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Félix Leclerc, né Joseph Félix Eugène Leclerc[1] le à La Tuque au Québec et mort le à Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans au Québec, est un auteur-compositeur-interprète, poète, écrivain, animateur de radio et de télévision, scénariste, metteur en scène et acteur québécois. Pionnier de la « chanson poétique » québécoise par le biais d'une œuvre intimement liée à la nature et au territoire, il s'engage notamment pour l'indépendance du Québec et la défense de la langue française.

Félix Leclerc
Félix Leclerc en juillet 1957.
Informations générales
Nom de naissance Joseph Félix Eugène Leclerc
Naissance
La Tuque, Québec, Canada
Décès (à 74 ans)
Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans, Québec, Canada
Activité principale Auteur-compositeur-interprète, chansonnier, poète, écrivain, acteur, conteur, dramaturge, animateur de radio et de télévision
Genre musical Chanson poétique
Instruments Guitare
Années actives 1951 - 1988
Labels Polydor, Philips, Universal Music

Véritable « émissaire culturel » du Québec à l'international, Félix Leclerc connaît un fulgurant succès en France au début des années 1950. Grand Officier de l'Ordre national du Québec et Chevalier de la Légion d'honneur, il contribue à faire reconnaître le Québec comme un pays francophone doté d'une culture qui lui est propre[2]. Figure de proue du mouvement des chansonniers populaires, il inspire d'éminentes figures de la chanson française, notamment Georges Brassens, Jacques Brel et Guy Béart[3]. Depuis 1979, les récompenses de la chanson québécoise, remises au Gala de l'ADISQ, s’appellent les Prix Félix en hommage au chansonnier.


Biographie



Enfance et formation


La Tuque, vers 1926.
La Tuque, vers 1926.

Félix Leclerc naît le à La Tuque, au Québec, quelques jours avant l'entrée du Canada dans la Grande Guerre. Il grandit au 168, rue Tessier (qu'il renomme rue Claire-Fontaine dans son livre de souvenirs Pieds nus dans l'aube[4]). Il est le sixième des onze enfants de Fabiola Parrot (1880-1946), petite-fille d'un immigrant luthérien français de Valentigney[5], en Franche-Comté, et de Léonidas (dit Léo[6]) Leclerc (1879-1965). Il jouit d'une belle enfance, sa mère lui inculquant un « art de vivre simple et profond »[7]. Le jeune Félix grandit attaché aux valeurs familiales, à l'amitié et à la nature qui l'entoure[7]. À La Tuque, il cultive un amour des grands espaces qui animera son œuvre toute sa vie, notamment à travers ses contes qui rappellent les Fables de La Fontaine[8].

Son père, illettré, est commerçant de chevaux et d'équipement de chantier[8]. Léonidas Leclerc devient vite un homme prospère, notamment grâce au permis d'alcool qu'il réussit à obtenir[9]. Peu de temps après la naissance de Félix, il ajoute deux étages à la grande maison familiale et loue des chambres aux bûcherons, aux draveurs et parfois même aux patrons de passage dans la région[10],[8]. Le soir, Léo Leclerc fait profiter tout ce beau monde de ses talents de conteur[11].

Félix Leclerc ne cachera pas son émerveillement pour ce père « à la parole rare mais à l'acte plus éloquent que les phrases bien tournées »[12],[13]. Il s'intéresse très tôt à la musique et à la dramaturgie[7]. Une fois par année, des Latuquois présentaient une pièce de théâtre : c'est un moment qu'il attendait avec impatience[14]. Cette passion prend également source dans les histoires que sa mère lui racontait le soir. Dans Pieds nus dans l'aube, il exprime toute l'admiration qu'il lui voue[12],[15]:

« Notre mère (comme bien des mamans des pays neufs, à qui naturellement incombe la tâche de tenir allumée la lampe intérieure) fut notre pilote sûr et joyeux devant les innombrables remous. Elle aurait tenu la barre d'une galère de pirates, pourvu que la destination fût “par en haut”. […] maman [comme un colporteur], voulait nous vendre une chose, une façon de penser, la façon de penser, en d'autres termes : l'art de vivre. […] Les hommes des bois la respectaient comme on respecte une croix au carrefour des routes. »

Félix Leclerc fait ses études primaires chez les frères maristes, toujours à La Tuque[7]. À l'âge de 12 ans, il entame des études secondaires au juvénat d'Ottawa, dont il ne revient qu'à la fin de chaque année[7]. Juste avant de quitter La Tuque pour la capitale canadienne, il est approché par des recruteurs cléricaux qui voient en lui un potentiel pour la vie religieuse[16]. On vante ses « qualités morales, intellectuelles et physiques », au grand plaisir de sa mère, qui espère voir l'un de ses fils porter la soutane[17]. Ce rêve ne se concrétisera jamais, mais l'imaginaire religieux ne manquera pas de teinter l'œuvre du chansonnier[18]. À Ottawa, Félix Leclerc suit des cours de belles-lettres et de rhétorique, mais la Grande Dépression économique des années 1930 le contraint d'y mettre fin[7]. Il rentre alors à Sainte-Marthe-du-Cap (à Trois-Rivières), où il aide ses parents à exploiter une terre qu'ils ont achetée[19].

Malgré son envie de contribuer à l'économie familiale à Sainte-Marthe-du-Cap, le jeune Félix comprend vite qu'il n'est pas fait pour le dur labeur des travaux agricoles. Constamment distrait, il passe son temps à écrire dans un petit calepin ou à déambuler dans les champs[20]. Félix Leclerc s'intéresse déjà au théâtre, notamment à Molière et à Shakespeare[21]. Le soir, il récite ses poèmes et chante en s'accompagnant d'une guitare[20]. Il interprète des chansons de La Bolduc, de Lucienne Boyer ou encore de Mireille[21]. Durant ces soirées, Félix Leclerc chante également ses compositions, dont la première est sa chanson Notre sentier[21]. Chanson écrite à l'âge de 18 ans à sa sortie de l'Université d'Ottawa. Il écrit : " Au début de ma jeunesse, m'étant évadé par la porte de bronze de l'Université, j'ai erré pendant cinq ans au bord de la mer à observer les dieux visibles et invisibles." Notre sentier est le théâtre d'une séparation amoureuse douloureuse due à la ''double vie" de l'aimée. Sa chanson Le Petit Bonheur est un autre reflet subtil de ses rencontres inopinées avec la prostitution. Autres titres de chansons dans lesquelles le génie de Félix parvient à envoyer des messages en ''langage d’oiseau" de ce qu’il ne peut pas dire tout haut : Ailleurs, Bozo, Contumace, Do ré mi fa sol la si, Errances, Moutons sur la rivière, Oh lon la belle journée, Le train du nord, Le tour de l’île et autres.[réf. nécessaire] vérifier]


Les débuts à la radio



Premiers emplois et mariage

Félix Leclerc occupe divers petits emplois avant de devenir animateur pour la radio CHRC de Québec entre 1934 et 1937[22]. C'est sa cousine, Louise Leclerc, qui lui trouve une place: elle use de l'influence de son père auprès de Narcisse Thivierge, le propriétaire de CHRC[23]. Félix Leclerc est fasciné par cet outil technologique qui ouvre de nouvelles portes de diffusion culturelle[24]. Dans Le Club du coucou, l'émission qu'il anime, il invite des artistes comme Jean Sablon, La Palma de l'Empire, Reda Caire, Lys Gauty, Roméo Mousseau, Jean Lalonde et Fernand Perron[23]. Leclerc assume son rôle avec humour, ouvrant et fermant son émission sur fond de God Save the King, l'hymne national britannique[23]. Il expliquera ainsi cette démarche: « Fallait bien faire plaisir à ces quarante familles anglaises unilingues de la Capitale et leur démontrer que moi, j'étais bilingue »[23]. Félix Leclerc loge alors chez son frère Grégoire avec qui il discute d'actualité, commentant notamment les articles du Soleil et de L'Action catholique[25].

