Étudiant rouge. Mais il est moins attiré par Karl Marx que par des auteurs libertaires comme Pierre Kropotkine et Gustav Landauer. Il étudie ensuite la médecine en 1938 en France, puis rentre en Roumanie pour étudier la littérature de langue romane à l’université de Cernăuți.


La Seconde Guerre mondiale


Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?

En 1942, ses parents sont envoyés dans un camp d’internement nazi en Transnistrie. Son père y meurt du typhus et sa mère y aurait été exécutée d'une balle dans la nuque[3].

En 1943, Paul choisit de se porter volontaire dans un camp de travail forcé en Moldavie afin d'échapper aux persécutions et est libéré par l'Armée rouge en 1944.

Installé à Bucarest comme traducteur et éditeur, il adopte successivement les pseudonymes de Paul Aurel, Paul Ancel, et finalement Paul Celan.


L'exil


En 1947, il quitte la Roumanie pour Vienne en Autriche et y publie son premier livre Le sable des urnes (Der Sand aus den Urnen).

Il s’installe ensuite à Paris, où il exerce la fonction de lecteur d'allemand et de traducteur[4] à l'École normale supérieure.

En 1952, il épouse Gisèle de Lestrange, qu'il avait rencontrée en 1951 et à qui il écrira plus de 700 lettres en 19 ans. Cette correspondance a été publiée en 2001 grâce à l'aide de son fils Éric. Une autre correspondance importante, celle qu'il entretint avec sa "femme aimée", Ingeborg Bachmann, a été publiée en par l'éditeur Suhrkamp sous le titre Herzzeit (Le temps du cœur)[5].

En 1960, Paul Celan reçoit le Prix Georg-Büchner, et prononce pour l'occasion un magnifique discours Le Méridien où il présente à travers une lecture du théâtre de Büchner ce que sont pour lui l'art et la poésie.

À partir de 1965, il est interné à plusieurs reprises dans des hôpitaux psychiatriques[6], où il écrit quelques textes en hébreu.

En 1967, il se rend à Todtnauberg pour rencontrer Martin Heidegger duquel il attend une parole pour les Juifs exterminés, parole que le philosophe ne prononcera pas. Ce silence lui inspire le poème Todtnauberg.

En 1968, il rejoint André du Bouchet, Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, Michel Leiris et Louis-René des Forêts au comité de rédaction de la revue L'Éphémère.

En , il se rend en Israël et y donne plusieurs conférences.


Le suicide


Dans la nuit du 19 au , Paul Celan se jette dans la Seine, probablement du pont Mirabeau[7]. On ne trouvera son corps que le suivant, dix kilomètres en aval, à Courbevoie. Henri Michaux lui rend hommage dans une « Méditation sur la fin de Paul Celan », poème intitulé « Le jour, les jours, la fin des jours » qui se termine ainsi : « Partir. / De toute façon partir. / Le long couteau du flot de l'eau arrêtera la parole. »[8] Il est inhumé dans la 31e division du Cimetière parisien de Thiais[9].

La mort de ses parents dans les camps nazis et son propre passage dans un camp de travail l'ont profondément marqué. Son œuvre demeure, selon Alexis Nouss, « hantée par la mort nazie[10] ». À la fois témoin et victime du nazisme, il contredit la célèbre formule d’Adorno, philosophe post-marxiste, en 1955, selon laquelle « Écrire un poème après Auschwitz est barbare…»[11].

Niemand

zeugt für den

Zeugen.

(Personne ne témoigne pour le témoin.)[12].


Œuvre et style


Ses premiers poèmes, publiés dans différents périodiques, datent de 1940, mais son second livre, Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire, 1952) assoit sa réputation de poète de l'Holocauste, d'abord en Allemagne, puis dans le monde entier. Son poème le plus connu, Todesfuge (Fugue de la mort) a pour thème le sort des Juifs dans les camps d'extermination.

