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Jean Amrouche, alias Jean El Mouhoub (en kabyle Jean-lmuhub Ɛemruc), né le à Ighil Ali, Béjaïa, Kabylie (Algérie), et mort le à Paris 8e[1], est un écrivain, journaliste littéraire et homme de radio d'expression française.

Jean Amrouche
Portrait de Jean Amrouche.
Nom de naissance Mihoub Amrouche
Alias
Jean El Mouhoub
Naissance
Ighil Ali, Béjaïa, Kabylie (Algérie)
Décès (à 56 ans)
8e arrondissement de Paris
Activité principale
Écrivain, poète et journaliste
Auteur
Langue d’écriture Français

Œuvres principales

  • L'Éternel Jugurtha,
  • 1946

Il est le fils de Fadhma Aït Mansour Amrouche, le frère de la femme de lettres Taos Amrouche et le père de l'écrivain Pierre Amrouche.


Biographie



Origines


Jean Amrouche est issu d'une famille chrétienne de Kabylie[2]. Ses parents, Antoine-Belkacem Amrouche (vers 1880-1958) et Marguerite-Fadhma Aït Mansour (vers 1882-1967) sont tous deux élevés par des pères et des sœurs catholiques dans leur jeunesse, avant leur mariage vers 1898.

Il naît dans un village des Monts Bibans, Ighil Ali, au sud de la vallée de la Soummam (Kabylie), qui à l'époque dépend de la commune mixte d'Akbou. À cause d'un temps neigeux, il n'est déclaré à l'état civil que le , six jours après sa naissance[3].

En 1910, sa famille quitte la Kabylie pour s'installer à Tunis dans le Protectorat français de Tunisie ; elle y obtient la nationalité française de plein droit[4].


Formation et carrière de professeur


En 1921, après de « brillantes études secondaires »[4] au collège Alaoui, Jean est admis à l'École normale d'instituteurs de Tunis, et, en 1924, est nommé instituteur à Sousse[4]. Reçu à l'École normale supérieure de Saint-Cloud, il y étudie pendant trois ans à partir de 1925[5].

Il est ensuite professeur de Lettres aux lycées de Sousse, Bône et Tunis, où il se lie avec le poète Armand Guibert, et publie ses premiers poèmes en 1934 et 1937. Il épouse Suzanne Molbert, collègue de Tunis, professeur de lettres classiques et issue d'une famille installée à Alger depuis 1840.


Carrière radiophonique et littéraire


Jean Amrouche réalise simultanément des émissions littéraires pour la station Tunis-RTT (1938-1939).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rencontre André Gide à Tunis, puis rejoint les milieux gaullistes à Alger où en 1943-1944, il travaille pour Radio France, station qui succède à la vichyste Radio Alger.

De à , à Alger, puis de 1945 à à Paris, Jean Amrouche est le directeur de la revue L'Arche (revue littéraire), éditée par Edmond Charlot, qui publie les grands noms de la littérature française (Antonin Artaud, Maurice Blanchot, Henri Bosco, Joë Bousquet, Roger Caillois, Albert Camus, René Char, Jean Cocteau, André Gide, Julien Green, Pierre Jean Jouve, Jean Lescure, Henri Michaux, Jean Paulhan, Francis Ponge, etc.).

Il travaille aussi pour la radio nationale française de 1944 à 1959 ; dans ses émissions, il invite des penseurs (Gaston Bachelard, Roland Barthes, Maurice Merleau-Ponty, Edgar Morin, Jean Starobinski, Jean Wahl), des poètes et des romanciers (Claude Aveline, Georges-Emmanuel Clancier, Pierre Emmanuel, Max-Pol Fouchet, Jean Lescure, Kateb Yacine) et des peintres (Charles Lapicque).

Il est l'inventeur d'un genre radiophonique nouveau avec la série de ses Entretiens, notamment ses trente quatre Entretiens avec André Gide (1949), quarante-deux Entretiens avec Paul Claudel (1951), quarante Entretiens avec François Mauriac (1952-1953), douze Entretiens avec Giuseppe Ungaretti (1955-1956).


La guerre d'Algérie (1954-1962)


Il est évincé de la RTF en par Michel Debré, Premier ministre, alors qu'il sert d'intermédiaire entre les instances du Front de libération nationale et le général de Gaulle dont il est un interlocuteur privilégié.

De 1958 à 1961, Jean Amrouche plaide la cause de l'indépendance à la Radio suisse romande (Lausanne et Genève).

Il meurt d'un cancer à l'âge de 56 ans, quelques semaines après l'accord de cessez-le-feu du [6]. Il est inhumé à Sargé-sur-Braye.


Le Journal de Jean Amrouche


Jean Amrouche a tenu de 1928 à 1961 un journal qui a été publié en 2009 (édition de Tassadit Yacine Titouh), avec des coupures, faites d'un commun accord entre son fils Pierre Amrouche et l'éditeur. Comme le fait remarquer aussi son fils, il ne s'agissait pas d'un ouvrage destiné à la publication. C'est à la fois sa faiblesse littéraire, Jean travaillant parfois énormément la forme, et sa force de témoignage, parfois très troublante d'une vérité d'un instant.