Leclerc ne se contente pas du rôle d'animateur. Alors qu'il est à CHRC, il achète, à crédit, sa première guitare et finit d'écrire Notre sentier, sa première chanson[24]. Il prend des cours de guitare chez un certain Louis Angellilo, qui lui dira finalement : « Continuez par vous-même monsieur Félix, vous avez trouvé votre propre style et je ne veux pas vous influencer »[25]. En 1937, animé d'une soif de changement, il retourne à Sainte-Marthe-du-Cap, où, pour écrire, il compte s'inspirer de la nature, des champs et des oiseaux[24]. Ce retour au bercail tombe à point puisque, dès la fin de l'année 1937, une nouvelle opportunité d'emploi pointe le bout du nez : son collègue Yvan Desève l'invite à collaborer à l'aménagement d'une nouvelle station à Trois-Rivières (Mauricie), à cinq minutes de la maison familiale[26]. Ainsi, Félix Leclerc embarque dans une nouvelle aventure radiophonique, cette fois-ci à CHLN[26]. Il y côtoie des animateurs avec qui il se lie d'amitié et collabore au sein de divers projets artistiques, notamment des sketchs et des reportages[27]. Le soir, il rentre en campagne, où il continue de rêver et d'écrire poèmes, sketchs radiophoniques et ébauches de chansonnettes tout en aidant sa famille avec les travaux agricoles[26].

Le réalisateur Guy Mauffette. Il deviendra un véritable parrain pour Félix Leclerc, à qui il ouvre les portes de Radio-Canada.
Le réalisateur Guy Mauffette. Il deviendra un véritable parrain pour Félix Leclerc, à qui il ouvre les portes de Radio-Canada.

Toujours en 1937, Félix Leclerc écrit des scénarios pour le compte de Radio-Canada à Trois-Rivières, développant des pièces dramatiques à la radio, comme Je me souviens, qui lui assure visibilité et notoriété. Cette notoriété tient surtout à sa qualité d'écriture, teintée d'un grand esprit poétique[28]. Si les portes s'ouvrent à lui, c'est notamment parce qu'il se lie d'amitié avec Guy Mauffette, un réalisateur à Radio-Canada qui croit en lui et use de son influence auprès de la direction pour l'embaucher et lui offrir des opportunités[29].

Mauffette héberge même Félix Leclerc dans sa famille et le présente à d'influents producteurs[30]. Ainsi, Henri Deyglun promet d'intégrer Leclerc dans son radioroman Les Secrets du docteur Morhanges et Paul L'Anglais lui propose de jouer dans une adaptation de Madame sans-gêne[31]. Peu à peu les offres pleuvent : la carrière de Félix Leclerc est véritablement lancée[31]. À Radio-Canada, Leclerc lit des poèmes et chante même ses premières chansons. Il joue aussi dans les feuilletons radiophoniques Rue Principale, Vie de famille et Un homme et son péché[32]. Félix Leclerc, alors jeune comédien, tire une grande fierté d'être remarqué par Claude-Henri Grignon[31]. À la même époque, il rencontre Les Compagnons de Saint-Laurent, une troupe avec laquelle il fait son entrée au théâtre[24].

En 1939, alors qu'éclate la Seconde guerre mondiale, Félix Leclerc est refusé à l'armée[24]. L'examen médical révèle qu'il ne dispose pas de l'état physique nécessaire au service militaire : on lui trouve un souffle au cœur[33]. Cette décision est loin de déplaire au principal intéressé, qui ne manque pas d'ambitions et d'opportunités professionnelles à ce moment-là[33]. Félix Leclerc est également farouchement opposé à la guerre. Deux mois avant son examen médical, il écrit au ministre fédéral de la Justice, Ernest Lapointe[34] :

« Vous qui avez les cheveux blancs et de l'expérience, vous comprendrez la nature de ma demande. Je sollicite votre intervention pour que l'on ne m'appelle pas aux armes. Je préférerais rester ici dans l'ennui et la vie ordinaire, plutôt que d'aller faire ces folles randonnées en bateau ou en avion. Je n'ai pas l'âme d'un bon soldat. Je fais, volontiers, le sacrifice de la vie militaire et de ses joyeuses tueries, de ses galons et de ses prises de terrain pour rester bêtement à l'arrière, sans aucun avancement. Si vous n'acquiescez pas à ma demande, Monsieur le ministre, j'irai tous les jours à la caserne pour tirer du fusil au-dessus des têtes. Et chaque matin, à l'heure de la chapelle, je vous exhorterai à protéger la vie plutôt qu'à donner la mort. Soit dit en passant, le chant des oiseaux me plaît davantage que les coups de canon. »

Radio-Canada se révèle également source d'opportunités pour la vie personnelle de Leclerc. C'est là qu'il rencontre la comédienne Andrée Vien (1916-2005), originaire de Lauzon, qu'il épouse le à la cathédrale de Montréal[24],[35],[36]. Celle qu'il surnommera affectueusement « Dedouche » fait à l'époque partie du service de publicité de Radio-Canada[37]. Elle est la fille de Louis Vien, un militaire de carrière[37]. À l'invitation de Félix Leclerc, c'est elle qui dactylographie Adagio, Allegro et Andante, une trilogie de recueils poétiques que Félix Leclerc publie en 1943 et 1944[38],[24]. C'est le père Émile Legault, le directeur de troupe des Compagnons de Saint-Laurent, qui donne la bénédiction nuptiale[38]. C'est également chez lui qu'ils logeront après leur voyage de noces au Saguenay-Lac-Saint-Jean[38]. Alors que Félix Leclerc est encore un comédien timide accablé du syndrome de l'imposteur, le père Legault le pousse à surmonter ses doutes. Alors que la troupe s'apprête à jouer, à Boston, Le Médecin malgré lui et Les Précieuses ridicules de Molière, il lui tient des mots d'encouragement, à sa façon[39] :

« Il n'y en a qu'un seul qui puisse tenir ce rôle de valet et c'est toi. Tu as le physique, la diction épaisse, la charpente maigre du lièvre domestique, le regard bête et la compréhension lente du pays. Tu es l'idéal. Voici le texte, apprends-le rapidement. »


Un public conquis, une critique cinglante

Le père Legault ne s'était pas trompé. Le consul de France à Boston, Paul Chambon, dira que ce furent les meilleures comédies jouées au New England Mutual Hall[40]. Le succès est également au rendez-vous lorsque Félix Leclerc publie Adagio, Allegro et Andante en 1943 et 1944. Le public est conquis par ces contes d'inspiration paysanne. Un an et demi après leur publication, Allegio et Allegro atteignent les 15 000 exemplaires tirés alors que Andante, tiré à 35 000 exemplaires, fracasse des records[28]. Mais dans le milieu littéraire, la réception critique de la trilogie de Leclerc est plutôt froide[28]. Certains font même preuve d'une certaine condescendance à l'égard de son œuvre, à l'image de Louis Jean (Le Quartier latin), qui affirme que « la littérature qui néglige l'art pour reproduire exactement la vie, qu'on la nomme réalisme, ou paysannerie, est vouée à une mort certaine »[28]. Victor Barbeau, fondateur de la Société des écrivains canadiens, est encore plus cinglant[41] :

« Personne n'a objection que pour l'amusement de mineurs il lance ses bulles de savon sur les ondes, mais de grâce, qu'il ne prenne surtout pas ses savonnades pour de l'art. Ce fabricant de sucettes et de pommades n'invente pas, ne crée pas ; il salive et il transpire. C'est le conformisme lustré à la vaseline, la niaiserie montée en papillotes, la platitude découpée en caramels… »

Le lac des Deux Montagnes.
Le lac des Deux Montagnes.