Il reçoit le prix de littérature de Brême, et considère avec ses amis poètes René Char, Edmond Jabès et Nelly Sachs, que le langage doit se libérer de l'Histoire, et doit être utilisé avec des mots qui répondent au silence imposé sur la situation terrible qu'il a vécue. Ses vers deviennent alors de plus en plus cryptés, fracturés et monosyllabiques, se comparant en cela à la musique de Webern. Toute la poétique de Celan tient dans son impératif, à la fois moral et esthétique, de créer ce qu'il appelait une "contre-langue", qui consistait en une mise en accusation implacable et définitive de la langue et de la culture allemandes dont la Shoah était l'aboutissement[13].

L'accusation de plagiat de l'œuvre d’Yvan Goll lancée par l'épouse de celui-ci, Claire Goll, le conduit à la dépression nerveuse. Claire Goll a ensuite entretenu une campagne de diffamation contre Paul Celan tout au long de sa vie[14]. Il a traduit en effet des poèmes de Yvan Goll, ainsi que des textes de Jean Cocteau, Henri Michaux, Ossip Mandelstam, Giuseppe Ungaretti, Fernando Pessoa, Arthur Rimbaud, Paul Valéry, René Char, Emil Cioran, André du Bouchet, Jean Bazaine et Jacques Dupin.

La tombe de Paul Celan au cimetière parisien de Thiais.
La tombe de Paul Celan au cimetière parisien de Thiais.

Toute son œuvre se rattache, par la forme, à la tradition de la poésie hermétique et symbolique moderne, en particulier à Baudelaire et Rilke[15].


Fin de la Fugue de la mort


(…)
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts
wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland
wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken
der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau
er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau
ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete
er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft
er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland

dein goldenes Haar Margarete
dein aschenes Haar Sulamith

Traduction

(…)
Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu
il te touche d’une balle de plomb il te frappe juste
un homme habite dans la maison tes cheveux d'or Marguerite
il lance ses grands chiens sur nous il nous offre une tombe dans l'air
il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne

tes cheveux d'or Marguerite
tes cheveux de cendre Sulamith

La Fugue de la mort fait partie du recueil Pavot et mémoire publié en 1952. Le poème est traduit par Jean-Pierre Lefebvre, in Choix de poèmes, p. 53-57.

Œuvres



Recueils publiés de son vivant



La prose



Les trois recueils posthumes



Traductions en français



Recueils de poèmes



Choix de poèmes



Prose



Correspondance



Les destinataires


A déjà été publiée, en allemand et en français, en partie ou totalité, la correspondance avec :


Publications allemandes



Publications françaises et traductions



Postérité



Mise en musique



Exposition



Liste des auteurs traduits par Celan



Références


  1. Son nom viendrait du yiddish אַנְשֶׁעל (Anshel), diminutif de l'hébreu אָשֵׁר ʾĀšēr (Ascher), un prénom à l'origine. Ce prénom est porté par un des fils de Jacob et nomme ainsi l'une des douze tribus d'Israël. Ce prénom vient de l'hébreu Osher qui signifie « heureux ». Le yiddish Anshel, qui s'écrit en polonais Anczel, a été germanisé Antschel. Lorsque Celan est allé à Bucarest en 1945, le nom fut adapté à la graphie roumaine Ancel.
  2. « On dit que Paul Celan est le plus grand poète de langue allemande depuis Rilke et cette renommée semble devoir durer. » Jean-Pierre Lefebvre, préface in Paul Celan, Choix de poèmes, édition bilingue, Paris, Gallimard, coll. « Poésie », 1998, p. 8.
  3. Jean-Pierre Lefebvre, Idem, p. 10.
  4. Antoine Berman, Dictionnaire des auteurs, Laffont-Bompiani, Paris, 1992, t.I, p. 546 (ISBN 2221501500)
  5. Paul Celan / Ingeborg Bachmann, Le temps du cœur. Correspondance, traduction française de Bertrand Badiou, Paris, Seuil, 2011.
  6. À la clinique psychiatrique d’Épinay-sur-Seine du au , à Sainte-Anne dans le service du Professeur Jean Delay du au , à l’hôpital psychiatrique de Perray-Vaucluse à Épinay-sur-Orge du au .
  7. Le pont est le plus proche de son dernier domicile, avenue Émile-Zola.
  8. Henri Michaux, Moments, traversées du temps, Éditions Gallimard, Paris, 1973, p. 122.
  9. Collectif Sarka-SPIP, « THIAIS (94) : cimetière parisien - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )
  10. Alexis Nouss, « Mémoire et survie : une lecture de Paul Celan », Études françaises, vol. 34, no 1, , p. 87-104 (lire en ligne)
  11. La contradiction n'est sans doute qu'apparente. Adorno comprenait la poésie telle qu'elle a existé en Europe jusqu'au XIXe siècle, en tant que loisir, divertissement, prose rimée. Les poèmes de Paul Celan ne cherchent pas à enjoliver, ou à être agréables. Selon ses mots, ils veulent simplement "dire" les choses, le plus "précisément possible" (cf. Le Méridien).
  12. Aschenglorie, 1967, Suhrkamp Verlag, (Gloire de cendres), Choix de poèmes réunis par l'auteur, Poésie Gallimard, 2004, p. 264
  13. Jean Bollack, Poésie contre poésie : Celan et la littérature, Paris, Presses universitaires de France, , 344 p. (ISBN 2-13-051417-0)
  14. Voir le livre de Jean-Michel Maulpoix cité dans la Bibliographie et pour plus de détails la thèse de doctorat de Dirk Weissmann citée dans les Liens externes
  15. Dictionnaire historique des littératures, Larousse, Paris, 1985, t.I p. 289 (ISBN 203508301X)
  16. « Anselm Kiefer », sur grandpalais.fr (consulté le ).