Une part de son œuvre encore non publiée se découvre progressivement, révélant un poète de portée universelle. En exprimant en français les Chants berbères de Kabylie, il en fait un trésor de la poésie universelle.


Jugements



Analyse de Tahar Djaout


« L'œuvre poétique de Jean Amrouche ne vaut pas par son abondance : elle s'arrête pratiquement en 1937, alors que le poète vivra jusqu'en 1962. La majeure partie de sa vie est consacrée au déchiffrement du monde et à la recherche du territoire natal (Chants berbères de Kabylie, 1939), au questionnement du travail intellectuel (ses entretiens avec J. Giono, F. Mauriac, P. Claudel, A. Gide, G. Ungaretti) et au combat politique (ses interventions dans la presse écrite et à la radio). (…) La figure de l'Absent, au départ imprécise et mystérieuse, s'impose peu à peu et resplendit dans sa pureté et sa grandeur. Elle devient présence obsessionnelle. Mais elle n'est pas l'unique. (…) Présence douloureuse de l'enfance et de l'espace natal doublement perdu (par la distance et par la foi) - qu'on se rappelle dans Cendres ce poème sur la mort dédié aux tombes ancestrales qui ne m'abriteront pas, présence du corps jubilant et des fruits terrestres apaisants. (…) L'inspiration de Jean Amrouche est avant tout mystique, d'un mysticisme qui transcende la religion pour créer ses religions propres : celle de l'amour éperdu, celle de la contemplation cosmique, celle de l'harmonie des éléments. S'éloignant de l'ascétisme religieux, le verbe de Jean Amrouche éclate en des poèmes opulents, gorgés de ciels, de sèves, d'orages, de fruits et de femmes. »

Tahar Djaout, Amrouche, Étoile secrète, L'enfance de l'homme et du monde, dans Algérie-Actualité no 921, Alger, 9-, p. 21

Analyse de Jean Lescure


« Les enregistrements des entretiens de ce véritable créateur du genre qu'est Amrouche avec Gide, puis avec Claudel, Mauriac, Ungaretti sont des œuvres dont l'histoire de la littérature ne se passera qu'avec dommage, et dont la perte serait aussi grave que celle du manuscrit des Caves du Vatican, de Protée, de Genitrix, ou de l'Allegria. (…) Ce qui est bouleversant ici et à jamais digne de l'attention des hommes, ce sont précisément les voix humaines, en leur origine même, à ce point où elles ne sont pas encore distinctes des mots qu'elles prononcent. Ce sont les soupirs traqués de Gide devant l'impitoyable question que lui inflige Amrouche, ce sont les roulements massifs de Claudel, les essoufflements torturés d'Ungaretti, les murmures difficiles de Mauriac. Et neuf fois sur dix Amrouche trouve la question qui contraint son interlocuteur à faire aveu de lui-même, et à renoncer à se protéger du masque que l'existence mondaine a autorisé sa voix à se former. »

Jean Lescure, Radio et Littérature, dans Histoire des littératures, tome 3, sous la direction de Raymond Queneau, Encyclopédie de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1963, p. 1711

Ouvrages



Poésie



Essai



Journal



Correspondances



Anthologies



Entretiens radiophoniques



Notes et références


  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 8e, n° 200, vue 26/31.
  2. « Amrouche Jean (1906-1962) », Universalis (consulté le )
  3. « Jean El-Mouhoub Amrouche est donc né par une nuit neigeuse, une nuit de tempête, le 7 février 1906 (...) Né le 7, il ne fut déclaré à Akbou que le 13 février, à cause de cette tempête de neige. » (Réjane Le Baut, Jean El-Mouhoub Amrouche, Algérien universel, Alteredit, 2003, p. 30 et 32
  4. Basset 2009, p. 43
  5. Basset 2009, p. 43-44
  6. « Jean Amrouche est mort », sur lemonde.fr, Groupe Le Monde, (consulté le ).
  7. Il est précisé p. 7, d'une part que « Le texte français a été établi d'après les originaux berbères tirés de la tradition orale du pays zouaoua, des Aith-Abbas et des Aith-Aydel, par Madame Marguerite Fadhma Aith-Mansour », d'autre part qu'« Une première édition à tirage limité de cet ouvrage a été publiée à Tunis en 1939 par les soins de Monomotapa. »

Annexes



Articles connexes



Bibliographie



Sur Jean Amrouche

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.


Autour de Jean Amrouche


Voir aussi



Liens externes



На других языках


[en] Jean Amrouche

Jean el Mouhouv Amrouche (7 February 1906 in Ighil Ali, Algeria – 16 April 1962 in Paris, France) was an Algerian francophone writer, poet and journalist.[1]

[es] Jean Amrouche

Jean Amrouche, cuyo verdadero nombre es Jean El-Mouhouv (Ighil Ali, Argelia, 7 de febrero de 1906 – París, 16 de abril de 1962), fue escritor, periodista literario y hombre de la radio de habla francesa. Hijo de Fadhma Ait Mansour Amrouche y hermano de la escritora Taos Amrouche.[1]
- [fr] Jean Amrouche

[ru] Амруш, Жан Эль Мухув

Жан Эль Мухув Амруш (фр. Jean Amrouche; 7 февраля 1906, Игиль-Али, Французский Алжир — 16 апреля 1962, Париж) — алжирский поэт, писатель , журналист.



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