En 1945, la mère de Félix Leclerc, Fabiola, rend l'âme[42]. En 1946, il s'installe à Vaudreuil (Montérégie) avec sa femme, Andrée, et leur fils, Martin, né le de l'année précédente[43]. Ils découvrent la région lorsque les Compagnons de Saint-Laurent s'y installent temporairement[43]. Les Leclerc décident alors d'y acheter une maison devant le lac des Deux Montagnes[43]. Félix Leclerc y passe son temps entre écriture et travaux agricoles. Il se lie d'amitié avec son voisin, l'agriculteur Rosaire Vinet, avec qui il partage un amour de la terre et de la ferme[44]. Ce décor s'avère bénéfique au processus créatif de Félix Leclerc, qui s'en inspirera pour composer certains de ses plus grands succès[43] :

« Comme j’ai été heureux à Vaudreuil. […] J’y retrouvais la sérénité et les journées coulaient tranquilles. On aurait dit que le vent qui soufflait sur le lac des Deux Montagnes me donnait des ailes, m’inspirait des idées de création. C’est à Vaudreuil que j’ai commencé à écrire sérieusement… »

C'est en effet à Vaudreuil que Félix Leclerc écrit certaines des chansons les plus connues de son répertoire: Le Train du Nord, Moi, mes souliers, Le Roi heureux, L'Hymne au printemps ou encore La mer n'est pas la mer[45]. Toujours en 1946, il fait un séjour à l’île d’Orléans et y écrit un roman, Le Fou de l’île[19]. Au même moment, on publie son roman autobiographique Pieds nus dans l’aube, qui connaît un vif succès[19]. Toujours très actif au théâtre, Félix Leclerc monte sa pièce Maluron avec Les Compagnons de Saint-Laurent (1947), publie bon nombre de ses scénarios et fonde, en 1948, la compagnie théâtrale VLM (Vien, Leclerc, Mauffette) avec ses amis Yves Vien (son beau-frère) et Guy Mauffette[46],[47].

Il fera alors le tour du Québec pour présenter ses pièces, notamment Le P’tit Bonheur, que VLM présente au centre des loisirs de Vaudreuil et à l’auditorium du collège Bourget de Rigaud[19]. En 1949, Félix Leclerc publie Dialogues d’homme et de bêtes, une série de treize contes d'abord écrits pour être lus à la radio[19]. Au Québec, on commence à apprécier Félix Leclerc, mais « à très petite dose, sans créer de remous »[48].


La consécration en France



Jacques Canetti, le gardien de la gloire

En 1950, l’impresario parisien Jacques Canetti est de passage au Québec afin de recruter de nouveaux talents à exporter en France[49]. Ce « tsar du show business français » a pris sous son aile de futurs géants de la chanson française : Jacques Brel, Georges Brassens, Fernand Raynaud, Catherine Sauvage, Jacqueline François, Juliette Gréco, Guy Béart ou encore Cora Vaucaire[50]. À Montréal, Canetti entend, par l'entremise du fantaisiste montréalais Jacques Normand, un enregistrement de la chanson Le Train du Nord. Vivement impressionné, il fait enregistrer à Félix Leclerc une douzaine de chansons aux studios de la station radiophonique montréalaise CKVL[51]. Il l'invite ensuite à chanter en France, où il s'engage à se produire pendant cinq semaines au théâtre l'ABC, une salle de music-hall parisienne de 2 000 places[43]. Félix Leclerc signe ensuite un contrat d'enregistrement de disques de cinq ans avec le label Polydor[22]. Le père Émile Legault, des Compagnons de Saint-Laurent, exprime avec poésie le succès de Félix Leclerc en France[52] :

« Un avion le dépose un jour, à l'aéroport du Bourget. Il descend en France, sa guitare en bandoulière, chaussé de godillots empruntés aux paysans de chez nous. Sur ses lèvres quelques chansons et, dans sa chevelure le parfum résineux de la forêt canadienne. « Il va se casser la gueule » (sic) disent les puristes. En quelques semaines, il devient l'enfant gâté, la coqueluche du Tout-Paris. »

L'impresario parisien Jacques Canetti, à qui Félix Leclerc doit en grande partie sa consécration en France.
L'impresario parisien Jacques Canetti, à qui Félix Leclerc doit en grande partie sa consécration en France.

En , son premier 78 tours est mis en marché[43]. Le répertoire de Leclerc tourne en boucle dans les radios parisiennes et sa chanson Le P'tit Bonheur obtient une place de choix dans les palmarès[43]. Le , Félix Leclerc chante pour la première fois à l'ABC de Paris[53]. Celui que l'on appelle désormais « le Canadien » provoque un véritable affolement dans la capitale française[53]. Le lendemain de sa prestation à l'ABC, dans la revue Mon programme, le critique L.-R. Dauven témoigne[54] :

« La soirée fut pour Leclerc triomphale. On découvre avec une surprise joyeuse un artiste qui ne doit rien à personne, qui ne se préoccupe pas de suivre la mode ou de faire songer à tel ou tel de ses aînés, un gars rude et simple qui, d'une très belle voix grave, chante les choses et les gens qu'il aime, ses montagnes, ses prairies et les jolies filles de la vallée. Un souffle d'air pur passe dans la salle… Félix a conquis Paris. »

Une semaine plus tard, le légendaire Maurice Chevalier a des mots similaires pour Leclerc, alors qu'il l'accueille fraternellement à un cabaret de Montmartre[55]. Au microphone, il dit du chansonnier québécois qu'il « apporte un vent de fraîcheur provenant des rives de son fleuve Saint-Laurent » et qu'il est « l'un des plus grands poètes de notre époque »[55]. D'autres figures de proue de la chanson française couvrent également d'éloges Leclerc, Charles Trenet déclarant publiquement qu'il est le premier chanteur, depuis plusieurs décennies, à apporter du neuf à ce genre musical[55]. L'immense Édith Piaf, qui assiste aux spectacles du chansonnier, lui écrit un petit billet personnel : « Vos chansons sont tellement belles que je ne pourrais pas y rendre justice en les interprétant »[56].

Alors que Félix Leclerc envisageait initialement de rester trois mois en France, il y passe finalement trois ans[43]. À l'époque, on vient de tous les coins de l'Hexagone pour voir le chansonnier québécois fouler les planches des Trois Baudets, une salle de concert parisienne[57]. Guidé par Jacques Languirand, un jeune journaliste québécois, Félix Leclerc déambule dans les rues de Paris, abasourdi par ce succès inattendu[56]. Accompagné de nouveaux amis, il découvre le marché aux puces de Saint-Ouen, l'église de la Madeleine et les Halles. Fasciné par le « pays de ses ancêtres », il fait également quelques excursions hors de la capitale et visite Versailles, Montfort-L'Amaury, Clermont-Ferrand, Chartres, La Malmaison ou encore Fontainebleau[58]. Le Latuquois n'oublie toutefois pas ses racines, écrivant à sa femme pour la rassurer et lui annoncer qu'elle devra bientôt débarquer à Paris avec leur fils, Martin, qui a presque six ans en 1951[59].

Ces derniers finissent par le rejoindre en février[60]. Ils logent à l'hôtel Le Cristal, rue Saint-Benoît, tout près du Café de Flore[60]. Félix Leclerc fait découvrir la ville à sa petite famille. Il croise Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir au café Les Deux Magots, dans le 6e arrondissement de Paris[61]. À l'époque, Leclerc étonne de par sa foi et contraste avec les milieux artistiques et intellectuels parisiens[57]. Malgré toute l'attention dont il est l'objet, notamment de la part de la gent féminine, Félix Leclerc vit de façon « presque monastique », s'abstenant notamment de tout alcool[62].

En 1951, Félix Leclerc enregistre un premier album contenant notamment Moi, mes souliers, Le Train du Nord, Bozo et Le P'tit Bonheur, qu'il avait chantée pour la première fois en 1948, au Théâtre du Gésu à Montréal[63]. La même année, il fait un bref retour au Québec[64]. Son succès outre-Atlantique ne passe pas inaperçu : le maire de Montréal, Camilien Houde, l'invite à signer le livre d'or de la ville[64]. Il est également honoré par la Chambre de commerce de Montréal, lors d'une soirée en compagnie de Jacques Canetti, Maurice Chevalier, Juliette Huot, Patachou et d'autres artistes[64]. Il profite également de ce bref retour parmi les siens pour fouler cinq soirs de suite les planches du Continental[64]. Son ami Jacques Normand le présente au public[64] :

« Avant de vous faire entendre le célèbre chansonnier, permettez-moi de remercier la France et les critiques français qui nous ont révélé notre Félix Leclerc. S'il était né à Paris avant 1900, il aurait chanté ses rengaines dans les rues, au Lapin Agile et au Chat noir, comme Aristide Bruant, avec son écharpe rouge, son costume de velours, ses bottes et son chapeau à large bord. C'est un honneur de l'avoir parmi nous et de savoir que son talent et ses chansons font mieux connaître les Canadiens français au monde entier. »

Félix Leclerc est de retour en France après quelques jours au pays. Il ne se contente pas de l'Hexagone, puisqu'il profite également de ce voyage outre-Atlantique pour faire des tournées en Suisse, en Italie et en Afrique du Nord[43]. À Carthage, en Tunisie, il est accueilli comme un diplomate, alors que de hauts dignitaires l'attendent à la sortie de l'avion en costume traditionnel[65]. Il se produit même devant Farouk, l'ancien roi d'Égypte, qui invite le couple Leclerc à une réception royale[65] et dont on dit qu'il aurai pleuré en entendant Le Roi heureux. À Rome, il chante pendant dix jours au prestigieux Open Gate[65]. Au Vatican, Pierre Dupuis, ambassadeur du Canada en Italie, présente Félix Leclerc au pape Pie XII lors d'une audience privée[66]. Pour le pieux chansonnier, cette rencontre restera un grand souvenir : « Ce fut un moment inoubliable, cette rencontre avec le Pape. Nous pleurions comme des enfants. Plus envie de rire, mais un grand désir de s'agenouiller et de ne pas bouger pour au moins une heure »[66].