Voir aussi


Sur les autres projets Wikimedia :


Bibliographie



Article connexe



Liens externes



На других языках


[de] Paul Celan

Paul Celan [.mw-parser-output .IPA a{text-decoration:none}paʊl ˈtselan][1] (geboren am 23. November 1920 in Czernowitz; gestorben vermutlich am 20. April 1970 in Paris) war ein deutschsprachiger Lyriker rumänischer, später französischer Staatsangehörigkeit. Er hieß ursprünglich Paul Antschel, später rumänisiert Ancel, woraus das Anagramm Celan entstand.

[en] Paul Celan

Paul Celan (/ˈsɛlæn/;[1] German: [ˈtseːlaːn]; 23 November 1920 – c. 20 April 1970) was a Romanian-born German-language poet and translator. He was born as Paul Antschel to a Jewish family in Cernăuți (German: Czernowitz), in the then Kingdom of Romania (now Chernivtsi, Ukraine), and adopted the pseudonym "Paul Celan". He became one of the major German-language poets of the post-World War II era.

[es] Paul Celan

Paul Pésaj Antschel o Paul Pésaj Ancel (Chernivtsi, Reino de Rumanía; 23 de noviembre de 1920-París, Francia; 20 de abril de 1970), conocido como Paul Celan, fue un poeta rumano de origen judío y habla alemana, considerado por la crítica internacional como el más grande lírico en alemán de la segunda posguerra.[1]
- [fr] Paul Celan

[ru] Целан, Пауль

Па́уль Це́лан (нем. Paul Celan, [ˈpaʊl ˈtselan][комм. 1]; настоящее имя Па́уль А́нчель, нем. Paul Antschel, рум. Paul Ancel; 23 ноября 1920 (1920-11-23), Черновицы, Румыния — 20 апреля 1970, Париж, Франция) — немецкоязычный румынский, позже французский поэт и переводчик. Анчели принадлежали к немецкоязычным евреям Буковины, и Пауль с юности писал стихи на родном для него немецком языке. Вторую мировую войну Пауль Анчель пережил в черновицком гетто и затем на лагерных работах; его родители погибли в Холокосте. Холокост стал темой раннего и самого известного стихотворения поэта «Фуга смерти», опубликованного, как и последующие стихотворения, под псевдонимом Пауль Целан (анаграмма фамилии Анчель в румынском написании).



Текст в блоке "Читать" взят с сайта "Википедия" и доступен по лицензии Creative Commons Attribution-ShareAlike; в отдельных случаях могут действовать дополнительные условия.

Другой контент может иметь иную лицензию. Перед использованием материалов сайта WikiSort.org внимательно изучите правила лицензирования конкретных элементов наполнения сайта.

2019-2025
WikiSort.org - проект по пересортировке и дополнению контента Википедии