Pierre Quillard, né à Paris 12e le [1] et mort à Neuilly-sur-Seine le [2], est un poète symboliste, auteur dramatique, traducteur helléniste et journaliste français. Anarchiste et dreyfusard, il fut l'un des premiers défenseurs du peuple arménien persécuté dans l'Empire ottoman.
Pour les articles homonymes, voir Quillard (homonymie).
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Il fait ses études au lycée Fontanes, où il a pour condisciples Éphraïm Mickaël, Stuart Merrill, René Ghil, André Fontainas, Rodolphe Darzens, Georges Vanor, Jean Ajalbert. Il contribue avec ses premiers poèmes au journal Le Fou et s'attire les foudres du proviseur pour y avoir fait paraître un sonnet commençant par cet alexandrin : « Un lendemain de fête on a mal aux cheveux »[3]. Il poursuit ses études à la Sorbonne, puis à l'École pratique des hautes études et à l'École nationale des chartes : y étant entré en 1888, il ne soutiendra toutefois pas de thèse[4],[5],[6].
En 1886, il fonde avec Rodolphe Darzens, Saint-Pol-Roux et Éphraïm Mikhaël la revue La Pléiade[7], dans laquelle paraît sa première pièce, La Fille aux mains coupées, en même temps que le Traité du verbe de René Ghil. Son premier recueil de vers, La Gloire du Verbe, paru en 1890, est salué par Remy de Gourmont comme « l'un des rares poèmes de ce temps où l'idée et le mot marchent d'accord en harmonieux rythme[8]. » Il entame en 1891 une collaboration au Mercure de France auquel il restera fidèle jusqu'à sa mort.
Un contemporain le dépeint comme un chevalier « à l'œil limpide, à la barbe flavescente, levant haut la tête, le casque de cheveux posé en arrière et découvrant un front bombé comme d'un primitif flamand, avec, pour trait spécial, une immobilité, vaguement sarcastique, de la lèvre supérieure[9]. »
En 1892, il contribue à la revue Entretiens politiques et littéraires, dans laquelle il s'exprime sur les rapports entre l'anarchisme et la littérature. Il collabore à L’En-dehors de Zo d'Axa et aux Temps nouveaux de Jean Grave.
En 1893, il part pour Constantinople, où il est professeur au Collège arménien catholique et au Collège arménien de Galata. À ses activités d'enseignant, il joint celle de traducteur et publie plusieurs traductions d'auteurs grecs anciens. En compagnie du poète arménien Archag Tchobanian, il recueille une série de témoignages sur les massacres hamidiens qu'il fait paraître dans un volumineux dossier en 1897.
De retour à Paris, il adhère à la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, dont il est secrétaire général de 1911 à 1912, et s'engage dans l'affaire Dreyfus. Ami intime de Bernard Lazare, il collabore au Journal du peuple et publie en un gros volume la liste de tous les souscripteurs à la campagne organisée par le journal La Libre Parole en faveur de la veuve du commandant Henry.
En octobre 1900, il fonde le bimensuel Pro Armenia, qui soutient la cause arménienne et accueille dans ses colonnes des articles de Jean Jaurès, Anatole France, Francis de Pressensé, Georges Clemenceau, Victor Bérard. En 1904, il retourne en Turquie, où il est correspondant du journal L'Illustration. Ayant depuis longtemps délaissé la poésie, il poursuit jusqu'à sa mort son action d'intellectuel engagé en faveur des opprimés.
Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la 26e division.
Pierre Quillard : Le Pèlerinage hors de l'ombre (Premières strophes) • Âme riche de nuit, d'étoiles et de rêves Qui puisas des trésors aux urnes d'un tombeau N'abandonneras-tu jamais tes blêmes grèves Pour cette ville en fleurs sous le printemps nouveau ? Âme riche de nuit, mon âme, tu recèles Assez d'astres perdus et de soleils éteints : Viens connaître la chair et les lèvres de celles Qui tendent leurs seins nus aux pourpres des matins Et font en souriant à l'aurore sereine Fluer entre leurs doigts le sable et leurs cheveux, Pour que, vivante enfin, ma bouche amère apprenne À goûter le miel blond des heures. Tu le veux, Âme lasse déjà des ivresses futures, Toi qui n'as rien chéri que les pleurs et la mort ; Le vent gonfle d'amour les voiles toujours pures : Loin de l'île où la blanche Hymnis repose et dort, Pour moi seul, dans le vain cénotaphe des roses, Nous irons conquérir son corps ressuscité ; Sans doute elle revit par les métempsycoses Sur le sol oublieux que paraît sa beauté Et parmi les parfums sauvages des galères, Les chiens, les portefaix qui geignent en marchant, Elle va, lourde encor des gloires tumulaires, Sans que nul ait compris la douceur de son chant[10]. |
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