Leclerc se présente au public accompagné uniquement de sa guitare, sans orchestre, une première en France[43]. Il sera une source d'influence pour de grands noms de la chanson française comme Georges Brassens, Jacques Brel et Guy Béart[43]. Jacques Brel est d'ailleurs très explicite à ce propos[43] : « Croyez-le ou non, c’est l’audition du premier long jeu de Félix Leclerc qui m’a orienté vers la chanson définitivement ». Devenu ami de Raymond Devos, Leclerc partage avec lui un goût pour la langue française et le désir de défendre la création artistique de qualité[67].


Retour triomphal parmi les siens

Félix Leclerc revient au Québec en 1953. Il est accueilli en grande pompe au Centre des loisirs de Vaudreuil, où il présentait quelques années plus tôt sa pièce Le P'tit Bonheur[68]. Cinq cents personnes participent à cette soirée animée par Guy Mauffette, à qui Leclerc doit ses premiers succès à la radio, parmi lesquelles de nombreux artistes, notamment Raymond Lévesque, auteur quelques années plus tard de l'iconique hymne Quand les hommes vivront d'amour. Dans son discours d'ouverture, le chansonnier explique, modestement, que ce qu'il a réalisé en France « n'est pas sensationnel » et qu'il doit tout aux valeurs de sa mère, à ses proches et à son sens du travail : « Celui qui cultive son champ avec application, au cours des années, doit s'attendre le moment venu à une belle récolte. C'est ce que je vous souhaite de tout mon cœur »[68]. Dans Radiomonde, la journaliste Huguette Proulx souligne bien l'attachement que les Québécois peuvent porter à celui qui ne fut pourtant pas prophète en son pays[69] :

« Malgré notre fierté et notre joie d'apprendre le triomphe de notre compatriote en France, il faudrait trouver un moyen de faire savoir aux Français que nous voulons bien leur prêter notre Félix Leclerc, mais que nous l'apprécions trop, ici, pour le leur céder en permanence. »

Son fulgurant succès, en France et ailleurs dans le monde, surprend. Le chétif, dont on se moquait gentiment hier, vient de conquérir le monde, sans rien changer à son allure, à ses textes ou à sa parlure, comme il se plaît à le dire lui-même[50]. D’un coup, la chanson québécoise gagne ses lettres de noblesse. Dans son livre La Chanson québécoise des origines à nos jours (Éditions de l'Homme, 1974), Benoît L'Herbier tente d'expliquer le contraste entre le succès de Leclerc en France et son relatif anonymat au Québec[70] :

« Si on analyse la situation froidement, Félix Leclerc constitue une grande vedette française qui vient chanter régulièrement au Québec. N'eût été Jacques Cannetti, Félix serait sans doute retourné dans ce monde qu'il chante et qu'il habite tous les jours. Intrinsèquement québécois, Félix Leclerc passa pour ainsi dire inaperçu ici. Un fou paisible ! Seule la France l'apprécia à sa juste mesure, parce que le Québec, encore trop préoccupé par Duplessis et sa philosophie, ne put s'élever à son niveau. »

Félix Leclerc et l'acteur Jean-Pierre Masson en 1953.
Félix Leclerc et l'acteur Jean-Pierre Masson en 1953.

Le retour triomphal de Félix Leclerc est ponctué d'apparitions à la télévision et de tournées à travers la province[43]. À la demande de son ami Jean-Yves Bigras, il accepte de se produire au Café des Artistes[69]. Toujours aussi versatile, il écrit également des télé-théâtres et une série pour la télévision de Radio-Canada, Nérée Tousignant[43]. Il continue à donner des spectacles, entre autres dans les cabarets montréalais, où on l'entend au Café Continental dès le début des années 1950[71]. Il est aussi présentateur dans le cadre de différentes émissions télévisées culturelles, dont l'une sur les légendes du Québec à Radio-Canada.

Félix Leclerc continue à écrire, à Vaudreuil, entre deux tempêtes de neige durant lesquelles il se déplace en traîneau à chien[72]. En 1954, il met sur papier quelques nouvelles chansons : Le Petit Ours, L'Agité, Comme Abraham ou encore Chanson du pharmacien[72]. Il est à l'époque très courtisé par les publicitaires, qui veulent profiter de son rayonnement nouvellement acquis pour faire la promotion de leurs produits[73]. À l'exception d'une offre de promotion d'une marque de parfum dans le magazine Jours de France (son biographe Marcel Brouillard et sa femme, Andrée Vien, ne se l'expliquent pas), Félix Leclerc reste loin de ces offres, aussi alléchantes soient-elles[73]. Il en va de même pour les généreux cachets qu'on lui propose pour se produire dans de grandes salles : il préfère souvent les refuser pour se produire dans des lieux plus modestes, comme des écoles de campagne[73]. Leclerc est également sensible au sort de la relève. Toujours en 1954, il cède les droits de sa pièce Maluron aux Comédiens gavroches, une jeune troupe de théâtre[74]. Ces derniers se produiront à Rigaud, Cartierville ou encore au théâtre de l'oratoire Saint-Joseph, dirigé par nulle autre que le père Émile Legault[74].

En 1955, Félix Leclerc publie le livre Moi, mes souliers, préfacé par Jean Giono[74], où il raconte sa vie à Vaudreuil et sa consécration à Paris[43]. Au printemps, Leclerc apprend que sa comédie Le P'tit Bonheur doit être jouée par la Compagnie des Faux Nez en Suisse, à Lausanne puis dans les régions avoisinantes[75]. Il profite de cette occasion pour s'offrir un voyage dans les Alpes suisses au cours duquel il s'intéresse à la situation politique de ce pays où cohabitent de nombreux peuples distincts[75].

En 1956, Félix Leclerc et son épouse, Andrée Vien, achètent une nouvelle maison à Vaudreuil située au 186, chemin de l'Anse. Cette maison, qui appartenait à un agriculteur du nom d'Émilien Denis, est entourée de bâtiments de ferme, dont une grange que Félix Leclerc surnommera « l'auberge des morts subites ». L'Auberge des morts subites sera le titre de l'une de ses pièces de théâtre[43]. Tous les matins, il s'installe à une table d'écriture qu'il a aménagé à l'étage de la maison[43]. Leclerc y poursuit son œuvre, écrivant notamment les textes de ses pièces Sonnez les matines et les Temples[43]. En 1957, Félix Leclerc accueille Jacques Canetti à Vaudreuil[76]. Ce dernier, exténué par le travail, veut prendre du repos loin de Paris[76]. Leclerc l'initie en douceur aux travaux agricoles et lui fait découvrir quelques nouvelles chansons de son répertoire[76]. Canetti apprécie tellement ces découvertes qu'il emmène le Latuquois enregistrer un microsillon à Montréal[76]. Cet album, intitulé Le train du nord, gagnera le Grand Prix du disque 1958[76]. Félix Leclerc habitera cette seconde maison à Vaudreuil jusqu'en 1967. Après leur divorce, en 1968, Andrée Vien y restera quelque temps avec leur fils, Martin. Elle est vendue en 1973.

