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Auguste-Jules Richepin, dit Jean Richepin, né le à Médéa[1],[2] et mort le dans le 16e arrondissement de Paris[3], est un poète, romancier et dramaturge français.

Jean Richepin
Portrait photographique de Richepin par l’atelier Nadar.
Fonctions
Maire
Montchauvet
-
Fauteuil 2 de l'Académie française
-
Émile Mâle
Biographie
Naissance

Médéa (département d'Alger)
Décès
(à 77 ans)
Rue de la Tour (16e arrondissement de Paris)
Sépulture
Nationalité
Française
Formation
Lycée Charlemagne
École normale supérieure
Activités
Dramaturge, écrivain, prosateur, librettiste, poète, romancier, homme politique
Enfants
Jacques Richepin
Tiarko Richepin
Autres informations
Membre de
Académie française (-)
Conflit
Guerre franco-allemande de 1870
Condamné pour
Outrage aux bonnes mœurs (d) ()
Distinctions
Chevalier de la Légion d'honneur‎ ()
Officier de la Légion d'honneur‎ ()
Commandeur de la Légion d'honneur‎ ()
Œuvres principales
La Chanson des gueux
Signature de Richepin.

Biographie


Jean-Désiré Ringel d'Illzach, Jean Richepin (1892).
Jean-Désiré Ringel d'Illzach, Jean Richepin (1892).

Né le en Algérie où son père est chirurgien militaire à la garnison de Médéa[4]:21, Jean Richepin va vivre dans l'Aisne, département dont son père est originaire[note 1], en 1852. Dans sa jeunesse, ce poète turbulent a une réputation de « fort en thème[7]. » qui lui permet de faire de brillantes études secondaires. En 1866, il découvre le quartier latin, où il se fait très vite remarquer par ses excentricités. Il fait la connaissance de Léon Bloy, Paul Bourget, Maurice Rollinat et, surtout, de Raoul Ponchon qui deviendra son ami inséparable. Il intègre l'École normale supérieure[2] en 1868, avant d'obtenir une licence ès lettres[2] en 1870.

Avec la guerre de 1870, il prend goût à l'aventure en s'engageant dans un corps de francs-tireurs[2] et, faisant alors l'expérience de la liberté, il mène pendant quatre ans une vie d'errance, gagnant sa vie en s'engageant successivement comme journaliste, professeur, matelot[4], docker à Naples, Gênes[8]:340, et à Bordeaux[4].

Dans ces années 1871-1872, au cœur de la bohème parisienne, Richepin croise Arthur Rimbaud. Selon son propre récit, il l'aurait séparé du photographe Étienne Carjat lors d'une rixe au cours d'un des dîners des Vilains Bonshommes. Il évoque Rimbaud dans son texte Grisaille (dans Le Pavé). Il semble avoir été par la suite un des – rares – amis de Rimbaud, lequel lui offrira un exemplaire d’Une saison en enfer[9].

Par la suite, en 1875, il fonde avec Raoul Ponchon et Maurice Bouchor, le Groupe des Vivants, petit cénacle poétique[10] qui se réunissait au Quartier latin et auquel viendra se rallier, plus tard, le poète Tancrède Martel. Fortement inspiré par les œuvres de Petrus Borel, Baudelaire et Jules Vallès, qu'il considérait comme le réfractaire par excellence, il se décide à rejeter le joug des conventions sociales et culturelles, à célébrer l’instinct[11]. Vantant, non sans humour, sa force physique, sa virilité, sa prétendue hérédité bohémienne, il se crée une biographie imaginaire et riche en couleurs[12].


Les succès poétiques


Jean Richepin chez lui photographié par Dornac.
Jean Richepin chez lui photographié par Dornac.

En 1876, le public découvre Jean Richepin avec La Chanson des Gueux, parue fin mai-début juin et qui vaut immédiatement (juillet-août) à son auteur un procès pour outrage aux bonnes mœurs[8] : le recueil poétique est saisi, des passages et des poèmes sont censurés et le poète est condamné à une amende, à la privation de ses droits civils et politiques et même à un mois de prison à Sainte-Pélagie, ce qui va contribuer à sa notoriété[13].

L'apparition du naturalisme lui fait découvrir, après sa libération, de nouveaux horizons, mais si, dans ses Caresses (1877), il emploie un langage cru, argotique, populaire, l'étalage de sensualité affectée, souvent grotesque ou vulgaire, laisse trop facilement transparaître son désir de scandaliser la bourgeoisie, ce qui vaut au recueil d'être considéré comme manquant de sincérité poétique. Le matérialisme grandiloquent et le nihilisme fanfaron des Blasphèmes (1884) lui valent le surnom de « Lucrèce de foire[14] ».

En 1890 il se rend en Savoie à Aix-les-Bains et au belvédère de la Chambotte.