Au cours de l’année 1958, Félix Leclerc conçoit avec le père Bernard de Brienne le projet de partir conjointement, l'année suivante, en grande tournée de concerts en Europe, notamment en France[77]. La même année, il remporte le grand prix de l’Académie Charles-Cros pour son deuxième album, Le Train du Nord[19]. En 1959, le réalisateur Claude Jutra, de l'Office national du film du Canada (ONF), réalise Félix Leclerc troubadour, un documentaire filmé chez le chansonnier, à Vaudreuil[19]. Félix Leclerc y discute avec la chanteuse Monique Leyrac et y interprète une partie de son répertoire[78].


Succès et engagement



De nouveaux défis

Félix Leclerc ne tarde pas à reprendre la route. En , il est au port de New-York pour une traversée de l'Atlantique qui doit le mener au Havre, en France[79]. Au même moment, le théâtre du Rideau vert reprend sa pièce Sonnez les matines[79]. Cette dernière essuie les critiques de certains journalistes qui accusent Leclerc de moralisme et de négation des «règles fondamentales d'écriture»[79]. Quelques années après son immense succès en France, Félix Leclerc a encore de la difficulté à digérer les sévères critiques de ses compatriotes québécois[79]. La déception est d'autant plus grande qu'il accorde beaucoup d'importance à la dramaturgie, lui qui se considère plus comme un « homme qui chante » que comme un chanteur[80].

Accompagné par sa femme et son fils Martin, Félix Leclerc enregistre de nouvelles chansons en France et accorde des entrevues aux médias[81]. ll continue de déambuler à Paris, se recueillant notamment devant la tombe de Jean de La Fontaine, l'un de ses auteurs préférés, au cimetière du Père-Lachaise[81]. Les Leclerc voyagent également en Bretagne, où ils ont l'occasion d'en apprendre plus sur les ancêtres qui ont pêché au large des côtes américaines quelques centaines d'années plus tôt[81].

Au début des années 1960, Félix Leclerc se concentre sur l'écriture, à Vaudreuil. Il crée quelques nouvelles chansons, notamment Je cherche un abri, Chanson en russe et La vie, l'amour, la mort[82]. En 1961, il publie Le Calepin d’un flâneur, un recueil de pensées[82]. Le chansonnier y compile des réflexions sur divers sujets, notamment la nature, la pauvreté ou encore son rapport au Québec[82]. La même année, il est invité à signer le livre d'or de sa ville natale, La Tuque, par le maire Lucien Filion, un ancien camarade de classe[83]. L'année suivante, en 1962, Félix Leclerc, son père Léonidas et son fils Martin sortent miraculeusement indemnes d’un très grave accident automobile[83]. Alors que Martin, âgé de 17 ans, s'en sort avec un œil au beurre noir, Félix et Léonidas Leclerc sont transportés d'urgence à l'hôpital de Drummondville[83].

Même s'il est concentré sur la chanson, Félix Leclerc reste néanmoins toujours actif au théâtre. En 1963, il présente sa pièce L’Auberge des morts subites au théâtre du Gesù et à celui du Monument-National[84]. La pièce connaît un vif succès et 155 représentations sont données à travers tout le Québec[84]. Au printemps 1964, à l'initiative de Jacques Canetti, Le p'tit bonheur est jouée aux Trois Baudets, à Paris[84]. La même année, Félix Leclerc présente la pièce Le roi viendra demain à la télévision de Radio-Canada.

Malgré le succès, il s'agit d'années assez difficiles dans sa vie personnelle, alors que son père meurt en 1965 et qu'il divorce de sa femme, Andrée Vien, en 1968. Cette année-là, il fait l'acquisition d'une terre sur l'île d'Orléans et sa nouvelle conjointe, Gaëtane Morin (1940-2018), qu'il connaît depuis 1966, donne naissance à une fille, Nathalie, à Boulogne-Billancourt (banlieue parisienne). Gaëtane Morin est à l'époque la secrétaire du sous-ministre Jacques Parizeau (Parti québécois)[85]. Elle est originaire de Montmorency (ancienne ville et quartier de Beauport)[86].

Toujours en 1968, Félix Leclerc fait paraître le livre Chansons pour tes yeux. En 1969, il est l'auteur de l’un de ses albums les plus populaires : J’inviterai l’enfance. Pendant quatre ans, entre 1968 et 1972, le chansonnier Latuquois retrouve la gloire en France, en Suisse et en Belgique[87]. Galvanisé par sa nouvelle vie sentimentale, il enchaîne les tournées dans la francophonie, présentant ses pièces de théâtre au quatre coins de l'Europe[87]. Il revient parfois au Québec pour se produire parmi les siens, notamment au Palais Montcalm de Québec en 1969)[88]. Il retourne également au Québec pour régulariser sa situation conjugale: le , Félix Leclerc épouse Gaétane Morin à Saint-Hyacinthe[88].


Félix Leclerc, patriote

À la fin des années 1960, dans un Québec qui vibre au rythme des bouleversements de la Révolution tranquille, Félix Leclerc déclare « Je veux être témoin de notre révolution. » et rentre définitivement au pays. Il pense même prendre sa retraite prématurément et se concentrer sur la construction de sa maison sur l'île d'Orléans[89]. Le poète, qui ne se considère pas comme un chanteur engagé (il préfère dire qu'il fait « du patriotisme » plutôt que de la politique), s'engage néanmoins[90]. À la suite de graves événements politiques au Québec au début des années 1970 (notamment la crise d'Octobre), Félix Leclerc affiche ouvertement ses positions souverainistes. Il enregistre deux des chansons les plus sombres de son répertoire, L’Alouette en colère (qui traite de ces événements) et Les 100 000 Façons de tuer un homme, et déclare :

« J’ai marché pendant trop longtemps dans les sentiers fleuris et embaumés. Il est plus que temps que j’emprunte des sentiers plus fréquentés, les chemins trop souvent piégés sur lesquels marchent six millions de mes frères. »

Félix Leclerc en spectacle à la Fête de l'Humanité, à La Courneuve, près de Paris, en 1977.
Félix Leclerc en spectacle à la Fête de l'Humanité, à La Courneuve, près de Paris, en 1977.

En 1973, Félix Leclerc chante à l'Autostade de Montréal à l'occasion de la fête nationale du Québec et des célébrations du centenaire de la station CKAC[91]. La même année, l'artiste continue de s'engager à travers son œuvre, cette fois-ci au théâtre, alors qu'il crée la pièce Qui est le père?[92]. Gilbert Grand, du Devoir, y voit un commentaire politique sur la situation du Québec[92] :

« C'est là bien sûr une allégorie transparente de la réalité québécoise: la belle province qui couche avec tout le monde, qui dilapide ses richesses en les laissant aux plus offrants, Anglais ou Américains, sans même avoir consulté les Québécois pour le partage. »

Le , Félix Leclerc participe, avec Gilles Vigneault et Robert Charlebois, au spectacle de la Superfrancofête, sur les plaines d'Abraham à Québec, devant 150 000 spectateurs[91]. En hommage à Raymond Lévesque, le trio interprète Quand les hommes vivront d'amour[91]. Cette iconique prestation est immortalisée sur l’album J'ai vu le loup, le renard, le lion[91]. La Superfrancofête contribue grandement à faire de Félix Leclerc une légende québécoise. L'événement, présenté devant des milliers de jeunes, témoigne également de la portée du chansonnier, qui rejoint un public de tous horizons[93].

À partir du milieu des années 1970, Félix Leclerc se fait de plus en plus rare et chacune de ses sorties publiques, en France comme au Québec, est vécue comme un événement[93]. Seule exception notable: une tournée en France en 1977[32]. Il maintient tout de même le cap de l'engagement et, en 1976, il célèbre à Paris la victoire du Parti québécois (PQ) aux élections. Il monte alors sur scène en compagnie des chanteurs Raymond Lévesque et Pauline Julien. Quelques années plus tard, profondément attristé et déçu par l'échec du référendum de 1980[94], Félix Leclerc s'exprime sans détour :

« Si les Québécois avaient, pour tout ce qui est québécois, la moitié du fanatisme que les Anglais ont pour tout ce qui est anglais, Québec serait un pays libre demain matin. »


Les dernières années


En 1981, Félix Leclerc fait une rare apparition à la télévision québécoise lorsqu'il accorde une entrevue à Denise Bombardier dans le cadre de l'émission Noir sur blanc[95]. Pour sa contribution à la culture québécoise, il reçoit en 1982 le titre de docteur honoris causa de l'Université de Montréal[95]. Leclerc crée en 1983 la Fondation Félix-Leclerc afin de promouvoir la culture francophone et encourager la composition et la création chez les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes et les jeunes poètes francophones. Le , Félix Leclerc est invité au Printemps de Bourges pour une soirée d'hommage où se retrouvent plus d'une dizaine d'artistes, dont Maxime le Forestier et Yves Duteil.

En 1984, à l'occasion du centenaire du journal La Presse, le public désigne Félix Leclerc et le hockeyeur Maurice Richard comme «les Québécois les plus illustres et les plus représentatifs de l'heure»[96]. Le quotidien Montréalais organise ensuite une rencontre entre les deux icônes québécoises à l'île d'Orléans[96]. Le , Félix Leclerc est nommé Grand Officier de l'Ordre national du Québec par le premier ministre René Lévesque[97],[98]. L'année suivante, à Québec, le consul français Renaud Vignal fait du chansonnier latuquois un Chevalier de la Légion d'honneur[97].


Mort


Félix Leclerc meurt d'un arrêt cardiaque le , sur l'île d'Orléans, où ses cendres sont enterrées[99]. Une pierre tombale est érigée dans le cimetière de Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans. Des admirateurs viennent parfois y déposer fleurs et souliers, un clin d'œil à la fameuse chanson du troubadour québécois. Le fonds d'archives de Félix Leclerc est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)[100].


Vie familiale


De son mariage avec Andrée Vien (1916-2005) est issu Martin, né le , cadreur (opérateur de prise de vues) et photographe[101]. Martin Leclerc a une fille, Mélanie Leclerc, autrice de bande dessinée[101]. Félix Leclerc a deux autres enfants avec sa seconde épouse, Gaétane Morin (1940-2018): Francis Leclerc, réalisateur, et Nathalie Leclerc, directrice générale et artistique de l’Espace Félix-Leclerc et vice-présidente de la Fondation Félix-Leclerc.


Chronologie



Thématiques et portée de l'œuvre



Une œuvre engagée



Un «patriote-né»

Pour Geneviève Leblanc, qui a fait son mémoire de maîtrise sur le chansonnier latuquois, la chanson L'alouette en colère constitue un point tournant dans la carrière de Félix Leclerc[102]. Elle y voit la première manifestation explicite du nationalisme québécois dans l'œuvre du chansonnier, qui rédige cette chanson dans la foulée de la crise d'[102]. Leblanc y lit un avertissement, celui d'un chansonnier qui s'inquiète de voir le « couvercle sauter » si les francophones ne sont pas davantage respectés[102]. Ginette Pelland, professeure de philosophie et auteure, rappelle quant à elle que Félix Leclerc « ne s'est pas éveillé à la politique en 1970 » (elle considère cette perspective comme un «préjugé tenace») et qu'il n'a pas attendu les évènements d'Octobre pour «s'apercevoir que les gens de son pays avaient été trop longtemps humiliés et offensés en raison de leur statut de colonisés et de locataires dans leur propre pays» (Luc Bellemare abonde dans le même sens)[103]. Au même titre que Leblanc, Pelland considère tout de même que L'alouette en colère marque un moment fort de l'œuvre de Leclerc, notamment parce qu'elle témoigne d'une révolte intergénérationnelle[104] :

« L'alouette en colère est donc une chanson fondamentale de Leclerc, au sens où elle ne s'appuie pas seulement sur des évènements ponctuels de la situation politique du Québec autour des années 1970 ; elle marque aussi l'accès à une solidarité entre les pères et les fils de la nation ; le père qui assume sa paternité est en même temps capable d'assumer sa situation politique. C'est ce père qui appuie son fils révolté dont il trouve qu'il a raison de l'être, que l'on identifie dans L'alouette en colère. Ce n'est plus le père qui conseille à son fils de se taire, d'endurer, de ne rien oser, lui expliquant qu'il est né pour un p'tit pain et qu'il n'y a aucun espoir de progrès ni d'affranchissement. »

Bien que plus explicite dans L'alouette en colère, l'engagement de Félix Leclerc remonte à très loin dans son œuvre selon Pelland[105]. Elle perçoit cet engagement jusque dans ses premiers contes, notamment dans Adagio, un recueil sorti en 1944[105]. Dans Le voleur de bois, Leclerc raconte l'histoire d'un homme devenu voleur par nécessité[105]. Il tente d'y comprendre la « révolte du déshérité », une figure qu'il associe à la situation du «Canadien français pauvre» et du «Canadien français colonisé» selon Pelland[105]. Leclerc y décrirait la colère de celui qu'on a «dédaigné de valoriser et de reconnaître», qu'on a «méprisé d'emblée en le privant d'éducation et de soins en lui inculquant l'idée qu'il était un minable et un incapable»[105].

Mais la fierté nationaliste de Leclerc n'émane pas que du statut de « colonisé » qu'il dénonce. Cette fierté est également intrinsèquement liée à l'histoire de son peuple, à ses origines et au territoire qu'il habite. Dans Le feu sur la grève (toujours dans Adagio), il célèbre la patrie, les explorations et la mer qu'ont empruntée les ancêtres[106]. Pelland y voit les origines de l'engagement nationaliste explicite que Leclerc manifestera plus tard dans sa carrière[107] :

« Cette fierté de la patrie, du pays, de nos origines, de notre langue et de notre culture, c'est la flamme qu'il faut constamment raviver de génération en génération. Félix Leclerc a toujours raisonné comme cela; on comprend ainsi aisément qu'il n'est certainement pas devenu politiquement engagé uniquement après les évènements d'octobre 1970 au Québec.

Le poète a toujours à ce point fait corps avec son pays que sa poésie n'existerait pas sans lui. C'est la beauté et la fierté de son pays et de ses gens qu'il a toujours célébrées dans son œuvre. En cela, ce poète est un patriote-né. »

Dans sa chanson Le tour de l'île (1975), cet amour de la patrie et des racines est particulièrement apparent. Le poète y célèbre l'île d'Orléans, où les premiers colons français se sont installés. Pour Ginette Pelland, Leclerc érige l'endroit comme symbole de «la persistance du fait français en Amérique»[108]. Le chansonnier y est également assez explicite quant à ses positions souverainistes: «Les fruits sont murs/Dans les vergers/De mon pays/Ça signifie/L'heure est venue/Si t'as compris»[108]. Toujours en 1975, dans sa chanson Chant d'un patriote, Félix Leclerc évoque un départ en guerre pour «tuer Sa Majesté» (qui représente le pouvoir britannique) et reproche à ses compatriotes un manque d'idéal et une soumission: «En même temps/Qui a bâti géant soumis/Qui a dormi et dort encore/Pourtant pourtant il est midi»[109].


Félix Leclerc, apôtre de l'humanisme chrétien?

Le patriotisme de Félix Leclerc ne l'empêche toutefois pas d'être sensible à d'autres réalités sociales, notamment l'immigration. Dans «Monsieur Scalzo» (Adagio), il peint le portrait d'un immigrant italien qui «prodigue des images de beauté» et enchante sa communauté avec des airs d'accordéon qu'il joue en rentrant de l'usine[107]. Le Latuquois est également très admiratif du folklore tzigane, dont il affirme s'être inspiré pour composer plusieurs de ses chansons[110].

De plus, l'artiste ne s'engage pas seulement dans une perspective nationaliste ou patriotique. Dans son œuvre, le chansonnier-poète célèbre parfois des valeurs plus «universalistes», notamment l'antimilitarisme, qu'il brandit dans Adagio (1944) à l'aube de la Seconde Guerre mondiale[111]. Dans L'attente, il peint le portrait d'un village qui attend le retour d'un jeune homme parti au front[111]. Les villageois veulent alors vivre en harmonie, dans l'espoir de créer un climat propice à faire oublier les horreurs de la guerre : « On prépare la beauté que l'on peut, parce qu'il a vu la laideur. Il se reposera de la haine en nous voyant nous aimer les uns les autres »[111]. La liberté et la solidarité sont d'ailleurs des valeurs proéminentes dans l'œuvre de Félix Leclerc. Dans Moi, mes souliers, l'une des chansons les plus connues de son répertoire, il exprime métaphoriquement toute l'importance qu'il accorde à la fraternité. On y sent également l'influence de sa spiritualité chrétienne[112] :

« Leclerc pense que ce seront ceux qui auront fait preuve de chaleur et de solidarité qui iront au paradis. Ceux-là qui auront sali leurs souliers, ils se seront impliqués dans le monde. En revanche, les souliers vernis qui ont à peine effleuré la vie, qui l'ont regardée de haut, de loin, qui ont manqué à comprendre que les humains ne sont que poussière et qu'ils pataugent souvent dans la boue, ces souliers-là n'auront pas leur place au paradis.