L'infatigable


Dès 1873, il avait fait avec L'Étoile des débuts simultanés d'acteur et de dramaturge. Il paraît encore en 1883 aux côtés de Sarah Bernhardt dans le premier rôle de son drame, Nana-Sahib, qui se heurte à une semi-indifférence du public[15]. Mais, à force de persévérance, il connaît un véritable succès théâtral avec Le Chemineau en 1897. Il collabore de plus activement au Gil Blas et publie plusieurs romans très populaires, tels La Glu (1881) et Miarka, la fille à l'ourse (1883). Voyageur invétéré, on le voit souvent à Londres, ou parcourant des contrées plus ou moins éloignées, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Scandinavie, l'Afrique du Nord, où il ne cherche pas plus à rencontrer des personnalités littéraires que des espaces « exotiques », le grand air, le nouveau enfin.


Reconnaissance


Théophile Alexandre Steinlen, Portrait de Jean Richepin (1910).
Théophile Alexandre Steinlen, Portrait de Jean Richepin (1910).

Le , son élection, en remplacement d’André Theuriet, à l'Académie française[2], où il est reçu par Maurice Barrès le , consacre en quelque sorte une carrière de révolté que les honneurs ont rendu inoffensif[16].

Jean Richepin écrit jusqu'à la fin de sa vie. Il collabore à La Bonne Chanson, revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel, et on voit paraître en 1922 et 1923 encore deux recueils de vers, Les Glas et Interludes.

Il s'était tout d'abord imposé par une remarquable truculence verbale. Il était d'un caractère violent, exalté et romantique, d'un romantisme dont il ne retint que la « parure », le pittoresque et surtout la recherche de mots nouveaux. C'était là ce que l'on pourrait appeler le « domaine » de Richepin, maître incontestable de son métier poétique et fort de sa culture de normalien lettré. Mais, victime de sa prodigieuse facilité à trouver des mots et des images, ce révolté est surtout considéré de nos jours comme un « très grand rhétoricien[17] ».

Il habita le château des Trois-Fontaines à Dammartin-en-Serve[18], et fut élu maire de la commune de Montchauvet le , mais ne sera pas réélu le .

Lors des élections législatives de 1914, Richepin est le candidat de l'Alliance démocratique et de la Fédération des gauches[19] dans la première circonscription de Vervins[20]. Au terme d'une campagne très rude[21],[22], il obtient 6 583 voix mais ne parvient pas à mettre en ballotage le député radical-socialiste sortant, Pascal Ceccaldi, réélu au premier tour de scrutin avec 7 718 suffrages[19].

Une plaque commémorative lui rend hommage au 85, rue de la Tour sur la façade de l’immeuble où il est mort[23].

Jean Richepin est enterré à Pléneuf-Val-André, où il venait souvent passer des vacances dites « bretonnes » avec Raoul Ponchon, qui reposera à ses côtés en 1937[24],[25].


Postérité


Jean Richepin et ses enfants vers 1890.
Jean Richepin et ses enfants vers 1890.

Le , il avait épousé en premières noces à Marseille, Eugénie Adèle Constant (née le à Manosque), dont il a eu deux fils et une fille :

Divorcé, il a épousé en secondes noces, le à la mairie du Ve arrondissement de Paris, Marianne Emanuele Justine Stempowska (née le à Lamberg, en Autriche et morte en 1953).


Hommages


Plaque commémorative au 85, rue de la Tour.
Plaque commémorative au 85, rue de la Tour.

Réception critique


« En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. »

 Léon Bloy, Lettre à Jean Richepin (1877)

Selon la formule du même Léon Bloy, Richepin était la « chrysalide du bourgeois vertueux[27] ».


Œuvres



Poésie



Romans



Récits, contes et nouvelles tragi-comiques



Théâtre et spectacles



Préface



Scénario original



Adaptations



Cinéma



Musique classique



Chanson



Varia



Notes et références



Notes


  1. Auguste-Jules Richepin, officier de la Légion d'honneur, est né à Ohis le [5]. Sa mère, Rose-Pauline Béchepoix, est née à Crécy-Couvé le et morte à La Fère le [6].