Chose certaine, Leclerc ne se représente pas le poète et ses congénères comme vivant dans les nuages, au-dessus de la mêlée existentielle; il les voit bien ancrés dans la communauté, au fait de la vie de la majorité des mortels et y participant. »

La foi de Félix Leclerc est palpable à travers son œuvre. Le répertoire du poète, particulièrement à ses débuts, est traversé d'allégories et d'histoires d'inspiration biblique[113]. C'est notamment le cas dans ses tout premiers recueils de récits et de poèmes, Allegro et Andante (1944). Par exemple, dans son conte L'albatros (Andante), Félix Leclerc raconte l'histoire d'un enfant infirme à qui un marin remonte le moral en comparant sa condition à celle d'un albatros[114]. Ce serait un « oiseau qui s'enfarge dans ses ailes quand il est sur terre, l'oiseau ridiculisé qui vient rarement parmi le monde » mais qui « au lieu de gémir, monte quand même, seul, heureux quand même, qui cherche dans l'infini, pour oublier la terre, la direction d'un autre royaume »[114]. Selon Ginette Pelland, ce «royaume» pourrait faire référence au royaume de Dieu ou à celui des hommes s'ils « montrent assez de courage et de lucidité pour proclamer la justice nécessaire entre eux et prôner les valeurs essentielles à la vie en commun »[114]. Difficile de ne pas y percevoir l'humanisme chrétien de Leclerc. Dans son recueil Andante, inspiré de l'Évangile, au moins cinq des dix-neuf « récits-poèmes » sont inspirés de scènes issues de la vie du Christ[115].


Un « chansonnier écologiste »

L'œuvre de Félix Leclerc, comme la vie du poète, est profondément ancrée dans la nature. Le chansonnier latuquois, depuis sa plus tendre enfance, baigne dans un environnement où on chérit la faune et la flore, sources de vie et de folklore. À l'instar de son maître Jean de La Fontaine, Leclerc veut «se servir des animaux pour instruire les hommes» et ce, par le biais d'une morale qu'il assimile en partie à la religion catholique[116]. Selon Robert Proulx, professeur de littérature à l'Université Acadia (Wolfville, Nouvelle-Écosse), l'intime rapport avec la nature que cultive le poète fait même de lui un «chansonnier écologiste»[117]. Proulx souligne que, bien que la nature ait toujours été au cœur de l'œuvre de Leclerc, celui qu'on appelait le «chanteur paysan» ou encore le «poète terrien» cultivait une inquiétude grandissante quant au sort des écosystèmes[118] :

« On constate par ailleurs une évolution dans la pensée écologiste de Leclerc. En effet, alors que ses textes en prose comme Pieds nus dans l'aube et Moi, mes souliers mettent l'accent sur la beauté et la grandeur des éléments naturels, ses chansons, et surtout les dernières qu'il a écrites, témoignent d'une inquiétude grandissante devant les ravages causés par l'homme et disent l'urgence d'une mobilisation citoyenne afin de protéger la nature. C'est pourquoi Leclerc peut être considéré comme un écologiste, lui dont le grand amour de la nature a non seulement inspiré les plus belles pages de ses récits et les paroles les plus fortes de ses chansons engagées, mais peut-être aussi tout une génération de chanteurs et de militants. »


Avant-gardiste de la chanson québécoise et «émissaire culturel» du Québec


Félix Leclerc est sans contredit une pièce majeure dans l'histoire de la chanson québécoise. L'historien André Gaulin lui attribue rien de moins que la création de la «chanson poétique québécoise»[119]. Bien qu'il admette que le fulgurant succès du chansonnier latuquois soit grandement imputable à la France et à l'imprésario Jacques Cannetti, Gaulin relativise toutefois l'affirmation selon laquelle Leclerc aurait été « boudé par les siens »[119]. Avant 1950, il parle plutôt d'un « succès relatif » au Québec, alors que le chansonnier avait déjà composé quelques dizaines de chansons et était surtout connu pour ses activités radiophoniques[119].

Dans les années 1940, avant que Félix Leclerc ne parte pour la France, la littérature québécoise (qu'on qualifiait à l'époque de «canadienne») était davantage considérée comme un sous-ensemble de la littérature française que comme une littérature nationale à part entière[120]. Les critiques littéraires québécois, souvent issus de collèges classiques conservateurs, étaient alors obsédés par la littérature française et attendaient l'arrivée messianique d'un premier «grand auteur canadien»[120].

Lorsqu'il publie sa trilogie de recueils (Adagio, Andante et Allegro) au milieu des années 1940, Félix Leclerc suscite l'espoir d'être l'élu tant espéré, celui qui pourrait sauver la «petite littérature» québécoise[120]. Toutefois, la sortie de Dialogues d'hommes et de bêtes en change la donne, comme l'explique André Gaulin : « …la critique déchante et s'irrite, trouvant cette littérature beaucoup trop paysanne, incapable de gagner la ville et la modernité »[120]. Ginette Pelland y voit la marque d'une attitude profondément réactionnaire[121] :

« … plusieurs critiques des premières œuvres du poète ont fait mine de ne pas saisir le fond de réalité sociale, humaine, sociologique et politique qui alimentait ces ouvrages. Sous le couvert de personnages animaux, il y était à l'évidence question de la manière de vivre des Québécois, de leurs croyances, des marques imprimées dans leur mentalité et dans leurs attitudes par des siècles de colonialisme, de leur manque d'instruction qui a duré si longtemps, de leurs travers et de leurs mérites.

En définitive, on peut penser que certains critiques étroits ont sans aucun doute été décontenancés et déstabilisés dans leur conservatisme idéologique aussi bien qu'esthétique par la franchise et l'effronterie de l'artiste Leclerc qui s'avérait, d'entrée de jeu dans l'art, un critique social redoutable et avant-gardiste. »

À l'époque, une condescendance élitiste similaire règne sur le monde de la chanson. Les critiques renvoyaient la chanson au folklore et à la chansonnette, «un genre frivole, indigne d'attention littéraire, synonyme de sornettes même dans les dictionnaires»[122]. De par la qualité de sa prose et son rayonnement international, Leclerc a contribué à crédibiliser la chanson québécoise. Pelland voit en lui un «émissaire culturel»[2] :

« Le poète Félix Leclerc est très certainement une figure emblématique du Québec. Au début des années 1950, il a inscrit notre culture sur la carte du monde. Invité à se produire à Paris pour une série de spectacles, il y a affirmé la souveraineté de son art. Cela a contribué à faire reconnaître le Québec, en Europe et ailleurs, comme un pays original en raison de sa culture francophone logée au cœur de l'Amérique anglaise. »