    Références


    1. Base Léonore
    2. D'après la notice de « Jean Richepin – Élu en 1908 au fauteuil 2 », sur Académie française.
    3. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 16e, n° 2238, vue 25/31.
    4. (en) Howard Sutton, The Life and Work of Jean Richepin, Genève, Droz, , 339 p. (ISBN 978-2-60003-458-6, lire en ligne), p. 52.
    5. Arch. dép. Aisne, état civil d'Ohis, 1816, acte 23, vue 92
    6. G. Gillard, « Jean Richepin et ses ascendants maternels », Procès-verbaux de la Société archéologique d'Eure-et-Loir, Chartres, imprimerie Ed. Garnier, vol. xiii, , p. 4 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
    7. Jules Lemaître, « Jean Richepin », dans Les Contemporains : études et portraits littéraires, Paris, Good Press, , 291 p. (lire en ligne), p. 224.
    8. (en) Sisley Huddleston, Bohemian, Literary and Social Life in Paris, Londres, Harrap, (lire en ligne), p. 408-9.
    9. Voir l'article Jean Richepin dans le Dictionnaire Rimbaud, dir. Jean-Baptiste Baronian, Robert Laffont/Bouquins, 2014. Voir également la biographie de Rimbaud par Jean-Jacques Lefrère, rééd. Bouquins, 2020 et Steve Murphy, « Richepin lecteur de Vallès », préface à la réédition des Étapes d'un réfractaire, Champ Vallon, 1993.
    10. Jean-Didier Wagneur, « Hydropathes et buveurs d'eau », Libération, (lire en ligne).
    11. Jean Richepin, Le Chef-d’œuvre du crime, Paris, République des Lettres, , 64 p. (ISBN 978-2-82490-137-4, OCLC 1268630761, lire en ligne), PT38.
    12. (en) Mary Burke, 'Tinkers' : Synge and the Cultural History of the Irish Traveller, Oxford, OUP Oxford, , 329 p. (ISBN 978-0-19956-646-4, lire en ligne), p. 102.
    13. Denis Delaplace, La Chanson des Gueux de Jean Richepin, première édition de 1876 avant la censure, par Denis Delaplace, e-book Kindle-Amazon, 2020, 570 p.
    14. Robert Sabatier, Histoire de la poésie française : Poésie du XIXe siècle, t. 2 La Naissance de la poésie moderne, Paris, Albin Michel, , 656 p. (ISBN 978-2-22629-895-9, lire en ligne), p. 579.
    15. Voir (en) anon., « La Glu: Richepin lived this terrible romance at Le Croisic », Spirit of the Times, cité par Sutton, op. cit., p. 64.
    16. Steve Murphy (éd.), Les étapes d’un réfractaire : Jules Vallès, Paris, Champ Vallon, , 200 p. (ISBN 978-2-87673-156-1, lire en ligne), p. 17.
    17. Catulle Mendès, Le Mouvement poétique français de 1867 à 1900 : l’esprit poétique de France, Paris, Impr. nat., (lire en ligne), p. 248.
    18. « Dans le Monde des Lettres », L’Opinion, vol. 1, no 2, , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
    19. Henry Cossira, « M. Pascal Ceccaldi triomphe de M. Jean Richepin », Excelsior, 27 avril 1914, p. 3.
    20. Journal des débats, 14 avril 1914, p. 4.
    21. Journal des débats, 15 avril 1914, p. 5.
    22. Journal des débats, 27 avril 1914, p. 6.
    23. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, septième édition, 1963, t. 2 L-Z »), « Rue de la Tour », p. 563-564.
    24. Ensemble funéraire de Jean Richepin et Raoul Ponchon (Pléneuf-Val-André).
    25. France Culture - Raoul Ponchon (1848-1937), Le veau réchauffé est meilleur froid- 26/10/2019.
    26. (en) Sue Lloyd et Susan M. Lloyd, The Man who was Cyrano : A Life of Edmond Rostand, Creator of Cyrano de Bergerac, Paris, Unlimited Publishing LLC, , 376 p. (ISBN 978-1-58832-072-8, lire en ligne), p. 314.
    27. Léon Bloy, Propos d'un entrepreneur de démolitions, cité par Pierre Glaudes, « Ni Dieu, ni Diable : La figure de Jules Vallès dans la politique délirante de Léon Bloy », AJV, no 3, , p. 32.
    28. Texte en ligne.

    Bibliographie


    1. Une reproduction du texte de la Chanson des gueux avant la censure, avec cinq annexes (réactions critiques et judiciaires ; versions successives ; variantes ; commentaires et remarques ; des Étapes d’un réfractaire à la Chanson des gueux), se trouve dans La Chanson des Gueux de Jean Richepin, première édition de 1876 avant la censure, par Denis Delaplace, e-book Kindle-Amazon, 2020, 570 p.
    2. 150 ans d’éditions de la Chanson des Gueux de Jean Richepin, par Denis Delaplace, e-book Kindle-Amazon, 2022, 100 p.
    3. Paul Verlaine lui consacre une de ses 27 monographies (il en atténue la sévérité plus tard dans la notice no 400 consacrée à Raoul Ponchon) : Jean Richepin, texte publié dans la revue Les Hommes d'aujourd'hui, no 280 ; texte sur wikisource

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    [en] Jean Richepin

    Jean Richepin (French pronunciation: ​[ʒɑ̃ ʁiʃpɛ̃]; 4 February 1849 – 12 December 1926) was a French poet, novelist and dramatist.
    - [fr] Jean Richepin

    [ru] Ришпен, Жан

    Жан Ришпе́н (фр. Jean Richepin; 4 февраля 1849 (1849-02-04), Медеа, центр одноименной провинции, Алжир — 12 декабря 1926, Париж) — французский поэт, писатель и драматург.



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