Discographie



Albums



Simples



Concerts



Compilations



Participations



Hommages



Œuvre littéraire



Contes et poèmes



Théâtre



Romans



Maximes



Divers



Filmographie



Adaptations de ses œuvres au cinéma



Comme acteur



Cinéma


Télévision


Comme auteur



Télévision


Théâtre



Comme acteur



Comme auteur



Récompenses et nominations



Notes et références


  1. Les précisions sur le nom à la naissance sont tirées de l'acte de baptême (baptême 131, feuillet 30, registre de la paroisse de Saint-Zéphyrin-de-La Tuque pour l'année 1914).
  2. Pelland, Ginette, 1949-, Félix Leclerc, écrivain du pays : regard actuel sur l'œuvre, M. Brûlé, (ISBN 978-2-89485-424-2 et 2-89485-424-2, OCLC 401136958), p. 7
  3. Latulippe, Hugo, réal. 2016. Félix dans la mémoire longtemps. Esperamos. (Film documentaire)
  4. Journal Le Devoir, « Sur les traces de Félix Leclerc » : https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/33454/tourisme-sur-les-traces-de-felix-leclerc
  5. « La famille Parrot », sur Histoire et généalogie de la famille Parrot (consulté le )
  6. Geneviève Leblanc, Félix Leclerc en tant que figure rassembleuse d'une communauté mémorielle, Mémoire de maîtrise, Université Laval, 1998
  7. (en) « L’enfance de Félix Leclerc à La Tuque », sur Maison Félix Leclerc de Vaudreuil-Dorion (consulté le )
  8. Geneviève Leblanc, « Félix Leclair en tant que figure rassembleuse d'une communauté mémorielle. Incursion au cœur de l'identitaire québécois », Mémoire de maîtrise en histoire, Université Laval, 1998, p. 18.
  9. Brouillard, Marcel, 1930-, Félix Leclerc : l'histoire d'une vie, Les Intouchables, (ISBN 2-89549-164-X et 978-2-89549-164-4, OCLC 61222849), p. 22
  10. Brouillard, p. 24[Lequel ?].
  11. Bertin, Jacques., Félix Leclerc, le roi heureux, Éditions Arléa, (ISBN 2-86959-012-1 et 978-2-86959-012-0, OCLC 17549771), p. 7
  12. Geneviève Leblanc, p. 17.
  13. Félix Leclerc, Pieds nus dans l'aube, p. 149.
  14. Geneviève Leblanc, p. 18.
  15. Leclerc, Félix, 1914-1988,, Pieds nus dans l'aube (ISBN 978-2-7621-3509-1 et 2-7621-3509-5, OCLC 824500128)
  16. Brouillard, p. 29.
  17. Brouillard, p. 30.
  18. Leblanc, p. 17.
  19. (en) « Les dates marquantes de la vie de Félix Leclerc », sur Maison Félix Leclerc de Vaudreuil-Dorion (consulté le )
  20. Brouillard, p. 34.
  21. Brouillard, p. 35.
  22. « Le théâtre radiophonique de Félix Leclerc », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  23. Brouillard, p. 38.
  24. (en) « La vie de Félix Leclerc à Trois-Rivières et à Montréal », sur Maison Félix Leclerc de Vaudreuil-Dorion (consulté le )
  25. Brouillard, p. 39.
  26. Brouillard, p. 41.
  27. Brouillard, p. 42.
  28. Geneviève Leblanc, p. 19.
  29. L'Herbier, Benoît., La chanson québécoise, Éditions de L'Homme, (ISBN 0-7759-0409-0 et 978-0-7759-0409-3, OCLC 999187), p. 77
  30. Brouillard, p. 47.
  31. Brouillard, p. 48.
  32. « Leclerc Felix », dans Encyclopédie de L'Agora (lire en ligne).
  33. Brouillard, p. 73.
  34. Brouillard, p. 74.
  35. La cérémonie religieuse se déroule à la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal.
  36. Leur fils, Martin, né le 13 juillet 1945, est un ancien directeur photo de l'Office national du film du Canada (ONF), cadreur et réalisateur.
  37. Brouillard, p. 75.
  38. Brouillard, p. 76.
  39. Brouillard, p. 77.
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  43. (en) « La vie de Félix Leclerc à Vaudreuil », sur Maison Félix Leclerc de Vaudreuil-Dorion (consulté le )
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  46. « Guy Mauffette, le poète des ondes de Radio-Canada », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  47. C'est l'artiste québécoise Lucyl Martel qui crée costumes et décors pour les premières représentations théâtrales.
  48. L'Herbier, p. 78.
  49. L'Herbier, p. 78.
  50. L'Herbier, p. 79.
  51. Brouillard, p. 91.
  52. Geneviève Leblanc, p. 21.
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  58. Marcel Brouillard, page 95.
  59. Brouillard, p. 94.
  60. Brouillard, p. 99.
  61. Fait anecdotique mais surprenant, il demande naïvement à la philosophe pourquoi elle dissimule ses cheveux sous un foulard, présumant que c'est pour « dissimuler sa féminité et paraître plus féministe ».
  62. Brouillard, p. 101.
  63. Comme il le soulignait, la chanson servait de transition, « le temps de changer les décors dans la pièce Le P'tit Bonheur. Dans cette production fantaisiste écrite et mise en scène par lui-même, Félix Leclerc chante plusieurs de ses chansons pendant les nombreux changements de costumes des comédiens.
  64. Brouillard, p. 104.
  65. Brouillard, p. 105.
  66. Brouillard, p. 106.
  67. Site officiel de Félix Leclerc
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  70. L'Herbier, p. 80.
  71. Jacques Normand, Les Nuits de Montréal, 1974, p. 59.
  72. Brouillard, p. 111.
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  74. Brouillard, p. 115.
  75. Brouillard, p. 117.
  76. Brouillard, p. 121.
  77. Il s'agit de montrer aux Français que les Canadiens savent faire de bonnes chansons, mais il tient aussi à cœur à Félix Leclerc de prendre la route avec un moine qui chante en robe d'étoffe de laine brune des franciscains. (La Patrie du Dimanche, octobre 1958).
  78. Office national du film du Canada, « Félix Leclerc troubadour », sur onf.ca (consulté le )
  79. Brouillard, p. 125.
  80. Geneviève Leblanc, p. 24.
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  95. Brouillard, p. 157.
  96. Brouillard, p. 160.
  97. Brouillard, p. 161.
  98. À la mort du premier ministre René Lévesque, en 1987, Félix Leclerc écrit sur son épitaphe : « Dorénavant, il fera partie de la courte liste des libérateurs de peuple ».
  99. Brouillard, p. 164.
  100. Fonds Félix Leclerc (MSS454) - Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
  101. François Cloutier, « Du cœur à l'image », sur lettresquebecoises.qc.ca.
  102. Leblanc, p. 82.
  103. Pelland, p. 274.
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  114. Pelland, p. 89.
  115. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 46.
  116. Luc Bellemare et Jean-Pierre Sévigny et al., Félix Leclerc : héritages et perspectives : [textes issus du colloque "Pieds nus dans l'aube… du XXIe siècle : L'œuvre de Félix Leclerc, héritage et perspectives", UQAM, 25-27 septembre 2014], Québec, Septentrion, (ISBN 978-2-89791-100-3 et 2-89791-100-X, OCLC 1145891174), p. 89
  117. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 175.
  118. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 193.
  119. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 31.
  120. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 32.
  121. Pelland, p. 11.
  122. Félix Leclerc. Héritage et perspectives, p. 33.
  123. Discographie de Félix Leclerc du Journal « Passage de l'outarde » de la Fondation Félix-Leclerc
  124. Album vendu à plus de 200 000 exemplaires
  125. natcorbeil.com
  126. « Félix Leclerc, O.C., G.O.Q. », sur Le gouverneur général du Canada (consulté le ).
  127. « Les Certifications Officielles des Albums au Niveau Or », sur infodisc.fr (consulté le )
  128. « Félix Leclerc - Grand officier (1985) », sur Ordre national du Québec (consulté le ).
  129. « Leclerc, Félix », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec (consulté le ).
  130. Commission de toponymie du Québec

Annexes


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Bibliographie



Ouvrages


Articles connexes



Liens externes



На других языках


[en] Félix Leclerc

Félix Leclerc, OC GOQ (August 2, 1914 – August 8, 1988) was a French-Canadian singer-songwriter, poet, writer, actor and Québécois political activist.[1] He was made an Officer of the Order of Canada on December 20, 1968.[2] Leclerc was posthumously inducted into the Canadian Songwriters Hall of Fame for his songs "Moi, mes souliers", "Le P'tit Bonheur" and "Le Tour de l'île" in 2006.[3]

[es] Félix Leclerc

Félix Leclerc (La Tuque, Quebec, Canadá, 2 de agosto de 1914 - Saint-Pierre-de-l'Île-d'Orléans, Quebec, Canadá, 8 de agosto de 1988) fue un cantautor, compositor, poeta y escritor quebequés de música folclórica.
- [fr] Félix Leclerc

[ru] Леклер, Феликс

Феликс Эжен Леклер (вариант: Леклерк, фр. Félix Eugène Leclerc, 2 августа 1914, Ля-Тюк — 8 августа 1988, о-в Орлеан) — франкоканадский певец, автор песен, актёр, романист и драматург. Почётный доктор Квебекского университета, кавалер нескольких канадских и зарубежных орденов.[1]



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